Si Macif et Sodebo sont devant, Actual tient bien le rythme et son skipper commence à bien maîtriser son trimaran. On, off, on, off… depuis cette nuit et jusqu’à l’approche des côtes américaines, Yves Le Blevec va devoir négocier des situations météo très contrastées allant de 30 à 5 nœuds de vent, ce qui ne va pas faciliter sa progression vers la ligne d’arrivée de cette Transat bakerly. Le skipper Actual prend son mal en patience avec philosophie et profite de chaque instant passé en mer pour apprendre toujours plus sur son bateau.
« J’ai passé un front en fin de nuit, toute la garde-robe du bateau y est passée. Renvoyer deux ris d’un coup, c’est sport ! Au moins 10 minutes de colonne de winch non-stop, il ne faut pas partir trop vite, sinon on n’arrive pas au bout.
Là, en revanche, le vent est tombé, c’était prévu, mais ce n’est jamais agréable, d’autant que les deux autres Ultim n’ont pas eu ce passage-là, ils profitent de conditions plus favorables, c’est un peu frustrant, mais ce n’est pas si grave.
Je ne cesse de me réjouir d’avoir le privilège de mener une telle machine à vent sur les océans. Plus je passerai de temps à bord, plus j’apprendrai.
La mer est restée formée, le bateau bouge dans tous les sens… ce soir, il y a un nouveau front avec 25 à 30 nœuds, il va passer vite. Et le vent tombe à nouveau ensuite.
Je vois beaucoup plus clair maintenant dans la façon d’enchainer les manœuvres et de les anticiper, j’ai les schémas en tête, mais tous les enchainements ne sont pas possibles.
Je continue à bien réussir à me reposer. Je mange bien, ce bateau est quand même beaucoup plus confortable que le Multi 50 dans la mesure où l’habitacle est sec et en hauteur. Le seul point noir c’est que je mangerai demain matin mes derniers œufs-bacon… »
Yves n’est plus ce lundi midi qu’à 890 milles (1650 km) de l’arrivée. C’est long et c’est peu, comme toujours lorsqu’une échéance approche. Toute l’équipe est en route pour New York, avec, en tête, l’heure des retrouvailles, les premiers bilans et, surtout le plaisir (à partager ensemble) d’avoir réussi en un temps record à préparer cette course pour qu’elle soit une réussite.