Deux ans après les premières Assises environnementales de la course au large, la Fédération Française de Voile (FFVoile) a réuni près d’une centaine de personnes, au Havre, afin de partager les prochaines étapes et les axes de travail à déployer pour l’avenir de la discipline et au bénéfice de tous.
C’est à l’occasion de la Transat Café l’Or Le Havre Normandie que la Fédération française de voile a réuni une centaine d’acteurs de la Course au Large, mardi 21 octobre. Des représentants des équipes, des chantiers, des organisateurs ou bien des partenaires… tous convaincus de l’importance du sujet et volontaires pour définir des axes de travail en commun. Afin de poser les bases des discussions, l’après-midi a débuté avec la présentation d’une étude réalisée auprès de plusieurs partenaires déjà impliqués dans la Course au Large. Un point de vue qui n’avait pas pu être traité lors des premières Assises de la Course au Large et qui a permis de mettre en avant la sensibilité des marques par rapport à l’avenir de la discipline.
Julien Fernandez, chef de la mission du nautisme et de la plaisance du Ministère de la Mer : « Beaucoup d’acteurs, coureurs, organisateurs de courses, membres d’équipes sont aujourd’hui venus témoigner de tout ce qui se fait de façon extrêmement concrète pour réduire l’impact environnemental des activités de la course au large. J’ai trouvé cette diversité très riche. En tant que responsable au sein d’une administration d’État, j’y ai aussi trouvé beaucoup d’inspiration pour les actions que nous menons à nos niveaux d’administration, et un réel écho par rapport aux initiatives pilotées par mon ministère qui ont aussi pour objectif de réduire l’impact environnemental, décarboner les pratiques liées à l’utilisation des océans et de la mer. »
Damien Seguin, skipper : « Moi, ce qui me fait déjà plaisir, c’est qu’il y a une volonté commune de pouvoir arriver à faire quelque chose. Nous évoluons dans un sport particulier : la voile est un sport mécanique. On utilise des technologies, parfois assez polluantes. En tant que coureurs, on fait une compétition à bord de machines superbes, mais nous devons aujourd’hui réfléchir un petit peu différemment, et c’est pour cela que nous nous réunissons. Il y a une grande ambition derrière cet enjeu. Nous n’avons plus le choix, il faut absolument réussir ce pari ! »
Antoine Mermod, président de la classe IMOCA. « Je suis très heureux de constater la richesse de ces ateliers, il y avait énormément d’initiatives, de voix, d’approches différentes. L’ensemble des acteurs de la course au large semble engagé, chacun à son niveau. Aujourd’hui j’ai vu un océan de solutions et d’initiatives plutôt qu’une vision pessimiste de notre sport. Cela nous apporte beaucoup d’optimisme. À la classe IMOCA, nous avons la chance de porter une catégorie de bateaux professionnels avec des sponsors qui nous donnent des moyens pour développer des bateaux, nos skippers sont des pilotes d’essai, et nous avons des équipes avec des ingénieurs de talents. Notre volonté c’est d’utiliser tous ces moyens pour essayer de faire progresser la technologie vers un avenir qui pourrait être plus bénéfique pour tout le monde. »
Jean Marre, administrateur de la classe mini : « L’important c’est d’agir collectivement. Il y a énormément de ponts qui se font entre les différents acteurs, que ce soit les classes, les organisations de course, les sponsors, les coureurs… Beaucoup innovent et trouvent des solutions pour essayer de transformer notre sport dans la bonne direction, mais parfois individuellement. Le fait de partager collectivement les choses est forcément très bénéfique. Il faut maintenant être concret et imposer des règles et des contraintes pour être beaucoup plus fort pour aller plus loin dans la bonne direction. En mini, par exemple, nous avons décidé de suspendre la construction de nouveaux bateaux de série. Nous l’avons fait de façon progressive, en bonne intelligence avec les différents acteurs afin que ce soit une démarche collective et partagée. »
Gildas Gautier, co-directeur de la Transat Café l’Or : « Notre filière est déjà très responsabilisée, beaucoup d’actions sont déjà menées, mais pas forcément d’une manière coordonnée. Je suis ravi que la Fédération Française de voile ait pu le faire sur la Transat Café L’Or Le Havre Normandie. Aujourd’hui face à ces urgences climatiques, il faudra aussi apprendre à renoncer à certaines choses pour faire progresser encore notre écoresponsabilité. Sur la Transat Café l’Or nous avons pris le virage très très tôt, peut-être trop tôt d’ailleurs parce qu’à l’époque on n’était pas complètement compris. Nous travaillons depuis longtemps autour d’un programme de réduction de nos impacts qui s’enrichit au fil des éditions. On doit être un événement inspirant, et notre rôle est de mettre aussi en valeur les initiatives inspirantes des différents teams Nos événements rassemblent de nombreux visiteurs, ça fait venir beaucoup de populations, c’est pourquoi nous initiions des partenariats pour réduire le bilan carbone de ces déplacements et permettre aux visiteurs de venir partager cette grande fête de la voile ! »
Quelles sont les prochaines étapes ?
Après une après-midi riche en échange et en témoignages, il ressort clairement que l’ensemble des acteurs sont convaincus qu’il faut maintenant avancer concrètement et qu’il faut définir une feuille de route permettant d’aligner les moyens et les énergies au profil de tous. Dans cet objectif, il est d’ores et déjà convenu qu’un nouveau rendez-vous Course au Large 2030 se tiendra en mars 2026. Afin que cette nouvelle étape du processus soit un marqueur opérationnel, des groupes de travail vont être animés afin de présenter des projets concrets, finançables et utiles au plus le plus grand nombre. Des travaux qui seront construits autour des trois thématiques de la journée du 21 octobre, à savoir :
- Comment réduire l’impact des bateaux sur toute leur durée de vie ?
- Quelles expériences pour faire rayonner durablement la course au large ?
- Comment développer l’influence des skippers en faveur de l’océan ?
Jean Luc Denéchau, Président de la Fédération Française de Voile : « Nous nous sommes réunis au Havre autour d’une thématique forte « Course au large 2030 ». Le but est d’aligner la discipline sur les accords de Paris et les limites planétaires. Après les premières Assises il y a 2 ans, nous avions besoin de faire un point d’étape, notamment pour donner suite à l’enquête réalisée sur l’ensemble des sponsors et des partenaires qui s’engagent dans la course au large. Il en résulte que nos partenaires arrivent dans notre sport pour un certain nombre de raisons et qu’ils sont prêts à y rester pour les valeurs que l’on défend. Ce que j’ai envie de retenir des échanges que l’on a eu aujourd’hui c’est qu’il y a un réel souhait de travailler ensemble, mais aussi la volonté qu’il faut parfois des régulations. Et c’est le rôle de la fédération de fédérer, entendre tout le monde afin d’aider à réguler pour aller dans le sens des limites planétaires que l’on cherche à atteindre pour notre sport. »