Luisina démâte, Eric Drouglazet sain et sauf

Eric Drouglazet sur Luisina Trophée BPE 2007
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La dépression au cœur de toutes les conversations ces derniers jours est venue se manifester de toutes ses forces. Pris en tenaille entre une mer désordonnée et des vents, certes moins violents que prévu, mais non moins présents, les dix-sept solitaires sont chahutés en plein Atlantique par ce flux de Nord généré par une descente d’air froid. En la matière, les concurrents positionnés les plus proches de la route directe ont été, ces dernières heures, les premiers à en subir les effets et à devoir réduire la toile à bord des Figaro Bénéteau. Navigant généralement sous grand voile haute, ou arisée pour certains, et sous solent, ils ont joué la prudence, bien conscients à ce stade de la course que leurs spis, même partiellement endommagés par le premier coup de chien encaissé au large du cap Finisterre, seraient de précieux alliés sur la route de la Martinique.

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Aux avant-postes, les premiers tiennent la cadence et choisissent, en fonction de leur état de fraîcheur, de rester rivé à la barre quitte à s’exposer aux paquets de mer qui déferlent sur le pont, ou alors de se confiner dans le ventre des monotypes, confiant la trajectoire au pilote automatique et cherchant à grappiller de précieux moments de sommeil en prévision de la suite. Aux premières loges, le leader Fabien Delahaye confiait ce matin préférer le confort sommaire de son intérieur en cette période "de guerre", quand son dauphin, Thomas Rouxel, s’exposait aux éléments. Plus en retrait, le Basque Amaiur Alfaro (EDM Pays Basque Entreprises) connaissait des conditions qui contrastaient avec ses concurrents et avouait même avoir connu un épisode de vent faible dans la nuit. Pour tous, les heures à venir seront placées sous haute tension, mais la situation devrait évoluer favorablement au fur et à mesure de leur gain vers les Antilles, sur la route des Alizés. "Les plus à l’Ouest devraient gagner le paradis avant les autres", prédisait en ce sens Eric Mas de Météo Consult ce midi. Dans un avenir proche, la flotte devrait être confrontée à des vents de Nord Est force 6 qui, s’ils seront loin d’être de tout repos, ne se montreront pas aussi rudes que ceux rencontrés ce lundi.

Drouglazet sain et sauf

C’est dans ces conditions relativement violentes que le skipper de Luisina, Eric Drouglazet, a fait part à la direction de course de la Transat Bénodet – Martinique de son démâtage survenu aujourd’hui à 14h40 alors qu’il naviguait par 35 nœuds de vent de travers, sous grand-voile haute et solent. Installé dans sa bannette au moment de l’incident, le Finistérien a immédiatement sectionné les câbles qui retenaient l’espar brisé à environ deux mètres au dessus du pont, afin que celui-ci ne vienne pas endommager la coque sous l’effet de la mer. Actuellement à 460 milles de l’archipel des Açores et à 720 milles de Madère, le marin fait route au moteur à vitesse réduite et prendra dans les prochaines heures la décision qui s’impose quant au port à rallier. C’est un véritable coup dur pour celui qui pointait en troisième position au moment de l’avarie et avait pris le départ de Bénodet, le 9 avril dernier, avec l’étiquette de favori. Ce coup du sort vient aussi mettre en lumière le rythme intense auquel sont soumis les solitaires depuis les premières heures de cette transatlantique en solitaire à armes égales. D’un bord à l’autre, la nouvelle aura attisé les craintes et aiguisé la veille. L’attaque sera pour plus tard, une fois ces heures sombres passées.

Le pointage de 18 h ce lundi:

1 Thomas Rouxel BRETAGNE – CREDIT MUTUEL PERFORMANCE à 1863 milles de l’arrivée
2  Fabien Delahaye PORT DE CAEN OUISTREHAM à 1,2 mille
3 Erwan Tabarly NACARAT à 5,1 milles
4 Nicolas Lunven GENERALI à 11,8 milles
5 Eric Péron MACIF 2009 à 13,5 milles

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