Tempête avant le Horn

FONCIA MICHEL DESJOYEAUX
DR

La sortie du Pacifique n’aura rien d’un long fleuve tranquille pour les navigateurs du Vendée Globe… Selon Richard Silvani de Météo France, la dépression qui devrait accompagner les leaders de la course devrait être la plus forte qu’ils aient enregistrée depuis leur entrée dans les quarantièmes rugissants. Autant dire que ceux qui espéraient pouvoir bénéficier d’un Pacifique apaisé et qui attendaient de longues glissades sur une houle bien ordonnée auront été réduits à la portion congrue. De Roland Jourdain (Veolia Environnement) à Armel le Cléac’h (Brit Air) tous admettent avoir été abonnés plus souvent au régime du shaker qu’à celui des longs surfs en pente douce. Et tous de reconnaître que le matériel avait été fortement sollicité et qu’il faudrait être vigilant sur la remontée de l’Atlantique.

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Car si le Cap Horn marque, comme le notait Michel Desjoyeaux à la vacation d’aujourd’hui en premier lieu une délivrance, il ne signifie nullement que la course est jouée. Il reste encore un tiers du parcours à boucler pour achever ce Vendée Globe et ce, en traversant des systèmes météorologiques complexes. L’histoire des précédents Vendée Globe est là pour le démontrer : en 2005, Jean Le Cam passait le Horn avec plus de 250 milles d’avance sur Vincent Riou et Mike Golding, qui, l’un comme l’autre prenaient alternativement la tête de la course avant d’avoir franchi l’équateur. En 2001, Michel Desjoyeaux possédait plus de 600 milles d’avance sur Ellen mac Arthur qui revenait coller à ses basques au large du Brésil. Entre les obstacles naturels que constituent les îles Malouines, les coups de pampero, ces vents violents descendus des plateaux de Patagonie et les calmes générés par l’anticyclone de Sainte-Hélène, les pièges qui jalonnent le parcours en l’Atlantique sud sont particulièrement nombreux. Passer le Cap Horn en tête est un avantage psychologique évident, il ne garantit pas pour autant la victoire finale.

Solitaires solidaires
Plus à l’arrière, la flotte continue de lutter, vaille que vaille, contre les coups du sort. Sam Davies (Roxy), revenue par la force des choses, en 6ème position avouait qu’elle aurait préféré l’acquérir à la régulière et non sur une avarie d’un des plus grands animateurs de la course, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2). Le navigateur niçois avait eu l’élégance de joindre Sam par téléphone pour lui confier cette place. Un passage de relais dans la digne tradition des gens de mer. De même, un peu plus à l’arrière, Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Dee Caffari (Aviva) entretiennent des conversations régulières par e-mail : l’opportunité pour eux de pouvoir se jauger, de bénéficier d’un regard extérieur et d’un soutien éventuel. Entre les deux navigateurs, pas de cachotteries ni d’intox, la solidarité des mers du sud joue à plein. C’est aussi ces petits riens qui font tout le sel de cette course décidément hors norme.

Les 10 premiers au pointage de ce samedi 16h00 :
1- Michel Desjoyeaux (Foncia) à 7968,4 milles de l’arrivée
2- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 59 milles du premier
3- Jean Le Cam (VM Matériaux) à 351,3 milles du premier
4- Armel Le Cléac’h (Brit Air) à 645,7 milles du premier
5- Vincent Riou (PRB) à 650,2 milles du premier
6- Sam Davies (Roxy) à 2065,3 milles du premier
7- Marc Guillemot (Safran) à 2221 milles du premier
8- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 2532,2 milles du premier
9- Dee Caffari (Aviva) à 2765,1 milles du premier
10- Arnaud Boissières (Akena Vérandas) à 2800,3 milles du premier