Depuis 1978, le parcours de la Route du Rhum n’a pas vraiment changé, si ce n’est lors de la deuxième édition lorsque les solitaires devaient contourner la Martinique avant de remonter vers la Guadeloupe, et en 2002 quand les skippers pouvaient atterrir directement sur Pointe-à-Pitre. Ainsi 3 542 milles représentent la distance officielle entre la ligne de départ devant la pointe du Grouin jusqu’à la ligne d’arrivée en Guadeloupe mouillée devant l’hôtel Créole Beach à Gosier. Mais il y a quelques marques de parcours à respecter : la bouée du cap Fréhel à laisser à tribord, l’île de Ouessant en évitant le DST (zone de séparation de trafic maritime) à bâbord, l’îlot de la Tête à l’Anglais et l’île de la Guadeloupe à laisser à bâbord, une bouée mouillée devant Basse-Terre et l’archipel des Saintes à laisser à tribord…
La ligne de départ est orientée Nord-Sud par le travers de la pointe du Grouin : des zones d’exclusion sont définies (ainsi que devant le cap Fréhel) pour permettre aux solitaires de manœuvrer avant le coup de canon libérateur. La ligne de départ est scindée en deux parties sensiblement égales (environ 1,2 mille), les monocoques au plus près de la pointe du Grouin et les multicoques au large.
La ligne d’arrivée sera fermée 35 jours (soit 840 heures) après le départ : les solitaires qui arriveraient donc après le 7 décembre seront considérés comme hors temps. Les skippers peuvent mouiller dans un abri pour réparer, mais s’ils font une escale technique (ponton, bouée, port), ils sont considérés comme ayant été assistés avec obligation d’un stand-by minimum de quatre heures.
Un panel diversifié
Côté coureurs, les cinq flottes rassemblent 91 solitaires répartis en 43 Class40 (monocoques de 12,18m), 20 Classe Rhum (14 monocoques de plus de 12m et 6 multicoques entre 12m et 18m), 11 Multi50 (multicoques de 15,24m), 9 IMOCA (monocoques de 18,28m) et 8 Ultime (multicoques de plus de 18,28m). Seuls la Classe Rhum, la Multi50 et les Ultime peuvent être épaulés par un routeur météo à terre.
Parmi ces solitaires, Lionel Lemonchois est le seul participant à avoir remporté deux fois la Route du Rhum : en 2006 sur un trimaran ORMA, en 2010 sur un Multi50. Deux autres précédents vainqueurs sont sur la ligne de départ : Thomas Coville (monocoque IMOCA en 1998) et Andrea Mura (classe Rhum 2010).
Le temps de référence de la Route du Rhum a été établi par Lionel Lemonchois sur un trimaran ORMA en 2006 : 7 jours 17 heures 19 minutes. Au sein des autres catégories, le temps de référence en IMOCA est de 12j 11h 58′ (Roland Jourdain 2006), en Multi50 de 11j 17h 28′ (Franck-Yves Escoffier en 2006), en Class40 de 17j 23h 10′ (Thomas Ruyant en 2010), en Classe Rhum de 19j 09h 40′ (Andrea Mura en 2010).
Ils ont dit
Yves Le Blevec (Multi50 – Actual) : « On commence à rentrer dans le concret ! L’exercice de partir tout seul sur un bateau dans une météo pas très facile, ce n’est jamais évident. Je n’appréhende pas le départ, mais plus la première nuit avec du vent et de la mer et un passage de la pointe de Bretagne pas évident. Après, ça ira. La cible d’une douzaine de jours sur la totalité de la traversée est envisageable. Il va falloir mettre le curseur au bon endroit notamment sur les premiers jours, savoir doser pour aller vite sans casser le bateau. »
Yann Eliès, Paprec Recyclage : « Je n’ai fait que 1000 milles en vrai solitaire sur le bateau. Cela dit, la météo n’est pas trop sévère et ça détend de savoir qu’on ne partira pas dans 40 nœuds. Niveau stress, j’ai des hauts et des bas. Mais je me dis qu’il faut profiter du truc. J’ai envie de m’éclater, d’arriver de l’autre côté et de ne pas gâcher mon plaisir en stressant comme un malade. Je vais le faire à mon rythme et au pire, je lèverai le pied. J’espère qu’au moins un des quatre multi de moins de 80 pieds sera sur le podium. »
Conrad Humphreys (Class40 – Cat Phones) : « Je sais que si je fais un résultat sur ce Rhum, cela changera le cours de ma carrière. Mais mon premier objectif est de prendre du plaisir sur l’un des courses les plus importantes au monde. J’ai déjà fait beaucoup de départs, mais il faut reconnaître que l’ambiance ici est unique. Je pense que qu’elles que soient les conditions météo, les 72 premières heures de course seront d’une intensité rare. Il faut rester dans le groupe de tête car si jamais tu te retrouves dans les 20, les places seront très dures à reprendre. »
Vincent Riou (IMOCA-PRB) : “Une météo et une route aussi favorable à la glisse, je n’ai jamais vu ça ! La météo est étonnante et plutôt sympathique. Nous irons chercher le front puis virer de bord pour descendre au sud des Açores. En revanche, les conditions vont être musclées quand même, avec des rafales.Les premières heures sont cruciales. Celui qui sera devant au départ, sera devant pour un moment. Il faut passer le premier virage en tête. On pourra mettre 12 jours, même si ce n’est pas la route la plus courte. C’est le scénario idéal pour nos bateaux”.