Sodebo Ultim’ glisse dans la baie de Quiberon et le skipper tarde à faire monter ses hommes, il savoure le moment. « C’est fait, c’est bien fait même, » sourit-il. « La rupture avec la vie en solitaire est toujours aussi brutale. Tout d’un coup, quand l’équipe s’active à bord, tu prends conscience qu’il ne s’agit pas de ton bateau mais bien ‘du’ bateau. » Traverser l’Atlantique en solitaire sur un trimaran de cette taille – même en entraînement – n’est pas une promenade de santé.
Bien au delà des 1 000 milles de qualification imposés par l’organisation de La Route du Rhum, l’objectif de cette double transat était de valider et d’optimiser Sodebo Ultim’ non seulement au large mais sur le parcours de la course. « Le bilan est très positif, tout a fonctionné comme nous l’espérions. La conduite, les manœuvres, tout est facile et fluide sur ce bateau dont les dimensions restent cohérentes, » déclare le skipper en parlant de ce trimaran de 31 mètres de long et 21 de large, portant quand même jusqu’à 663 m2 de voilure.
A mi-route, Thomas a rencontré des conditions de mer extrêmes, un bon test quand on sait que le début du parcours de La Route du Rhum, en Manche puis dans le golfe de Gascogne, peut être violent au mois de novembre. « J’ai eu 25-30 nœuds de vent contre le courant du Gulf Stream. C’était dantesque, avec des orages, du vent instable et d’énormes grains. A plus 25 nœuds face à la mer, le bateau est vaillant et courageux ! Même si ça cogne très fort, il encaisse ! Dans ces moments là, tu ralentis mais ce n’est pas mieux alors tu reprends de plus belle. Il faut surtout trouver le bon dosage, la limite, et je sais maintenant que la machine tient le coup. »
Comme prévu, le trimaran attaque son chantier estival jeudi à Vannes chez Multiplast, là même où il a été mis à l’eau fin mai. « Ce chantier est l’occasion de démonter et de vérifier chacune des pièces du bateau après plus de 7 000 milles de navigation. Chaque centimètre carré du bateau est une mine d’informations pour nous. Nous allons travailler minutieusement et méthodiquement pour que rien ne nous échappe, » conclut Thomas qui va prendre quelques jours de vacances en famille avant de retrouver son bateau début septembre pour les dernières semaines de préparation avant le départ de La Route du Rhum le 2 novembre à Saint-Malo.