Les 20 nœuds de vent qui soufflent du Nord Ouest dans le dos des leaders de la Route du Rhum version 60 pieds monocoques font le bonheur des solitaires qui trouvent et devraient conserver jusqu’en Guadeloupe les conditions idéales de navigation pour lesquelles leurs voiliers ont été conçus. Sous grand voile haute et gennaker, les monocoques donnent toute leur puissance et allongent la foulée vers les Antilles. Jean Le Cam ne s’en cache pas. Il parvient, une minute et une minute seulement de temps en temps à oublier la pression de la course pour profiter à plein de ce magnifique ciel d’alizés, de la chaleur qui commence à se faire sentir, et de cette longue cavalcade qu’il espère prolonger jusqu’à Pointe à Pitre.
Point de grandes manœuvres stratégiques en vue. Il a joué, en compagnie de Jean Pierre Dick la carte de l’ouest, espérant que la dorsale dans son sud bloquerait un tant soit peu l’ami Jourdain. Las. « Bilou », au prix n’en doutons pas, d’énormes efforts est parvenu à conserver de la vitesse pour se recaler sur la route directe et voir le vent monter progressivement à l’anémomètre pour lui permettre à son tour d’orienter ses étraves au Sud Ouest dans ce nouveau régime de vent fort.
Au sprint jusqu’à Pointe à Pitre
Sill et Véolia, VM Matériaux et Virbac-Paprec se retrouvent ce soir lancés à corps perdu dans un final dont l’épilogue n’est point encore écrit. « Ca ne se jouera pas en vitesse pure » résume Le Cam, « car nos bateaux ont des performances similaires. Il faut faire marcher la machine, dessus tout le temps. C’est pourquoi je me suis reposé cette nuit. » Après 9 jours de mer, jamais Jean n’a en effet semblé aussi relâché. « C’est le sprint final et je suis d’attaque ». Tous les sens en éveil, Le Cam voit et sent tout ; « Wavre n’a pas encore passé le front. Armel (Le Cléac’h) a bien joué, mais il est trop loin. Dick est derrière… » A un petit millier de milles de l’arrivée, les solitaires se livrent sans retenue. Reste pourtant une inconnue qui n’échappe à aucun de ces marins aguerris ; le contournement de la Guadeloupe est synonyme de fort ralentissement… par devant. « C’est sûr et on le dit depuis le début, l’arrivée par le Nord de la Guadeloupe peut être scabreux. On peut tous venir tamponner sous la Souffrière…» Avec cet espoir en tête, la chasse au Bilou est lancée…
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