Les premiers choix

safran
Jean Marie Liot / DPPI / Safran

Cap à l’ouest, à la rencontre de la dépression irlandaise. C’est le choix de Paul et Michel et de la majorité de la flotte IMOCA après une nuit rapide en Manche. Ce matin, l’horizon s’ouvre pour les grands monocoques qui sortent du couloir naturel formé par les côtes françaises et anglaises et rejoignent l’océan atlantique dans un vent forcissant.  Au portant, dans 25 à 30 nœuds de Sud-sud-Ouest et une mer qui se forme, les bateaux commencent à maintenir des moyennes élevées, proches des 20 nœuds. La navigation, elle va se faire de plus en plus inconfortable…

- Publicité -

La sortie de la Manche, au petit matin, coïncidait avec l’heure des choix.
Plonger tout de suite vers le sud-ouest pour tenter de se préserver du plus fort de la mer et du vent attendus ces prochains jours. Un chemin plus court mais synonyme de longues heures de près, emprunté par une poignée de concurrents dont Hugo Boss et Bastide Otio, actuellement en train de contourner la pointe bretonne.

Allonger la route vers l’ouest pour bénéficier de vents portants. SMA, comme la majorité de la classe IMOCA, a opté pour cette voie occidentale, plus rapide**, bien que prometteuses de conditions musclées. Partis du Havre dans le groupe de tête, Paul et Michel sont ce matin dans le bon tempo et tiennent leur rang en compagnie de leurs adversaires à foils, Safran et Banque Populaire, avec qui ils naviguent de concert. Edmond de Rothschild, plus rapide cette nuit, semble être le seul à avoir exploité le potentiel de ses plans porteurs. Il mène désormais ce peloton en partance pour le front.

Mais la suite de l’histoire ne sera pas qu’une simple question de vitesse. La capacité des tandems à rester dans le match dans la mer forte et lorsque la météo va se dégrader risque de niveler les potientiels…A noter que ce détour par l’ouest éloigne naturellement de la route directe. Pendant les prochaines 48 heures au moins, les classements risquent de ne pas être favorables aux partisans de cette stratégie.

Actual filait ce matin à 17 noeuds à la latitude de la Trinité-sur-mer, le port d’attache de l’Ultim Actual. Les vitesses ont chuté depuis qu’ils ont mis du Sud dans leur cap puisqu’ils se retrouvent face au vent, dans un flux soutenu de 25 nœuds. La brise devrait faiblir à une vingtaine de nœuds dans les heures à venir, mais elle restera de secteur sud-ouest jusqu’à leur passage du cap Finisterre espagnol, soit pile dans l’axe de leur route. Le duo Actual a opté pour un départ prudent. Il évolue ce matin à 70 milles du leader Sodebo et à 35 de Prince de Bretagne, 3e. Les concurrents tirent pour l’instant un bord obligatoire vers le large. Ils décideront dans les heures à venir, en fonction notamment de l’état de la mer, s’il est intéressant de poursuivre vers le large pour aller y chercher plus de vent, ou pas.

Au classement de 8h00 ce matin, Bastide Otio pointait à la 3ème place chez les Imoca 60′. Kito et Yann ont pris l’option de longer la côte bretonne pour rester sur la route directe. Le Mot de Kito de Pavant : ” Bonjour à tous, nous voilà dans le vif du sujet! Après un départ laborieux où il fallut faire beaucoup de manœuvres, pas toujours réussies et un bord de spi sympa, nous voilà face à du vent qui ne va cesser de grimper. Jusque-là ça va ! La lune est belle et on essaye de prendre nos marques. On a eu quelques soucis de spi et nous avons perdu pas mal de temps pour le rentrer. (à 2h00 cette nuit).

Yann Elies
“On a pris un excellent départ hier et avec Charlie on s’est dit que la falaise nous avait surement rendu ce qu’elle nous avait pris cet été sur la Solitaire du Figaro sur la dernière étape où on avait été un peu à la peine. La mer est de 3/4, physiquement ok, moralement ok, même si on sait on a enfilé la sèche jusqu’à jeudi. @CharlieDalin en forme, il aime la brise”

A bord de Safran, la première nuit a permis de se mettre dans le rythme. Une navigation au près, peu de vent : les conditions au départ de la transat en double, dimanche, n’étaient pas des plus favorables pour les nouveaux bateaux à foils. Au passage de la bouée d’Etretat, dernière marque de parcours obligatoire avant la ligne d’arrivée à Itajaí, Safran se positionnait à la 16e place. Comme prévu, le vent s’est progressivement renforcé au Sud-Est permettant à ses deux skippers d’accélérer et de se positionner dans la flotte. Toute la nuit, le duo a progressé à des vitesses moyennes supérieures à 20 noeuds lui permettant de se hisser à la 6eplace ce matin. Dans le match, le tandem de Safran navigue dans un petit groupe constitué de SMA (Meilhat-Desjoyeaux) et de Banque Populaire VIII (Le Cléach- Tabarly.). Dès 5h, les leaders de la classe IMOCA 60′ dépassaient la latitude de Ouessant, prêts à traverser l’Atlantique du Nord au Sud, soit plus de 5 200 milles (9 600 km) vers Itajaí au Brésil. Si la sortie de la Manche s’est déroulée sans encombre, une forte dépression attend les équipages. Toute la journée le vent va se renforcer, la mer se creuser et la tension monter… Pour l’heure, Morgan et Nicolas, comme le gros de la flotte, font cap à l’Ouest pour aller chercher une bascule de vent qui leur permettra ensuite de glisser au Sud.

Retour sur le départ