L’aventure et ses avatars

Charlie Capelle portrait
DR

Pascal Bidégorry (Banque Populaire), lui, a bataillé avec un problème de safran après avoir heurté un ofni, mésaventure sans gravité arrivée aussi au Géant de Michel Desjoyeaux. Le leader Lionel Lemonchois a avoué ce matin que dans le passage du front voilà 36 heures, il avait "bien failli se mettre sur le toit". Gilles Lamiré (Madinina) va s’arrêter aux Açores pour réparer son vît-de-mulet brisé. Autant de rappels à l’ordre. On ne traverse décidément pas l’Atlantique en solitaire comme on va chez son boulanger. Malgré des conditions inédites et idéales de vent portant, "le Rhum" reste une aventure.
 
Côté compétition, les pilotes des multicoques sont déjà en approche des Açores, toujours à grande vitesse : quatre bateaux sur 12 affichent des moyennes supérieures à 500 milles par jour ! En tête, le très solide Lionel Lemonchois (Gitana 11) est flashé à 28 noeuds et affiche ce soir une avance estimée à une soixantaine de milles sur ses trois plus sérieux rivaux du moment : Pascal Bidégorry (Banque Populaire), Yvan Bourgnon (Brossard) et Michel Desjoyeaux (Géant), tous trois dans un mouchoir de poche pour le fauteuil provisoire de dauphin. Mais la problématique du jour est surtout de trouver le bon dosage entre récupération, prise de risque et pilotage de haut vol. Chez les monocoques Imoca, Roland Jourdain (Sill et Veolia) tient tête à Jean-Pierre Dick et Jean Le Cam (VM Matériaux). En Classe 40, Gildas Morvan (Oyster Funds) a pris une légère avance sur Dominic Vittet (Atao Audio System). En multi 50, le Crêpes Whaou! de Franck-Yves Escoffier fait toujours cavalier seul.

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Multicoques 60′ Orma : Açores et pas tous à travers
Les trimarans Orma sont aux Açores, où on assiste à une première séparation de trafic, entre ceux qui vont passer à l’intérieur de l’archipel, au sud de Sao Jorge, et ceux qui vont les franchir au nord. Le premier groupe "inter-îles" est emmené par le solide leader Lionel Lemonchois (Gitana 11) à qui emboîtent le pas Yvan Bourgnon (Brossard, 3e à 59 milles) et Michel Desjoyeaux (Géant, 4e à 61 milles). Dans du vent d’est toujours soutenu de l’ordre de 20 à 25 noeuds, ça glisse fort – Lionel Lemonchois est flashé à 28 noeuds de vitesse instantanée – et parmi les quatre bateaux de tête, seul Géant affiche une moyenne légèrement inférieure à 500 milles par jour, alors que Gitana 11 n’a plus "que" 2300 milles à courir d’ici la Guadeloupe. "J’ai pris un ris car la mer s’est formée et il ne faut pas attaquer à 30 noeuds dans ces cas-là", expliquait Michel Desjoyeaux ce midi. Dans le groupe de ceux qui laisseront très probablement tout l’archipel à bâbord, on trouve le 2e de la flotte, Pascal Bidégorry (Banque Populaire), Franck Cammas (Groupama, 6e à 105 milles), et Thomas Coville (Sodeb’O, 5e à 76 milles). Sur Foncia, Alain Gautier pointe en 7e position à 148 milles et a encore le choix, même si sa route semble indiquer qu’il passera à l’intérieur des Açores. Dans une très courte liaison, Alain Gautier a indiqué que "les conditions étaient idéales pour la glisse", ce qu’Yvan Bourgnon a traduit de son côté par un révélateur : "je m’éclate comme un gamin!" Mais la problématique du jour est inhérente à la glisse et à la finesse de pilotage au bout de trois jours de mer sans avoir beaucoup dormi. Où placer le curseur-rythme sans friser la correctionnelle, comme n’a avoué qu’aujourd’hui le leader Lemonchois qui a bien "failli se mettre sur le toît" lors du passage du front mardi matin, mais n’a "pas eu le temps d’avoir peur". Côté météo, le flux d’est soutenu devrait tourner au nord-est en devenant plus instable cette nuit, imposant vraisemblablement aux trimarans un nouvel empannage vers l’ouest. Il y aura donc des décisions à prendre relativement rapidement. Rien n’est joué : à 20 noeuds de vitesse, une avance de 60 milles ne représente que 3 heures. Pas grand chose à l’échelle Atlantique. A noter encore que Gilles Lamiré, 12e et dernier des grands trimarans, va s’arrêter aux Açores pour réparer sont vît-de-mulet brisé.

Monocoques Imoca
La course bat son plein chez les monos 60 pieds, actuellement bien au large du Cap Finisterre. Leader lors des deux premiers classements lundi matin, Roland Jourdain (Sill et Veolia) s’était ensuite fait subtiliser la première place par Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), qui est resté près de 48 heures aux avant-postes. Cette nuit, Roland Jourdain a prolongé son bord plus à l’ouest que son adversaire direct qui est parti vers le sud. Conséquence, Bilou est repassé en tête et ne cesse depuis de creuser son avance. Une mésaventure survenue à Jean-Pierre Dick l’y a un peu aidé aussi. Le skipper de Virbac-Paprec a heurté un objet mou en début de soirée mardi. Stoppé de 15 à 4 nœuds, Jean-Pierre Dick n’a pas réussi dans un premier temps à se défaire de cet objet encombrant – peut-être un mammifère marin ? – et a plongé sous la coque sans résultat (voir ils ont dit). A 17-18 nœuds de moyenne, le rythme est de plus en plus élevé et les écarts se creusent rapidement. Brian Thompson (Artemis), 4e, pointe à près de 100 milles du nouveau leader alors que Philippe Fiston (Adriana Karembeu Paris), dernier des dix monocoques encore en course, accuse déjà 300 milles de retard. Le Guadeloupéen a annoncé aujourd’hui ne plus pouvoir affaler son gennaker, désormais roulé et fixé le long du mât. Il pense faire escale vendredi aux Açores pour pouvoir monter en tête de mât décoincer la voile.

Monocoques Classe 40
Ce mercredi après-midi, Gildas Morvan est toujours en tête de la flotte des Classe 40 – avec désormais 19 milles d’avance sur Dominic Vittet – qui fait actuellement route directe vers le nord des Açores, poussée par une bonne brise d’est soufflant entre 20 et 25 noeuds. Dans la soirée, les conditions devraient continuer de fraîchir. Une perspective loin de déplaire aux skippers d’Oyster Funds et Audio Atao System qui se livrent une belle bagarre depuis 24 heures. A noter par ailleurs que Marc Lepesqueux, qui avait annoncé hier soir son abandon suite à la casse de son safran bâbord, a finalement décidé de reprendre la course. Le skipper de Siegenia – Aubi quittera Brest dès que son nouvel appendice sera installé.

Multicoques Classes 2 et 3
Multi Classe 2 : Il cavale Franck Yves Escoffier sur son trimaran 50 pieds Crêpes Whaou !, le vent, trois quart arrière, le pousse sur la route directe à des vitesses atteignant 25 nœuds. Derrière, Trilogic (Eric Bruneel) ne lâche rien, même si les écarts commencent à se creuser (125 milles ce matin).

Monocoques Classes 1, 2 et 3
Mono Classe 3 : Michel Kleinjans, le skipper flamand garde le leadership Régis Guillemot (Charter Régis Guillemot Martinique) est toujours à la poursuite de Michel Kleinjans (Roaring Forty) qui le distance de peu (12,7 milles à 16 heures).
Mono Classe 2 : Chez les monos Classe 2, l’Américain Kip Stone (Artforms) augmente continuellement son avance sur Servane Escoffier (Vedettes de Bréhat Cap Marine) et les deux autres concurrents de cette classe.
Mono Classe 1 : Pierre Yves Guennec toujours en tête Jeunes dirigeants porte bien son nom, puisque depuis le départ de la Route du Rhum – La Banque Postale, le monocoque de Pierre Yves Guennec n’a pas quitté la tête de sa flotte. Derrière, son ami Dhallenne (TAT Express) piaffe tandis que l’écart se creuse (35,9 milles à 16 h).

Source Route du Rhum