Ils sont en route !

depart imoca
DR

Le spectacle était un peu décevant quand on connait la puissance de ces machines, qui aurait pu être différent avec un vent plus soutenu et 42 concurrents sur une ligne de départ de 800m. En revanche ce sont bien des conditions très dures que les concurrents devront affronter dans 24-48H. Ce départ en douceur leur permettra à tous de se préparer et de se mettre en condition.

- Publicité -

Après un petit parcours de dégagement au large du Havre, ils vont mettre bientôt le cap à l’ouest pour rejoindre Itajaí, au Brésil, située à 5 400 milles de là. Et si les premiers milles ont été plutôt mollassons, très vite, la situation va se corser, la faute à une dépression qui va générer des vents supérieurs à 40 nœuds et des creux de sept à huit mètres dans le golfe de Gascogne en début de semaine. Clairement, ça va secouer à bord des bateaux et il faudra faire preuve de sang froid pour placer judicieusement le curseur entre aller vite et au bon endroit et ne rien casser.

En Class40, le duo de Bretagne – Crédit Mutuel Elite composé de Nicolas Troussel et de Corentin Horeau en tête mais compte profiter de ce scénario pour le moins costaud pour faire parler son expérience et tout le potentiel de sa monture.

Cette fois, on y est ! Comment vous sentez-vous à quelques heures du grand départ ?
Nicolas Troussel : « Plutôt bien. Cette semaine, nous avons bien avancé dans nos préparatifs et hier,  nous avons fait nos dernières courses de frais tranquillement puis tout réparti dans des sacs avant de bien tout ranger à bord. Ca fait un moment que nous attendons de partir alors forcément il y a une certaine forme d’impatience, même si il est vrai que ce n’est pas tellement réjouissant d’aller là où nous allons aller au vu des conditions annoncées. Cela étant dit, nous savions qu’il y avait de grandes chances que ça se passe comme ça en partant à la fin d’un mois d’octobre. L’essentiel sera de bien réussir à gérer cet épisode musclé. Ensuite, ça ira ».

Corentin Horeau : « Le moral est bon. Cette semaine au Havre s’est bien passée et le bateau est prêt. Je suis content de prendre le large. Impatient même. Nous allons partir avec peu de vent en baie de Seine, ce qui va nous laisser le temps de nous mettre doucement dans le bain, de bien préparer les voiles mais aussi et surtout de bien regarder la météo pour savoir quand et comment nous allons nous faire secouer. »

Vous savez que vous allez rapidement  être confrontés à des conditions très difficiles. Ce ne doit pas être simple à gérer ?
Nicolas : « Oui et non. Pour nous, en Class40, c’est à partir de mardi que ça va se compliquer avec du vent très fort et beaucoup de mer. Avant ça, la sortie de la Manche devrait être sympa. Comme l’a dit Corentin, nous allons quitter le Havre avec peu de vent mais très vite, nous allons profiter d’une légère brise pour nous dégager et passer la porte d’Etretat correctement malgré le courant contraire. Dans la foulée, le vent est prévu de s’établir du secteur sud sud-est et se renforcer ce qui nous permettra alors de sortir de la Manche au reaching assez rapidement. Bien sûr, il faudra faire attention aux DST (Dispositifs de Séparation de Trafic, ndlr), en l’occurrence ceux des Casquets et de Ouessant. A la pointe Bretagne, la route sera d’aller chercher la dépression dans l’ouest puis de caler un virement de bord au moment opportun pour attaquer le golfe de Gascogne où, effectivement, ça risque de taper pas mal. Nous nous y sommes préparés psychologiquement ces derniers jours. » 

Corentin : « Comme l’a dit Nico, la sortie de manche, ça va aller mais après, au large de la pointe Bretagne, ça va effectivement se corser pas mal. Au début, nous serons au reaching puis avec l’arrivée de la dépression, nous allons nous retrouver au près. Il faudra alors choisir entre aller dans le vent le plus fort et ainsi suivre le meilleur routage ou virer avant le passage du front pour avoir un peu moins de vent et moins de mer. Pour cela, nous prendrons une décision en temps et en heure en fonction de l’évolution de la situation météo mais aussi en fonction du scénario de la régate. »

On vous sent plutôt confiants….
Nicolas : « Le scénario n’est, en effet, pas pour nous déplaire. Nous savons que nous avons un bateau rapide au près et que si les conditions sont dures, nous sommes capables d’aller un peu plus vite que beaucoup de nos concurrents. Cela étant, nous n’oublions pas que le vent et la mer que nous allons rencontrer sont propices à la casse. De ce fait, il va falloir rester extrêmement vigilant pour ne pas rentrer au port trop tôt, mais nous espérons bien faire la différence d’emblée.»

Corentin : « Le scénario est effectivement plutôt bien pour nous. Nico a beaucoup d’expérience et il a déjà participé plusieurs fois à la Transat Jacques Vabre en IMOCA. Nous allons en profiter pour mettre du rythme tout en faisant attention de ne pas endommager le bateau. Le fait de savoir que Bretagne – Crédit Mutuel Elite va vite au près nous met en confiance et dans de bonnes conditions. En ce qui me concerne, même si je n’ai pas autant de bouteille que mon co-skipper, j’ai néanmoins l’expérience d’une transat en solo avec un départ musclé (la Transat Bretagne – Martinique en 2013, ndlr). Je suis prêt à me faire secouer sans perdre de vue notre objectif de victoire à Itajaí ! »

Déclaration de François Gabart reccueillie ce matin au départ du ponton : 
« Je suis content d’y aller, je suis déjà concentré parce qu’il va falloir qu’on fasse passer ce grand bateau dans le petit trou. Après on aura un peu de temps pour regarder encore la course. Avant de venir, j’ai jeté un œil sur la météo, même si nous avons le schéma bien en tête. Sur le départ, nous aurons du petit temps, du courant, beaucoup de bateaux, et ensuite il y aura du vent et beaucoup de mer à partir de demain. Ca va aller vite, donc il va falloir rentrer vite dans le match. Demain soir, on sera au cap Finisterre, on aura 24 à 36 heures rock’n roll. Sur une course comme ça qui va très vite, il faut vite être dans le match, il faut être dans le coup sportivement tout de suite. »

Gildas Mahé, co-skipper Team Concise (Class40) 
« Il y a du beau soleil, du beau temps, c’est parfait pour partir. Nous avons une bonne idée pour la suite. Nous n’allons pas vers des conditions très appréciables. Alors avant, nous allons profiter de la journée, après on gèrera au niveau de la situation météo, et ce que fait la flotte. L’idée est de mettre le curseur au bon niveau. Nous n’irons pas tous seuls nous faire cartonner dans le Nord de l’Atlantique. Le bateau est vraiment prêt, fiabilisé, nous aussi, donc c’est parfait ! »

Gilles Lamiré, skipper de La French Tech Rennes Saint-Malo (Multi50)
« Je me sens bien réveillé ! C’est une belle journée qui se prépare. Nous n’aurons pas beaucoup de vent, mais ça ne durera pas longtemps, parce qu’on sait qu’on va être cueilli à la sortie de la Manche par une belle dépression. Ce sera une rude entrée en matière. Nous sommes prêts, le bateau est bon dans le gros temps. Ca sera dur, mais c’est aussi ça la course au large, c’est parfois l’enfer et parfois le paradis, il faut prendre tout ce qui vient avec du positif. »

Yann Eliès, skipper de Queguiner-Leucémie Espoir (IMOCA)
« Cela fait dix jours qu’on est au Havre. Ca y’est la cloche a sonné, fini la récrée ! C’est le moment d’y aller. Toutes les bonnes choses ont une fin. Il faut maintenant aller sur l’eau montrer ce qu’on sait faire, que chacun rende sa copie. On aurait aimé que les conditions soient moins engagées, qu’il n’y ait pas de bateaux qui restent sur l’océan. Lundi et mardi, il y aura du vent, de la mer, tout pour abîmer les bateaux et cabosser les hommes. Nous allons adapter notre conduite aux conditions de route. Nous nous disons au revoir, les bateaux vont disparaitre au loin à l’horizon. Nous allons être livré à nous-mêmes. Ce sera un grand tête à tête pendant 17 jours. »