On relevait ce matin 300 milles couverts en 24h pour les 4 concurrents de tête. Conséquence de ces vitesses débridées, les cirés sont de sortie sur les ponts de ces puissants et pourtant petits monocoques de 12m, où l’effet « lance à incendie » se fait sentir à chaque accélération. Au pointage de 5h ce matin, Matongo Congo était presque revenu à la hauteur de Région Guadeloupe. Pour le Jumbo 40 de Lepesqueux/Fiston/Maslard, impérial depuis le début de la course, les choses semblaient alors être parties pour se compliquer d’autant que les Pogos 40 sont plus véloces au portant, dans la brise.
Passé, comme Monnet, entre la côte marocaine et l’île de Fuertaventura, sur des trajectoires un peu différentes, Marc Lepesqueux, Philippe Fiston et Stan Maslard ont senti toute la journée le souffle de l’équipage de Matondo Congo sur leur échine. Ce soir, Monnet confirmait son OPA en tête du Classement Général en doublant à 14.4 nœuds un Région Guadeloupe navigant à 10.6 noeuds. Ce premier assaut d’autant plus dangereux que désormais Monnet et ses trois hommes d’équipages ont enfin le bateau bien en main et que leur choix de partir à quatre équipiers, dont deux excellents barreurs, Philippe Naudin (ancien ministe) et Eric D’Hooge (Prépa olympique en fortyniner pendant 5 ans) va sans doute faire la différence sur ce marathon de 4 500 milles, où la forme physique va faire la différence.
Sur l’autre ouest, Lepesqueux/Fiston/Maslard ne savent pas encore si une autre surprise ne va pas venir de Sidaction CMA CGM et de MvouMvou qui ont choisi l’option de passer au-dessus, entre Fuertaventura et Grand Canaries. Ces derniers seront certes un peu déventés pendant quelques heures par l’île de Fuertaventura, mais cette option leur permettrait à la sortie de l’archipel, d’empanner et de plonger, en route directe sur les îles du Cap Vert et Dakar. Mais la démonstration de Région Guadeloupe depuis le début de la course montre que son équipage est prêt à vendre très chèrement sa peau et est déterminé à faire de la résistance sur les 3 000 milles qu’il reste encore à couvrir avant d’arriver à Pointe Noire, au Congo Brazzaville. Après plus d’une semaine de course, cette Route de l’équateur 2007 remplit pour l’instant toutes ses promesses avec une magnifique bataille sportive. Plus à l’arrière, les équipages d’Anne Liardet et de Frédérique Brulé ont du mal à garder la cadence puisqu’elles n’ont plus l’usage de leur spi lourd, tous les deux hors service depuis 48h. Sur Deep Blue, les choses semblent rentrer peu à peu dans l’ordre après 24 h de galères, où tout semble avoir été de travers sur le pont, avec des drisses enroulées entre elles qui empêchent d’envoyer ou d’affaler un spi correctement, un empannage chaotique, un spi qui chalute. Bref, c’est la loi de Murphy à bord de Deep Blue. Heureusement tout est rentré dans l’ordre et Florence Arthaud, Luc Poupon et Alexia Barrier sont repartis à 14 nœuds, à l’attaque du quarté de tête.
Echos du large :
Oups !
La montée de l’alizé marocain la nuit dernière a permis à l’équipage de Monnet de rectifier une méprise qui handicapait sa progression depuis le départ. En effet, à cause de la prise en main tardive du bateau, quelques jours avant de quitter Marseille, Monnet et ses trois équipiers utilisaient le spi léger en pensant utiliser le spi lourd, les sacs à voile n’étant pas étiquetés. Cette nuit, alors que le vent montait, l’équipage a voulu réduire la toile et envoyer le spi léger, et s’est aperçu à ce moment-là de leur méprise. L’effet positif de cette prise de conscience tardive est de corriger le tir pour les jours qui viennent, l’effet négatif, c’est la tentation de se taper la tête contre les murs et/ou de se mordre les doigts. Le consolant dans cette affaire, c’est de ne pas avoir payé le prix fort cette erreur de distraction et d’être cet après-midi en position d’inquiéter très sérieusement le leader Région Guadeloupe.
Casse vite réparée sur Centre d’accueil des mineurs de MvouMvou
L’équipage de Patrice Carpentier, comme ses comparses en tête de flotte, a affiché des vitesses impressionnantes cette nuit. Plus de 300 milles ces dernières 24h. A ce rythme, l’avarie n’est jamais très loin. MvouMvou en a fait l’expérience avec une rupture du bout dehors, une pièce indispensable à l’établissement du spi. Avec des vents de plus de 30 nœuds, Carpentier, qui gère sa course comme un Vendée Globe avec toujours en tête la gestion à long terme du matériel et des hommes, en a profité pour lever un peu le pied et mettre tout le monde au repos (relatif) en naviguant sous grand voile et génois pendant une partie de la nuit. Après quelques heures de bricolage intensif, au lever du jour, le spi pouvait à nouveau être renvoyé et le bateau retrouver ses 14-15 nœuds de vitesse habituelle (depuis deux jours). Mais l’alerte a été chaude pour cet équipage qui joue la gagne et qui veut gérer le matériel sur le long terme. Comme dit Patrice : « nous n’en sommes qu’au premier quart de la course. »
Peur de l’excès de vitesse pour Sidaction CMA CGM
L’équipage Aubry/Carpentier (neveu du skipper de MvouMvou)/Nicol a décidé de lever un peu le pied cette nuit en regardant les fichiers météo qui annonçaient des vents à plus de 40 – 45 nœuds. Afin de ménager le matériel, mais aussi les hommes, ils ont affalé le spi en début de nuit et gardé le solent et grand voile haute, ce qui a ralenti un peu leur progression mais qui a eut pour effet de moins fatiguer les hommes par rapport à la nuit de spi précédente. Dans sa vacation ce matin avec le PC terre, Antoine Carpentier ventait les qualités peu ordinaires de ces 40 pieds dans la brise au portant. Des bateaux très physiques qui exigent des relais de barre toutes les heures. Après une nuit moins stressante que la précédente, Sidaction CMA CGM repart, le couteau entre les dents en espérant que l’option entre les îles des Canaries soit payante à moyen terme.
Source Route de l’Equateur