Une accalmie avant d´aborder la dépression des Açores

Cercle Vert transat ag2r 2010
DR

Après des jours et des nuits agités, l’heure est à l’accalmie, mais elle impose de nouvelles problématiques aux dix-sept marins qui se retrouvent actuellement plongés dans une zone de calmes installée sur leur descente vers les Antilles. Des vents oscillants autant en force qu’en direction mettent leurs nerfs à mal et les contraignent à la plus grande des vigilances. Premiers pénalisés, les partisans de l’Ouest sont ceux dont les moyennes ont le plus nettement chutées. Positionnés plus proche de la route directe, ils gardent toutefois les faveurs du classement à l’image de Gildas Morvan, Nicolas Lunven et Erwan Tabarly. Au Sud, on cherche un autre compromis entre la vitesse et la route à faire ; privilégiant la première pour rallonger la seconde.

- Publicité -

Reste que pour tous, cette journée est placée sous le signe de l’attente de la suite et de cette fameuse dépression qui se creuse au Sud immédiat des Açores. Dès demain, la flotte devrait retrouver des conditions favorables et contourner le phénomène par le Nord pour avoir des vents portants – Nord Est 3 à 4 Beaufort avant d’évoluer Est Nord Est 5 à 6 Beaufort dans la journée de samedi – qui leur permettraient de reprendre leur chevauchée atlantique là où ils l’avaient laissée. Les décalages des uns et des autres ne devraient alors pas engendrer de gros bouleversements avec une flotte qui se tient en cinquante milles et des concurrents qui naviguent même à vue.

De l’importance de la récupération

Loin d’être totalement confortable, la situation laisse donc toutefois un peu de répit aux solitaires dont la préoccupation, avant de retrouver les accélérations, est aussi de récupérer en termes de fatigue. En la matière, tous n’avaient pas capitalisé de la même manière et si Eric Drouglazet (Luisina), Louis-Maurice Tannyères (ST Ericsson) ou Amaiur Alfaro (EDM Pays Basque Entreprises) avouaient avoir plus que correctement rechargé leurs batteries internes, d’autres, à l’image de Thomas Rouxel (Bretagne – Crédit Mutuel Performance), Yannig Livory (One Network Energies) ou encore Eric Baray (Ven Dan Vwel 972) confessaient des lacunes évidentes côté sommeil.

Ils ont dit

Eric Drouglazet (Luisina) : "En ce moment, ça contraste avec le début de course. C’était un peu Beyrouth. Il y avait beaucoup de vent, de mer et pas mal de casse sur Luisina. J’ai passé beaucoup de temps à réparer, à reconstituer le spi qui était explosé en deux. Du coup, au lieu d’avoir trois spis, j’en ai deux et demi. Je ne peux pas le mettre quand il y a trop de vent mais ça permet d’en avoir un de secours. C’est stressant de naviguer avec des vents forts et de savoir que si on casse, on n’a pas d’équivalent, c’est un handicap pour le bateau. A chaque vague, on sait que s’il (le spi) éclate, on est mal. J’ai eu un regret. De ne pas m’être mis plus à l’Ouest quand j’étais en tête. C’est un peu une "couillonnade"".

Thomas Rouxel (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) : " Pendant la journée, on a eu quelques phases plus propices au sommeil, mais avec le stress, j’ai un peu de mal à récupérer autant que je le voudrais. J’ai dû dormir 1h30 à 2h depuis ces dernières 24h. Je suis stressé, c’est pour ça que j’arrive pas à dormir. Le premier symptôme, c’est la perte d’équilibre. Et ça c’est flagrant sur les manœuvres. Ca peut être dangereux. Lorsque on est seul sur un bateau, c’est vite fait de passer par dessus bord".

Eric Péron (Macif 2009) : " Je ne trouve pas beaucoup de temps pour me reposer ! J’ai un problème, mon speedomètre est tombé en panne, donc je n’ai pas les infos du vent et mon pilote ne peut pas faire le travail. En plus, en période de transition, le vent est instable, donc je ne dors pas beaucoup. La traversée du Golfe était sympa, j’avais pris un décalage dans le Sud, mais erreur car j’ai eu trop de mer, trop de vent, et ca m’a coûté un spi dans l’eau, les écoutes autour des safrans, tout ca dans 45 nœuds. Ca a pas mal tiré sur le bonhomme et la machine, j’ai du couper une ou deux écoutes, et puis les voiles fasseyantes dans 45 nœuds ca ne fait pas bon ménage. Je suis un peu en retrait car les autres ont bien avancé. On a une dépression à négocier bientôt et en étant dans le Sud, je vais peut être avoir du vent plus longtemps que mes camarades au Nord. Je pense que ca peut me remettre dans le match."

Classement de 16h
1 Gildas Morvan CERCLE VERT à 2710,4 milles de l’arrivée
2 Nicolas Lunven GENERALI à 3,3 milles
3 Erwan Tabarly NACARAT à 4,4 milles
4 Thomas Rouxel BRETAGNE – CREDIT MUTUEL PERFORMANCE à 5,8 milles
5 Eric Drouglazet LUISINA à 8,9 milles