Loïck Peyron a remporté avec brio sa troisième transat en solitaire sur l’Atlantique Nord après ses succès sur son trimaran Fujicolor en 1992 et 1996. En tête dès les premiers milles, le vainqueur de The Artemis Transat s’est fait dépasser au large du Fastnet, mais est toujours resté dans le quarteron de tête, pour porter son coup final après la porte des glaces. Et bien qu’il se soit détourné pour porter assistance à Vincent Riou, il a maintenu plus de trente milles d’écart face à son plus tenace concurrent, Armel Le Cléac’h : le jeune skipper est arrivé deuxième, 7 heures 43 minutes 05 secondes après le vainqueur (inclus les 2h30 de redressement).
Loïck Peyron avait franchi la ligne d’arrivée à Boston à 3h15’35” UTC ce samedi matin. Après 12 jours 14 heures 15 minutes et 35 secondes de mer mais le temps officiel de Loïck Peyron, après déduction de son temps de « redressement » (2h30) accordé par le Jury International, est de 12 jours 11 heures 45 minutes et 35 secondes. Loïck Peyron s’adjuge le Prix Omega en améliorant aussi le temps de référence sur ce parcours mythique (détenu auparavant par Mike Golding en 2004 avec 12 jours 15 heures 18 minutes et 8 secondes) de 3 heures 32 minutes et 33 secondes. En fait, le skipper de Gitana Eighty a parcouru sur l’eau 3 185 milles (soit 203 milles de plus que la route la plus directe) à une vitesse moyenne sur l’eau de 10,68 nœuds.
Armel deuxième à Boston.
Le podium de The Artemis Transat en monocoque Imoca aura été déterminé dans la même journée puisque Armel Le Cléac’h (Brit Air) est arrivé à 8h 28’40” UTC (10h 28′ 40” heure française). Le jeune skipper (31 ans le jour du départ de Plymouth) a toujours été en embuscade depuis les premiers milles et était même pointé en tête le lendemain du coup de canon ! Pour sa deuxième transat en solitaire sur un monocoque de 60 pieds, Armel Le Cléac’h confirme qu’il fera partie des favoris au départ du Vendée Globe en novembre prochain. Et surtout, il démontre que son plan Finot est un redoutable bateau qui n’a rien à envier aux plans Farr de dernière génération.
Particulièrement à l’aise dans la brise, Brit Air n’a jamais été handicapé lorsque le vent a sensiblement molli, ce qui a été bien des fois le cas sur cette Artemis Transat !
Commentaires en mer
Arnaud Boissières (Akena Vérandas) ce samedi midi
« Hier, je suis parti un peu trop Sud : j’ai perdu du terrain mais côté conditions, ça a ét 3; terrible ! Des éclairs et beaucoup de vent. Et maintenant, je suis dans le sillage de mes deux camarades, Sam et Yannick ! Mais il reste 500 milles et l’écart n’est pas énorme. En plus, ce qui va se passer à l’air compliqué pour finir. Cette nuit, il a fait super froid ! Et il y a de timides apparitions du soleil, façon breton. En fin de nuit, j’ai tapé un truc et mon safran s’est relevé : ça m’a stressé. J’ai abattu en grand mais je ne sais pas s’il y a un impact. Trois alarmes à suivre : après le safran, mes batteries et l’activ’écho ! »
Marc Guillemot (Safran) ce samedi midi
« C’est un bord génial sur une mer plate, le long des côtes de la Nouvelle-écosse, à une trentaine de milles du rivage. Il y a treize nœuds de vent de Nord-Ouest mais ça devrait mollir un peu dans l’après-midi : ce n’est pas très mouvementé. Je suis en forme même s’il y a encore de la douleur aux côtes. Ce sera oublié dans une semaine mais je ne suis plus gêné dans les manœuvres à part pour le matossage. C’est super pour Loïck qui a fait un très beau parcours. Il attaque le Vendée Globe avec deux victoires en solo, c’est superbe ! Et pour Armel, bravo. »
Yannick Bestaven (Cervin EnR) ce samedi midi
« Le vent est changeant et je fais route presque directe sur Boston. C’est une journée un peu plus reposante qui s’annonce. Car la nuit a été dure : quand il faut transférer l’eau des ballasts et virer de bord par trente nœuds de vent, c’est rock & roll ! Et j’ai dû en faire plusieurs dans la nuit. Dans une manœuvre un peu scabreuse, le « tracker » (positionneur) est tombé à l’eau. Le virement de bord peut te faire perdre beaucoup de milles et j’en ai raté deux cette nuit ! Mais ça y est : le vent est devenu raisonnable. Je vais pouvoir ranger le bateau, vérifier le matériel et continuer à mettre la pression sur Samantha. La cinquième place, c’est notre grade à nous, bateaux de l’ancienne génération ! Mais ça me rassure pour la suite parce que nos trois monocoques ont fait une belle traversée de l’Atlantique. »
Sébastien Josse (BT)
« Je suis content d’être arrivé à Lorient ce samedi matin à 7h15 (heure française). Maintenant, nous allons pouvoir commencer notre préparation pour le Vendée Globe. Je sais que BT est un bon bateau. J’ai appris énormément de choses pendant cette course et je vais pouvoir utiliser toutes ces nouvelles connaissances pour améliorer BT. Mon objectif est de passer autant de temps que possible en mer. Je veux également naviguer avec l’équipe et j’espère faire un peu d’entraînement à Port La Forêt avec la concurrence. L’Artemis Transat a été une dure leçon et nous a malheureusement rappelé que peu importe le niveau de préparation, tout peut arriver. Alors, le mieux que tu puisses faire, c’est d’être au départ du Vendée Globe avec la meilleure préparation qui soit. Et c’est ce que nous avons l’intention de faire ! »
Classement du samedi 24 mai à 16h00 (heure française)
1- Loïck Peyron (Gitana Eighty) le samedi 24 mai à 3h15’35” UTC en 12j 11h 45′ 35 (redressement de 2h30 du Jury inclus)
2- Armel Le Cléac’h (Brit Air) en 12j 19h 28′ 40” à 7h 43′ 05” du premier
3- Yann Eliès (Generali) à 79 milles de l’arrivée
4- Marc Guillemot (Safran) à 308 milles
5- Samantha Davies (Roxy) à 428 milles
6- Yannick Bestaven (Cervin EnR) à 440 milles
7- Arnaud Boissières (Akena Vérandas) à 467 milles
8- Dee Caffari (Aviva) à 521 milles
9- Steve White (Spirit of Weymouth) à 663 milles
Abandon- Vincent Riou (PRB)
Abandon- Unai Basurko (Pakea Biskaia 2009)
Abandon- Sébastien Josse (BT)
Abandon- Michel Desjoyeaux (Foncia)