Il y aura donc un vainqueur inédit à Fort de France dans quelques jours, aucun de ces six marins-là n’ayant gagné en solitaire une Transat en Figaro. Erwan Tabarly (Nacarat) avait terminé deuxième de l’édition précédente, voilà deux ans, quatre petites minutes derrière Gildas Morvan (Cercle Vert). Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham) a déjà gagné, l’an dernier, mais c’était en double aux côtés d’Armel Le Cléac’h. Jeanne Grégoire (Banque Populaire) et Romain Attanasio (Savéol) ont déjà connu eux aussi les honneurs du podium de la Transat Ag2r, mais jamais en solo. Thomas Rouxel (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) et Nicolas Lunven (Generali) ont encore un palmarès vierge sur une course transatlantique. Sauf très improbable coup de Trafalgar, c’est un de ces six marins qui remportera la Transat Benodet-Martinique dans quelques jours, probablement dès mardi, et très probablement aussi d’une courte étrave. Seul petit espoir du reste de la flotte : un modèle météo américain (en désaccord avec l’européen) prévoit une petite dépression qui pourrait casser le régime d’alizé dimanche et éventuellement permettre à la meute de revenir sur ces quatre-là. Honnêtement, on n’y croit guère : il y a tout de même 60 milles d’écart entre le 6e prétendant – Romain Attanasio (Saveol) – et le 7e bateau, à savoir celui du blessé Eric Péron (Macif 2009).
S’attendre à un énorme suspense
Autrement dit, le suspense va être énorme pour ces quatre derniers jours de course. Il l’est déjà. Chaque pointage délivre un changement de leader depuis 24 heures entre Erwan Tabarly, Fabien Delahaye et Thomas Rouxel… et il n’est pas du tout impossible que Nicolas Lunven vienne lui aussi danser cette valse, peut-être même dès aujourd’hui. Légèrement décalé sud par rapport aux trois pré-cités, il n’a plus que 4,6 milles de retard ce matin sur Thomas Rouxel qui a pris un leadership très fragile ce samedi matin à 5h pour… 0,8 mille devant Erwan Tabarly et 3,2 mille devant Fabien Delahaye. Jeanne Grégoire, qui signe une course magnifique depuis le départ de Bénodet, est revenue à 20 milles alors qu’elle comptait un déficit moyen de 35 milles depuis quatre jours… Recalée dans le sillage de Nicolas Lunven, elle peut croire elle aussi à un podium, voire mieux encore.
Tendu, le week-end !
Alors que le vent est annoncé plus instable aujourd’hui et demain, avec une recrudescence des grains, alors que la fatigue se fait forcément ressentir au terme du 13e jour de mer, le week-end va forcément être (très) tendu pour ces marins-là. Hormis Romain Attanasio qui peut encore se prévaloir d’un décalage sud (mais qui compte aussi plus de retard), les cinq premiers n’ont que relativement peu d’écart latéral entre eux. C’est donc à la fois une course de vitesse qui est engagée vers la Martinique et un slalom à chasse nuages pour tenter de grapiller des milles, jouer un petit angle légèrement favorable qui permettra de gagner quelques dixièmes de noeuds. Il faudra encore surtout ne rien casser, bien gérer son physique et la lucidité qui en découle pour un final forcément sous haute tension et des écarts sûrement minimes à l’arrivée. A suivre de très, très près, donc… en surveillant peut-être davantage les vitesses respectives des prétendants que leur rang aux pointages. Passionnant !
Bruno Ménard
Le pointage de 5h ce samedi:
1 Thomas Rouxel BRETAGNE – CREDIT MUTUEL PERFORMANCE à 764 milles du but
2 Erwan Tabarly NACARAT à 0,8 mille
3 Fabien Delahaye PORT DE CAEN OUISTREHAM à 3,2 milles
4 Nicolas Lunven GENERALI à 4,6 milles
5 Jeanne Grégoire BANQUE POPULAIRE à 20,7milles
6 Romain Attanasio SAVEOL à 46,2 milles