La nuit de jeudi à vendredi a été dantesque, sous spi dans 20-25 nœuds de vent avec des rafales à 30. Et donc de jolis départs au lof, des « vracs », comme ils disent. Du stress. De la vitesse. « C’était une nuit noire comme dans une vache, on dit chez moi en Angleterre» s’amuse Samantha Davies (Skandia), flashée cette nuit par un flux argos dans un surf à 22,9 nœuds ! « Je pense que c’est exact, car moi-même j’ai vu mon speedo monter à 19 nœuds. C’était excellent, mais j’ai eu peur de casser quelque chose quand même ! » En une nuit, les douze solitaires ont battu tous leurs records de vitesse depuis le départ. En tête de meute, Charles Caudrelier (Bostik) et Eric Drouglazet (Crédit Maritime-Zerotwo) se sont livrés une guerre acharnée, mètre à mètre… et peut être un peu trop exigeante pour une course transatlantique.
Autre révélateur : la nuit dernière, onze des douze solitaires enregistraient des moyennes de vitesse supérieures à 10 nœuds sur quatre heures et pour quatre d’entre eux elles étaient supérieures à 11 nœuds ! En outre, le Top Chrono AG2R Prévoyance, remporté pour la deuxième fois par Eric Drouglazet, était limpide lui aussi : 240,8 milles nautiques en 24 heures. Plus de dix nœuds de moyenne avalés sur une vilaine mer croisée, sur un voilier de dix mètres…
Alors, à l’image d’un Gildas Morvan (Cercle Vert) qui a préféré « calmer le jeu en affalant le spi pour dormir un peu parce qu’il faut durer et que je sentais bien que j’étais à la limite, prêt à faire des bêtises» – technique imitée pour quelques précieuses minutes par Armel Tripon (Gedimat) – tous aspiraient à un repos qu’ils auraient bien mérité. Machines et organismes ont subi l’épreuve du feu océanique et auraient bien eu besoin d’un peu de répit ce matin. Les premières failles physiques et mentales sont là. Il fallait entendre par exemple David Raison raconter ses hallucinations nocturnes : « J’étais tellement fatigué… Je voyais du monde dans le cockpit, des jaugeurs ! » Il fallait aussi – et c’est inédit – écouter Eric Drouglazet mettre à mal sa réputation de « sanglier » infatigable et dur au mal : « pas eu le temps de manger, ni de dormir… et là je vois bien que je fais des conneries, je n’ai pas d’équilibre sur le bateau, je sens des petits signes qui ne trompent pas… ».
Vittet lance l´attaque au sud
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