« La problématique est double » explique Yann Guichard. « Si nous traversons ce col barométrique en son nord, la zone de vents faibles sera courte, mais il nous faut pour cela rallonger la route au nord. Si nous le traversons en sa partie sud, nous demeurerons sur la route la plus directe, mais devrons gérer les calmes plus longtemps. » La bonne nouvelle pour les 14 hommes et femme du bord, c’est ce matelas qualifié « d’intéressant » d’avance dont dispose Spindrift 2 sur l’actuel détenteur du record, le Maxi trimaran Groupama 3 de Franck Cammas qui évoluait en 2007 et à ce moment précis de la course, plus de 330 milles dans leur sillage.
« Nous sommes en phase avec ce que nous envisagions dès le départ de Cadix » précise Guichard « On ne prendra pas de risque. Nous choisirons la latitude à laquelle tenter le passage d’ici 5 ou 6 heures. Nous ne devrions pas perdre plus de 4 à 5 heures dans ce Thalweg. » Spindrift 2 va ainsi profiter durant une bonne partie de la journée de ces belles conditions d’alizé. « La mer n’a cessé de s’améliorer et de s’aplanir » décrit Yann. « Ce qui facilite le travail du barreur. «
Dona Bertarelli révèle la complexité du pilotage à bord du trimaran ; » Je suis parvenu à passer la barre psychologique de réussir à barrer à 40 noeuds de vitesse. La difficulté n’est pas tant la force du vent ou la vitesse du bateau mais la grandeur et la direction des vagues qui compliquent la tache et qui restent encore aujourd’hui une difficulté pour moi. Tenir le bateau à très haute vitesse, et de manière constante, selon l’état de la mer, demande de la technique, de la concentration et aussi de la force physique. Lorsque la difficulté est importante, je ne barre pas plus de 30 minutes à la fois. »
Lancé à toute allure à la conquête du record de la route de la Découverte, Guichard, malgré l’avance à présent conséquente cumulée depuis les tout premiers milles, écarte tout triomphalisme ; « La route est encore longue (plus de 1 500 milles), et nous devons rester très concentrés, très vigilants. Le vent va mollir et il va falloir naviguer, barrer, régler avec davantage encore de précision pour conserver de l’inertie et de la vitesse si nous voulons battre ce record de manière significative. »