Top départ ce midi de Funchal

depart mini transat 6.50 2007
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La tension monte…
Et si certains courent ou complètent l’avitaillement, d’autres sont dans la course. Bon nombre sont allés crapahuter dans les hauteurs de l’île ces derniers jours pour changer d’air et oublier un tant soit peu ce qui les attend. Ce genre de pression qui dit « enfin, j’y suis » ou « non, pas déjà ». Toujours est-il que les discussions sont moins acharnées autour des cafés ou autres bières. Dans quelques heures maintenant, il faudra larguer les amarres pour traverser l’océan Atlantique sur un bateau de 6,50 mètres. Les routages tournent à plein régime et les ordinateurs crachent leurs prévisions, ces fameux fichiers grib comme on les appelle dans le milieu, qui ne sont autres qu’une espèce de Saint Graal pour tout navigateur qui cherche à aller plus vite que son voisin.

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Alors 20 jours ? 21 jours ? 22 jours ?
« Cela devrait aller assez vite, je vais même enlever de la nourriture que j’avais à bord » lâche Peter Laureyssens (Ecover), 14e de la première étape « Il y a plus de vent que prévu et cela continue d’évoluer ». « Pour moi, c’est 20 jours de nourriture à bord » lâche de son côté le 3e de cette première étape Yves Le Blevec (Actual). Stéphane Le Diraison (Cultisol-Institut Curie), vainqueur en bateaux de série, embarque pour 25 jours de mer. « Et si cela dure plus longtemps, je ferai un peu de rationnement sur la route ». Il est vrai que cette première partie de course, avec ses 250 milles vers les Canaries où les concurrents ont le droit de traverser l’archipel espagnol là où bon leur semble, compliquent sensiblement l’affaire. En effet, une petite dorsale vient jouer les troubles fêtes et pourrait distribuer des jeux de cartes bien différents dans les premières 36 heures. Faut-il gagner sur la route en taillant au sud tout en privilégiant l’ouest des Canaries ? Faut-il gagner dans le sud-est pour aller chercher de la pression plus rapidement avec un début d’alizé se reconstruisant le long des côtes africaines ? Faut-il opter pour traverser l’archipel canarien tout en se méfiant des effets de côtes et des dévents des îles ? Faut-il… ? Et si chacun y va de son idée, personne ne dévoile son jeu. La Transat 6,50 est certes l’aventure d’une vie, cela reste avant tout une course !

Pétole pour le départ…
« Au début, c’est du sud un peu mou » explique Alex Pella, 12e à la première étape (Generalitat Valenciana). « Après l’alizé s’établit lentement à partir du 7 ou du 8. Ensuite, il faut négocier le passage des Canaries et cela va aller assez vite vers le Cap-Vert. Aux Canaries, je pense qu’il y aura déjà des écarts et pour les gens comme moi, qui ont du retard à rattraper, c’est intéressant ! Il faut voir également si le vent va rentrer par derrière ou par l’est. Le positionnement dépendra aussi de cela. Mais les Canaries sont des îles très hautes et il faudra se méfier des dévents ». Paroles d’espagnol ! De son côté Stéphane Le Diraison concède : « Côté météo, cela se présente plutôt bien, l’alizé n’est pas encore établi et je pense que la flotte va se scinder en deux groupes, entre la route directe et ceux qui vont aller chercher du vent ailleurs. Cela me va assez bien comme situation. Mais je pense qu’au niveau des conditions, on va être gâté encore ». Ronan Deshayes, superbe 4e de cette première étape sur son PCO Technologies de 2002 ajoute : « Pas évident de se décider… Cela va être marrant et en même temps stressant de voir les uns et les autres partir d’un côté et de l’autre. Par contre, une fois que l’on aura choisi son option, il faudra la suivre. Sinon, tu es mort ! ». Même vision pour Seb Gladu (Clichy sous Bois, Clichy sur l’eau) : « Le choix va être difficile. On en saura plus demain matin… C’est clair, il risque d’y avoir du latéral aux Canaries. Et la réponse aux options prises dans les Canaries sera au… Cap-Vert. C’est clair que ceux qui n’ont jamais fait cette course peuvent souffrir quand ils entendront leur classement à la vacation météo ! ». De son côté, Sam Manuard, superbe 2e sur son Sitting Bull dernière génération, explique : « je ne trouve pas que la situation météo laisse beaucoup de choix. On a une petite zone de hautes pressions pas bien établie. Une fois sorti de ce problème, cela va être de l’alizé assez fort. Donc, cela va tracer tout droit. Cela va être une course de vitesse, il va falloir engranger du mille, être à bloc. Il y aura deux trois jours où il faudra être à fond. Ensuite, il faudra se caler pour bien passer le Cap-Vert, là ce sera primordial ! ».

Alors par le sud-est ? Entre les îles ? Par l’ouest des Canaries ? Inutile de dire que personne ne donne sa dernière version des faits pour les 250 milles à venir et c’est bien normal. Mais une chose est sûre, l’alizé de nord-est, une fois cette fameuse petite zone de hautes pressions oubliée, est bien présent et les fichiers vent annoncent d’ores et déjà un bon 20 nœuds de nord-est sur l’archipel canarien et sur la route du Cap-Vert. Cela va aller vite !