
Charlie est resté collé hier dans une zone sans vent. Il avance avec le vent aujourd’hui, ce qui rend compliqué sa progression et favorise le retour de ses poursuivants.
On assite à un regroupement en tête de la flotte : 522 milles séparent le premier du onzième alors que l’écart était de près de 800 milles en début de semaine. 194 milles d’avance sur Thomas Ruyant (LinkedOut) et 297 milles sur Yannick Bestaven (Maître CoQ) jeudi matin 9h00, 134 milles d’avance et 161 milles vendredi matin 9h00 et 73 milles et 80 milles ce samedi 9 heures… A noter la belle option plein nord de Benjamin Dutreux qui pourrait faire de bons gains.
« Hier, j’ai vu mon avance fondre à vue d’œil explique Charlie ce matin. J’ai traversé une zone de molle. Cela faisait un moment que je l’avais repérée sur les cartes et je ne savais pas trop comment l’aborder. L’éviter faisait faire un énorme détour. Sur le papier, j’avais moins de 8 nœuds de vent dedans. J’ai eu des phases à 3 nœuds. Ça a été compliqué à gérer… J’avance en même temps que le vent rentre. Derrière, c’est plus établi avec un angle un peu meilleur. Je pense que l’hémorragie est un peu stabilisée, mais elle n’est pas complètement jugulée, il y a des chances pour que je continue à perdre quelques milles encore quelques temps. C’est comme ça ! ».
Oui, Charlie a perdu de son avance au gré des pointages et butte, impuissant, dans des zones de vent plus faible. Oui, les vitesses d’APIVIA jouent les montagnes russes et ont varié de 3 (5,6 km/h) à 23 nœuds (42,6 km/h) hier et dans la nuit. Il faut bien voir que si les poursuivants naviguent dans le même système météo, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Prime d’ailleurs à ces derniers qui bénéficient de plus de pression et reviennent, remarquablement, sur les deux premiers. Deux premiers qui ont été également forcés et contraints de parcourir plus de milles pour venir se recaler sur la route et sur la ZEA (Zone d’Exclusion Antarctique) australienne, à cause de ce décalage dans le Nord opéré en début de semaine pour minimiser les affres de la dépression secondaire. Un recalage qu’APIVIA a poussé encore plus loin que LinkedOut, puisque Charlie a plongé toujours plus Sud-Est de 80 milles.
Antoine Carraz (Directeur Technique d’APIVIA) développe : « Il y a eu deux explications à ces petites pertes de vitesse : tout d’abord, Charlie a eu besoin de se reposer après la dépression de mardi et mercredi. Il est passé de rafales à 55 nœuds à 10 nœuds de vent. Il a fallu aussi brasser pas mal de voiles, faire le check du bateau, le remettre en ordre de marche normal pour ces nouvelles conditions. Ensuite, il a connu un enchainement météo qui n’était pas optimal. Quand il a empanné jeudi après-midi, il n’a pas eu beaucoup de vent et puis, ensuite, il est tombé dans une zone de molle. Et, on constate que le vent revient par derrière… Quand APIVIA était à 30° de la route dans de la molle, les autres étaient sur la route 10 nœuds plus vite. Cela revient vite au classement, c’est assez normal… ». Moins de vent devant et plus de route à parcourir : rien d’étonnant à ce que les écarts se réduisent. Inutile de dire que si d’habitude, dans les mers du Sud, on regarde dans le rétroviseur pour voir venir les systèmes dépressionnaires, là c’est bien la meute de poursuivants qu’il faut dorénavant surveiller.
Les 11 premiers bateaux naviguent dans une petite dorsale à l’Est de l’anticyclone des Mascareignes. Le vent de Sud-Ouest est un peu plus faible depuis hier pour Charlie Dalin (Apivia) que pour ses poursuivants, ce qui explique le fait que la flotte est revenue sur lui. Les écarts ne sont plus que de quelques heures entre le premier et le troisième (80 milles).
A partir de lundi, l’élastique devrait commencer à se retendre. Le groupe de tête aura plus de vent avec la dépression qui arrive d’Australie. Ils devraient pouvoir reprendre un peu d’avance sur les poursuivants qui seront englués dans l’anticyclone qui continue à s’étendre vers l’Est. Cette période de calmes sera de courte durée. L’ensemble du groupe des 11 premiers, de Charlie Dalin (Apivia) à Maxime Sorel (V and B Mayenne) devrait retrouver du vent dès mercredi. Combien de bateaux arriveront à se glisser dans cette petite échappée ? Réponse mardi matin.
Derrière, l’ensemble de la flotte naviguera ce soir dans l’Océan Indien. Les conditions sont plutôt clémentes pour les skippers. C’est probablement Clarisse Cremer (Banque Populaire) qui aura le plus de vent dans la journée, en avant d’un petit front. Les conditions de mer sont également maniables avec des vagues de 2 à 4 mètres, selon les zones.