Arnaud, pourquoi prendre le départ d’un troisième Vendée Globe semble une évidence pour toi ?
Arnaud Boissières : J’y pensais avant même de franchir la ligne d’arrivée du dernier Vendée. Pas pour faire un record de participations (rires). Simplement parce qu’il s’agit selon moi de la plus belle épreuve qui puisse exister. Sportivement, le niveau est excellent et c’est la course autour du monde qui regroupe le plus grand nombre de bateaux. Le Vendée Globe est aussi très fort humainement et on apprend beaucoup sur soi. En dehors du fait que je l’ai déjà terminé deux fois, le Vendée Globe représente beaucoup pour moi. J’ai assisté au départ de la première édition aux Sables-d’Olonne en 1989. J’étais atteint d’une leucémie à l’époque. Cette course a éclairé mon quotidien et m’a ouvert l’esprit. Mon expérience prouve que la mer, et les challenges sportifs qui y sont liés, peuvent aider à guérir. J’aime aussi le Vendée car il repose beaucoup sur la notion de partage. Pour toutes ces raisons, j’ai envie de repartir ! Mon envie de découverte est intacte.
Le retrait de la voile de ton ancien partenaire, Akena Vérandas, a été difficile à encaisser ?
AB : De telles situations ne sont pas faciles à vivre. D’autant que ce désengagement a marqué la fin d’une histoire forte et intense, ponctuée par sept transatlantiques et deux tours du monde. Le changement de politique de communication de l’entreprise a entraîné un arrêt du sponsoring. Je peux comprendre. Cela fait de toute façon partie des choses auxquelles les coureurs au large doivent savoir faire face. Je garde de très bons rapports avec mon ancien sponsor. Et je positive en me disant que cette mésaventure m’a permis de vivre de nouvelles expériences comme la dernière Transat Jacques Vabre en double avec Bertrand de Broc. Je me suis régalé. Cela a accru mon envie de monter mon propre projet pour le Vendée Globe. Je dois désormais rebondir, me débrouiller seul. Si je repars une troisième fois, ce sera avec un tout nouveau projet. Ce challenge me plaît.
Qu’est devenu ton ancien bateau ?
AB : Il a été vendu mais je ne préfère pas dire à qui, car le skipper en question fera très prochainement une annonce. J’ai participé au convoyage du bateau depuis les Sables-d’Olonne vers son nouveau port d’attache. C’était très émouvant de partir des Sables avec ce bateau en sachant que je ne reviendrai jamais avec. Mais je suis content que mon ancien monocoque continue à naviguer. Tout comme mon premier Akena Vérandas connaît une belle nouvelle vie entre les mains d’Alessandro Di Benedetto (sous les couleurs de Team Plastique, ndlr).
Tes recherches de sponsors avancent ?
AB : Après le retrait d’Akena, j’ai senti un réel engouement pour m’aider dans mes recherches de partenaires, en Vendée mais aussi à Bordeaux, ma ville de naissance. J’ai établi là-bas de nombreux contacts, je suis en pourparlers avancés avec certaines entreprises pour participer à la prochaine Route du Rhum, un passage obligé avant le Vendée Globe. Je recherche un partenaire principal et d’autres plus petits pour boucler le budget. Le temps passe, le compte à rebours est lancé. Mais j’ai bon espoir !
L’idée serait d’acquérir le plus vite possible un bon bateau d’occasion ?
AB : Tout à fait. Pas mal de bons monocoques sont disponibles et j’ai des vues sur un bateau en particulier. Je préfère là encore ne pas donner de nom… Il faudrait l’acquérir au printemps pour prévoir un chantier, commencer à naviguer avant l’été et bien se préparer pour la Route du Rhum. J’envisage deux options après ce premier grand rendez-vous : soit optimiser le bateau pour le faire évoluer, soit en racheter un autre plus performant encore. Tout dépendra des envies et des finances de mon futur sponsor.
Source : Vendée Globe