
Pendant sept semaines, l’équipe autour de Yoann Richomme a réalisé un défi de taille : disputer cinq étapes et une course côtière en sept semaines, de la mer Baltique à l’Adriatique, en restant en permanence aux avant-postes. Deuxièmes sans discontinuer depuis la première étape, ils ont su s’adapter à des conditions loin d’être toujours favorables à leur bateau. Au sein d’un collectif particulièrement soudé, Yoann Richomme et Corentin Horeau ont également peaufiné les automatismes de leur binôme. De très bon augure avant la Transat Café L’Or, dans moins de deux mois.
Avant même de s’élancer au cœur du mois d’août, Yoann Richomme rappelait que dans l’ADN du Team Paprec Arkéa, il y a toujours eu un certain goût pour le voyage. « Nous avons une appétence pour les courses qui nous permettent de nous rendre dans de nouvelles destinations », disait-il. Cette 2e édition de The Ocean Race Europe s’annonçait alléchante avec ses sept semaines de course et son parcours qui « permet de naviguer en mer du Nord, dans la Manche, l’Atlantique et la Méditerranée ». À ces envies d’ailleurs goût s’ajoutait aussi un plaisir certain à s’élancer dans une aventure collective. Après une saison consacrée au solitaire et achevée par une brillante 2e place au Vendée Globe, Yoann savourait : « c’est génial d’avoir l’opportunité de naviguer avec d’autres et de s’ouvrir à d’autres visions ».
« On a pris beaucoup de plaisir ensemble »
Et à bord, ça marche. Après un convoyage depuis Cherbourg à l’issue de la Rolex Fastnet Race, la cohésion s’est rapidement formée. Yoann en parle comme de « ses équipiers en or », appréciant notamment l’ossature formée avec Corentin Horeau, co-skipper tout au long de la saison, et Mariana Lobato, qui ont été « exemplaires ». « Collectivement, tout le monde a apporté sa pierre à l’édifice », confie Corentin, alors que Mariana évoque « des instants de complicité » et « des moments de doute surmontés ensemble ». « On a pris beaucoup de plaisir », ajoute Pascal Bidégorry.
Fort de cette unité à bord, l’équipage de Paprec Arkéa a été aux avant-postes dès le top départ à Kiel. Au coude-à-coude avec Biotherm, l’équipage passe 2e à la 1re Scoring Gate et perd de justesse une place à l’arrivée à Portsmouth. Le ton est tout de même donné : Paprec Arkéa restera sur le podium du classement général tout au long de la course. Le collectif mené par Yoann s’est en effet offert trois places dans le Top 3 des étapes suivantes (2e à Matosinhos-Porto, 3e à Carthagène et 2e à Gênes), et est passé en tête de la seule Scoring Gate située au large, au niveau de la Sardaigne lors de la 5e étape. Ce samedi, lors de la dernière course, la Final Scoring Race, où l’enjeu était crucial pour conserver sa 2e place, Paprec Arkéa a été fidèle à sa réputation. Dans cette régate disputée dans une dizaine de nœuds de vent, l’équipage a longtemps été en tête avant de terminer 2e derrière Biotherm, grand vainqueur de l’épreuve, mais surtout, devant Holcim-PRB. L’occasion de conforter définitivement sa 2e place au général (40 pts).
« On a vraiment progressé dans l’utilisation du bateau »
Au-delà de la performance comptable, c’est l’expérience accumulée par l’équipe et les progrès réalisés qui sont remarquables. Si l’IMOCA rouge et bleu est particulièrement performant au portant VMG, ceci n’a pas vraiment été l’allure la plus répandue de la course. Il a en effet fallu batailler dans de la pétole, du petit temps, du medium, du près… Pourtant, Paprec Arkéa a toujours été dans le coup. « On a vraiment la sensation d’avoir progressé dans l’utilisation du bateau, qu’on est beaucoup plus homogène », souligne Yoann.
Concentrée et consciencieuse, l’équipe a donc disputé sept semaines de courses particulièrement intenses dans une très large variété de conditions. Dans le rang des souvenirs, il y a le « passage des îles Needles à la sortie du Solent au coucher du soleil » (Richomme), « le passage de Gibraltar dans du vent fort » (Bidégorry), « un petit bord le long de Palma de Majorque » (Eliès) ou encore « l’époustouflante baie de Kotor » (Horeau). « C’est vraiment sympa de partir à la découverte de nouveaux endroits », sourit Yann Eliès.
Richomme-Horeau, un sacré duo !
Dans le même temps, au fil de ce voyage et de cette belle aventure collective, un duo est né. S’ils avaient effectué des navigations ensemble les semaines précédentes, ce tour d’Europe a été particulièrement bénéfique au duo Yoann Richomme – Corentin Horeau. « Ils ont prouvé leur détermination et leur passion », assure Mariana. « Sportivement, humainement et dans leur façon de communiquer, ils vont très bien ensemble », s’enthousiasme Pascal Bidégorry. « C’est le duo parfait », pense Gaston Morvan. Ce qui fait sourire Corentin : « C’est sûr que ça m’a permis d’apprendre plein de choses ! »
La Transat Café l’Or se rapprochant désormais à grands pas, le bateau va être ramené dans les prochains jours en convoyage avant un chantier technique. En parallèle, les deux skippers vont s’attacher à bien récupérer. En plus de reprendre la préparation physique, ils auront également quelques formations météo. Dès le 15 octobre, Paprec Arkéa quittera de nouveau Lorient pour Le Havre, d’où s’élancera la transatlantique le 26 octobre. Et Yoann de conclure : « On a fini The Ocean Race Europe en étant fatigués mais ce ne sera pas difficile de se remotiver ! »
ILS ONT DIT
Yoann Richomme : « J’ai eu des coéquipiers en or »
« On a la sensation d’avoir progressé dans l’utilisation du bateau, c’est beaucoup plus homogène. C’est un sentiment assez génial. Nous espérons encore trouver de nouvelles qualités au bateau et ce sera peut-être le cas sur la prochaine course. On continue de creuser toutes les pistes possibles et imaginables pour le faire progresser ! Lors de cette course, on a formé un super collectif, un beau groupe de régatiers. On s’est tous très bien entendu, on s’est bien marré… J’ai eu des équipiers en or, très professionnels. Corentin (Horeau) et Mariana (Lobato) ont été exemplaires, j’ai été hyper heureux de naviguer avec eux, ils ont rempli leur contrat à 100%. Ce n’est jamais facile de former un groupe mais je suis très content des rotations d’équipages qu’on a pu avoir. »
Corentin Horeau : « Des moments qui resteront gravés »
« C’est vrai qu’on a toujours été dans le match avec des conditions qui ne sont pourtant pas les meilleures pour le bateau. On a progressé, tenté de trouver des réglages un peu différents que d’habitude. On sent que les modifications qui ont été réalisées cet hiver portent leurs fruits. Collectivement, tout le monde a apporté sa pierre à l’édifice sur les réglages du bateau. J’ai l’impression que le groupe avait l’air de bien vivre. Yoann l’a bien orchestré et les rotations étaient pertinentes. Quand tu vis une telle expérience, ce sont des moments qui resteront gravés. On a vu une grande diversité de paysages aussi jusqu’ici dans les bouches de Kotor, un paysage incroyable, je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi beau. À titre personnel, j’ai appris plein de choses sur le bateau. Et pour la Transat Café L’Or, c’est sûr que je suis beaucoup plus à l’aise maintenant ! »
Mariana Lobato : « Une empreinte inoubliable »
« Ce que je retiens surtout, c’est l’intensité des émotions, la force de l’engagement collectif et le sentiment d’avoir vécu quelque chose d’unique. Cette aventure m’a permis de grandir, de dépasser mes limites et de découvrir la richesse du travail en équipe. Les souvenirs les plus forts sont ceux où on s’est surpassé ensemble et surtout les moments de complicité. Nous avons appris à mieux communiquer, à faire confiance, à rester soudés malgré les difficultés. Cette expérience nous a enseigné la patience, la résilience et l’importance de chacun dans un projet commun. Chaque étape a laissé une empreinte inoubliable. »
Pascal Bidégorry : « De beaux moments de partage »
« On a pris beaucoup de plaisir ensemble à donner le meilleur de ce qu’on pouvait faire. J’ai fait la connaissance de belles personnes et de très bons marins. Il y avait de la cohésion à bord, c’était de beaux moments de partage et d’amitié. Dans les meilleurs souvenirs, il y a le passage de Gibraltar avec du vent fort au portant. Le bateau dans ces conditions-là est extraordinaire ! L’arrivée à Gênes aussi était très sympa parce qu’on avait fait preuve de constance tout au long de l’étape. J’espère aussi qu’il y a des acquis qui serviront pour la suite du projet. Yoann et Corentin, c’est un binôme qui marche bien. Sportivement, humainement et dans leur façon de communiquer, ils vont très bien ensemble et sont bien déterminés. Je leur souhaite plein de bonnes choses pour la Transat Café L’Or. »
Yann Eliès : « Un état d’esprit Paprec Arkéa »
« J’ai participé à une seule étape (Carthagène-Nice) et ce que j’ai aimé, c’est le fait de découvrir qu’il y a un état d’esprit Paprec Arkéa. C’est quelque chose que j’avais connu lors de la préparation de l’équipe au Vendée Globe. Il y a aussi une dimension voyage qui est vraiment sympa à la découverte de nouvelles villes, de nouveaux pays, d’essayer d’en profiter. Je n’avais jamais navigué avec Corentin et Mariana que j’ai trouvés super. On a vu qu’on était soudé, qu’on se faisait confiance, qu’on faisait corps avec l’équipe technique et que ça compte pour la performance. Cette course, c’est un effort collectif et c’est là qu’on reconnaît la patte de Yoann et Romain Ménard (Team Manager de l’équipe, ndlr). Je souhaite à Yoann et Corentin qu’ils se tirent la bourre sur la Transat Café L’Or ! »
Gautier Levisse : « Yoann impulse une belle énergie »
« C’était une super régate, j’ai eu la chance de participer à la dernière étape et ça donnait envie d’en faire d’autres ! Tu as envie d’y replonger parce qu’il y a plein d’éléments qui sont chouettes dans cette course. C’est très agréable de faire partie d’un équipage où il y a une telle symbiose. Yoann a su constituer ça parce que c’est un vrai leader qui impulse une belle énergie. L’intensité de la course est vraiment intéressante avec des bateaux au contact, des transitions, des changements de voile, des moments où ça va vite ou un peu moins. Quand je suis arrivé à Gênes, j’ai vu que chacun faisait son travail dans la bonne humeur, que tout fonctionnait sans accroc. C’est toute la force du collectif insufflé par Yoann et Romain. Et on sent que Yoann et Corentin se sont accordés pour tout donner à la Transat Café L’Or ! »
Gaston Morvan : « Une source d’inspiration énorme »
« C’était vraiment très chouette comme aventure. J’ai pris beaucoup de plaisir à naviguer, à faire partie de ce collectif et de ce projet. Au sein de l’équipe, j’ai pu mesurer pendant deux étapes ce que signifiait la haute intensité en course. Il y a plein de souvenirs qui resteront gravés : les îles Lavezzi sous la Corse ou encore le dernier bord engagé jusqu’à Gênes. Parfois au portant, on a l’impression que le bateau a de la magie en lui. C’était hyper enrichissant de naviguer avec chacun, d’autant qu’ils ont tous beaucoup de talent et d’expérience. J’ai essayé d’en profiter à fond et c’était vraiment cool de partager ça avec eux ! Même si la concurrence s’annonce ardue, je crois qu’ils ont le bateau et le duo parfait pour s’imposer en Martinique ! »
Julien Champolion (OBR) : « Une super cohésion à bord »
« Il y avait une super cohésion à bord, de bons échanges autant sérieux, précis, compétitifs que légers, amusants et rassurants. Je pense que c’est difficile d’avoir une aussi bonne ambiance, ça m’a vraiment touché, c’est le souvenir qui me reviendra le plus. Chacun prend du recul sur son travail et ça y participe. Ce qui m’a le plus marqué visuellement, c’est le passage de Gibraltar, entre l’Europe et l’Afrique, c’était vraiment magnifique. Et je crois que Yoann et Corentin ne pouvaient pas espérer meilleur entraînement pour se préparer à la Transat Café L’Or ! »
LES RÉSULTATS, ÉTAPE PAR ÉTAPE
Étape 1 (Kiel-Portsmouth) : 2e
Étape 2 (Portsmouth – Matosinhos-Porto) : 3e
Étape 3 (Matosinhos-Porto – Nice) : 4e
Étape 4 (Nice – Gênes) : 2e
Étape 5 (Gênes – Boka Bay) : 5e
Final Scoring race (Boka Bay) : 2e
Source CP