Cammas s’impose sur ASLease Challenge

Multi Cup 60´: Franck Cammas
DR

Les conditions météorologiques de l’AS Lease Challenge ont été particulièrement favorables pour aligner des vitesses de TGV sur les 1212 milles théoriques que comptait ce parcours triangulaire entre Bretagne, Espagne et Irlande. C’est en effet juste avant le lever du jour que Franck Cammas et ses cinq équipiers (Groupama 2) se présentaient devant Lorient avant d’entamer la boucle finale entre Groix et Belle-Île, soit 80 milles. Lionel Lemonchois (Gitana 11)

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le pourchassait alors avec moins d’une heure de décalage. Profitant du passage d’une dépression sur les îles Britanniques, les deux trimarans bénéficiaient d’un flux soutenu de secteur Ouest à Nord Ouest de 20-25 nœuds avec rafales. Et comme cette brise se renforçait encore au passage d’un front, la Direction de Course préférait raccourcir le parcours.

A 7h 08’ 45’’ ce jeudi de l’Ascension, Groupama 2 franchissait ainsi la ligne d’arrivée dans les Coureaux de Groix en bouclant son ultime tour des îles tandis que Gitana 11 concédait alors une vingtaine de milles au leader. Handicapé par un foil et un safran bâbord abîmés, Lionel Lemonchois et ses cinq équipiers terminaient cette première édition de l’AS Lease Challenge à 8h 52’ 57’’, soit 1 heure 44 minutes et 09 secondes après le vainqueur.
Hors des abandons de Banque Populaire IV et de Sopra Group suite à des avaries mineures, cette course offshore a surtout été marquée par les conditions musclées du parcours, une grande majorité de bords de débridé et de portant, une mer encore formée et surtout des vitesses moyennes impressionnantes, particulièrement lors de la longue glissade entre le phare du Fastnet et la pointe de la Bretagne. Ainsi les deux leaders ont aligné une moyenne de vingt nœuds sur les 1 212 milles mais les vitesses ont surtout atteint des sommets lors de la descente entre l’Irlande et Sein ! Et si trente nœuds correspondent au « mur du son »sur un trimaran de 60 pieds, les deux leaders ont allégrement franchi Mach 1…
Ainsi, Groupama 2 et Gitana 11 ont atteint des moyennes supérieures à 28 nœuds pendant neuf heures sur cette tranche de parcours de 280 milles ! Des conditions météorologiques idéales rarement vécues qui, sur 24 heures, porteraient la distance parcourue à plus de 670 milles… L’équipage de Lionel Lemonchois a même réussi à reprendre une petite dizaine de milles à Franck Cammas et ses cinq hommes sur cette avant-dernière partie du tracé. Avec une pointe de vitesse supérieure à 38 nœuds ! Avant d’abîmer leur foil et leur safran bâbord devant Groix… De quoi en effet, solliciter le matériel.
Et pendant que les deux finalistes terminaient leur triangle celtique, Pascal Bidégorry et son équipe (Banque Populaire IV) s’attelaient à réparer le carénage du bras de liaison arrière du trimaran fissuré lors de la remontée vers le phare du Fastnet, alors qu’il était en têtede l’AS Lease Challenge. Et de son côté, Antoine Koch (Sopra Group) faisait le check-up de sa dérive cassée pour savoir s’il pouvait réparer ou s’il devait utiliser une pièce de rechange. Les deux équipages seront de toutes façons prêts pour en découdre lors du Trophée des Multicoques de Lorient ce week-end. Un week-end qui s’annonce nettement plus ensoleillé et beaucoup moins venté que ces derniers jours avec une brise de secteur Ouest entre 15 et 8 nœuds.

Franck Cammas (Groupama 2) :
« La course a été dure mais heureusement courte… Nous avons vécu trois jours à fond : beaucoup de mer, des bords de reaching plutôt éprouvants, toujours aux écoutes. En clair, nous avons très peu dormi ! A bord, nous n’avions pas vraiment institué de systèmes de quart : on était trois barreurs et trois régleurs, et on essayait de faire des relais toutes les deux heures. La plupart du temps, nous avons eu entre 20 et 25 nœuds. Au maximum, le vent est monté aux alentours de 30 nœuds, et au minimum de 15 noeuds le long des côtes de Galice. Mais plus que le vent, c’est surtout la mer qui était dure. Sur le départ, lundi soir, nous avions une houle de Sud-Ouest avec un vent de Nord-Ouest et ça tapait énormément. La mer a rarement été dans le bon sens pour glisser, sauf après le passage du Fastnet.
Peu avant le passage du Fastnet, nous avons perdu un gennaker. Les sangles qui le retenaient au filet ont lâché ! C’était juste au moment où nous avons appris l’avarie de Sopra Group et de Banque Populaire IV… Du coup, nous sommes repartis le chercher, ce qui nous a permis de nous entraîner pour une manœuvre « d’homme à la mer ». Cela nous a pris entre 30 et 45 minutes, le temps de revenir sur nos pas et d’arriver à le repêcher. On a bien du faire quatre passages avant de le récupérer !
Lors de la descente du Fastnet, quand il ne restait plus que Gitana 11 à surveiller, on a essayé de conserver notre écart. Comme on savait que cette allure et ces conditions lui étaient particulièrement propices, nous avons dû pas mal attaquer, d’où de belles pointes de vitesse depuis l’Irlande !
A part un petit problème de chariot de grand voile, nous rentrons au port sans aucune casse à déplorer ! Le bateau est vraiment bien préparé et abouti. Il est sain et malgré du vent fort et beaucoup de mer, on ne s’est jamais senti limite à bord. Depuis sa mise à l’eau en 2004, l’équipe menée par Bruno Laurent a fait un super boulot durant les chantiers successifs du bateau…
»

Lionel Lemonchois (Gitana 11) :
« La descente du Fastnet a vraiment été sympa. C’était super rapide ! Trente nœuds de moyenne entre l’Irlande et la pointe de la Bretagne, on ne fait pas ça souvent…Nous n’étions peut-être que quatre trimarans au départ, mais nous sommes restés au contact pendant très longtemps jusqu’aux avaries de Sopra Group et Banque Populaire IV : il y avait du jeu avec des bateaux assez proches en vitesse ! Mais les hommes ont été autant sollicités que Gitana 11… C’était une course de chevaux de bois, tous à la queue leu leu. Cela n’a donc pas été très tactique ! La navigation à six équipiers, c’est limite avec un peu trop de monde ! Mais au vu des conditions, c’était bien… L’ambiance à bord de Gitana 11 était sympa. On a une bonne équipe. En général, deux hommes restaient dehors pendant que les autres étaient à l’intérieur. Sur Gitana 11, il nous manque pas mal de choses à l’arrivée : un foil et un safran abîmé, une grand voile déchirée, une dérive sans crash-box… L’équipe technique a du travail ! Cela fait beaucoup de casse, en peu de temps : pour le foil et le safran, c’était en passant devant Groix en arrivant du Fastnet. Et d’ailleurs, peut être que c’est le morceau de foil qui, en s’arrachant, a cassé le safran ! C’est le côté bâbord qui a pris ; c’est celui le plus éprouvé par les vagues lors du premier jour de course. Il a peut être été trop sollicité… On dit que nos bateaux ne sont pas solides, mais étant donné les conditions rencontrées ! Le Gitana Team possède tout en double. Nous allons avoir beaucoup de boulot, mais nous pourrons nous aligner au Trophée des Multicoques ce week-end… »