« C’est la guerre ! » confiait ce matin en vacation Simon Troël (Les Recycleurs Bretons). « C’est la galère » ajoutait Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir). « On fait le dos rond » avouait Gildas Morvan (Cercle Vert). Pour les quinze skippers, bizuths ou vieux briscards, le début de la Transat Bretagne-Martinique n’a rien d’une partie de plaisir. Comme annoncé, le ticket d’entrée dans le golfe de Gascogne est pour le moins salé. Le vent n’a cessé de monter depuis ce matin, et les marins, malgré une légère accalmie prévue dans les heures à venir, se préparent à affronter une deuxième grosse dépression de sud-ouest juste après le cap Finisterre. Tout en tentant de préserver le matériel, les concurrents ne doivent pas traîner en route pour passer le cap (demain soir) avant l’arrivée du gros coup de vent.
Mauvaise nouvelle du jour : Thierry Chabagny (Gedimat) a été contraint d’abandonner ce midi se doutant qu’une éventuelle réparation ne tiendrait pas face à la météo des jours à venir. Malgré quelques petits soucis techniques pour les uns, un mal de mer pour les autres, et un manque de sommeil pour tous, la course bat son plein. Derrière Fred Duthil (Sepalumic) en tête depuis le classement de 5 heures ce matin, et très rapide à plus de 9 noeuds de moyenne, ça bataille ferme. Yoann Richomme (DLBC – Module Création) ne lâche rien et conserve une belle deuxième place depuis la sortie du goulet de Brest. Trois compères se tiennent dans un mouchoir de poche : Anthony Marchand (Bretagne-Crédit Mutuel Performance), Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) et Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer).
Pour l’heure, la flotte reste assez groupée : 9 milles d’écart seulement en latéral entre le plus à l’ouest, Yann Eliès, et le plus à l’est, Adrien Hardy (Agir Recouvrement). La stratégie devrait venir plus tard, pour le moment, il s’agit plutôt d’un long bord de « sanglier », l’étrave sous l’eau, la tête sous la capuche, en attendant des jours meilleurs.
Ils ont dit
Yoann Richomme (DLBC – Module Création) : « On sera après le Cap Finisterre quand le coup de vent arrivera. Normalement on doit avoir une dorsale donc des conditions meilleures à partir de demain soir. On pourra souffler un peu avant le gros temps. Mais, là c’est un bord de sanglier, c’est incontestable. Il y a 3 à 4 mètres de creux, avec les déferlantes de 5 à 6 mètres de temps en temps ça passe par dessus le bateau. Depuis que je vous parle ce n’est pas tombé en dessous de 45 noeuds. »
Fabien Delahaye (Macif) : « On navigue dans le front depuis 2 heures du matin environ. Il faut être dessus tout le temps. Nous avons eu de très gros grains, avec le vent qui monte de 30 à 50 nœuds. Ca tape vraiment beaucoup et il est impossible de rester debout mais je suis bien accroché. Ma préoccupation principale est que le bateau soit en bon état pour m’emmener jusqu’à Fort-de-France. C’est un début de course tonique ! »
Gildas Morvan (Cercle Vert) : « Dans ces conditions-là on fait le gros dos. Il y a de grosses vagues, la mer est désagréable et le vent monte à 40, voire 45 noeuds. Je suis tombé sur la bôme, je me suis fait un peu mal à la tête. Rien de méchant, mais cela montre qu’il faut vraiment faire attention. Je m’attache très court pour ne pas être emporté par une vague. L’objectif est de naviguer simplement, sereinement, sans faire de folies. »
Yann Eliès (Groupe Quégigner – Leucémie Espoir) : « C’est un peu la m… Il y a 40 nœuds de vent et on se fait bien balloter. Je n’ai pas l’impression que les fichiers annonçaient autant de vent que ça. La mer est très formée. En somme, ce n’est pas vraiment la fête parce que c’est plus que musclé. Les grains sont vraiment violents et nous en avons pour la journée. Je sors juste pour régler le bateau quand il y a des variations de pression. Malheureusement, le fait de faire des allers et retours dans le bateau fait rentrer pas mal d’eau. Tout est trempé. En tous les cas, j’espère qu’il n’y a pas un minimum dépressionnaire secondaire qui nous arrive dessus et que ça va se calmer. »
Classement de 16h
1 SEPALUMIC Frédéric Duthil à 3290,90 milles de l’arrivée
2 DLBC – MODULE CREATION Yoann Richomme à 0,43 mille du leader
3 BRETAGNE-CREDIT MUTUEL PERFORMANCE Anthony Marchand à 2,35 milles
4 ARMOR LUX – COMPTOIR DE LA MER Erwan Tabarly à 2,44 milles
5 SKIPPER MACIF 2012 Fabien Delahaye à 2,57 milles
6 GROUPE QUEGUINER – LEUCEMIE ESPOIR Yann Elies à 3,59 milles
7 LA SOLIDARITE MUTUALISTE Damien Guillou à 6,30 milles
8 CERCLE VERT Gildas Morvan à 6,38 milles
9 AGIR RECOUVREMENT Adrien Hardy à 7,67 milles
10 BRETAGNE – CREDIT MUTUEL ESPOIR Corentin Horeau à 11,24 milles
11 REGATES SENONAISES Arnaud Godart Philippe à 11,94 milles
12 LES RECYCLEURS BRETONS Simon Troel à 12,77 milles
13 SPONSOR ME Kristin Songe Moller à 23,81 milles
14 TEKTON / AGM – REGION MARTINIQUE Eric Baray à 33,06 milles
ABD GEDIMAT Thierry Chabagny