L’interrogation quant à savoir si les monocoques allait devoir enchaîner deux virements de bord pour parer les côtes brésiliennes n’a plus lieu d’être : les alizés ont bien été au rendez-vous de cette bascule attendue depuis le départ de Bahia jeudi à 15h00, et du secteur Nord-Est, ils sont passés à l’Est et devraient au fil des heures et du gain en latitude, tourner encore vers le Sud-Est. Le bilan est simple : premièrement, la flotte peut se glisser sans coup férir au large des côtes brésiliennes ; deuxièmement, les vitesses ont nettement pris du coffre ; troisièmement, le confort précaire des premières heures de course a fait place à une mer plus ordonnée et surtout à un passage dans les vagues moins brutal… La trajectoire incurvée est symptomatique de ce que les marins dénomnent "une cuillère" !
Pas d’écueils à Recife
Très clairement, les huit leaders ont fait le trou et naviguent toujours à vue après plus de 36 heures de mer. Comme par hasard, sept d’entre eux sont des prototypes de la nouvelle génération et seul Cheminées Poujoulat arrive pour l’instant à tenir le rythme. Difficile de dire qui est réellement premier puisque ces huit monocoques se tiennent en moins de sept milles à plus de 3 750 milles de l’arrivée… Soit un pouième de différentiel qu’il faut en plus pondérer par le positionnement au vent ou sous le vent de ce groupe. Ces "huit samouraïs" n’ont plus qu’à ouvrir leur plan de voilure dans ces alizés d’Est d’une vingtaine de noeuds, la zone orageuse de Salvador de Bahia qui avait perturbé la brise au départ, étant déjà bien loin dans leur tableau arrière.
Vent stable, mer plus ordonnée, angle plus ouvert : le confort a gagné une ou deux "étoiles" car le challenge n’est plus de serrer au maximum le vent mais bien d’incurver la route vers le Nord-Nord-Est pour viser une entrée dans le Pot au Noir (prévue lundi 3 décembre) entre le 27° et le 30° Ouest. Ainsi derrière ce groupe qui trace un sillon de plus en plus profond sur l’Atlantique Sud (Safran, Generali, Ecover, Foncia, Gitana Eighty, Brit Air, Cheminées Poujoulat, Groupe Bel n’était pas positionné à 10h mais faisait aussi partie de ce clan), le jeune Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) concède certes cinquante milles mais se trouve en position de chasseur tout en contrôlant le reste de la flotte, calé sous son vent.
Samantha Davies (Roxy) tient tête au Canadien Derek Hatfield (Spirit of Canada) très nettement décalé près des côtes brésiliennes, mais aussi à Arnaud Boissières (Akena Vérandas) qui tire le meilleur de son monocoque déjà âgé et peu à l’aise au près. Quant à Dee Caffari (Aviva) qui avait dû faire demi-tour juste après le départ et avait ainsi perdu trois heures, la Britannique a déjà recollé à la queue du peloton et ne sera donc pas décrochée par un différentiel météorologique, à l’entrée du Pot au Noir par exemple. Le week-end s’annonce donc plaisant pour les quinze solitaires : sous le soleil exactement, dans des alizés stabilisés, à des vitesses régulières et rapides (plus de douze noeuds), sur un cap favorable… Le bonheur est dans le près !




















