
Thomas Ruyant sur LinkedOut signe une superbe victoire en Imoca devant Charlie Dalin que l’on croyait intouchable. Une victoire construite dans les derniers jours à la force des bras.
Thomas Ruyant a coupé la ligne ce lundi matin et remporte la Route du Rhum en Imoca. Favori avec Charlie Dalin, il participait avec son bateau qu’il avait sur le Vendée Globe et qu’il connait sur le bout des doigts. Il aura joué une parfaite partition attendant la première opportunité de passer Apivia avec ses foils plus puissants au portant.
Thomas Ruyant remporte sa deuxième Route du Rhum après sa victoire en Class40.
« Je crois que c’est la plus belle victoire ! Elle est particulière de par l’engagement que l’on a tous mis, moi le premier. J’ai du mal à trouver les mots parce que je suis bien bien cramé. Je n’ai pas beaucoup dormi ces dernières 36h, la météo a fait que pour arriver en tête, ce n’était vraiment pas évident. Je suis heureux d’arriver devant… Je suis ému parce que cette Route du Rhum, c’est un monument de la course au large et du sport en général. Il y avait 38 bateaux au départ avec de sacrés marins. Je suis un compétiteur, celle-là, je voulais vraiment la gagner. J’avais une grosse grosse envie. C’était aussi parce que c’était la dernière avec ce bateau-là, et pour remercier mon équipe fidèle. C’est un vrai sport collectif, je marque le but, mais il y a du monde derrière. Mes paroles sont confuses parce que j’ai beaucoup de fatigue. C’était intense, dense. J’ai beaucoup aimé la deuxième partie de la course, plus adaptée à ma façon de naviguer, plus adaptée à mon bateau aussi. »
Une deuxième partie de course magique
« J’ai croqué Charlie avec de l’envie et de l’engagement même si je sais que lui-aussi en met beaucoup. Je n’ai pas fait d’erreur sur mes trajectoires. Il y avait une stratégie globale, mais aussi beaucoup d’activité nuageuse dans ces alizés avec beaucoup de grains. Il fallait s’en servir, ce que j’ai bien réussi à faire. Il fallait de l’inspiration et de la chance. Il faut de la réussite aussi, mais il faut la provoquer. Cette deuxième partie de course était comme dans un rêve, c’était magique. Quand je passe devant Charlie, je sens qu’il remet une grosse couche et du coup, j’en ai remis une encore plus grosse. Franchement, je suis content d’arriver parce que ce n’est pas un rythme que l’on peut tenir sur un Vendée Globe, c’est un véritable sprint. »
Un sacré bateau
« Je crois que j’ai rarement été aussi fatigué à l’arrivée d’une course. Sur le tour de La Guadeloupe, je vacillais, je ne tenais plus sur mes jambes. Ce qui est beau dans ce sport, c’est que c’est un tout : un bateau bien prêt, de la stratégie, du physique, du mental… C’est ce qui m’anime dans ce sport, plus j’en fais, plus j’ai envie d’en faire, je n’ai pas envie de m’arrêter là. C’est un bateau avec lequel j’ai fait beaucoup de milles, un tour du monde, une victoire avec Morgan Lagravière sur la Transat Jacques Vabre, et là c’est la consécration. Je ne sais pas si j’ai envie de le refiler à quelqu’un d’autre. C’est un sacré bateau.»
Lundi 21 novembre à 02h51 25′ locale (07h51 25′ heure de Paris), Thomas Ruyant (LinkedOut) a franchi en première position la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre de la douzième édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Son temps de course est de 11 jours, 17 heures, 36 minutes et 25 secondes. Il a effectué les 3 542 milles du parcours entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre à la vitesse de 12.58 nœuds sur l’orthodromie (route directe). Il a en réalité parcouru 4 362.46 milles à la vitesse moyenne de 15.49 nœuds (sur l’eau).
« Je suis dessus, l’idée est d’aller vite. Je tire sur le bonhomme, mais peu importe je me reposerais en Guadeloupe. Nous le savions depuis le départ qu’avec 38 IMOCA ce serait forcément serré. C’est super, je suis ravi de participer à cette bataille ! Il me faut être à la colonne et faire tourner les manivelles pour que cela avance vite. » racontait Thomas Ruyant, le 18 novembre au matin au moment où il reprenait les commandes de la course à Charlie Dalin (Apivia). Le Dunkerquois aux trousses du Normand depuis l’entrée dans les alizés attendait son heure. Archi favori comme Charlie, Thomas affichait dès le départ de Saint-Malo son ambition : la victoire un point c’est tout ! Face à 7 bateaux neufs (Charal, Holcim-PRB, Initiatives-Cœur, Malizia-SeaExplorer, V and B – Monbana Mayenne, Maître CoQ V et Biotherm), LinkedOut et Apivia parfaitement au point et connus dans les moindres recoins par leurs skippers, semblaient les plus à même de remporter cette 12e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe.







Une histoire avec les transats
Thomas Ruyant a démontré les années passant son talent sur tous supports et affiche 4 victoires dans quatre classes différentes sur des transatlantiques : il remporte la Mini-Transat 2009, la Route du Rhum 2010 en Class40, la Transat AG2R en 2018 (avec Adrien Hardy) en Figaro Bénéteau et la Transat Jacques Vabre en 2021 (avec Morgan Lagravière) en IMOCA. Avec son foiler LinkedOut qu’il a mené 72% du temps dans le Top 3 sur le Vendée Globe et avec lequel il termine 6e aux Sables d’Olonne, Thomas arrivait à Saint-Malo avec un objectif clair de remporter la Route du Rhum – Destination Guadeloupe : « Je n’en fais pas mystère, seule la victoire m’intéresse. Mon bateau est indiscutablement l’un des meilleurs bateaux de la flotte. D’autres voiliers de génération plus récente seront sur la ligne de départ, mais notre plan Verdier de 2019 est désormais parfaitement abouti, au meilleur de ses configurations et de ses évolutions. » Le mors aux dents, puisant au fond de ses réserves, animé par une immense envie de victoire, Ruyant colle au train et se bagarre comme un chiffonnier avec Dalin, lui qui s’était montré impérial sur son Apivia larguant allègrement ses adversaires jusqu’à 90 milles dans son tableau arrière au passage de la dorsale de l’anticyclone des Açores.
Dans la nuit tropicale rythmée par les grains, légèrement ralenti sous le vent du volcan de La Soufrière, Thomas Ruyant est arrivé en pole position de la flotte des IMOCA. Une consécration pour le Dunkerquois qui rêvait d’une victoire sur la légendaire transat dans cette classe de monocoques de 18,28 m… Un bien joli clin d’œil à son bateau avec lequel il signe cette dernière course avant de prendre en main une toute nouvelle monture actuellement en construction à Lorient. Par la même, Thomas Ruyant établit un nouveau record en IMOCA, celui détenu jusqu’à présent par François Gabart en 2014 (12 jours 4h 38mn) : 11 jours 17h 36 mn, soit 11h 02mn 30’ de mieux !