Troisième Cap Horn pour Arnaud Boissière

Il passe le Cap Horn pour la 3è fois sur un Vendée Globe. Ce n’est pas rien! Arnaud Boissière a su mener sans encombre jusqu’au point de passage le plus Sud son IMOCA et ce passage du Cap Horn s’est fait dans les conditions que l’on attend d’un Cap Hornier.

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30 nœuds de nord-ouest dévalent encore de la cordillère des Andes dans de froides rafales irrégulières. Debout à l’arrière, accroché à la bastaque, le skipper scrute l’horizon. En haut de la houle, il pourrait voir l’univers entier mais le jour peine à se lever. Pourtant, il est bien là. Arnaud distingue le pinceau du phare, sa petite lumière « Un petit scintillement mais un grand cap. Le Cap DUR ! » Après 70 jours de course, où La Mie Câline n’a croisé que des îles sur sa route, voici donc le premier continent. « Oui, là, c’est un continent, une terre, la vie quoi ! C’est un sacré symbole, un lieu pas vraiment neutre. Je suis fier d’y passer sur La Mie Câline pour la troisième fois et pas fâché d’en terminer avec le Sud. Merci le Sud et à dans quatre ans (avant peut-être !). Maintenant, cap sur Les Sables ! »

A l’entame du dernier tiers de ce parcours, petit bilan dressé par Arnaud de son troisième Vendée Globe.

Le bateau : « Il fatigue un peu, comme moi, mais il tient bien la route : je suis admiratif de mon bateau qui en est à son quatrième tour du monde. Je suis de nouveau à 100% de son potentiel même si nous avons connu quelques galères ensemble. Je fais notamment toujours extrêmement attention à mes chariots de grand-voile… »

Le marin : « Moi aussi, je suis à 100%. J’ai une chance incroyable d’être là : je suis douzième et je sais qu’il n’est pas facile d’arriver jusque-là. Je me suis aperçu que j’avais perdu du poids jusqu’à la fin de l’Indien et j’ai l’impression d’avoir repris un peu : j’ai bien mangé mes plats lyophilisés dans les calmes, je me suis fait plaisir. J’ai les jambes flasques par l’absence d’exercice mais dans les semaines qui viennent, le temps passé sur le pont va augmenter et ça ira mieux »

Le rythme : « J’ai souffert de ne pas avoir fait d’IMOCA pendant quatre ans, c’est certain. Le projet monté très tard, le peu de courses d’avant saison ne nous ont pas avantagé. Ca se voit dans la performance pure mais aussi dans tous les petits soucis qui proviennent d’un manque de suivi des dossiers, sur les voiles par exemple. Mais je fais avec ! »

Le classement : « Un bon Vendée Globe est d’abord un Vendée Globe terminé. Avant le départ, je voulais absolument faire dans les dix. On n’en est pas loin. Actuellement, je suis douzième, tout près de Fabrice Amedeo et c’est un privilège d’être là car la route est quand même longue pour venir jusque-là. Certains concurrents m’ont surpris par le rythme qu’ils ont imposé, mais je préfère être là où je suis en bon état plutôt que deux ou trois places plus haut dans le classement avec un bateau à moitié détruit… »

La vie à bord : « Je ne suis pas inquiet pour le mois de course qui reste. J’ai beaucoup de nourriture car je n’ai pas beaucoup tapé dans les stocks en début de course. Au niveau gasoil, avec tout ce qu’a mis Guillaume, j’ai de quoi faire un deuxième Vendée Globe. Et côté gaz, c’est bon. Pas d’inquiétude, je suis autonome ! »