Retour sur une victoire annoncée

Finish arrival of Armel Le Cleac’h (FRA), skipper Banque Populaire VIII, winner of the sailing circumnavigation solo race Vendee Globe, in 74d 3h 35min 46sec, in Les Sables d'Olonne, France, on January 19th, 2017 - Photo Jean Marie Liot / DPPI / Vendee Globe Arrivée de Armel Le Cleac’h (FRA), skipper Banque Populaire VIII, vainqueur du Vendee Globe en 74j 3h 35min 46sec, aux Sables d'Olonne, France, le 19 Janvier 2017 - Photo Jean Marie Liot / DPPI / Vendee Globe

Armel et Alex Thomson auront été les grands animateurs de cette 8è édition du Vendée Globe lâchant finalement assez vite les autres concurrents. Leur duel aura duré toute la course chacun ne voulant rien lâcher. Alors où cela s’est joué ? Retour sur une course planétaire haletante.

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Le duel après 18 jours
Au large du Cap de Bonne Espérance, après seulement 18 jours de course, il ne restait plus que Sébastien Josse pour s’accrocher. Vincent Riou, Morgan Lagravière se sont arrêtés là.
Jean-Pierre Dick après une mauvaise option était trop loin. Jérémie Beyou faisait face à de nombreux problèmes techniques. Le duel a vraiment commencé à ce moment-là. Un duel mené par Alex Thomson en tête au Cap de Bonne Espérance avec 90 milles d’avance sur Armel après que le gallois ait provoqué sa chance au Cap Vert et pris de l’avance pour descendre vers le sud. Un peu sonné après le pot au noir, Armel a trépigné d’impatience, d’abord un peu énervé, il s’est reconcentré sachant qu’il allait pouvoir profiter de conditions favorables. Le Cap de Bonne Espérance marque un nouveau départ pour les deux hommes.

Un Ocean Indien au contact
Pendant plus de 10 jours, les deux bateaux vont rester au contact. Quelques options seront tentées mais, juste avant d’arriver au Cap Leeuwin, l’écart sera d’une trentaine de milles après de nombreux croisements. Avec une limite des glaces très haute située entre 46° et 50° Sud, le terrain de jeu était un peu réduit comme les options de chacun. Après les îles Crozet et les Kerguelen, les conditions se sont durcies. Sébastien Josse était déjà relégué à plus de 570 milles avant de casser et d’abandonner. Les deux hommes se retrouvés seuls dans leur duel relayant le 3è Paul, Meilhat (SMA), à plus de 1200 milles.

Armel le Cleac’h passera le Cap Leeuwin avec un nouveau temps de référence de 28 jours, 20 heures et 12 minutes qui montre combien cette édition va vite avec 5 jours et 14 heures de moins que le temps de référence établi par François Gabart sur le Vendée Globe 2012. Banque Populaire VIII a réussi à creuser un écart de 100 milles d’avances sur Hugo Boss « Je suis en avance sur le temps de référence et mon propre temps, c’est une bonne nouvelle ! Cette avance montre qu’on est dans le tempo, qu’on progresse vite… Ce sont des bons chiffres, la première partie de la course s’est faite rapidement, c’est positif par rapport à la longueur de ce tour du monde. Je suis content ! Le cap Leeuwin est un cap majeur à franchir pendant ce tour du monde et être en tête dans ces moments-là est important. Depuis 24 heure j’ai gagné pas mal de milles sur Alex Thomson. On est dans une phase de transition entre 2 dépressions, la prochaine qui arrive promet d’être musclée, le vent commence à rentrer et va arriver par derrière, ça va donc faire l’élastique au niveau du classement. Mais je suis content d’avoir pris un peu d’avance, maintenant chacun continue sa course et rien n’est joué. La semaine va être assez agitée, on va aller de dépression en dépression. Le Sud de l’Australie est un passage compliqué avec du vent soutenu, de la mer forte, ça ne va pas être la partie la plus drôle qu’on ait faîte depuis le départ. Il va falloir être prudent, je surveille ça de très près. Dans les prochains jours je ne vais pas être de toute quiétude mais cela fait partie du menu des mers du Sud. Je sais que derrière ils sont aussi un peu secoués. Ça va être ça jusqu’au cap Horn. »

Le Pacifique où tout s’est joué
C’est dans le Pacifique qu’Armel a sans doute forgé sa victoire en prenant l’ascendant sur Alex Thomson. 16 jours a subir des dépressions violentes, dans le froid et le bruit. Un enfer et on se souvient qu’au 40e jour Alex a un peu lâché quand Armel a accéléré lui permettant d’avoir 750 milles d’avance au Cap Horn au 47è jour.
« Chaque petite chose simple devient très compliquée. Ça n’a pas été facile, nous n’avons pas été gâtés. Il y avait énormément de vent, des pointes jusqu’à 55 nœuds, une mer démontée, nous étions en plus sur un angle où le bateau allait vite, de travers
au vent, donc il fallait sans cesse le contrôler. On a eu 2 dépressions coup sur coup : quand on voit ça sur le fichier on se dit « Non, pas ça ! », quand on y est, on fait ce qu’on a à faire, on se concentre au maximum, et puis quand les conditions s’améliorent enfin, on est content d’avoir dépassé ça. Ce n’était pas évident de dormir, ça bouge tellement. C’est un peu comme dormir dans une machine à laver…  C’était également très compliqué de manger avec les mouvements permanents et saccadés du bateau. Il fallait faire doublement attention de ne pas se renverser l’eau de la bouilloire sur les genoux ou les mains… Dans ces conditions, chaque petite chose simple devient très compliquée, il faut tout le temps se concentrer, tout demande plus de temps, même mettre son ciré et ses bottes est difficile. »

Remontée laborieuse dans l’Atlantique Sud
Après le Cap Horn, Alex Thomson a puisé dans toutes sa réserve de chances en ayant des conditions idéales pour refaire son retard et revenir sur Armel. Ce dernier a avoué avoir cassé son hook de génois dans le Pacifique l’handicapant dans des conditions plus légères.
Au 53e jour de course, l’avance d’Armel est passé de 750 milles à 30 milles en 7 jours au large du Brésil. De quoi perdre ses nerfs et regonfler le moral du britannique. Mais Armel s’est relancé en attrapant les Alizés et en reprenant 300 milles d’avance jusqu’au pot au noir en prenant les bonnes options.

Comme une Solitaire du Figaro à partir de l’Equateur
Le Pot au noir marquera le départ d’une nouvelle course. A ce moment-là Armel basculera en mode Figaro pour se placer en fonction d’Hugo Boss, à l’est puis à l’ouest. Les options pour Alex Thomson se réduiront au fur et à mesure de la remontée de l’Atlantique avec un écart maîtrisé entre 80 et 150 milles. Et si Alex Thomson parviendra à battre le record de distance parcourue en 24h, Armel n’en sera pas loin non plus. 4-5 jours avant l’arrivée, Alex Thomson aurait pu espérer encore mais 48h avant l’arrivée, la messe était dite avec un système météo n’offrant aucune autre option. Armel Le Cleac’h qui partait pour gagner, l’affichant avec assurance 1 an avant de partir, remporte ce Vendée Globe après une course extraordinaire devant un beau second.