Un train d´enfer !

Lionel Lemonchois Gitana 11 Route du Rhum 2006
DR

Côté compétition, la journée fut importante chez les trimarans Orma, avec un Lionel Lemonchois impérial. En état de gâce, le skipper de Gitana 11 a réalisé un empannage optimal sous les Açores et glisse toujours sur des moyennes frisant les 25 noeuds. Il s’est constitué un matelas de 110 à 160 milles d’avance sur ses quatre plus proches rivaux : Pascal Bidégorry (Banque Populaire), Michel Desjoyeaux (Géant), Yvan Bourgnon (Brossard) et Thomas Coville (Sodeb’O), ce dernier étant le seul à être véritablement décalé dans le nord. Et au bout de seulement quatre jours de runs de vitesse, Gitana 11 est déjà à mi-course! Alors que les premiers poissons-volants atterrissent dans les trampolines, il se confirme clairement que le record de Laurent Bourgnon (12 jours et 8h) va être pulvérisé, peut-être dès mardi.

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Chez les grands monocoques Imoca, le leadership est plus aléatoire et on assiste à un joli mano à mano entre Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec, leader ce soir) et Sill & Veolia, duel que pourrait bien arbitrer Jean Le Cam (VM Matériaux), qui a réduit de moitié son retard en 24 heures, et qui vient de reprendre la seconde place. Chez les Classe 40, outre le duel Vittet/Morvan, trois bateaux ont décidé de s’arrêter aux Açores pour réparer diverses avaries.

Multicoques 60′ Orma : 110 milles d’avance pour Gitana 11
Au pointage de 16h, Lionel Lemonchois affiche une moyenne qui frise les 25 noeuds sur 4 heures. "On va vite, là je suis à 31,32,33 noeuds…dans deux trois jours on y verra plus clair mais rien n’est fait : en multicoques, 80 milles c’est quatre heures et il en reste 1780 à faire, c’est énorme." Rien n’est joué bien sûr, mais mieux vaut avoir comme Lionel Lemonchois 110 milles d’avance que l’inverse. D’autant qu’hormis encore un empannage à gérer pour enrouler l’anticyclone avant de descendre sur la Guadeloupe, "ça va être une course de vitesse". C’est ce qu’estime Michel Desjoyeaux, 3e à 113 milles sur. De vitesse et de rythme, dans des alizés maintenant tous proches. "On verra qui tiendra le coup", complète le skipper de Géant. Deuxième, Pascal Bidégorry a, lui, un peu moins de 109 milles de retard sur ce même Lionel Lemonchois avec qui il gagna la Transat Jacques Vabre l’an dernier sur son Banque Populaire, et dont il demeure ce soir le plus proche rival. Victime d’un petit souci de pilote automatique, Yvan Bourgnon (Brossard) a perdu un peu de terrain aux Açores la nuit dernière et pointe en 4e position à 154 milles. Mais tous sont sur des route peu ou prou similaires à Gitana 11. Thomas Coville, d’une certaine manière, est le seul à être potentiellement dangereux à moyen terme d’un point de vue stratégique: à l’inverse des pré-cités, il s’est créé un décalage dans le nord qui peut être intéressant, dans l’idéal pour avoir un meilleur angle au vent à un instant T et refaire tout ou partie de ses 157 milles de retard.

Mais c’est derrière ces cinq leaders qu’on a le plus souffert ces dernières 24 heures. Stève Ravussin, sur son Orange Project, est le premier des prétendants à la victoire à devoir s’arrêter : safran brisé après une collision avec un container. Sous voilure réduite, il fait route vers Horta aux Açores pour tenter de réparer, avec l’aide d’une équipe de… Sodeb’O, présente sur place. Malheureux aussi, mais pour d’autres raisons : Franck Cammas et Alain Gautier. Après l’empannage pour se recaler sur une route ouest peu après les Açores, Groupama et Foncia ont tous deux connu les affres d’une dizaine d’heures dans des zones sans vent qui les ont cruellement pénalisés : Franck Cammas est ce soir 6e, mais à 255 milles de Lionel Lemonchois et Alain Gautier est 7e, mais à 322 milles du leader. "Malheureusement, j’ai peu d’espoir", confie le skipper de Groupama. "J’ai un peu les boules", image celui de Foncia. A l’arrière, le dernier tiers de la flotte avec Antoine Koch (Sopra Group), Claude Thellier (Région Guadeloupe Terre de Passions), Thierry Duprey (Gitana 12) et Gilles Lamiré (Madinina) accuse au minimum 435 milles de retard.

Monocoques Imoca
Depuis le premier matin de course, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) et Roland Jourdain (Sill et Veolia) se partagent la tête de la flotte des monocoques de 60 pieds. Aux commandes depuis mercredi matin, Jourdain s’est fait redoublé par Dick jeudi après-midi, à une centaine de milles des Açores, que les premiers atteindront vers minuit. Le passage de l’archipel n’a pas réussi à certains skippers de multicoques comme Franck Cammas et Alain Gautier, coincés plusieurs heures dans des zones de vent faible. Le trio de tête des monocoques progresse toujours dans un mouchoir de poche à plus de 15-20 nœuds par 30 nœuds de vent. Seulement 22 milles séparent Jean-Pierre Dick de Jean Le Cam (VM Matériaux), en embuscade en 3e place. Vont-ils franchir l’archipel au même endroit ? L’un des trois va-t-il larguer ses adversaires ou bien se faire décrocher ? Quatre jours auront suffi à ce trio pour avaler le premier tiers du parcours. Le rythme pourrait retomber après les Açores où la situation météo semble moins bien établie. Cela pourrait favoriser le retour des retardataires Brian Thompson (Artemis), Dominique Wavre (Temenos II) et Armel Le Cléac’h (Brit Air), classés de la 4e à la 6e place. Anne Liardet (Roxy), 7e à 184 milles, déplorait des problèmes électroniques. Son pilote principale l’a lâchée et la navigatrice est partie quatre fois à l’abattée mercredi soir, perdant une bonne demi-heure à chaque sortie de route.

Monocoques Classe 40
La course de vitesse se poursuit chez les monocoques 40′. Les deux leaders, Dominic Vittet (Atao Audio System) et Gildas Morvan (Oyster Funds), continuent de se livrer une lutte sans merci et de mener la flotte à un rythme d’enfer dans un vent d’est toujours soutenu (20-25 noeuds) qui les pousse à vitesse grand V vers les Açores – au classement de 20 heures, Gildas Morvan avait repris la tête de la flotte. Les bateaux surfent en permanence entre 20 et 22 noeuds depuis ce matin et Vittet affichait une moyenne de 14 noeuds sur les dernières 24 heures ! Il faut donc suivre le rythme et pour beaucoup, outre la fatigue, les petits pépins s’accumulent. Aujourd’hui, François Angoulvant (Fermiers de Loué – Sarthe), victime d’une fissure sur le pont et d’un problème de safran, Cécile Poujol (PACA Entreprendre) dont les voiles sont déchirées et Benoît Parnaudeau (Jardin Bio Equitable) qui a cassé son safran et son safran de secours, continuent leur descente sur les Açores où ils feront escale pour réparer. De son côté, Philippe Legros (Côtes d’Armor – Pierres et Mer), qui a récupéré à son bord Charlie Capelle après son chavirage hier après-midi, poursuit sa route vers Horta où il laissera le skipper du trimaran Switch.fr.

Multicoques Classes 2 et 3

Multi Classe 2:
Crêpes Whaou ! aux Açores ce matin. En 50 pieds multi, au 4ème jour de course, l’allure reste soutenue au portant, dans une mer formée. Franck Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) continue sa progression, seul en tête de flotte, le trimaran était, à 9 heures ce matin, à proximité des Açores. Derrière, la bagarre fait rage, tandis que les plus petits multis ne sont plus que deux en course. « Je vais envoyer le gennaker pour empanner, je suis au nord de l’île Sao Miguel. Il y a 25 à 30 nœuds de vent dans une mer bien formée, mais c’est gérable, ça passe bien. Cette nuit, je me suis même offert trois fois une heure de sommeil. Le luxe. J’avais rempli de 200 litres d’eau le ballast arrière, un ris dans la grand voile et solent. Il faut être prudent. Je descends à une moyenne de 20 nœuds vers la dépression située à l’ouest des Açores » expliquait Franck Yves Escoffier ce matin à la vacation.

Multi Classe 3 :
Ils ne sont plus que deux multi classe 3 en course après le chavirage de Charlie Capelle (Switch.fr) hier au large du Cap Finisterre et les deux skippers (Pierre Antoine sur Imagine et Ross Hobson sur Ideal Stelrad) sont un peu refroidis par la fortune de mer de leur ami Charlie. « C’est un sale coup pour Charlie, explique Pierre Antoine, c’est un ami proche et j’étais inquiet jusqu’à ce qu’on le récupère” confie Pierre Antoine. Ross Hobson exprime aussi son soulagement quant à l’issue de la mésaventure de Charlie. « Aujourd’hui, ça va mieux, le moral et les conditions ; La mer est moins hachée, je vais essayer de revenir sur Imagine et me concentrer sur la navigation. J’ai dû réduire hier parce je me suis fait quelques belles frayeurs ».

Monocoques Classes 1, 2 et 3:
Pierre-Yves Guennec (Jeunes Dirigeants) creuse l’écart, Il va plus vite et plus régulièrement que ses petits camarades. En 24 heures, son monocoque aura parcouru 222,3 milles quand Arnaud Dhallenne (TAT Express) en réalisait 50 de moins. Michel Kleinjans (Roaring Forty) et Régis Guillemot (Charter Régis Guillemot Martinique) s’échappent en classe 3 mono, et lâchent leurs poursuivants. Derrière la bataille se poursuit entre deux bateaux, Dangerous When Wet et Fantasy Forest, Didier Levillain, skipper de A Fond Contre la Spondylarthrite ayant déclenché sa balise de détresse. Il est à bord de son bateau alourdi par une voie d’eau. Les pompes du bord n’arrivent pas à étaler cette voie d’eau, alors que le bateau de Didier Levillain est à environ 160 milles au large du Cap Finisterre, dans une zone contrôlée par le MRCC Falmouth. Un navire de commerce se porte à son secours.

Monos Classe 2
Kip Stone (Artforms) continue de faire cavalier seul, loin devant ses trois autres adversaires. Servane Escoffier (Vedettes de Bréhat Cap Marine), 2e à 113 milles, a perdu son petit spi hier soir.