
Cette édition ne ressemble à aucune autre. Après un départ sous un épais brouillard et une flotte qui a progressé très lentement vers le sud après avoir affronté trois dépressions dont une tempête tropicale, on les retrouve encore à quelques milles du Pot au noir. Une progression lente qui a permis de découvrir les visages de ces aventuriers. Quels ont été les faits marquants de cette première semaine ?
Plusieurs avaries se sont succédées dans un vent soufflant parfois au-delà de quarante nœuds avec une mer assez croisée de quatre mètres : Fabrice Amedeo (Newrest-Art & Fenêtres) rentrait aux Sables d’Olonne pour réparer un hook et une sortie de drisse endommagée. Puis ce fut Armel Tripon (L’Occitane en Provence) pour un problème de hook également qui fit demi-tour avant de se rétracter et qui finalement réussi à réparer en mer. Plusieurs avaries ont été signalé comme une sérieuse voie d’eau à bord de PRB mais heureusement sans conséquence.
Après la première dépression espagnole, il a fallu gérer une zone de transition, puis un centre dépressionnaire peu actif avant de négocier la dépression tropicale Thêta, située sous les Açores ! Les non-foilers à l’image de Yes We Cam! ou de OMIA-Water Family ont pu gagner dans le Sud quand les « favoris » se sont glissés entre les îles : certains ont même préféré « assurer » en prenant de l’Ouest quand d’autres ont plongé dans le gros temps. Avec une mer assez formée pour supprimer l’envie de « voler ».
Au final, les premiers ont rasé le centre « tropical » qui se décalait progressivement vers l’Est quand quelques foilers comme Apivia, LinkedOut ou PRB ont joué la « sécurité » à l’Ouest, tandis que certains poursuivants à l’image de MACSF, DMG Mori Global One ou plus tard Medallia et One Planet-One Ocean, ont eu l’opportunité de « couper le fromage » et donc de réduire leur trajectoire sur l’eau. Si les écarts ne semblent pas rédhibitoires en ce huitième jour de course, il ne va pas en être de même d’ici le prochain obstacle : le Pot au Noir !
Certes la ZCIT (Zone de Convergence Inter-Tropicale) qui marque la jonction entre les alizés de l’hémisphère Nord et ceux de l’hémisphère Sud ne semble pas très active ni très développée à ce jour. La cause ? Des alizés (Nord et Sud) plutôt orientés au secteur Est qu’au Nord-Est au-dessus de l’équateur et au Sud-Est en-dessous. Cela devrait donc permettre aux leaders à foil de rester assez éloignés de l’archipel du Cap-Vert pour éviter les « dévents », ces zones perturbées par les importants reliefs volcaniques des îles (surtout Santo Antão, avec le Topo da Coroa à 1 979 m).
Des routes divergentes pour un même objectif
Les trois dépressions de l’Atlantique Nord ont montré qu’un non-foiler ne suit pas la même trajectoire qu’un foiler : d’abord parce que ces appendices permettent surtout d’accélérer dans de la brise médium, au vent de travers (80° à 120° du vent réel), sur une mer relativement lisse ; ensuite parce que les plus rapides sont les plus récents et le but est avant tout de finir la course, donc de préserver le matériel sans se faire trop distancer ; enfin parce que les jeux de voile ne sont pas identiques, certains pouvant glisser au portant (les non foilers sous spi) quand d’autre préfèrent « attaquer » avec des angles plus fermés (les foilers sous gennaker ou FRO).
Les premiers foilers (HUGO BOSS, PRB, LinkedOut, Apivia, Initiatives Cœur) risquent fort de suivre une courbe les faisant passer au large du Cap-Vert pour revenir vers le 25° Ouest afin de traverser le Pot au Noir (au lieu du 28°30 Ouest en 2016) avec des vitesses supérieures à 20 nœuds. Et pendant ce temps, les non-foilers (Yes We Cam !, OMIA-Water Family, Groupe Apicil) devraient jouer plus « tendu » à une quinzaine de nœuds de moyenne. Au final, les écarts vont devenir relativement faibles pour les dix premiers à l’entrée du Pot au Noir, mais conséquents vis-à-vis du deuxième groupe, à plus de 400 milles d’ici trois jours…
Or à suivre, la situation météorologique semble très favorable dans l’hémisphère Sud pour les leaders avec un anticyclone de Sainte-Hélène qui se glisse sous l’Afrique du Sud et une série de perturbations brésiliennes qui foncent vers les Quarantièmes ! Les premiers à franchir l’équateur vont donc pouvoir rester très au large du Brésil et attraper rapidement le vent de secteur Nord qui permet de rallier très vite la longitude du cap de Bonne-Espérance.
L’entrée en matière de ce neuvième Vendée Globe est certes plus lente que lors des deux dernières éditions, mais tout devrait s’accélérer dans les jours qui viennent !
On retiendra de cette première semaine :
1. Jean Le Cam impérial
2. Benjamin Dutreux, le bizuth aux avant-postes de ce Vendée Globe
3. Clarisse Crémer qui égaie la course par sa spontanéité
4. L’émotion de Jérémie Beyou de retour aux Sables