Il ne reste sans doute plus que deux journées et une nuit à Corentin Douguet pour aller au bout de son rêve : remporter la Transat 6.50 Charente-Maritime – Bahia. Gagner la Transat ! Le Graal des Ministes, l´Epreuve ultime avec un « E » majuscule. Celle qui a donné le goût du large à Miss Ellen Mc Arthur, celle que VDH considère comme la plus belle des épreuves, celle que Michel Desjoyeaux n´a pas encore réussi à accrocher à son palmarès extra-terrestre. Gagner la Transat et en prime pulvériser le record de l´épreuve, jusqu´ici détenu par son copain de cœur (et de Team Defimer) Armel Tripon, vainqueur de la dernière édition en 29 jours, 13 heures et 15 minutes, alors qu´à un jour et demi ou deux de la fin, Corentin en est à 23 jours et 12 heures ce mardi midi. « Gagner, serait une belle histoire, le Trophée resterait dans la famille &! #187;, souriait Corentin bien avant le 17 septembre, date de départ de la dernière épreuve. Le moins qu´on puisse dire est que c´est fort bien parti pour avoir une sublime occasion de danser la Samba dans les chaumières nantaises et du côté de La Rochelle, où Corentin Douguet a choisi de s´installer pour préparer sa course.
Ultime suspense pour l´étape
Ce mardi matin, à 9h, le skipper d´E.Leclerc-Bouygues Telecom pointe en 2e position, à 8 milles de l´espagnol Alex Pella qui lui a repris le leadership dans la nuit, au jeu des virements de bord le long de la côte brésilienne. Mais cela peut encore changer puisqu´au moment du pointage, Alex Pella semblait être sur le bord approchant et Corentin Douguet sur l´autre… En tous cas, les deux navigateurs étant désormais calés sur des longitudes similaires, on voit mal Corentin perdre d´ici l´arrivée l´intégralité de son avance de 9h38´ acquise sur le brillant Espagnol lors de la première étape.
Reste que jusqu´au bout ces deux là vont se livrer une bagarre impitoyable pour la victoire d´étape. A moins que Corentin n´ait déjà décidé d´assurer et de gérer son avance sans trop tirer sur son bateau qui a tout de même encore 345 milles à parcourir. C´est l´équivalent d´une étape de La Solitaire Afflelou Le Figaro, par exemple. Un dernier coup de collier à ‘échelle de la Transat. Un dernier sprint à tenir, tenir et encore tenir pour couper enfin la ligne d´arrivée, sans doute demain soir mercredi, au pire jeudi. Et rentrer ainsi par la grande porte dans l´histoire de la course au large.
On n´en n´est pas tout à fait encore là, bien sur, et les nerfs sont mis à rude épreuve en cette fin de course, mais franchement on ne voit plus comment la victoire pourrait lui échapper. Il faudrait une catastrophe, une casse matérielle, une de ces maudites fortunes de mer que Corentin a su parfaitement prévenir et éviter jusque là. Et l´on sait bien que malgré l´excitation de son probable triomphe, le skipper d´E.Leclerc-Bouygues Telecom restera concentré jusqu´au bout. « Tant que la ligne n´est pas franchie, il faut être dessus » a coutume de dire Corentin. C´est le moment de mettre l´adage en pratique. Rester concentré. Repousser tant bien que mal l´euphorie. La conserver pour mieux la laisser exploser au ponton de Salvador de Bahia, demain ou après-demain, quand viendra l´heure de claquer la pogne d´Alex Pella et de tomber dans les bras des proches. L´heure de savourer l´exploit.
Corentin Douguet fera-t-il le grand chelem ou pas ? Remportera-t-il aussi cette deuxième étape express qu´Alex Pella et lui méritent tout autant l´un que l´autre quand on voit qu´il faut aller chercher à 85 et près de 100 milles les 3e et 4e du moment : l´excellente Isabelle Joschke et le non moins talentueux Adrien Hardy, qui dispute la 3e place au général à son suivant immédiat, Phil Sharp ? Ce serait extraordinaire, bien sur, mais à choisir…
Il reste quelques dizaines d´heures à naviguer – toujours entre sept et huit nœuds de moyenne selon le dernier pointage – pour se tirer sans dégât des ultimes pièges de la côte brésilienne : vent souvent perturbé, bancs de sable, pêcheurs nombreux et mal signalés. Quelques poignées d´éternité pour – on l´espère – s´offrir la plus belle des victoires. On y croit fort. Très fort, comme le skipper d´un certain bateau N°433 qui doit bouillir d´impatience mais qui n´a pas encore tout a fait fini de faire tourner nos turbines à rêves.
Source site Corentin Océan