Hier soir, Vincent Riou a été le premier à dégainer. Plutôt que de se laisser glisser vers le sud en compagnie de ses camarades de tête François Gabart et Armel Le Cléac’h, le skipper de PRB n’a pas hésité à empanner pour faire route à l’ouest. Quitte à perdre de nombreuses places au classement général (il est passé de la 3e à la 10e place en 24 heures). Avec Javier Sanso (Acciona), Jérémie Beyou (Maître CoQ) et plus loin Louis Burton (Bureau Vallée), le vainqueur de l’édition 2004 du Vendée Globe était aussi le premier à s’empêtrer dans les rets de la dorsale anticyclonique.
Au pointage de la mi-journée, tous les « occidentaux » progressaient à moins de 4 nœuds ! Leur pari : être les premiers à sortir de cette zone de vents erratiques et attraper la dépression qui est en train de se caler sur les Açores. Cette nuit, ils devraient connaître des heures difficiles, avec de forts vents de face et des orages. Les marins situés les plus au nord de l’échiquier affronteront les conditions les plus musclées au passage du front. Mais une fois passée cette difficulté, ils pourront cavaler au portant en direction du Cap Vert.
Les uns après les autres, tous les solitaires vont vivre à peu près le même scénario. Tôt ou tard, ils devront manger leur pain noir dans les petits airs. En tête de la course depuis 72 heures, François Gabart a décidé de retarder au maximum cette échéance. Le skipper de Macif demeure toujours le plus rapide cet après midi. Même chose pour Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), actuellement pointé en 2e position, Jean Le Cam (SynerCiel), Mike Golding (Gamesa) ou encore Arnaud Boissières (Akena Vérandas) qui ont eux aussi choisi de prolonger les plaisirs de la glisse dans le sud… A surveiller de près : la position intermédiaire d’Armel Le Cléac’h (Banque Populaire).
Tous ces jeux de placement ont largement bouleversé le classement de la course. Il faudra attendre demain, une fois que la flotte aura passé le front, pour avoir une idée plus claire de la hiérarchie. D’ici là, il y aura du boulot sur le pont : changements de voiles, matossage, virements de bord. Heureusement, les navigateurs ont fait le plein de sommeil la nuit dernière pour aborder cet épisode un peu physique.
Mike Golding ce matin avant d’entrer dans la dorsale
Ils ont dit
Mike Golding (Gamesa) : « C’est difficile de ne pas suivre la brise dont je bénéficie. Si les modèles indiquent de faire de l’ouest, cela ne semble pas avantageux pour moi dans l’immédiat. La vraie question est de savoir quand aller à l’ouest. Je ne voulais pas être le premier, comme je ne veux pas non plus être le dernier. Faire très tôt de l’ouest suppose se rapprocher très vite du centre de la dépression, assez creuse et qui se déplace lentement, avec le risque de rencontrer des vents très forts. Je n’ai pas forcément envie de me prendre un coup de pied si tôt dans la course. »
Jean Le Cam (SynerCiel) : « Je suis un des plus au Sud car je ne voulais pas aller me frotter à la dépression qui arrive, tout au moins dans sa partie nord car elle est tout de même assez creuse. Ce n’est pas forcément favorable mais d’un autre côté, j’essaye de préserver le bateau et le matériel. »
Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) : ” On est assez en dessous des potentiels des bateaux je pense, parce que c’est une course autour du monde. Il faut mettre le curseur au bon endroit, ne pas prendre de risques. Tout ce qu’on perd le long de la route, on ne le retrouve pas ou alors il faut réparer, bricoler. Il faut vraiment faire attention. Il y a déjà des petites bricoles qui se mettent en place »
Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde) : «Question vent, à la pointe de l’Espagne, c’est toujours soit trop, soit pas assez de vent. En ce moment, l’eau chauffe sur le gaz : un thé, du pain, un peu de confiture, finalement la vie est assez simple. Ce qui l’est moins, c’est la situation météo devant l’étrave avec une dépression assez trapue. Il faut viser le centre : il parait que l’ordinateur fait ça tout seul. Tu lui donnes à manger des fichiers de vent et il te dit où aller… »
Kito de Pavant (Groupe Bel) : « C’est terrible ce qu’il m’arrive et ce qui arrive à toute l’équipe Bel. C’est incroyable que ça puisse nous arriver à nous. Le Vendée Globe, ce n’est pas pour moi. L’histoire se répète, c’est terrible. En plus, les conditions sont sympas en ce moment donc je pense à ceux sont en course, ils ont beaucoup de chance d’être là. On va essayer de trouver les meilleures solutions pour réparer le bateau cet hiver. Quand on le voit, ça fait de la peine. Ça va être difficile à gérer et je ne sais pas comment on va s’en sortir. »
Classement de 16h
1 François Gabart Macif à 23 083.3 nm
2 Bernard Stamm Cheminées Poujoulat à 38.9 nm
3 Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 63.3 nm
4 Jean Le Cam SynerCiel à 76.7 nm
5 Mike Golding Gamesa à 76.7 nm
6 Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 103.5 nm
7 Arnaud Boissières Akena Verandas à 110.2 nm
8 Alex Thomson Hugo Boss à 121.8 nm
9 Jérémie Beyou Maître CoQ à 127.5 nm
10 Vincent Riou PRB à 139.7 nm



















