La tête de flotte commence en effet à sérieusement ralentir dans son approche du port de Pointe Noire, pourtant à peine distant cet après-midi de 500 milles pour le premier. Les vitesses des bateaux qui sont actuellement au louvoyage dans des vents faibles de sud-est illustrent parfaitement ce freinage de la flotte, tout comme leurs trajectoires qui ressemblent aux évolutions d’un CAC 40 en période de doute.
Avec ce ralentissement et ces vents de Sud-Est instables, Philippe Fiston, co-skipper de Région Guadeloupe, le Class 40 maître incontesté de cette seconde Route de l’équateur, voit ses chances de fêter à terre, vendredi, son 35ème anniversaire, comme les fichiers météo pouvaient le lui laisser
espérer hier encore. Et pourtant, les 500 milles qui leur restent à couvrir pourraient passer en temps normal pour une simple formalité après 4 000 milles de course. Mais pas en tirant des bords dans la pétole comme c’est le cas en ce moment.
Après une course disputée à un rythme soutenu, le Golfe de Guinée a donc décidé sur la fin de rester fidèle à sa réputation en brouillant une dernière fois les cartes, même s’il semble avoir déjà jeté son dévolu sur son champion. En effet, les deux plus dangereux challengers de Lepesqueux/Fiston/Maslard, les équipages de Philippe Monnet et de Patrice Carpentier n’arrivent pas recoller aux basques des « normands-guadeloupéens » de Région Guadeloupe et à neutraliser les 50 milles perdus ces deux derniers jours sur le leader.
Le malheur des uns faisant souvent le bonheur des autres, Deep Blue qui vient de s’emparer de la 4ème place au détriment de Sidaction CMA-CGM est bien revenu sur le trio de tête, laissant Aubry/Carpentier/Nicol un peu groggy par la belle remontée de Florence Arthaud, Luc Poupon et Alexia Barrier ces trois derniers jours.
Même en arrivant ce WE, les 5 premiers concurrents n’ont pas à se faire de souci pour leur intendance car leur cambuse est suffisamment approvisionnée pour subvenir aux appétits des équipages, d’autant que la chaleur omniprésente se révèle être un excellent coupe-faim.
Ce n’est pas la même musique à l’arrière de la flotte. Dieu merci l’équipage de Frédérique Bruler a tiré profit d’une pluie diluvienne il y a deux jours pour refaire ses niveaux en eau potable. Côté nourriture, il est fort probable que le skipper de Association Espace Enfance sorte un livre de
recettes de cuisine à l’issue de la course sur l’art de faire du thé et de cuisiner les pates sans eau chaude (prévoir une nuit de détrempage). Gageons que cet ouvrage sera interdit de traduction en Angleterre et en Italie. En effet Frédérique a avoué à la vacation ce matin que leur bateau était équipé d’un réchaud à alcool dont le fonctionnement la laissait dubitative et que
dans le doute elle préférait s’abstenir de le solliciter depuis le départ. Recommandation aux organisateurs : Prévoir à l’arrivée pour cet équipage un solide repas chaud aux délicieuses saveurs congolaises.