Mais que va chercher Jean Le Cam (Bonduelle) ? En s’éloignant de la route directe et en suivant un cap de 20° plus abattu que Vincent Riou (PRB) depuis 4 heures, Jean sait qu’il est en train de tourner le dos au classement pendant quelques heures. Un investissement dans l’est qui n’est, bien évidemment, pas anodin quant on connaît la qualité et la finesse d’analyse du roi Jean. Sept Solitaire du Figaro dont trois victoires laissent indéniablement des traces… Il a donc vu quelque chose et en bon investisseur parie une fois de plus sur l’avenir. Situé quasiment à la même latitude, Vincent Riou qui est revenu à 36 milles de la pôle position pointe à 86 milles dans l’est du Cap Pembroke (Iles Falklands), là où Jean en est à 176 milles. Belle différence de cap, légère différence de vitesse, Vincent suit un cap nord-est plus proche de la route directe, grignote au classement et devrait toujours plus titiller Jean au classement de 11 heures. Aussi, c’est vers l’avenir qu’il faut donc regarder la situation de ce petit matin. Est-ce que le décalage entretenu par Jean vers l’est ne serait pas en prévision d’une grosse zone de vents erratiques qui s’étalerait comme un long haricot sous l’Uruguay dans les deux jours à venir ? Une fois de plus, chacun y va de son approche en fonction, tant des qualités de son coursier que de son analyse météo. Mike Golding (Ecover) est, de son côté, conservateur et entretient une position médiane entre les deux leaders. Il est ce matin à 86,4 milles de Jean et à 50,4 milles de Vincent. Une situation diablement passionnante où chaque mille sur ce tour du monde révèle son importance !
Sébastien Josse (VMI) devrait bien passer le Cap Horn la nuit prochaine. Il pointe ce matin à 280 milles du mythique rocher et affiche 330,9 milles parcourus en 24 heures, soit la vitesse moyenne la plus élevée de la flotte. Il tient à distance ce matin Temenos de Dominique Wavre qui grignotait son retard par poignées de dix milles à tous les classements précédents.
Et si, en privilégiant une route nord, Nick Moloney (Skandia) se met relativement aux abris des icebergs, l’australien continue d’écoper de sérieux coups de vent. Nick évoquait 50 nœuds hier avec son équipe à terre. Aussi il doit encore s’attendre à ce régime dans les heures à venir avec cette fameuse dépression qui monte via son sud-est, qui va être stationnaire un temps puis redescendre en se creusant toujours plus. Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) devrait également avoir de la pression dans les voiles aujourd’hui. Les vents devraient une fois de plus tutoyer les 50 nœuds avant d’accrocher demain après-midi les 75 noeuds… Par chance personne ne sera dans cette tempête ! Le Sud use, on comprend toujours plus pourquoi.
Benoît Parnaudeau (Max Havelaar/Best Western) a enfin mis du nord dans sa route. Il est toujours par 55° Sud mais doit maintenant penser à la première porte Pacifique qui se trouve à 385 milles dans son est/nord-est.
Enfin, Patrice Carpentier (VM Matériaux) fait toujours route vers Christchurch (Nouvelle-Zélande). Il vient de contourner la pointe sud de l’île du Sud et se trouve ce matin à 220 milles de Steep Head, pointe rocheuse placée juste avant la ville et le chantier où se trouve déjà le bateau de Marc Thiercelin (ProForm). Une distance assez courte sauf que Patrice navigue sans bôme et à la vitesse moyenne de… 3,2 nœuds sur 24 heures. Un vrai calvaire pour Patrice qui fêtera son anniversaire dans 4 jours, soit la date possible de son arrivée à Christchurch !
(Source Vendée Globe)