Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham, 4e) : "une course pas simple"
« Ca fait du bien quand ça s’arrête. A cinq minutes de l’arrivée, on s’est encore pris un grain ! Jusqu’au bout on en aura eu ! Ca n’a jamais été reposant. On a peut-être eu une ou deux journées à la fin où c’était un peu plus tranquille en journée. La nuit, c’était hyper actif, orageux et du coup, très dur parce qu’on se prenait des grains à 35-40 nœuds. Il y avait de grands changements de direction du vent… Parfois, on devait empanner jusqu’à dix fois de suite. Cette course n’était pas simple du tout. C’était dur de prendre du plaisir car tout s’enchaînait, on était tout le temps dessus. J’ai écouté seulement un album de musique pendant cette traversée. Je n’ai eu le temps de rien. J’étais plutôt à l’aise en tous les cas. Je me suis bien senti à bord. Dans la gestion du bateau, j’étais plutôt à l’aise aussi malgré mes déboires du début de course qui m’ont eu peu handicapé. Il me manquait trois écoutes, le petit spi… Il a fallu organiser la stratégie différemment en fonction de ça mais ça s’est bien enchaîné, j’étais dans le bon paquet. Aux pointages, je n’étais jamais le plus lent, bien au contraire. Ce me mettait bien en confiance. Parfois, ça repose sur pas grand-chose. A deux jours de l’arrivée, on se retrouvé avec un vent absent : pas du tout ce que prévoyaient les fichiers. On s’est retrouvé pendant 24 heures à ne pas pouvoir évoluer comme on voulait avec Thomas et Erwan. Quand c’est comme ça, on ne peut pas se téléporter sur le plan d’eau et on voit passer les autres qui ont plus de vent. Dans ces cas-là, on se dit qu’il aurait mieux fallu être derrière. La victoire de Nicolas est belle. Il était bien dans le coup tout le temps. Il a été aux avant-postes dès le début de course. Il a ensuite été 10 milles derrière nous mais il n’a jamais ralenti. Il mérite de remporter la course. Il l’a bien gagnée car ça a été la lutte jusqu’au bout. C’était ma première traversée en solitaire. Certains seraient déçus de finir 4e, au pied du podium. Moi, je suis content. J’aurais signé pour cette place avant de partir même si, évidement, quand on prend un départ de course, c’est pour gagner. Là, j’ai vu que j’étais capable de le faire. Les écarts sont faibles. J’arrive 3 ou 4 milles derrière Generali, c’est rien… C’est comme ça. »
Jeanne Grégoire (Banque Populaire, 5e) : "course super plaisante"
« Je suis super contente d’arriver tout près des copains et super contente parce que la course était vraiment plaisante. C’était super intéressant sur les plans sportifs et stratégiques. Je me suis éclatée à bord car j’avais plein de petites choses à faire qui me plaisaient. Mon résultat me va bien parce que les gars devant ont navigué un cran au dessus de moi dans la brise. Pour une transat de gros bras, je ne m’en sors pas si mal que ça… J’ai fait exactement la route que je voulais sauf quand je n’arrivais pas à attaquer dans du vent fort. J’ai pris du plaisir, j’ai fait des photos, des petits films… ma petite vie tranquille sur le bateau quoi ! J’ai fonctionné beaucoup au feeling, je ne voulais surtout pas me prendre la tête. Ca a quand même été un peu le cas ces dernières 24 heures parce que c’était vraiment serré. Mais globalement, c’était parfait. »
Romain Attanasio (Savéol, 6e) : "chaud tout le temps"
« Je me rappelle qu’au briefing météo avant le départ, Jean-Yves Bernot, notre routeur, nous a dit « j’espère que vous n’êtes pas payés pour ça parce que ça va être rapide et facile ». Eh bien ça a été vite, mais c’était pas facile du tout! C’était tout le temps chaud. Quand il y avait du vent et que le bateau allait bien, c’était trop fort et on ne pouvait pas laisser le pilote. C’était souvent tendu à cause des grains. La nuit dernière était super belle, il y avait beaucoup d’étoiles, pas un nuage… Génial. Et à 6 heures, boum ! La pluie s’est mise à tomber jusqu’à maintenant non-stop ! Je ne voyais pas à 5 mètres, je me suis demandé comment j’allais arriver, je me suis dit que je n’allais jamais trouver l’île ! (rires) Je n’ai jamais réussi à revenir sur le groupe des cinq leaders. Comme j’avais un peu de retard et qu’à un moment, au nord des Antilles, il y avait un bulle sans vent. J’ai donc décidé de glisser un peu dessous car si elle grossissait, je pensais être mieux. Elle a bien grossi mais ça n’a pas marché. J’ai pris 20 milles. Ensuite, ça a commencé à repartir par-dessous mais par suffisamment. Contrairement aux autres, je n’ai pas navigué à vue avec d’autres concurrents. C’est marrant parce jusqu’ici je détestais naviguer tout seul. Là, j’ai trouvé ça bien. J’ai fait mon truc sans passer mon temps à regarder les autres. J’ai pris du plaisir, je suis content. »
Eric Péron (Macif 2009, 7e) : "mon genou m’a beaucoup fait souffir"
« Enfin arrivé ! J’ai vraiment galéré sur la deuxième moitié de la course à cause d’une entorse au genou. C’était un petit calvaire. Je me suis fais mal dans des conditions assez musclées, quand j’ai commencé à partir au tas. J’ai bondi pour aller affaler le spi et je me suis mal réceptionné. Pendant deux jours, c’était très douloureux, je ne pouvais pas faire grand-chose. Après, avec les anti-inflammatoires, ça s’est calmé. J’ai continué la course comme je pouvais. J’ai quand même pris beaucoup de plaisir dans la première partie du parcours. C’était top. Aujourd’hui, je suis content d’être là, en Martinique ! En plus il y a un peu de monde, c’est super ! Ma dernière transat en solitaire avait duré 23 jours je crois, et vu les conditions dans lesquelles j’ai navigué, je suis content que ce soit allé hyper vite cette fois. Le résultat n’est pas si mal que ça même si il n’est pas à la hauteur de ce que j’espérais puisque je visais le podium. Il y a deux jours, j’ai eu une nuit eu peu difficile avec un grain qui m’a scotché. Ca m’a un peu stressé et j’ai fait ce que je pouvais pour rester devant Francisco Lobato car il avait un meilleur angle que moi pour arriver à Fort-de-France. Finalement, ça s’est bien passé, j’ai conservé ma 7e place, je m’en sors bien. »
Francisco Lobato (Roff, 8e) : "J’ai encore appris des choses"
"Je suis très content d’arriver ici en Martinique. La dernière fois que j’ai traversé l’Atlantique, c’était pour arriver au Brésil. Ici c’est vraiment mieux, c’est plus propre, plus naturel. J’avais vraiment hâte d’arriver ici. Ca n’a pas très bien marché pour moi au cap Finisterre, j’ai perdu mon grand spi et le petit spi. Dès le début j’avais un handicap, je savais que je n’allais plus luter pour les premières places. Psychologiquement c’était un peu dur, je me suis même mis en pause aux Açores. Je n’étais pas très inspiré dans mes options. Après je me suis un peu reposé, j’ai essayé de dormir et de profiter. C’est vrai qu’à la fin j’avançais vite. J’ai encore appris des choses sur le bateau et je pense que ça va me servir pour l’avenir. La dernière semaine je sens qu’elle m’a servi à quelque chose. Je me sens en confiance. Il me manquait un petit peu d’expérience. Je n’avais pas encore vécu des longues courses avec beaucoup de portant où il fallait lever le pied sur le Figaro. Sur le mini 6.50, je le connaissais très bien , c’est comme ça que j’ai pris l’avantage par rapport aux autres. Je savais quand il fallait réduire, quand il fallait changer de voile. Cette course m’a servi à apprendre ça. Nicolas Lunven et ceux qui étaient devant ont vraiment bien navigué. Ils méritent leur place. J’ai vraiment envie de bien continuer dans la saison. Au moment où je me suis retrouvé au Nord, je n’étais pas très inspiré. Je pense que je n’étais pas bien moralement à ce moment là. La deuxième semaine ça allait mieux et j’en suis très content. A un moment donné on fait tourner les routages qui nous disent qu’on arrive dans dix, douze jours. C’est un peu étrange quand on se dit qu’on va en mer pour 20 ou 22 jours et au final on arrive plus tôt. C’est tant mieux, on va pouvoir profiter un peu plus de la Martinique".
Gildas Morvan (Cercle Vert, 9e) : "Jouer un cran derrière, c’est dur"
« Je suis content d’arriver. Après la casse de mon étai, l’objectif était d’essayer de traverser, de ramener le bonhomme et le bateau à bon port, avec le mât si possible. Cette partie est accomplie. Le risque était grand de voir le mât tomber en plein milieu de l’Atlantique. Ca aurait été un peu tendu. J’ai bricolé ce que j’ai pu en tordant l’étai et en faisant une espèce d’oeil pour remonter le remettre en place. Je me suis arrêté à Santa Maria pour ça, tout était fixé et je suis reparti confiant. Malheureusement, dans le passage de la dépression, avec le vent fort qu’il y a eu, l’ensemble n’a pas tenu et c’est retombé au bout de deux jours. Ca a été une grosse déception de repartir à nouveau dans cette galère. Il fallait alors faire attention au matériel en permanence, éviter les départs au lof et les mauvaises manœuvres… Ce n’est pas très agréable car quand on part sur une course comme celle-ci, forcément, on veut jouer la gagne, surtout quand on a remporté la derrière édition. L’idée pour moi, c’était vraiment de jouer dans la bagarre finale. Jouer un cran derrière, c’est un peu dur mais c’est la vie. Sinon, j’ai regardé régulièrement ce qu’il se passait devant. Je ne sais pas ce qu’ont fait Erwan Tabarly, Thomas Rouxel et Fabien Delahaye. Ils ont laissé partir Nicolas Lunven qui s’est décalé à un moment et qui a réussi à ressortir par devant en bâbord. C’était un joli coup ! »
Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir, 10e) : "Humainement c’était super"
"Il était temps que ça s’arrête. J’ai fait 24 heures sans spi, j’ai déchiré sept fois mes spis en deux. Ca fait une semaine que je n’ai plus d’ordinateur donc plus de météo, plus de positions des concurrents… Et j’ai failli démâter deux milles avant l’arrivée ; le bas hauban a lâché, le mât a cintré et j’ai cru que c’était terminé. Je ne me suis pas amusé du tout, je n’ai pas régaté. Je n’ai pas du tout joué, j’ai passé mon temps, après mon vrac au cap Finisterre, à essayer de rattraper les premiers, à être derrière et réparer mes soucis. En revanche, humainement c’était super. Ca fait du bien de se mettre dans le rouge. Au final je pense que mentalement je me suis surpassé. Je pense que j’ai dû affaler et envoyer mes spi une cinquantaine de fois. Quand j’étais pas loin de Gildas et Francisco, j’affalais, je réparais vite fait, je re-hissais. Je ne prenais pas le temps de réparer tranquillement pour continuer la course et me battre contre eux. Pour ça franchement, je suis assez fier de ne rien avoir lâché. Mais j’aurais préféré ne pas apprendre ça en fait!"