Moins d’une demi-heure plus tard, le bateau chinois mené par l’américain Charles Ogletree était à quai, exposant aux autres concurrents et au public présent une aile dont la partie haute (côté mât) était complètement éventrée et dont l’intégralité du volet bas avait été pulvérisé.
Charlie Ogletree : « Le vent était plus fort que ce que nous pensions, probablement 25-30. Nous avons essayé d’abattre comme nous le faisons normalement mais les deux étraves ont planté. Nous avons été propulsés vraiment fort et quatre d’entre nous ont été jetés à l’eau. Deux seulement sont restés à bord. Cela ne m’était encore jamais arrivé. Tout le monde s’est comporté de manière très professionnelle. Emotionnellement, c’est un peu difficile mais nous sommes heureux que ne personne ne soit blessé. Notre équipe technique et celle d’ACRM vont travailler ensemble pour réparer le bateau. La nuit s’annonce longue mais nous devrions être opérationnels demain. »
Aleph est resté à terre et Artemis Racing est rentré au port quelques minutes après le chavirage de China Team.
Loïck Peyron et l’équipage d’Energy Team sont donc les seuls à ne pas avoir chaviré depuis la naissance des AC45 : "Je suis désormais seul dans mon club qui devient très exclusif mais cela va m’arriver et ce ne sera pas honteux" commente le skipper. "Je préfèrerais d’ailleurs que ce soit sur ce bateau plutôt qu’à bord d’un d’autre où ce serait beaucoup plus grave (référence au maxi trimaran Banque Populaire V de 40 mètres avec lequel il s’attaque prochainement au Trophée Jules Verne). Ce n’est pas un exploit de ne pas chavirer sur les petits bateaux, je suis beaucoup plus fier de ne jamais avoir chaviré sur un grand. Il n’y a pas eu de blessé jusqu’ici mais il ne faut pas oublier le danger que cela représente pour les marins. »
Avec le retour au port de China Team après son chavirage ce mardi après-midi, tout le monde a pu voir les dégâts importants à l’aile rigide de l’AC45. Pour certains observateurs, il va être difficile pour l’équipe de pouvoir réparer cela avant le départ de la première course de ce mercredi, qui est prévue à 15h10 (heure française).
Cependant le Directeur des Régates, Iain Murray reste très confiant que le multi sera au départ demain. A son avis il faut compter environ 150 heures de travail et avec une équipe de huit personnes spécialisées en place, cela devient réalisable. A la différence des précédentes éditions de l’America’s Cup où chaque concurrent comptait essentiellement sur sa propre équipe, l’organisation apporte ici son soutien technique. « Il est très important pour nous d’avoir ces bateaux tous les jours sur le plan d’eau, » poursuit Murray. « C’est pourquoi nous disposons non seulement d’une équipe d’experts en composite, mais aussi de pièces détachées afin d’optimiser le processus. »
La nuit va être longue également dans la base des Espagnols comme dans celle de China team. Vailij Zbogar, le skipper de Green Comm Racing rinçait le catamaran en fin d’après-midi, quand il a remarqué une fissure sous la coque bâbord. Le dessous de la pièce est delaminée. Dimanche déjà, l’équipe avait retrouvé beaucoup d’eau à l’intérieur et on peut facilement imaginer que le dessalage d’aujourd’hui n’a pas aidé. L’équipe technique espagnole travaille en ce moment sur le terre-plein pour remplacer sa coque endommagée par une neuve, toute blanche… A noter que les Chinois ont également découvert des fissures dans leur coque tribord.


















