Le finish de cette Sardinha Cup aura été superbe et s’est joué dans un mouchoir de poche. Au terme d’un ultime bord rapide sous spi, Maël Garnier et Pierre Leboucher ont remporté sur Ageas-Team Baie de Saint-Brieuc ce vendredi matin à 7h42’20 la Course entre Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Figueira da Foz au Portugal.
Les vainqueurs auront mis 3 jours 15 heures 3 minutes et 20 secondes suivis par Achille Nebout et Pierre Quiroga (Amarris-Primeo Energie) deuxième qui finissent 8 minutes plus tard.
Quand avez-vous compris que vous aviez gagné cette étape ?
Maël Garnier : « Ce n’est qu’en passant la ligne que nous avons compris que nous étions premiers, on s’en doutait depuis le Cap Finisterre, mais on n’en était pas sûrs, parce que les flottes se sont recroisées entre ceux qui étaient partis au nord et les autres à la côte. On ne savait pas si le paquet allait nous passer et où Nils (Palmieri avec Julien Villion sur Teamwork) et Achille (Nebout avec Pierre Quiroga sur Amarris-Primeo Energie) se situaient. On a eu des petits doutes, après, on était déjà contents d’être dans le bon paquet et d’être devant pour attaquer dans le sud dans les alizés portugais.
Où s’est jouée cette victoire ?
Pierre Leboucher : « Jusqu’à la ligne d’arrivée, parce qu’on s’est battus toute la nuit pour faire avancer le canot, les gens derrière ne se laissaient pas faire, mais une grosse partie s’est jouée sur l’option d’aller chercher la brise de nuit le long de la côte nord-espagnole. On a été jouer cette option, on a été plusieurs à le faire, certains s’en sont sortis, d’autres pas, cette partie était assez compliquée, parce qu’on ne savait plus où étaient les autres. D’habitude, le matin, on a des pointages, donc on sait la distance au but, ça donne un peu une idée, là, on n’avait aucune idée, on avait juste un doute sur Bretagne-CMB Performance, on ne savait pas s’il était devant ou pas. »
Comment avez-vous ce choix déterminant ?
Maël Garnier : « Ça s’est fait avant d’arriver sur la côte espagnole, on voulait protéger cette option, dans le doute, on voulait se positionner entre la terre et le paquet, c’est ce qu’on a fait. Au début, c’était un peu dur à accepter parce qu’on voyait qu’au large, ils gagnaient beaucoup, mais on s’est fait confiance, et la nuit, on a vraiment été chercher le truc, on s’est dit qu’il fallait y aller. Je pense qu’il fallait se faire confiance et ne pas être entre deux chaises. »
Etait-ce une étape dure ?
Maël Garnier : « Ah oui ! Surtout la dernière nuit, pour barrer, c’était compliqué, Pierre a bien géré, il y avait beaucoup d’air. Et les deux jours de près au départ, ça n’aide pas non plus pour manger, s’hydrater, dormir, mais je pense qu’on a quand même un peu géré, parce que la dernière nuit, on n’a pas dormi, et au final, on est debout, donc ça va ! »
Tu disais avant le départ que tu voulais faire « une vraie saison » après avoir découvert le circuit Figaro Beneteau, avec cette victoire d’étape, l’objectif est atteint ?
Maël Garnier : « Oui, c’est vrai, en plus, l’apprentissage avec Pierre se passe super bien, à bord, il y a une bonne ambiance, l’énergie est bonne, il me tire vraiment vers le haut, il me pousse à être plus dynamique, à ne rien lâcher, parce qu’on le voit, chaque mètre compte, à être au moins aussi bon que lui quand il faut barrer et faire de la météo, avec toujours avec la même rigueur. C’est vraiment un travail à deux, ça progresse. »
Pierre, le duo fonctionne bien ?
Pierre Leboucher : « Oui, c’est chouette, Maël a plein de choses à apprendre et il apprend assez vite, c’est intéressant. »
Tu as terminé la saison précédente en remportant la dernière étape de la Solitaire du Figaro, là, tu t’imposes sur cette étape, tu ne perds pas la main en Figaro ?
Pierre Leboucher : « C’est chouette, d’autant qu’il y a tout le monde sur cette course, de sacrés duos qui sont tous assez performants, c’était super intéressant. »

Achille Nebout/Pierre Quiroga (Amarris-Primeo Energie), deuxièmes :
Pierre Quiroga : « C’était très sympa comme étape, avec du près, des fronts, des cas d’école, qu’on a plutôt très bien gérés. »
Achille Nebout : « On sort en tête sur le deuxième front un peu avant le Cap Finisterre, et là, on ne sait pas trop ce qu’il s’est passé, il va falloir qu’on regarde les traces, on est tombés dans un vent un peu différent par rapport aux gens de derrière et ça a fait un énorme décalage en latéral et on a pris très cher ! Comme on n’avait pas du tout le même vent, on ne pouvait pas faire grand-chose. Ça nous a mis un petit coup au moral de voir les mecs croiser devant avec à peu près 8 milles d’avance, ils étaient tout petits en tout cas, mais on savait que la nuit allait être très compliquée jusqu’à ce qu’on sorte les spis, donc on ne s’est pas trop démoralisés, on a essayé de faire ce qu’on a pu avec le vent erratique qu’on avait, il ne fallait pas trop regarder les bateaux autour car on avait tous des vents différents, on a bien galéré toute la nuit, et en une heure le matin (jeudi), on est revenus dans le match. A ce moment, tout le monde a reviré, on n’a pas compris pourquoi et nous, on a continué tout droit, il fallait traverser la dorsale pour récupérer du vent qui allait prendre de la droite derrière, c’est ce qui s’est passé. Et après, ça a creusé par devant, parce que tu attrapes le vent plus fort avant les autres, de 4 milles, on a pris 8 milles d’avance sur le peloton. »
Pierre Quiroga : « On était alors 1,7 mille derrière Maël et Pierre au Cap Finisterre, on s’est dit qu’on avait douze heures un peu viriles jusqu’à l’arrivée pour passer devant, on était un peu sereins, et ils ont vraiment très bien navigué, il faut les féliciter car on a poussé fort derrière, on a gardé le grand spi toute la nuit. »
Achille Nebout : « Ils ont été impériaux, ils méritent cette victoire et nous, on est contents de cette deuxième place. On s’est très bien organisés dès le début, bien reposés dès la première nuit au près, ça a été une de nos forces pour se remettre dans le match quand ça a été plus compliqué. »

Erwan Le Draoulec/Loïs Berrehar (Skipper Macif), troisièmes :
Loïs Berrehar : « On n’a pas pris un très bon départ, on revient un peu de loin, on a fait un joli boulot dans les fronts au près et on était bien revenus dans le paquet de tête avant que ça parte un peu tous azimuts au Cap Finisterre, on a quand même réussi à revenir petit à petit dans le bon paquet et là, on a fait un alizé portugais qui nous ressemble : on a été rapides, dans le tempo et dans le plaisir, c’était super. Et cerise sur le gâteau à la fin, on a réussi à doubler Région Normandie, c’est un nouveau podium pour nous, c’est cool. »
Erwan Le Draoulec : « Il y a eu de la belle bagarre tout le temps et on a vraiment eu de bonnes vitesses, on a commencé par de belles bêtises au départ et au Cap Finisterre, oùon n’a pas été très inspirés à l’approche de la côte. On a vu ce que faisaient les premiers, on en parlait depuis longtemps, mais on n’a pas osé y aller, quand on les a vus se gaver, c’était un peu dur, mais on est à chaque fois revenus et on a fait une super dernière nuit, on avait la vitesse pour combler ces bêtises de stratégie. »
L’ordre d’arrivée de la Course 1 Pays de Saint-Gilles Tourisme :
- Ageas – Team Baie de Saint-Brieuc (Maël Garnier/Pierre Leboucher), arrivé vendredi à 7h42’20 (heure française)
- Amarris-Primeo Energie (Achille Nebout/Pierre Quiroga), arrivé à 7h50’44
- Skipper Macif (Erwan Le Draoulec/Loïs Berrehar), arrivé à 8h53’40
- Région Normandie (Guillaume Pirouelle/Robin Folin), arrivé à 8h53’42
- Région Bretagne-CMB Performance (Tom Laperche/Morgan Lagravière), arrivé à 9h08’56
- Devenir (Violette Dorange/Julien Pulvé), arrivé à 9h09’27
- Quéguiner – La Vie en Rose (Elodie Bonafous/Alexis Loison), arrivé à 9h12’12
- Smurfit Kappa – Kingspan (Tom Dolan/Alan Roberts), arrivé à 9h12’38
- La Charente Maritime (Alexis Thomas/Swann Hayewski), arrivé à 9h13’22
- Teamwork (Nils Palmieri/Pierre Le Roy), arrivé à 9h16’29
- Edenred (Basile Bourgnon/Brieuc Lebec), arrivé à 9h57’12 (premier bizuth)