Yann Eliès a mis 9 jours 5 heures 48 minutes et 15 secondes pour boucler le parcours de 3 542 milles à la vitesse moyenne de 15,97 nœuds. Il a parcouru en réalité 4 538 milles à 20,46 nœuds de moyenne. Engagé dans un duel au large des côtes ouest de la Guadeloupe avec Francis Joyon, le skipper de Paprec Recyclage s’est trouvé très ralenti, tandis qu’IDEC Sport a réussi à se glisser devant en longant les côtes pour lui rafler la sixième place.
Pour les IMOCA et les Multi50, l’issue semble désormais claire : François Gabart (Macif) mène le train chez les monocoques IMOCA avec plus de 60 milles d’avance sur Jérémie Beyou (Maître Coq) tandis que Erwan Le Roux (FenétréA-Cardinal) conforte son avance sur Lalou Roucayrol (Arkema Région Aquitaine) avec plus de 90 milles de marge… Car il n’y a pas trop de surprises à attendre sur la route des Antilles même si les alizés sont parsemés de grains parfois brutaux et surtout très déstabilisants pour les skippers qui hésitent toujours entre réduire la toile ou changer de cap.
Les leaders de chacune de ces deux classes font route directe vers la Guadeloupe que le premier multicoque devrait apercevoir dès jeudi matin (heure locale) tandis qu’il faudra patienter une huitaine d’heures supplémentaire pour que le premier monocoque pointe son étrave. Le tour de l’île papillon ne devrait pas remettre en cause la hiérarchie comme cela a été le cas pour les trimarans Ultime, car les écarts semblent suffisants pour faire face à un retour d’un poursuivant…
Du côté des Class40, le trio leader semble se métamorphoser en quatuor : Yannick Bestaven (Le Conservateur) grappille les milles dans un alizé toujours parsemé de grains et donc de bascules de vent et de renforcements locaux. Alex Pella (Tales 2 Santander) est toujours aussi rapide que ses deux plus dangereux poursuivants, Kito de Pavant (Otio-Bastide Médical) et Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton) et s’il n’y a pas vraiment de stratégie à long terme puisqu’il faut rester dans ce couloir de vent plus ou moins établi sur le tropique du Cancer, il y a du match tactique pour rester en phase avec les bascules de vent et les initiatives des adversaires.
Pour les Classe Rhum, cette journée est capitale car une dorsale anticyclonique est en train de couper la flotte en deux ! Alors que derrière l’intouchable Anne Caseneuve (ANEO) les leaders sont déjà à la latitude des Canaries, les hautes pressions venues des Açores s’étendent vers le Maroc… Les vitesses sont tombées à moins de cinq nœuds (parfois un seul nœud même) et il faut glisser encore dans le Sud, au moins d’une centaine de milles pour retrouver le parfum des alizés ! Cet aléa météorologique va donc redistribuer les cartes et ce mercredi s’annonce comme un tournant dans la course des Classes Rhum.
Ils ont dit
François Gabart-Macif (IMOCA) : « Les nouvelles sont sympas, j’ai de la glisse depuis quelques jours, les conditions sont sympas. Mais je navigue toujours dans des grains : il faut être vigilant, j’ai slalomé entre les nuages depuis début de la nuit. La fin de journée d’hier a été magnifique avec une longue houle, cela surfait bien, le coucher de soleil était somptueux. Les conditions météo sont très plaisantes pour faire du bateau à voile. Dans le détail, on ne se retrouve pas très loin de la route : il est peu probable qu’il y ait des écarts importants par rapport à la route directe. Les alizés sont là mais à l’heure actuelle, cela tourne avec les nuages et les grains. »
Erwan Le Roux-FenétréA Cardinal (Multi50) : « Les grains sont en train de passer un peu, cela devient plus stable et ce n’est pas plus mal. Je devrais faire route directe vers l’arrivée sous grand gennaker et grand-voile haute. A priori j’ai peut-être un empannage en fin de journée mais ce sera tout. Il reste encore une nuit complète en mer avant de voir l’arc antillais et je devrais arriver au lever du soleil jeudi. J’ai de l’avance sur mon concurrent Lalou (Roucayrol) et je commence à être pénard mais on ne sait jamais. »
Thibaut Vauchel Camus-Solidaires en Peloton (Class40) : « C’est régulièrement instable depuis hier, je rencontre des bandes de grains assez étonnantes d’ailleurs : ce sont des trains de nuages qui passent sur le même axe, on a du mal à en sortir et cela peut-être un peu rock’n roll parfois. Je fais route plein Ouest vers les Antilles avec Alex (Pella) et Kito (de Pavant). Quand on regarde les traces, on a de petits déboires, nos trajectoires ne sont pas très régulières à cause de ces grains. Pas mal d’empannages sont au programme. Les routages nous proposent de jouer avec de petites variations de vent. Il faut qu’on arrive à condenser nos empannages. C’est assez exigeant : on arrive à dix jours de course, on commence à être fatigué, on n’a pas la même énergie que les premiers jours, tout peut devenir compliqué. »
Classement de 8h
Ultime
1 MAXI SOLO BANQUE POPULAIRE VII Loick Peyron arrivé le 10 novembre à 5h08
2 SPINDRIFT 2 Yann Guichard arrivé le 10 novembre à 19h18
3 EDMOND DE ROTHSCHILD Sébastien Josse arrivé le 11 novembre à 4h47
4 PRINCE DE BRETAGNE Lionel Lemonchois arrivé le 11 novembre à 7h44
5 MUSANDAM OMAN SAIL Sidney Gavignet arrivé le 11 novembre à 9h15
6 IDEC SPORT Francis Joyon arrivé le 11 novembre à 18h42
7 PAPREC RECYCLAGE Yann Eliès arrivé le 11 novembre à 19h48
8 SODEBO Thomas Coville ABD
IMOCA
1 MACIF Francois Gabart à 614 milles
2 MAITRE COQ Jérémie Beyou à 78,8 milles
3 SAFRAN Marc Guillemot à 203,47 milles
MULTI50
1 FENETREA – CARDINAL Erwan Le Roux à 441,8 milles
2 ARKEMA REGION AQUITAINE Lalou Roucayrol à 111,66 milles
3 RENNES METROPOLE – SAINT MALO AGGLOMERATION Gilles Lamire à 288,93 milles
CLASS40
2 TALES 2 SANTANDER Alex Pella à 1634,8 milles
2 OTIO – BASTIDE MEDICAL Kito De Pavant à 10,78 milles
3 SOLIDAIRES EN PELOTON Thibaut Vauchel-Camus à 24,18 milles
RHUM
1 ANEO Anne Caseneuve à 1645,9 milles
2 VENTO DI SARDEGNA Andrea Mura à 306,27 milles
3 TRADYSION GUADELOUPE Willy Bissainte à 448,87 milles