Sébastien Josse avant de s’élancer sur le Vendée Globe

Le 6 novembre, Sébastien Josse prend pour la troisième fois le départ du Vendée Globe. Le skipper du Mono60 Edmond de Rothschild s’élance aussi pour son cinquième tour du monde en 14 ans. Le marin peut donc s’appuyer sur son expérience, à laquelle s’ajoute toute l’expertise du Gitana Team ; l’écurie de course au large fondée en 2000 par Ariane et Benjamin de Rothschild. Mais comment préparer au mieux une telle aventure ? Une question aux mille réponses tant ces bateaux sont devenus complexes et tant les marins seront sollicités durant plus de 75 jours. À deux semaines du convoyage vers les Sables d’Olonne les concurrents devront être amarrés à Port Olona au plus tard le 14 octobre , le skipper et sa garde rapprochée concrétisent plus de trois ans de travail. Chacun finit de cocher sa « job list », et si d’un point de vue technique, les dés sont jetés, il reste quelques derniers choix à faire, notamment sur ce que Sébastien embarquera avec lui.

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Avant de partir au large, le skipper a bien les pieds sur terre. Son agenda est minuté mais respecte les besoins du marin qui compte bien ne pas s’épuiser avant l’heure. Il a débuté cette semaine par une ultime visite au chantier Multiplast de Vannes où le GitanaMaxi – trimaran de 33m qui sera mis à l’eau à l’été 2017 – est actuellement en construction. La coque centrale vient d’être fermée ainsi que le bras arrière. Toutes les grandes pièces de carbone seront bientôt achevées. L’assemblage de la plateforme et du mât (chez Lorima) se déroulera durant l’hiver, pendant que Sébastien régatera autour de la planète. « Je me sens très chanceux, » confie le navigateur. « Cela donne envie de boucler la boucle encore plus vite ! C’est une motivation supplémentaire pour le Vendée Globe de savoir que, à terre, un autre bateau naît, qu’un projet prend forme et que tout le Gitana Team se donne avec passion pour ce nouveau défi technologique. »

En ce qui concerne la navigation, Sébastien a participé aux stages d’entraînement organisés par le Pôle Finistère Course au Large de Port-la-Forêt avec un certain nombre de ses futurs concurrents. Lieu de compétition et de perfectionnement, ces journées de régate, complétées par quelques nuits en mer, permettent de faire chauffer un peu la machine. « Le rythme de manœuvres par exemple est plus élevé que ce qui nous attend à l’échelle du tour du monde. Nous partons pour un marathon, non pour un sprint. Néanmoins, c’est bien de voir sur ces stages que ça tourne bien à bord, » explique celui qui navigue « au Pôle » depuis ses premiers bords en Figaro à la fin des années 1990. « Ensuite, sur le Défi Azimut (régate organisée à Lorient le week-end dernier), nous avons aussi pu constater que les ‘foilers’ marchent mieux au près qu’il y a quelques mois. Nous avons donc réussi à combler ce trou de performance mais, il ne faut pas s’emballer, ces courtes navigations sont loin du quotidien d’un Vendée Globe. »

Enfin, le futur solitaire va partager quelques vols en équipage à bord du GC32 de l’écurie aux cinq flèches à l’occasion des Voiles de Saint-Tropez. Le Groupe Edmond de Rothschild est partenaire de l’événement pour la quatrième année consécutive. Dans ce cadre idyllique, le catamaran à foils, capable de voler avec moins de 10 nœuds de vent, est l’unique unité de son genre en baie de Pampelonne. Une belle occasion pour le Gitana Team de promouvoir cette voile innovante qui imprègne désormais, non seulement les régates in-shore, mais aussi la course au large. Sébastien Josse sera sur « les Voiles » dès demain, vendredi 30 septembre, et pour deux jours.

FOCUS : pour les membres du Gitana team, il est l’heure de faire les valises !
À cinq semaines du coup d’envoi, il faut charger – mais pas trop – l’habitacle du navire. Il faut bien choisir le matériel – autour de 300 kg en plus des voiles – qui permettra à Sébastien de prendre soin du Mono60 Edmond de Rothschild et de vivre en autonomie dans les endroits les plus isolés de la planète. Entre sécurité et vie quotidienne, faire son sac n’est pas si simple pour le skipper. « Il faut trouver le juste milieu entre vouloir prévenir tous les ennuis potentiels et jouer la gagne, » résume le marin. « Nous nous efforçons de faire des bateaux légers alors nous ne pouvons pas les surcharger parce qu’on part sur le tour du monde. Ce qui est complexe à gérer, c’est le ‘on ne sait jamais’. » Avec l’expérience, j’arrive à faire des choix mais cela n’est jamais simple. »
Pour découvrir ce qui sera embarqué à bord du Mono60 Edmond de Rothschild, l’équipe du Gitana Team a photographié et détaillé pour vous l’inventaire du chargement. Voir et lire ci-dessous !

1_MATÉRIEL DE SURVIE
Bouée, extincteurs, fusées et balises GPS de détresse, combinaison et radeau de survie, téléphone satellite, baudrier, gilet autogonflant, flash-light individuelle…, le matériel lié à la sécurité ne quitte jamais le solitaire qui garde tout à portée de main.
2_VOILES
Durant le Vendée Globe, le skipper peut embarquer 9 voiles maximum (1 Grand-Voile et 8 voiles d’avant), soit un total de 1 460 m2 pour 500 kilos.
3_STOCKAGE
Tous les sacs contenant la nourriture, les vêtements, les outils, etc. sont assemblés dans un traîneau en carbone que Sébastien déplace d’un bord sur l’autre à l’aide de cordages, pour optimiser l’assiette du bateau en fonction de l’allure et la météo.
4_MATELOTAGE
Les bouts sont la manette des gaz qui permet de régler les voiles. Ils sont en dyneema, une fibre très haute résistance. Par exemple, un cordage de 8 millimètres de diamètre supporte une charge de 9,85 tonnes ! À bord, Sébastien surveille leur usure en permanence et embarque de quoi réparer.
5_CAISSE À OUTILS
Il a une trousse à outils classique, complétée avec le nécessaire pour faire un peu de composite (résine, tissus) et des petites soudures électroniques, ainsi que de quoi entretenir l’accastillage (par exemple, graisse pour les winches), réparer les voiles (lattes, tissus adhésifs), intervenir dans le moteur, etc.
6_NAVIGATION
La navigation se gère à 99% par ordinateur, toutes les données de route sont accessibles depuis la table à cartes à l’intérieur et sur un écran déporté dans le cockpit, avec une redondance en cas de panne. Il est aussi obligatoire d’embarquer des instructions nautiques (livre des références de toutes les balises et approches des ports et abris) et des cartes papiers de toutes les zones traversées.
7_INSTANT GEEK
Un drone, un I-pad et un iPhone pour réaliser les photos et vidéos (même aériennes !) du tour du monde mais aussi pour écouter de la musique et quelques livres audio. Une antenne permet d’accéder à internet via satellite, comme le téléphone pour appeler à terre ou un autre concurrent. 8_ESPACE NUIT
Difficile de trouver le sommeil dans cet environnement mobile, humide et sonore. Sébastien dort surtout en ciré dans son pouf à billes qu’il déplace dans le bateau mais quand il peut vraiment s’allonger, il a un matelas à mémoire de forme, un duvet et un casque à réduction de bruit active.
9_HYGIÈNE
Les douches se prennent à l’eau de mer, parfois à l’eau de pluie sous les tropiques, avec du savon bio, sinon la toilette se fait avec des lingettes bébés. Crème solaire, crème hydratante cicatrisante, brosse à dents, dentifrice et de quoi se raser une fois par semaine complètent ce nécessaire des plus épurés !
10_MATÉRIEL MÉDICAL
Le contenu de la trousse à pharmacie est travaillé et contrôlé par la fédération française (FFVoile) et internationale (ISAF) de voile avec une liste de produits et une formation obligatoire pour le traitement de certaines pathologies et le maniement d’outils comme l’agrafeuse pour les plaies par exemple. Tous les concurrents ont la même pharmacie et les médecins de la course, en veille à terre, savent exactement de quoi dispose le solitaire pour se soigner.
11_AVITAILLEMENT
Cette partie est un très minimaliste à bord et se résume en un Jet Boil : mug en aluminium monté sur un chalumeau qui permet de faire bouillir de l’eau en 1 minute. 90% des plats sont déshydratés, agrémentés d’autres aliments longue conservation, répartis ensuite par sacs journaliers puis hebdomadaires. Bonus du bord : les plats sont signés du chef étoilé Julien Gatillon (Le 1920 – Megève) et deux bouteilles de champagne Barons de Rothschild embarquent pour célébrer les grands passages du parcours.
12_VÊTEMENTS
Sébastien embarque deux jeux de cirés (salopette et veste), un léger et un plus chaud, ainsi qu’une combinaison sèche pour les conditions météo difficiles. Il a ensuite une dizaine de sous-couches en Laine Mérinos et un lycra antichoc. Il dispose d’un gilet avec un harnais et une longe reliée au bateau quand il doit aller manœuvrer à l’avant et peut utiliser un casque pour monter dans le mât.
Le plus du bord : des plats lyophilisés certes mais étoilés !
Imaginez-vous sur un bateau durant plus de 75 jours, H24, qui n’a ni réfrigérateur, ni eau douce à la demande et pour une cuisine une simple bouilloire. S’alimenter devient alors bien plus une nécessité qu’un plaisir. Mais pour ses repas, le skipper de Gitana 16 bénéficie d’une « botte secrète » : il a pu profiter des talents de Julien Gatillon, chef doublement étoilé du restaurant Le 1920, table gastronomique du Chalet du Mont d’Arbois, l’un des fleurons du domaine Rothschild à Megève. Dans ses mains, un calamar à l’Armoricaine, une soupe de lentilles ou un gâteau de semoule deviennent uniques, même lyophilisés et même dégustés accroupi et en ciré, dans un tambour permanent ! Les deux hommes ont défini les menus, et tout a été testé en mer, sur les transatlantiques de l’année notamment. Pour des questions de poids, Sébastien embarquera 90% de ses repas en déshydraté mais gardera tout de même quelques sachets de plats frais, notamment pour les premiers jours de course.