
La flotte de La Solitaire URGO Le Figaro se rapproche de Gijon après avoir vécu 2 nuits éprouvantes avec un violent passage de front qui a généré des vents jusqu’à 50 nœuds et provoqué des dégâts et des abandons. Jérémie Beyou navigue sous grand-voile seule, Erwann Tabarly a signifié son abandon après la casse d’une barre de flèche bâbord, il fait route vers les Sables d’Olonne. A 16h Nicolas Lunven, Adrien Hardy, Sébastien Simon, Charlie Dalin et Yann Eliès sont bien placés pour les 60 miles restant encore à parcourir.
A la vacation ce matin, les témoignages en disent longs sur les conditions rencontrées :
Adrien HARDY – Agir Recouvrement – 1er à 8h
« C’était costaud cette nuit, vraiment pas facile. J’avais un peu sous-estimé la force du vent et l’état de la mer. Déjà en approche du plateau de Rochebonne, en enroulant la bouée, c’était un peu déferlant. Ensuite, ce n’était pas un front classique, comme on a l’habitude d’en voir. En fait il y avait deux fronts, le vent n’a pas viré très franchement, il l’a fait en deux fois. Il a fallu barrer toute la nuit pour encaisser les grosses rafales de vent jusqu’à 45 nœuds. C’était bien chaotique. Depuis ce matin, j’essaie faire des siestes parce que j’étais vraiment fatigué. » Interrogé sur sa première place, le skipper d’Agir Recouvrement a ajouté : « Je pense que j’avais une bonne vitesse au près. J’ai passé le front mieux que les autres, j’ai tiré la barre après Rochebonne pour aller chercher la bascule à l’ouest. Comme la bascule est venue en deux fois par l’ouest, le décalage s’est avéré payant. Je suis content de ça, je ne m’attendais pas à avoir autant de gain sur un petit décalage, c’est une bonne surprise. » La suite du programme ? « Ça doit mollir, mais c’est encore bien chaotique, ce n’est pas facile de dormir, on prend les sacs dans la figure, les toiles anti-rouli se cassent, j’ai pas mal de bazar dans le bateau… J’ai hâte que ça mollisse, mais pas trop non plus, parce qu’il faut que l’on puisse rejoindre Gijon assez vite quand même, parce qu’après ca va vraiment mollir. »
Chalie DALIN – Skipper Macif 2015 – 4ème à 8h
Relégué à près de 4 milles de la tête de flotte lundi après un départ manqué, Charlie Dalin a effectué un impressionnant retour dans la tête de flotte, quatrième mardi matin. Il raconte les conditions de la nuit : « On s’est fait bien cueillir en arrivant sur Rochebonne avec une mer très courte et très cassante, c’était super difficile de se déplacer sur le bateau, ça bougeait dans tous les sens. J’ai pris la « sèche », je me suis dit que j’allais tenter le coup (de l’enfiler, ndlr), ça ne s’est pas avéré très simple de me changer dans le bateau, dans la machine à laver. Mais là, je ne regrette pas d’être dans ma « sèche » parce que j’ai pris des paquets de mer dans la tête toute la nuit. J’ai eu plus de 40-41 nœuds, c’est surtout la mer qui était pénible, croisée au début. Elle est un tout petit moins désordonnée maintenant, mais ça a tapé fort. On a des rotations de vent, il n’est vraiment pas stable en force et direction donc pour se reposer ce n’est pas facile, mais je vais aller en faire deux ou ce matin. J’ai grignoté un peu, mais je dois me rattraper, je n’ai pas fait de vrai repas hier soir. »
Alexis LOISON – Custopol – 5ème à 8h
« Cette nuit, on ne va pas se le cacher, on s’en est pris plein la tête. Ce n’était pas simple d’avancer avec des conditions de mer vraiment difficiles, très croisée. Il fallait faire en sorte de préserver le bateau, il y a eu 2-3 heures pendant lesquelles, je ne pensais plus trop régate, mais je pensais plus à comment me sortir de cette situation. Avec le lever du jour, on constate que la mer est impressionnante. La première nuit, je n’avais pas mis de pantalon de ciré et là j’ai tout mis : deux cirés, le gilet, les bottes et je regrette de ne pas avoir pris une combinaison sèche. J’ai des petites bricoles, mais rien qui n’entrave ma progression. J’ai réussi à me caler quelques siestes en fin de nuit parce que j’étais vraiment cramé, j’avais du mal à tenir debout dans le bateau, il était temps de se reposer un peu. C’est bien la première fois qu’un régatier attend que le vent mollisse. Le secteur du vent à venir, je ne sais pas trop. Je ne sais pas si ça va vraiment mollir ou juste se calmer un peu et nous permettre d’arriver comme une fleur à Gijon. Ça va déterminer la fin de cette belle étape. »
Yann ELIES – Quéguiner Leucémie Espoir – 6ème à 8h
Le petit déjeuner a failli être manqué pour Yann Eliès : « Mes 8 œufs étaient tous cassés, j’ai réussi à récupérer quelques morceaux pour faire une omelette, pour relancer la machine et remettre l’estomac à l’endroit. Je n’avais pas mangé depuis un moment, on a quand même enchaîné un grand bord de spi endiablé avec une partie de saute-mouton. Avec quelque chose dans le ventre, ça va mieux. Là, ça s’améliore un peu, on commence à ranger un peu le bateau, à éponger l’eau dans les fonds, à prendre un peu soin du bonhomme et du bateau, on croise les doigts pour qu’on n’ait rien cassé. Pour l’instant, de visu, c’est ok, à par les œufs cassés dans le fond du tuperware. » La nuit ? « Ça a quand même été sport. On était tous un peu trop toilés pour passer dans le front, on n’a pas trop eu le temps dans l’enchaînement du bord de spi, en partant au près, de préparer un truc qui aille avec les rafales de 40-45 nœuds. Idéalement, on aurait dû au moins prendre un ris dans le solent, mais une fois dans la mer, c’était quasiment impossible, trop dangereux. Je pense que c’est aussi pour ça qu’il y a tant de dégâts sur les voiles. J’ai réussi à enfiler la combi sèche, c’était un peu la guerre pour y arriver. C’était dangereux cette nuit, il fallait bien s’attacher, ce sont des petits bateaux qui, dans beaucoup de mer, font des embardées. Pour l’instant, je sors de là avec l’essentiel, c’est-à-dire, moi à bord et un bateau qui a l’air à peu près en état. » La situation sur l’eau ? « Pour les deux premiers, ils ont tiré un peu plus la barre pour aller chercher le front, moi, je n’y croyais pas trop quand on était en bâbord amure. Et ensuite, en vitesse pure, Sébastien Simon (Crédit Mutuel Performance) et Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) sont très très rapides. Moi, j’ai un peu levé le pied étant donné les conditions, mais on va essayer de rattraper ça dans le final des Asturies. »
NEWS : Point sur les avaries de la première étape
Voici les horaires et la liste des avaries survenues depuis lundi soir sur la première étape de La Solitaire URGO Le Figaro.
21h21 : Erwan Tabarly (Armor Lux) signifie son abandon après la casse d’une barre de flèche bâbord, il fait route vers les Sables d’Olonne.
21h23 : Le Santorini, bateau suiveur en queue de flotte, indique que Sophie Faguet (Porsche Corben) rencontre beaucoup de problèmes de voiles.
23h34 : Yannig Livory (Lorientreprendre) appelle la direction de course pour annoncer qu’une vague énorme a fait déralinguer son solent, la drisse est partie et la grand-voile s’est ouverte en deux. Après avoir envisagé d’aller à l’île d’Yeu, il décide finalement de faire route vers Gijon.
23h49 : Jérémie Beyou (Charal) indique qu’il n’a plus de drisse ni de solent, il fait route vers Gijon sous grand-voile seule.
00h14 : Damien Guillou (Domino’s Pizza) appelle pour dire que sa grand-voile est déchirée, il fait route vers les Sables d’Olonne.
1h14 : Anthony Marchand (Ovimpex Secours Populaire) a lui aussi perdu sa grand-voile, déchirée, il fait également route vers les Sables d’Olonne.
1h34 : Erwan Tabarly (Armor Lux) est aux Sables à quai, accueilli par Estelle Graveleau et toute l’équipe du port qui s’est mobilisée.
4h25 : Eric Delamare (Région Normandie) annonce qu’il a perdu son grand spi.
5h46 : Marc Pouydebat (Auto Malin) explique que sa grand-voile s’est déchirée, il fait route vers La Rochelle.
7h27 : Damien Cloarec (Saferail) rencontre un problème d’aérien et d’antenne AIS qui a explosé, il reste en course, en route vers Gijon.
7h31 : Anthony Marchand (Ovimpex Secours Populaire) est aux Sables d’Olonne, il rejoindra la flotte à Gijon ou Concarneau.
9h10 : Xavier Macaire (Groupe SNEF) indique que la têtière de sa grand-voile est décollée, tandis que Gildas Mahé (Action contre la faim) a perdu sa bouée couronne et son feu de retournement.
9h12 : Damien Guillou (Domino’s Pizza) est aux Sables d’Olonne, il rejoindra la flotte à Gijon ou Concarneau.