Avec une moyenne de presque 9 noeuds entre la Bretagne et l’île antillaise, les Figaro Bénéteau ont fait toute la démonstration de leur potentiel et les marins celle de leur ténacité. Partis de Bénodet le 10 avril dernier pour 3 474 milles d’une course au large, il aura fallu attendre les ultimes milles pour connaitre le nom du vainqueur. Deux ans après sa victoire sur la Solitaire du Figaro, le marin de Vannes signe donc une nouvelle victoire sur une épreuve majeure du circuit et s’impose définitivement comme un grand marin.
Jusqu’au bout, jusqu’à l’atterrissage sur la Martinique ils seront restés au contact. Cinq marins pour un sacre, quatre hommes et une femme qui se vouent autant de respect à terre qu’en mer. Il aura finalement fallu l’arbitrage d’un dernier grain pour établir un ordre qui, s’il a forcément beaucoup d’importance pour les intéressés, prend presque des airs d’anecdote pour le grand public tant ces cinq solitaires nous ont tenu en haleine et ont su partager leurs émotions et leur bonheur d’être en mer de bout en bout. Si dès le départ de Bénodet le 10 avril dernier, on soupçonnait que les conditions étaient de nature à offrir une transatlantique expresse, nul n’aurait pu imaginer qu’elle se déroulerait dans des conditions aussi favorables. Ainsi, à l’exception de deux coups de vent venus mettre à mal les montures – le premier au large du cap Finisterre, le second à l’Ouest des Açores -la météo aura été du côté des solitaires de bout en bout. Il ne faut certes pas oublier que ces deux épisodes seront venu ruiner les espoirs de deux prétendants sérieux et d’un bizuth prometteur – Eric Drouglazet (Luisina) se voyant contraint à l’abandon suite à son démâtage et Gildas Morvan (Cercle Vert) et Frédéric Rivet (Vendée 1) perdant leur ailes suite à la rupture de leur étai – mais force est de constater que rarement on aura connu scénario aussi bien huilé.
Du suspense jusqu’au bout de leurs forces
Avec une valse des leaders incessante et des promus tous aussi légitimes les uns que les autres, de Francisco Lobato (Roff) à Frédéric Rivet (Vendée 1), en passant par Erwan Tabarly (Nacarat), Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham) ou encore Eric Péron (Macif 2009), la Transat Bénodet – Martinique aura révélé ou confirmé de belles promesses et de grandes certitudes. Poussés par des Alizés aussi nets et "paradisiaques" que dans les livres, un trio de solitaires composé de Thomas Rouxel (Port de Caen Ouistreham) , Fabien Delahaye et Erwan Tabarly aura fini par se détacher. Un tiercé que longtemps on aura cru intouchable. Mais voilà, avec une arrivée jugée aux Antilles, haut lieu des épices et des saveurs relevées, la météo aura trouvé une inspiration particulière. Distillant ses grains et ses effets positifs ou négatifs, elle aura relancé le jeu de manière spectaculaire, jusqu’à voir Nicolas Lunven et Jeanne Grégoire (Banque Populaire) décrocher leur ticket pour la tombola de l’arrivée. Recroisant à la faveur d’une belle accélération, le skipper de Generali se sera alors emparé de la tête de la flotte à peine 24 heures avant l’arrivée.
Des écarts infimes sur le podium
Jusqu’au bout, la menace des poursuivants et particulièrement de Thomas Rouxel aura plané. Jusqu’au bout le Morbihannais aura gardé son sang froid et sa sérénité habituelle, pour au final, s’imposer avec l’art et la manière. Arrivés en rafales avec des écarts infimes et seulement 2 min 45 sec entre le premier et le deuxième, ces cinq solitaires ont tous reçu les égards dus à leur rang. Mais, il n’y a qu’un vainqueur, Nicolas Lunven, qui avec toute la retenue et la pudeur qui le caractérise aura laissé éclater sa joie sur la ligne d’arrivée de Fort-de-France. Un beau champion, et beaucoup d’autres grandes émotions dans les heures à venir avec des arrivées qui devraient s’étaler sur une trentaine d’heures…
A 22h21 heure française les 6 premiers bateaux étaient arrivés avec dans l’ordre :
1 Nicolas Lunven – GENERALI Arrivé le 26/04/2011 à 19:13:05,
en 16 jours, 5 heures, 13 minutes et 5 secondes
à la vitesse moyenne de 8.93 noeuds.
2 Thomas Rouxe – lBRETAGNE – CREDIT MUTUEL PERFORMANCE Arrivé le 26/04/2011 à 19:15:50,
en 16 jours, 5 heures, 15 minutes et 50 secondes
à la vitesse moyenne de 8.92 noeuds.
3 Erwan Tabarly – NACARAT Arrivé le 26/04/2011 à 19:18:47,
en 16 jours, 5 heures, 18 minutes et 47 secondes
à la vitesse moyenne de 8.92 noeuds.
4 Fabien Delahaye – PORT DE CAEN OUISTREHAM Arrivé le 26/04/2011 à 19:28:13,
en 16 jours, 5 heures, 28 minutes et 13 secondes
à la vitesse moyenne de 8.92 noeuds.
5 Jeanne Grégoire – BANQUE POPULAIRE Arrivé le 26/04/2011 à 19:36:54,
en 16 jours, 5 heures, 36 minutes et 54 secondes
à la vitesse moyenne de 8.92 noeuds.
6 Romain Attanasio – SAVEOL arrivé le 26/04 à 22 h 21 min 43 sec en 16 jours 08 heures 21 minutes 43 secondes. Vitesse moyenne de 8,85 nœuds.