Fred Duthil a expliqué ce matin qu’en renvoyant de la toile en fin de nuit, alors que le vent venait de se stabiliser autour de 25-28 noeuds après sa rotation à l’ouest, sa voile s’était ouverte en deux en dessous du deuxième ris. C’est évidement une immense déception pour le navigateur de Larmor Plage qui jouait aux avant-postes depuis le départ et ambitionnait une victoire à Fort-de-France. Positionné à 175 milles dans l’ouest sud-ouest de Lisbonne au moment de l’incident, Fred fait actuellement route vers Porto où il espère réparer avant de rejoindre son port d’attache en Bretagne.
Si les conditions météo étaient déjà franchement sportives, hier en milieu de journée, elles se sont encore dégradées aux alentours de 16-17 heures, au moment du passage de front. Le vent a en effet fraîchi subitement, une heure avant la bascule à l’ouest. « Au plus fort, il y a eu 50 nœuds de vent. J’ai même relevé jusqu’à 57 nœuds dans les rafales. La mer était blanche, ça fumait de tous les côtés. Je n’avais jamais vu ça », commentait Damien Guillou, ce matin. C’est pourtant dans ces conditions monstrueuses que le skipper de La Solidarité Mutualiste a été obligé d’effectuer un virement de bord pour suivre la rotation du vent. « C’était vraiment délicat. J’aurais aimé viré un peu plus tôt mais c’était impossible. Manœuvrer dans du si mauvais temps, c’est effrayant » a-t-il détaillé, rapportant par ailleurs faire route sous solent seul depuis près de 20 heures. « Ma grand-voile a été abîmée dans le coup de vent. Je viens de la démonter et de la rentrer dans le bateau afin de la réparer. J’ai ce qu’il faut pour le faire mais je dois réussir à sécher les points sur lesquels je veux travailler pour que ça tienne ».
Au même endroit et dans la même galère, Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir) s’est avéré plus chanceux. Reste que si le benjamin de la course ne déplorait aucun petit pépin technique ce matin, il s’avouait très impressionné par ce qu’il venait de vivre : « Les vagues faisaient la taille du mât ! J’avais affalé la grand voile mais même en naviguant sous solent seul, le bateau fusait à 8 nœuds ». Pas beaucoup mieux pour leurs camarades de jeu positionnés un peu plus à l’est. Ces derniers ont également composé avec un vent très violent. Etonnement, par contre, ils n’ont pas viré beaucoup plus tard que les autres alors que l’on pouvait s’attendre à ce que, pour eux, la bascule au secteur ouest n’intervienne qu’en seconde partie de nuit. « Je navigue en tribord amure depuis hier en fin de journée. Le virement a été un enfer. Je me suis retrouvé avec la mer de face. J’ai passé deux heures à ne pas du tout savoir quoi faire et j’ai perdu un peu de temps. Heureusement, à présent, ça c’est calmé » racontait Yoann Richomme (DLCB – Module Création).
A l’ouest comme à l’est, on fait maintenant route dans une vingtaine de nœuds de vent, au reaching ou vent de travers selon le positionnement sur le plan d’eau. Mais dans un cas comme dans l’autre, c’est enfin vers le sud que l’on gagne. Les prochaines 48 heures devraient être plutôt rapides. « Ce sera quasiment du tout droit mais il va y avoir un petit jeu intéressant de trajectoires et d’angles » promet Yoann Richomme.
Ils ont dit :
Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir) : « C’était bien coriace. Le pire, c’était hier en fin d’après-midi. J’avais 55 nœuds, avec des vagues qui faisaient la taille du mât, je n’ai jamais vu cela. J’avais affalé la grand-voile complètement, je n’étais que sous solent et je filais à 8 nœuds. J’ai voulu préserver la grand-voile. Il y a beaucoup d’air, beaucoup de mer, j’ai hâte que ça s’arrête, c’est un peu lourd. Faut pas trop s’arrêter sur le classement, on a un décalage intéressant mais je pense que les mecs du dessous ne sont pas trop mal placés. L’idée est de gagner dans le sud mais on a un anticyclone qui barre la route. Il faut passer dessous pour choper l’alizé. Il faut arriver au bon timing. Si tu arrives trop tôt, tu restes bloqué et les mecs reviennent derrière. Ca va être compliqué ce passage. »
Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) :
« J’ai un gros problème avec ma grand-voile. Elle a vraiment été abimé par le dernier coup de vent d’hier. Du coup j’ai regardé et je ne peux plus l’envoyer, cette nuit ça a molli, il y avait 25 nœuds, je voulais remettre de la toile mais je n’ai pas pu. Je l’ai démonté et réparé à l’intérieur du bateau. Si j’attends des conditions sèches pour réparer sur le pont ca va être un peu long. Ca fait un moment que je navigue sans grand-voile, depuis toute la journée d’hier. Au plus fort hier j’ai eu plus de 50 nœuds. Dans tous les cas il y avait trop de vent, la mer était mer blanche, ça fumait, je n’avais jamais vu cela c’était impressionnant. Pendant une heure, une heure et demie je n’ai jamais eu en dessous de 45 nœuds. Max 57 nœuds de vent. Par rapport a la flotte j’ai du virer dans les derniers et au moment du virement j’avais le plus fort de vent et donc c’était très délicat et effrayant. »
Yoann Richomme (DLBC – Module Création) :
« Hier, nous avons fait en fin de journée notre virement de bord pour nous diriger vers le sud. Il a y eu 40 à 50 nœuds de vent. C’était l’enfer car a mer était formée de face au moment du virement. J’ai passé deux heures à ne pas trop savoir quoi faire. Au bout de quelques heures ça s’est amélioré. Là nous sommes au vent de près, j’ai 10/11 nœuds direction les Canaries. Pendant 24 heures cela n’a plus été de la régate. Ce qui n’est pas simple c’est que l’on va trouver un anticyclone au-dessus des Canaries. C’est une partie difficile à contourner et à traverser. »
Classement de 5 heures
1 BRETAGNE – CREDIT MUTUEL ESPOIR Corentin Horeau à 2827,82 milles
2 LA SOLIDARITE MUTUALISTE Damien Guillou à 4,08 milles
3 BRETAGNE – CREDIT MUTUEL PERFORMANCE Anthony Marchand à 20,40 milles
4 REGATES SENONAISES Arnaud Godart Philippe à 59,75 milles
5 DLBC – MODULE CREATION Yoann Richomme à 102,29 milles
6 SEPALUMIC Frédéric Duthil à 111,76 milles
7 SPONSOR ME Kristin Songe Moller à 150,90 milles
8 SKIPPER MACIF 2012 Fabien Delahaye à 152,27 milles
9 CERCLE VERT Gildas Morvan à 159,66 milles
10 LES RECYCLEURS BRETONS Simon Troel à 166,68 milles
11 AGIR RECOUVREMENT Adrien Hardy à 202,00 milles
12 TEKTON / AGM – REGION MARTINIQUE Eric Baray à 314,72 milles
NL ARMOR LUX – COMPTOIR DE LA MER Erwan Tabarly
ABD GROUPE QUEGUINER – LEUCEMIE ESPOIR Yann Elies
ABD GEDIMAT Thierry Chabagny