Malgré un ciel légèrement voilé, un anticyclone est bien présent sur la Bretagne, et le sera encore plus au moment du départ. Conséquences, les routeurs météo et les navigateurs solitaires s’arrachent les cheveux pour deviner comment s’extirper des calmes qui vont régner en Manche les premières 24 heures. Les avis divergent dès la ligne de départ. Quel vent y aura-t-il à 13h02 dimanche, au moment du coup de canon libérateur ? 5 nœuds de sud-est ? 15 nœuds de nord-ouest ? Le casse-tête est total ! A la sortie de la Manche, le problème ne sera toujours pas résolu. Dorsale à négocier, col météo – zone sans vent – à traverser, dépression à contourner et retour de l’anticyclone des Açores avant les alizés seront autant d’obstacles avec lesquels il faudra jouer, composer, méditer, afin de trouver la bonne trajectoire jusqu’à l’arrivée. Chez les marins, la ligne droite n’est pas le chemin le plus court. Les sillages s’annoncent d’ores et déjà sinueux, les manœuvres nombreuses, et la première nuit bien blanche, pour ne pas manquer le moindre zéphyr erratique qui peut faire la différence. Si les trimarans de 60 pieds auront plus d’aisance pour s’échapper dans les petits airs, les concurrents des petites classes devraient subir plus longtemps les calmes de la Manche. La flotte des 74 concurrents risque donc de s’étaler doucement. Tout doucement…
Ils ont dit…
Michel Desjoyeaux (Géant) : « On va partir dans des vents contraires, faibles et variables qui devraient rapidement tourner au vent de terre. Pour résumer, il faudra gagner dans l’ouest puis nous enrouler autour d’une dépression afin de rejoindre l’anticyclone dans son sud. Reste que ça, c’est la météo expliquée aux enfants… Heureusement, c’est bien plus compliqué que ça et ça me va très bien. »
Stève Ravussin (Orange Project) : « On ne va tout de même pas dévoiler notre stratégie aujourd’hui. Ceci dit, c’est sûr qu’il y aura peu de vent au départ. Je pense qu’il faut gagner dans l’ouest sur l’entame, même si les modèles météo bougent beaucoup, mais globalement je pense qu’on a trois jours de vents relativement faibles à négocier, ce qui avantagerait plutôt des bateaux comme Groupama ou Banque Populaire. Si ça se trouve, Laurent (Bourgnon) pourrait garder son record encore 4 ans – tant mieux pour lui on le connait tous et c’est un copain – mais franchement ce n’est pas le record qui motive, on s’en fout, ce qui compte dans le Rhum c’est d’arriver devant! »
Vincent Riou (PRB) : « On est dans une situation inhabituelle composée de deux anticyclones au nord et au nord-ouest de l’Europe, avec une route optimale qui passe entre les deux. On devrait donc se retrouver avec deux possibilités : soit rester au nord avec le risque de s’enfermer dans une seule route possible ensuite, soit tenter de passer entre les deux pour aller chercher une dépression, mais cette solution intéressante comporte des risques et c’est encore tôt pour bien apprécier les choses. Sur le départ, on devrait avoir une dizaine de noeuds et assez rapidement du portant d’est. Je pense qu’il nous faudra une vingtaine d’heures pour doubler Ouessant. »
Servane Escoffier (Vedettes de Bréhat Cap Marine) : « En 2002, quand j’ai vu partir mon père sur la Route du Rhum, je me suis dit qu’ils étaient tous fous. J’ai vraiment de la chance pour ma première participation à la course d’attaquer avec une météo clémente »
Gilles Chiorri (directeur du projet Delta Dore) : « Voilà longtemps qu’on n’avait pas vu un départ aussi paisible sur cette course, ce qui tranquillise quand même pas mal les skippers et leurs équipes. Cela dit, du coup, ça va laisser parler la poudre et dès la première nuit, il y aura des coups à jouer ».
Charlie Capelle (Switch.fr) : « La météo ? Je regarderai ça cette nuit… »
Source La Route du Rhum