Retour en images sur le Vendée Globe

Arrivée Macif
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1ère semaine

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Samedi 10 novembre. Comme à chaque édition, l’émotion dans le chenal des Sables d’Olonne est immense. 13h02, le départ est donné par l’acteur François Cluzet. Pressés d’en découdre, cinq concurrents vont couper la ligne trop tôt (Gabart, de Pavant, Gutkowski, Le Cléac’h et Riou) pendant que Bertrand de Broc, qui a endommagé son bateau à 25 minutes du départ, est déjà revenu au ponton. Il repartira avec treize heures de retard, en croisant au passage le malheureux Marc Guillemot. Après 4h43 de course seulement, le skipper de Safran a perdu sa quille. C’est le premier abandon. Dès le départ, François Gabart prend les commandes de la flotte. Il attaque fort dans une mer difficile. Puis vient rapidement, après trois jours de course un deuxième abandon. Kito de Pavant entre en collision avec un chalutier, alors qu’il était parti dormir dix minutes seulement. Bout-dehors et roof arrachés. Il se détourne vers Cascaïs, au Portugal. Derrière Gabart, Armel Le Cléac’h et Bernard Stamm maintiennent le rythme imprimé par le leader, suivi de Vincent Riou, un peu plus décalé dans l’ouest… les premières options se dessinent avec un passage de front qui provoquent des écarts latéraux. C’est au tour de Louis Burton, le benjamin de la flotte, d’entrer en collision avec un chalutier. Hauban endommagé, il prend la décision de rebrousser chemin vers Les Sables d’Olonne pour tenter de réparer et repartir mais va finalement se résoudre à abandonner. Le jeudi 15 au soir, c’est Samantha Davies (Savéol) qui démâte dans des conditions très difficiles… Quatrième abandon. Après une semaine de course, la flotte du Vendée Globe a déjà perdu 20% de son effectif. Le Cléac’h s’est emparé de la place de leader au large des Canaries devant Gabart et Stamm.

 2e semaine

Les concurrents retrouvent des conditions de navigation beaucoup plus agréables. Le 17 novembre, Jérémie Beyou, en septième position, casse son vérin de quille dans le nord-ouest du Cap-Vert. Il abandonne deux jours plus tard. Le même week-end, Alex Thomson casse sa barre de liaison de safran en deux endroits et parvient à réparer sans quasiment perdre de terrain. Au même moment, Javier Sanso doit monter dans le mât pour réparer son rail de grand voile. La flotte est maintenant scindée en trois groupes : les favoris (Le Cléac’h, Gabart, Dick, Stamm, Riou, Thomson), les outsiders vite baptisés « Tontons flingueurs » (Golding, Wavre, Le Cam), et les « retardataires » (Boissières, de Lamotte, Sanso, Gutkowski, de Broc, Di Benedetto). Au 9e jour de course, le fameux pot au noir se profile pour Le Cléac’h, toujours leader, ce qui permet aux poursuivants de se rapprocher. Dans cette zone de vents erratiques, particulièrement active aux avant-postes, certains bateaux vont naviguer à vue et se tenir en moins de trois milles pendant plusieurs heures ! Le 21 novembre, après plusieurs jours d’une trajectoire surprenante, le Polonais Zbigniew Gutkowski en proie à d’insolubles problèmes de pilote, jette l’éponge. Le même jour, Armel Le Cléac’h s’extirpe le premier du pot au noir et franchit l’équateur en tête, établissant le deuxième temps de référence depuis Les Sables d’Olonne (10j 19h), juste derrière Jean Le Cam (10j 11h en 2004). Quelques heures plus tard, ses concurrents directs le rejoignent dans l’Atlantique Sud. Au 12e jour de course, huit concurrents naviguent dans les alizés de l’hémisphère sud. Armel Le Cléac’h est leader depuis une semaine. L’anticyclone de Sainte-Hélène, placé très au sud, oblige un large contournement par l’ouest pour les premiers.

3e semaine

Le samedi 24 novembre, Vincent Riou entre en collision avec un OFNI, une grosse bouée métallique dérivante qui laisse une longue déchirure à l’avant de la coque et endommage sérieusement un tirant d’outrigger (pièce qui assure la bonne tenue du mât). Malgré une première tentative de réparations, le skipper de PRB doit se résoudre à abandonner le lendemain. Les premières grandes stratégies se dessinent avec Jean-Pierre Dick qui s’éloigne de la route directe en plongeant vers le sud, bientôt suivi de François Gabart pendant qu’Armel Le Cléac’h continue sur la route directe. Ça revient par derrière, Jean Le Cam en tête, suivi de Mike Golding et Dominique Wavre. 250 milles derrière le Suisse, Javier Sanso devance lui-même Arnaud Boissières de 150 milles.

4e semaine

Au 30 novembre, les premiers résultats des options se profilent et le leader lui-même reconnaît que le passage par le sud était visiblement un peu meilleur. A l’approche du Grand Sud, le 1er décembre, Jean-Pierre Dick prend furtivement les commandes à Armel Le Cléac’h, leader depuis le 16 novembre, et bat au passage le record des 24h en monocoque et en solo en passant la barre symbolique des 500 milles (502 !). Mais c’est François Gabart qui passe en tête la première des huit portes des glaces. Dès lors on observe un très fort regroupement de la flotte des leaders, composée de Le Cléac’h, Gabart, Dick et Stamm, suivie un peu plus de 100 milles derrière par Thomson pendant que les « tontons flingueurs » essaient de rester dans le même système météo, à 400 milles des leaders. Le 2 décembre, Jean Le Cam constate que sa quille a accroché un filet. Il va plonger avec succès mais non sans mal pour libérer l’objet. Le lundi 3 décembre, c’est Armel Le Cléac’h qui passe le cap de Bonne Espérance en leader, 22j 23h 46’ après son départ des Sables d’Olonne, améliorant d’un peu plus de 24h le record détenu par Vincent Riou depuis le Vendée Globe 2004. La vitesse des leaders dans ces latitudes ventées accentue les écarts avec le reste de la flotte, qui s’étend désormais sur près de 2200 milles, soit 4000 km ! A l’approche de la deuxième porte des glaces, les leaders tentent d’afficher la meilleure vitesse possible pour échapper à l’anticyclone qui les rattrape. Une optimisation rendue difficile par la mer croisée de l’Indien. Pendant qu’Armel Le Cléac’h poursuit sa route vers le nord pour passer la porte, ses concurrents directs choisissent d’incurver leur trajectoire vers le sud, au risque de rencontrer des icebergs. Rattrapé par l’anticyclone, Armel Le Cléac’h, même s’il est le premier à valider la porte Crozet, va perdre sa position de leader au profit de Gabart puis de Stamm, avant de la reprendre quelques jours plus tard, ses concurrents étant obligés de remonter vers le nord pour franchir la marque obligatoire.

5e semaine

Armel Le Cléac’h reprend la tête le 8 décembre. Une fois passée la deuxième porte des glaces, les conditions météo se prêtent aux records de vitesse avec un puissant vent de nord-ouest qui pousse les leaders sur une mer peu formée. Au jeu de la vitesse, c’est François Gabart qui se montre le plus véloce et explose le record des 24h en parcourant 534,48 milles. Il en profite pour reprendre la tête et, deux jours plus tard, signe un nouveau record, celui du meilleur temps réalisé entre Les Sables d’Olonne et le cap Leeuwin (34j 10h 23’). Le duel avec Le Cléac’h prend des allures de match-race tant la distance entre les deux leaders est infime à l’échelle du Vendée Globe… Dès lors, il va être de plus en plus difficile pour leurs poursuivants de tenir le rythme, particulièrement pour Bernard Stamm, en proie à des soucis de lattes de grand voile, et Alex Thomson, très malchanceux, qui heurte deux fois un OFNI en moins de 24h, détruit son hydrogénérateur, endommage un safran et casse une nouvelle barre de liaison. Seul Jean-Pierre Dick arrive à se maintenir dans le sillage des leaders. Au passage de la porte Amsterdam, l’avance du skipper de Macif n’est que de 20 minutes, après 24000km parcourus ! A la fin de la cinquième semaine, Gabart, Le Cléac’h et Dick parviennent à rester dans la même situation météorologique pendant que, derrière, Thomson et Stamm se sont fait décrocher.

 6e semaine

Dans le froid, l’intégralité de la flotte du Vendée Globe navigue désormais dans le Grand Sud. Et à voir le rythme imprimé aux avant-postes, il est difficile d’imaginer à quel point les hommes de tête sont dans l’inconfort. Pourtant, ils tiennent la cadence, prisonniers d’un duel où celui qui ralentit se voit immédiatement sanctionné. Gabart est le premier à faire son entrée dans l’océan Pacifique, aux antipodes des Sables d’Olonne.  

 7e semaine

A l’approche de Noël, le rythme ne faiblit pas et les deux leaders poursuivent leur duel planétaire au sud de la Nouvelle-Zélande. A peine entré dans le Pacifique, Le Cléac’h en profite pour prendre la main d’une courte étrave avant de voir Gabart reprendre les commandes, dans un jeu de classements qui évolue au gré des empannages. A un peu plus de 500 milles, Dick s’est fait un peu décrocher et s’intercale entre la tête de flotte et le duo anglo-suisse Thomson-Stamm, à près de 900 milles des premiers. En guise de cadeau de Noël, Le Cléac’h s’offre le premier la validation de la porte Ouest-Pacifique, en reprenant provisoirement la tête de la course. Pour Stamm, Noël est beaucoup plus amer puisqu’il s’est dérouté vers la Nouvelle-Zélande pour trouver un abri et réparer ses hydrogénérateurs. Il est à court d’énergie et ne peut envisager la traversée du Pacifique, le plus grand océan du monde, dans ces conditions. La détérioration de la météo l’obligera à s’amarrer à un bateau russe, ce qui entraînera une procédure de réclamation contre le marin, assisté dans la manœuvre. Lorsque le skipper suisse reprend sa route vers le cap Horn, il est passé en 10e position, juste derrière Arnaud Boissières qui, après un début de course difficile, a réussi à se rapprocher du peloton des poursuivants dans les mers du sud.   

8e semaine

Même si les premiers sont un peu freinés à l’approche du cap Horn, l’avance sur leur concurrent le plus proche, Dick, se maintient à 400 milles au passage du mythique rocher qu’ils enroulent le 1er janvier 2013, Gabart en tête. Il a 1h15 d’avance seulement sur Le Cléac’h. Le soulagement des deux skippers devra attendre encore un peu car la descente vers l’extrême sud de l’archipel chilien s’est faite sous la menace d’icebergs suspectés d’avoir dérivé jusqu’au niveau de l’île des Etats. Un peu moins de deux jours plus tard, Dick enroule à son tour le dernier cap du parcours, 250 milles devant Thomson. Il faudra ensuite attendre 6 jours et demi pour voir Le Cam revenir dans l’Atlantique. Le skipper de Cheminées Poujoulat, victime d’une nouvelle collision qui arrache à nouveau l’un de ses hydrogénérateurs, pendant que l’autre à rendu l’âme, est obligé de se faire ravitailler en gasoil après le cap Horn. Il signifie son abandon juste avant que le jury ne confirme sa disqualification.

9e-11e semaine

Le cap Horn franchi, la route est encore longue et si les leaders ont maintenant quitté les mers du sud, ils vont rapidement affronter des vents de 45 nœuds et des creux de 6 mètres. Pour le trio de tête, la remontée de l’Atlantique débute brutalement et de façon cruelle pour Dick qui, après être bien remonté sur le duo de tête, doit ralentir fortement pour réparer son étai principal. Pour Le Cléac’h, les problèmes sont moins spectaculaires mais les conséquences également désastreuses. Un souci de gennaker dans le détroit de Le Maire lui fait perdre du terrain alors qu’il était revenu à seulement 10 milles de Gabart. Le 6 janvier, un décalage dans l’ouest qu’il pensait bénéfique tourne au cauchemar avec la traversée très difficile d’un front plus compliquée que prévu. Passé à 100 milles le 8 janvier, le retard du skipper de Banque Populaire s’étend à plus de 260 milles six jours plus tard. Ce sera le plus grand écart de toute la course.   

Arrivées

Le 27 janvier 2013, à 15h18, François Gabart franchit la ligne d’arrivée et entre en grand vainqueur dans le chenal des Sables d’Olonne, au terme d’un incroyable duel qui aura duré 78j 02h 16’, soit 28 646 milles parcourus à la moyenne ahurissante de 15,3 nœuds. 3h17 plus tard seulement, Armel Le Cléac’h boucle également son tour du monde, juste à temps pour entrer dans le chenal. Deux jours plus tard, Alex Thomson complète le podium au terme d’une magnifique performance sur un voilier de la génération précédente, mis à l’eau en 2007. Il bénéficie certes de l’avarie de Jean-Pierre Dick, incroyable 4e au terme d’un ultime numéro d’équilibriste de 2650 milles parcourues sans quille, perdue à 600 milles au sud des Açores. Pour le groupe des quinquagénaires, l’Atlantique s’est montré particulièrement retors et il faut attendre le 6 février pour voir Jean Le Cam entrer à son tour dans le chenal des Sables d’Olonne, juste devant Mike Golding et Dominique Wavre. Suivront dans la foulée Arnaud Boissières et Bertrand de Broc, un peu plus tard Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et enfin Alessandro Di Benedetto, magnifique 11e célébré comme un vainqueur. Encore neuvième au passage retour de l’équateur, Javier Sanso n’a pas eu cette chance. Victime de la perte de sa quille ayant entraîné le chavirage de son bateau 400 milles au sud des Açores, le 3 février, le skipper espagnol a été récupéré sain et sauf par la marine portugaise.