Vers une modification de la jauge Mini

Prologue Mini Transat 2013
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A l’origine, le Britannique Bob Salmon crée la Mini Transat en 1977 en s’insurgeant contre le gigantisme de l’OSTAR, la transat anglaise référence de la course au large en solitaire. Le monocoque de Jean-Yves Terlain, Vendredi 13, puis le géant d’Alain Colas, Club Méditerranée, atteignent des dimensions colossales (39 mètres et 72 mètres) et des coûts prohibitifs ! L’idée d’une épreuve transatlantique sur un voilier de 6,50 mètres a donc pour but de redonner une dimension humaine à la course océanique…Mais en 1977, il n’y a aucune contrainte à l’exception de la longueur de coque et aucune mesure des bateaux. Après la victoire haut la main en 1979 d’American Express doté de ballasts de près de 400 litres, les architectes navals s’en donnent à cœur joie pour imaginer des bateaux de plus en plus extrêmes. Les Français qui désormais organisent l’épreuve à partir de 1985, définissent donc quelques règles comme le test de gîte à 10° qui a pour but de limiter le volume des ballasts, donc la puissance du bateau… et sa capacité à se mettre à l’envers.

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Pour s’adapter aux règlements de sécurité spécifiques à la France, plusieurs mesures sont prises qui listent le matériel embarqué. Une balise de détresse est même imposée car il n’y a pas de contact radio possible entre la terre et les concurrents. En 1993, tous les Mini sont équipés d’une balise Argos qui permet de suivre la route des solitaires. Mais cette année-là, les conditions sont particulièrement terribles. Plusieurs balises de détresse sont déclenchées montrant la nécessité de fixer un cadre plus contraignant, notamment en matière de sécurité passive (celle inhérente à la structure du bateau). Les coureurs se réunissent alors pour prendre des mesures drastiques : une « rule –box » est rédigée définissant un cadre (largeur, hauteur de mât, tirant d’eau…) dans lequel chaque Mini doit entrer. Le règlement renforce petit à petit  les conditions de qualification avant de traverser l’Atlantique, afin que les skippers comme les bateaux soient parfaitement préparés à une météo dure.

Mais au fil des années, les contraintes se multiplient rendant la lecture du texte de jauge plus compliquée, les interprétations plus sophistiquées, les contrôles plus délicats. Bref à force d’empiler les textes pour tenter de limiter les dérives architecturales (tirant d’eau, hauteur de mât, largeur et autres…), le libellé de la jauge Mini devient de plus en plus difficile à comprendre.

C’est donc à l’initiative de la Classe Mini que la jauge pourrait être révisée cet hiver puisqu’il est entendu depuis de nombreuses saisons, que les textes réglementaires ne doivent pas être modifiés les années impaires, années de la Mini Transat. Olivier Avram, président de la Classe Mini, et Yves Le Blévec ancien vainqueur et administrateur de la Classe Mini, ont donc proposé à l’ensemble des coureurs et architectes présents à Douarnenez de revoir la copie. Techniques de mesure de l’inclinaison des mâts, de la longueur et de la largeur de coque, intérêt du test de gîte à 10° (les Minis sont plus contraints par la stabilité à 90°), possibilité d’avoir des bouts dehors à poste lors des départs (pas forcément contre le vent) sont quelques unes des règles qui seront passées au crible de la nouvelle jauge… Il s’agit aussi de savoir s’il est possible de sortir du cadre actuel pour déplacer des appendices, installer des foils, mettre des mâts pendulaires.

Simplifier les textes (jauge et règlement Mini), c’est ouvrir un peu plus l’innovation architecturale qui a toujours pu s’exprimer sur ces bateaux de 6,50 mètres, mais qui « patine » ces dernières années avec de moins en moins de prototypes construits. La Mini Transat a été à l’origine de nombre de bouleversements conceptuels comme la quille pendulaire, le mât-aile sur un monocoque, les formes de carène (le Magnum inspiré d’un scow en est l’expression ultime), les gréements en fibre… La possibilité d’installer des foils pour soulager la coque au portant est actuellement dans l’air : les animateurs et les coureurs de la Classe Mini veulent ainsi redonner du tonus à l’imagination architecturale !