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Armel en héros aux Sables rentre dans la Légende

Finish arrival of Armel Le Cleac’h (FRA), skipper Banque Populaire VIII, winner of the sailing circumnavigation solo race Vendee Globe, in 74d 3h 35min 46sec, with flares in the channel of Les Sables d'Olonne, France, on January 19th, 2017 - Photo Jean Marie Liot / DPPI / Vendee Globe Arrivée de Armel Le Cleac’h (FRA), skipper Banque Populaire VIII, vainqueur du Vendee Globe en 74j 3h 35min 46sec, aux Sables d'Olonne, France, le 19 Janvier 2017 - Photo Jean Marie Liot / DPPI / Vendee Globe

Après avoir remonté le chenal des Sables sous les acclamations du public venu nombreux saluer sa victoire et un beau feu d’artifice, Armel a rejoint sa famille et les pontons à 19h. Il a ensuite répondu à nos questions à la conférence de presse.

“Ça fait du bien. Je suis content de gagner. Cela n’a pas été simple. C’était une bagarre intense avec Alex sur la remontée de l’Atlantique. Il y a eu beaucoup de suspens. C’était dur à vivre. Mais j’étais devant et je me suis accroché jusqu’à hier. Je me suis angoissé depuis le Cap Horn. j’avais peur qu’il revienne à ma hauteur. ”

” L’arrivée a été magnifique et même depuis tôt ce matin accompagnée par des bateaux et ce toute la journée. La remontée du chenal a été incroyable. L’émotion de l’arrivée, c’est un grand moment où l’on retrouve le public que l’on a quitté 74 jours plus tôt, le plaisir aussi de le retrouver. Je suis le premier a arrivé, c’est une fierté. Cela fait quelques jours que je me fais violence pour ne pas lâcher le morceau. J’ai eu le soutien de plein de monde. J’y ai cru. Je me suis battu. Oui j’ai le visage rayonnant parce que cela fait 10 ans que j’en rêve. J’étais là il y a 4 ans avec Banque Populaire mais il manquait quelque chose. Là c’est fait.
C’est une fois la ligne franchie que j’ai commencé à craquer. Je suis allé au bout de moi-même. Je me disais après le Cap Horn que ce n’est pas possible, tout est contre moi. C’est toute cette intensité qui est ressortie à la ligne d’arrivée.

Je veux remercier toute mon équipe. On est allé chercher cette victoire tous ensemble. Après avoir passé des mois à travailler, le bateau a été parfait. Je leur dédis cette victoire ils ont travaillé dans l’ombre. Avec Banque Populaire, je suis très heureux de faire partir de cette famille.
Je suis heureux d’avoir battu Alex, un peu comme dans un match de rugby France-Pays de Galles. C’était le crunch. Il s’est accroché et a tout donné. Bravo à lui, il a gagné une place comme moi cette année. Je lui souhaite de gagner l’année prochaine.

Le Vendée c’est une page qui se tourne. Je suis le 1er à le terminer pour la 3e fois. J’ai beaucoup donné de ma vie sur le Vendée. C’est une course difficile, longue, dure et intense. Après avoir réussi à gagner, accomplir mon rêve, je vais passer à autre chose. Un super projet en Ultime, retrouver François Gabart et Thomas Coville avec des courses palpitantes. Le Vendée c’était une belle histoire qui se termine en grande beauté.
Je vais retrouver les gens, un bon repas, passé une bonne nuit, communier avec les gens qui sont venus. La transition est brutale. On est a fond pendant 70 jrs, on est dans sa bulle. On oublie comment est ressentie la course à terre. Je ne pensais à ça. On arrive et on redécouvre cela. C’est très très fort.

Je me suis rasé il y a 4-5 jrs quand il n’y avait pas trop de vent un peu pour conjurer le sort. A chaque fois la météo n’était pas dans le bon sens pour moi depuis le cap Horn. Alex a été accrocheur. Cela m’a mis beaucoup de pression jusqu’à mon virement de bord près des îles Scilly où je me suis dit que cette fois c’était bon. En passant au large de Ouessant dans un terrain de jeu que je connais bien, je me suis retrouvé, c’était un plaisir et cela m’a fait du bien de naviguer dans ces coins.

J’ai eu quelques bricoles sur le bateau pas d’avarie particulière à part un hook de génois. Une voile que je n’ai pas pu utiliser depuis le milieu du Pacifique. Mais le bateau a répondu à toutes mes attentes. Le travail du team a payé. On a tiré l’expérience de notre Vendée Globe il y a 4 ans. On a construit un bateau performant, fait le choix des foils qui n’était pas évident au départ. On est allé au bout de notre démarche. On y a cru tout le temps. C’était notre force et c’était mérité.

Ce bateau ma procuré beaucoup d’émotions. C’es un bateau qui m’a donné beaucoup de plaisir. Je suis fier de ce qu’il m’a apporté. Le bateau est vendu à Louis Burton qui fait une très belle course et je lui souhaite de faire de belles choses avec à l’avenir. Avec le bateau on se parle. On prend soin du bateau et le bateau prend soin de nous. Chaque bruit est suspect. Tout peut aller vite à bord. On l’a vu avec les abandons sur le Vendée. Notamment ceux qui ont tapé des ofnis. On espère à bord que tout se passe bien et tout s’est bien passé.

Cela fait plaisir d’être à terre. Ca tangue un peu. Cela fait bizarre de retrouver la vie à terre. La vie sur un bateau c’est un peu spécial. On s’habitue, on se fait mal. J’étais là pour la bagarre, pour la gagne. Je l’avais dit. Quand on arrive, c’est un peu brutal.
La magie du Vendée Globe c’est l’arrivée, c’est génial.

 

 

 

 

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Quand les anciens vainqueurs félicitent Armel

Les anciens vainqueurs : François Gabart, Vincent Riou – PRB – Vendée Globe, Alain Gautier ainsi que Loïck Peyron félicitent Armel Le Cléac’h (Voile Banque Populaire) grand vainqueur de la 8ème édition du Vendée Globe !

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Les premiers mots d’Armel : “Chaque mètre gagné était dur”

Armel a franchi la ligne d’arrivée à 16h30. La dernière semaine aura été très dure sous la pression d’Alex Thomson. L’émotion a submergé Armel après sa victoire.

” C’est une émotion incroyable. Les derniers jours ont été intenses. Je réalise que j’ai fait quelque chose d’énorme. Je n’ai rien lâché. Chaque mètres gagnés étaient durs. Je la voulais tellement cette victoire. Voila j’ai réussi.” ” La météo n’a pas été facile. J’ai eu l’impression que tout était contre moi. J’ai eu beaucoup de soutiens à terre. On m’a dit de ne rien lâcher. J’y ai cru. La victoire, je ne l’ai entrevu que la nuit dernière quand j’étais dans mon jardin. J’avais 800 m d’avance au Cap Horn puis 40m, c’était dur. Je n’ai rien lâché. Je suis content.”
“Ce Vendée était intense du début à la fin, je n’ai pas vu le temps passer. Je n’ai pas eu de pause, de moment de répit. Apres le cap Horn, j’ai peut être eu quelques heures de répit mais c’est tout. C’était mon 3e Vendée. C’était celui la qu’il fallait que j’aille chercher. Je savais que ma chance était là. Je me suis bagarré jusqu’au bout.”
“J’ai eu des petits problèmes techniques mais pas handicapant excepté le hook de génois, une drisse mais que j’ai compensé par un Code 0. C’est dommage parceque j’ai appris que les autres pouvaient aussi casser. J’avais cette épée de Damoclès au-dessus de moi. Donc j’ai pas trop tiré sur le matériel. J’ai eu du plaisir dans la bagarre, la météo. Notamment dans le Pacifique. Au cap Horn, c’était un super moment. Et l’arrivée aussi. C’était incroyable. Alex a fait une très belle course. Il faisait parti des prétendants sérieux avec de nombreux atouts. Un concurrent redouté et redoutable. Je pensais avoir fait le trou au cap Horn mais ce n’était pas le cas. C’est un rêve aujourd’hui après 10 ans. C’est juste une journée magnifique.”

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Armel a franchi la ligne d’arrivée – Bravo pour cette belle victoire

Accompagné par des centaines de bateaux spectateurs, Armel Le Cleac’h a franchi la ligne d’arrivée à 16h30 et signe une magnifique victoire en remportant cette 8e édition du Vendée Globe dans un temps record de 74 jours 03 heures 35 minutes et 46 secondes.

Le duel entre Alex Thomson et Armel Le Cleac’h aura été superbe faisant de cette édition l’une des plus belles. C’est aussi la victoire de la persévérance d’un homme sur 10 ans. Deux fois deuxième de ce Vendée Globe, Armel a travaillé sans doute plus que les autres avec son équipe, pour aller chercher ce graal qui manquait à son palmarès pour consacrer son talent. C’est aussi la victoire des bateaux à foils qui s’imposent sur cette édition. Une troisième génération d’Imoca qui vont forcément continuer vers cette rupture technologique. C’est la victoire des architectes VPLP/ Verdier qui signent les bateaux des 2 premiers du podium.

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Retour sur une victoire annoncée

Finish arrival of Armel Le Cleac’h (FRA), skipper Banque Populaire VIII, winner of the sailing circumnavigation solo race Vendee Globe, in 74d 3h 35min 46sec, in Les Sables d'Olonne, France, on January 19th, 2017 - Photo Jean Marie Liot / DPPI / Vendee Globe Arrivée de Armel Le Cleac’h (FRA), skipper Banque Populaire VIII, vainqueur du Vendee Globe en 74j 3h 35min 46sec, aux Sables d'Olonne, France, le 19 Janvier 2017 - Photo Jean Marie Liot / DPPI / Vendee Globe

Armel et Alex Thomson auront été les grands animateurs de cette 8è édition du Vendée Globe lâchant finalement assez vite les autres concurrents. Leur duel aura duré toute la course chacun ne voulant rien lâcher. Alors où cela s’est joué ? Retour sur une course planétaire haletante.

Le duel après 18 jours
Au large du Cap de Bonne Espérance, après seulement 18 jours de course, il ne restait plus que Sébastien Josse pour s’accrocher. Vincent Riou, Morgan Lagravière se sont arrêtés là.
Jean-Pierre Dick après une mauvaise option était trop loin. Jérémie Beyou faisait face à de nombreux problèmes techniques. Le duel a vraiment commencé à ce moment-là. Un duel mené par Alex Thomson en tête au Cap de Bonne Espérance avec 90 milles d’avance sur Armel après que le gallois ait provoqué sa chance au Cap Vert et pris de l’avance pour descendre vers le sud. Un peu sonné après le pot au noir, Armel a trépigné d’impatience, d’abord un peu énervé, il s’est reconcentré sachant qu’il allait pouvoir profiter de conditions favorables. Le Cap de Bonne Espérance marque un nouveau départ pour les deux hommes.

Un Ocean Indien au contact
Pendant plus de 10 jours, les deux bateaux vont rester au contact. Quelques options seront tentées mais, juste avant d’arriver au Cap Leeuwin, l’écart sera d’une trentaine de milles après de nombreux croisements. Avec une limite des glaces très haute située entre 46° et 50° Sud, le terrain de jeu était un peu réduit comme les options de chacun. Après les îles Crozet et les Kerguelen, les conditions se sont durcies. Sébastien Josse était déjà relégué à plus de 570 milles avant de casser et d’abandonner. Les deux hommes se retrouvés seuls dans leur duel relayant le 3è Paul, Meilhat (SMA), à plus de 1200 milles.

Armel le Cleac’h passera le Cap Leeuwin avec un nouveau temps de référence de 28 jours, 20 heures et 12 minutes qui montre combien cette édition va vite avec 5 jours et 14 heures de moins que le temps de référence établi par François Gabart sur le Vendée Globe 2012. Banque Populaire VIII a réussi à creuser un écart de 100 milles d’avances sur Hugo Boss « Je suis en avance sur le temps de référence et mon propre temps, c’est une bonne nouvelle ! Cette avance montre qu’on est dans le tempo, qu’on progresse vite… Ce sont des bons chiffres, la première partie de la course s’est faite rapidement, c’est positif par rapport à la longueur de ce tour du monde. Je suis content ! Le cap Leeuwin est un cap majeur à franchir pendant ce tour du monde et être en tête dans ces moments-là est important. Depuis 24 heure j’ai gagné pas mal de milles sur Alex Thomson. On est dans une phase de transition entre 2 dépressions, la prochaine qui arrive promet d’être musclée, le vent commence à rentrer et va arriver par derrière, ça va donc faire l’élastique au niveau du classement. Mais je suis content d’avoir pris un peu d’avance, maintenant chacun continue sa course et rien n’est joué. La semaine va être assez agitée, on va aller de dépression en dépression. Le Sud de l’Australie est un passage compliqué avec du vent soutenu, de la mer forte, ça ne va pas être la partie la plus drôle qu’on ait faîte depuis le départ. Il va falloir être prudent, je surveille ça de très près. Dans les prochains jours je ne vais pas être de toute quiétude mais cela fait partie du menu des mers du Sud. Je sais que derrière ils sont aussi un peu secoués. Ça va être ça jusqu’au cap Horn. »

Le Pacifique où tout s’est joué
C’est dans le Pacifique qu’Armel a sans doute forgé sa victoire en prenant l’ascendant sur Alex Thomson. 16 jours a subir des dépressions violentes, dans le froid et le bruit. Un enfer et on se souvient qu’au 40e jour Alex a un peu lâché quand Armel a accéléré lui permettant d’avoir 750 milles d’avance au Cap Horn au 47è jour.
« Chaque petite chose simple devient très compliquée. Ça n’a pas été facile, nous n’avons pas été gâtés. Il y avait énormément de vent, des pointes jusqu’à 55 nœuds, une mer démontée, nous étions en plus sur un angle où le bateau allait vite, de travers
au vent, donc il fallait sans cesse le contrôler. On a eu 2 dépressions coup sur coup : quand on voit ça sur le fichier on se dit « Non, pas ça ! », quand on y est, on fait ce qu’on a à faire, on se concentre au maximum, et puis quand les conditions s’améliorent enfin, on est content d’avoir dépassé ça. Ce n’était pas évident de dormir, ça bouge tellement. C’est un peu comme dormir dans une machine à laver…  C’était également très compliqué de manger avec les mouvements permanents et saccadés du bateau. Il fallait faire doublement attention de ne pas se renverser l’eau de la bouilloire sur les genoux ou les mains… Dans ces conditions, chaque petite chose simple devient très compliquée, il faut tout le temps se concentrer, tout demande plus de temps, même mettre son ciré et ses bottes est difficile. »

Remontée laborieuse dans l’Atlantique Sud
Après le Cap Horn, Alex Thomson a puisé dans toutes sa réserve de chances en ayant des conditions idéales pour refaire son retard et revenir sur Armel. Ce dernier a avoué avoir cassé son hook de génois dans le Pacifique l’handicapant dans des conditions plus légères.
Au 53e jour de course, l’avance d’Armel est passé de 750 milles à 30 milles en 7 jours au large du Brésil. De quoi perdre ses nerfs et regonfler le moral du britannique. Mais Armel s’est relancé en attrapant les Alizés et en reprenant 300 milles d’avance jusqu’au pot au noir en prenant les bonnes options.

Comme une Solitaire du Figaro à partir de l’Equateur
Le Pot au noir marquera le départ d’une nouvelle course. A ce moment-là Armel basculera en mode Figaro pour se placer en fonction d’Hugo Boss, à l’est puis à l’ouest. Les options pour Alex Thomson se réduiront au fur et à mesure de la remontée de l’Atlantique avec un écart maîtrisé entre 80 et 150 milles. Et si Alex Thomson parviendra à battre le record de distance parcourue en 24h, Armel n’en sera pas loin non plus. 4-5 jours avant l’arrivée, Alex Thomson aurait pu espérer encore mais 48h avant l’arrivée, la messe était dite avec un système météo n’offrant aucune autre option. Armel Le Cleac’h qui partait pour gagner, l’affichant avec assurance 1 an avant de partir, remporte ce Vendée Globe après une course extraordinaire devant un beau second.

 

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Armel Le Cleac’h à moins de 100 milles de l’arrivée vers 17h-17h30

Finish arrival of Armel Le Cleac’h (FRA), skipper Banque Populaire VIII, winner of the sailing circumnavigation solo race Vendee Globe, in 74d 3h 35min 46sec, in Les Sables d'Olonne, France, on January 19th, 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe Arrivée de Armel Le Cleac’h (FRA), skipper Banque Populaire VIII, vainqueur du Vendee Globe en 74j 3h 35min 46sec, aux Sables d'Olonne, France, le 19 Janvier 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe

Armel le Cléac’h est à moins de 100 milles de l’arrivée et en passe de remporter la huitième édition du Vendée Globe devant Alex Thomson à 95milles dans son sillage. Dans un vent d’Est glacial, les deux hommes longent les côtes bretonnes : leur ETA respectives tournent autour de 17h-17h30 pour le franchissement de la ligne ce jeudi et de 2h du matin vendredi pour le Britannique. Il faut compter 1h après la ligne pour les voir remonter le chenal.

À 5 h, Armel Le Cléac’h passait au large du phare d’Eckmülh, à la pointe de Penmarch, à près de 12 nœuds. Au dernier pointage, il naviguait au large de Belle-Ile, à moins de 100 milles de l’arrivée. Quelques bateaux sont déjà allés à sa rencontre et fait quelques photos pour immortaliser l’instant. Comme celle de Dimitri Voisin prise ce matin.

Dimitri Voisin/Mer agitée/dppi
Dimitri Voisin/Mer agitée/dppi
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IDEC franchira l’Equateur ce soir +1500mn

A l’heure où Armel Le Cleac’h arrivera aux Sables d’Olonnes, Francis Joyon et son équipage franchiront l’Equateur. Ils progressent ce matin à environ 400 milles de l’équateur et maintiennent une bonne vingtaine de noeuds de vitesse cap au nord. Ils sont en mesure de signer un nouveau chrono référence entre Ouessant et l’Equateur, en effaçant les 38 jours, 2 heures, 45 minutes et 48 secondes réalisées en 2012 par Loïck Peyron sur Banque Populaire V. La bande à Joyon pourra s’enorgueillir ce soir d’avoir fait jeu égal dans l’Atlantique Sud avec le Maxi trimaran tenant du titre, particulièrement véloce en cette difficile partie du parcours voici 5 ans, et qui détient le temps référence intermédiaire entre le cap Horn et l’Equateur en 7 jours 4 heures et 27 minutes. Au delà de ces chiffres très officieux, c’est naturellement la traversée du pot au noir qui occupe les pensées à bord du grand multicoque rouge et gris. La Zone de Convergence Intertropicale a pris pour mauvaise habitude de jouer de vilains tour à Joyon et son équipage, s’alanguissant à loisir sur son passage. Ce phénomène déploré à l’aller, et qui avait justifié l’abandon de la tentative de novembre dernier, pourrait se renouveler et compliquer la transition avec les alizés de nord est bien établis sur la route de Ouessant.

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Les clés de la performance d’Armel Le Cleac’h

150416- Entrainement en solo au large Lorient pour le monocoque 60 pieds IMOCA Banque Populaire VIII, Skipper, Armel Le Cléac'h.

Nous avions navigué avec Armel Le Cleac’h sur son IMOCA pendant 24h un mois avant son départ. Il nous avait donné quelques clés de sa performance. En tête actuellement du Vendée Globe et à quelques jours de l’arrivée, retour sur ses propos qui mettent en lumière sa domination sur cette édition.

Doser son effort, bien négocier les temps faibles et les temps forts
« En course au large, et dans le Vendée Globe en particulier, tout l’enjeu réside dans la capacité du marin à exploiter le bateau au maximum de son potentiel, un maximum de temps. On peut disposer du meilleur Imoca sur le papier, si on le mène à 85 % pendant tout le tour du monde, on ne peut pas gagner. Ceci dit, il ne s’agit pas non plus de faire n’importe quoi. Je ne suis pas un kamikaze, une tête brûlée. J’essaye toujours d’avoir une maîtrise de ce que je fais. Sur le prochain Vendée Globe, je ne serai peut-être pas le plus rapide tout le temps. Tenir 80 jours comme aujourd’hui à l’entraînement, c’est impossible, j’en suis incapable ! Cette épreuve est un marathon. Il faut ménager la machine et le bonhomme, accepter de s’accorder quelques heures de répit sous peine de se retrouver complètement cuit. Or, en se mettant dans le rouge, on peut faire des bêtises, casser, voire prendre de gros risques. Lever le pied est plus simple quand on est devant et qu’il s’agit de gérer son avance. En revanche, quand on est derrière, il est plus difficile de se raisonner car on n’a qu’une envie : combler le retard… »

Optimiser les moments plus tranquilles
« Il y a parfois des moments plus calmes, des portions du parcours où les conditions peuvent être plus stables, comme le contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène (Atlantique Sud). On navigue alors généralement au portant, dans un vent maniable. Durant le Vendée Globe, il arrive de passer deux ou trois jours sur le même bord sans changer de voiles. J’en profite alors pour me concentrer sur la météo, pour effectuer un check général du bateau, pour tourner des images et les envoyer. Même si on n’aime pas trop ça, c’est l’occasion de monter en tête de mât pour vérifier que tout va bien là-haut… En fait, ces phases plus cool permettent de faire des choses compliquées à mettre en œuvre quand les conditions sont hostiles. Les rares moments de détente sont appréciés. Pendant les repas, je prends si possible le temps de me poser un peu. Je lis un chapitre d’un livre, je mets de la musique, j’écoute des podcasts d’émissions de radio pour avoir un fond sonore… Cela permet de se sentir moins seul, de déconnecter quelques instants avec le stress permanent de la course, de la gestion du bateau. Il est essentiel de couper un peu pour reprendre de l’énergie et être d’attaque pour la suite, quand les conditions se durciront à nouveau. »

Composer avec la solitude
« La solitude se fait parfois ressentir dans les moments de galère, de doute. Elle est plus difficile à gérer en début de course car on sait que l’on part pour environ 80 jours. Ça fait bizarre… Puis on s’y fait. On ne nous force pas à y aller, c’est nous qui l’avons souhaité ! J’appelle à la maison trois ou quatre fois par semaine. Les appels de mon équipe à terre et les vacations prévues par l’organisation régulent mes journées. Mais finalement ces coups de fil ne sont jamais très longs, quatre à cinq minutes tout au plus. Quand tu raccroches, tu te retrouves seul face à toi-même. Je reçois par ailleurs beaucoup de mails, j’ai du monde derrière moi et je suis porté par ces messages. J’ai déjà vécu le Vendée Globe à deux reprises et je peux m’appuyer sur cette expérience. Lors de ma première participation, en 2008-2009, j’ai davantage souffert de la solitude. En fin de parcours, je naviguais tout seul avec un bateau loin devant et d’autres loin derrière. J’ai dû me battre contre moi-même pour finir. Mon deuxième Vendée Globe, il y a quatre ans, a été très différent grâce à la bagarre permanente avec François Gabart. Le fait d’être au contact m’a fait oublier la solitude. J’avais jusqu’au bout l’espoir de repasser devant. Avoir une carotte t’oblige à rester à l’affût, et le temps passe plus vite. On verra quel scénario me réserve mon troisième Vendée Globe… »

Baliser le parcours
« En course, j’essaye de m’organiser comme si j’étais à la maison, en établissant un programme pour la semaine à venir. C’est plus facile à gérer, je cogite moins. Car si je commence à penser à toute la route qu’il reste à parcourir, ça peut devenir compliqué mentalement… Il est selon moi primordial de se fixer des objectifs à court et moyen termes – trois à quatre jours – tout au long du tour du monde. Il y a toujours des repères géographiques – l’équateur, les grands caps… – et météorologiques qui permettent de scinder le parcours. »

Barrer efficacement
« Finalement, on ne barre pas beaucoup dans un Vendée Globe, moins de 10 % du temps. Mais on le fait souvent dans des moments essentiels, comme les phases de transition où il faut faire la différence pendant quelques heures pour accrocher un bon wagon météo. D’où l’importance de pouvoir barrer bien installé et à l’abri du vent et de la mer. C’est pourquoi j’ai voulu que Banque populaire VIII dispose d’un poste de barre et de veille beaucoup plus confortable que sur mes précédents Imoca60. »

Maîtriser son sommeil
« Dormir et rester en forme est aussi important que de bien régler le bateau. Sur un Vendée Globe, je peux dormir par tranches de 30 à 45 minutes six à sept fois par 24 heures. Il n’y a pas de règles, on dort quand on peut. Les priorités sont la performance et la vigilance. Il est toujours compliqué de s’assoupir durant les premiers jours car il y a beaucoup de trafic. Puis le rythme se met en place. Grâce à l’expérience acquise en Imoca, mais aussi en Figaro et en Ultime, j’arrive à maîtriser mon sommeil. Je me connais bien, je sais comment naviguer de manière performante même en dormant. J’accepte de ne pas tenir un rythme de Figaro ni même de transat. Dormir permet de rester lucide, de faire les bons choix. Il ne sert à rien d’aller vite au mauvais endroit ! »

Faire corps avec son bateau
« Au fur et à mesure, on entre dans un rythme de course, on fait corps avec son bateau. Les choses deviennent limpides, on se sent à l’aise dans 40 nds de vent. À la fin du Vendée Globe, on pourrait presque régler les voiles les yeux fermés car on est en permanence à bord depuis des mois. C’est une sensation agréable que d’arriver à un tel niveau de maîtrise sur des engins si complexes… »

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Direction les Sables pour Armel Le Cleac’h

150416- Entrainement en solo au large Lorient pour le monocoque 60 pieds IMOCA Banque Populaire VIII, Skipper, Armel Le Cléac'h.

Que la nuit va être longue et difficile pour Armel et son équipe. Si les options d’Alex Thomson sont maintenant très réduites pour faire un coup et tenter de revenir pour reprendre l’écart de 60 milles qui les séparent, Armel va devoir veiller toute la nuit pour ne pas laisser échapper cette victoire qui lui résiste depuis maintenant dix ans. A 16h, Armel Le Cleac’h a viré de bord et se dirige maintenant tout droit vers Les Sables distantes encore de 290 milles.

Le chemin ne sera pas de tout repos pour lui puisqu’il va être contraint de longer les côtes et des DST où le trafic maritime est intense et où pêcheurs et casiers seront nettement plus dangereux qu’Hugo Boss.

Port Olonna se prépare et on sent la pression monter progressivement avec l’organisation qui se met en place. Les consignes ont été données à chacun pour pouvoir accueillir les skippers attendus demain en fin d’après-midi vers 19h, avec probablement 4h d’écart. Le chenal mythique sera ouvert de 18h à 1h du matin. Si Armel a de grandes chances de pouvoir le remonter, Alex Thomson devra peut-être patienter le lendemain matin jusqu’à 8h.

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La course du trio Dick-Elies-Le Cam relancée

Sailing aerial images of the IMOCA boat Finistere Mer Vent, skipper Jean Le Cam (FRA) during training for the Vendee Globe 2016, off Belle Ile in South Brittany, on october 13, 2016 - Photo Jean-Marie Liot / DPPI / Vendee Globe

Alors qu’Armel et Alex se livrent un beau duel pour la victoire et que Jérémie Beyou, 3è à moins de 1000 de l’arrivée, la 4e, 5e et 6e place ne sont pas encore jouées.
Jean-Pierre Dick sur son foiler St Michel Virbac bloqué dans une zone avec du vent variable voit revenir dans son tableau arrière Yann Eliès et Jean Le Cam, deux sacrés clients qui foncent sur lui le mors au dent. Ils en ont profité pour refaire une grande partie de leur retard. Ils sont désormais à 121 milles et le match du trio infernal est encore relancé.
« J’ai des conditions variables avec du petit temps, parfois des grains et une houle assez désagréable. Mais j’avance un peu ce matin, ce qui est une bonne nouvelle après la pétole d’hier, heureusement car Yann et Jean reviennent comme des boulets de canon.
En ce moment, il faut que le bateau soit prêt pour finir. Il faut bien régler le bateau, bien dormir, bien manger et ne pas paniquer. Armel a réussi à contenir Alex et c’est le même scénario qui se produit pour moi avec Jean et Yann. Concernant le match en tête, la zone de vent favorable à Alex est passée et ça devrait bien se passer pour Armel. »

Yann Eliès et Jean Le Cam se trouvent à environ 450 milles dans l’ouest de l’archipel du Cap Vert et évoluent toujours dans les alizés. Ils doivent composer avec des grains, ce mardi. Si la situation n’est pas simple, elle va toutefois se corser encore un peu plus dans les prochaines 24 heures lorsqu’ils vont aborder le sud-ouest de l’anticyclone des Açores. Dès lors, ce sera une zone de transition particulièrement perturbée, avec notamment du vent très instable en direction. Tout le jeu consistera alors à trouver le meilleur compromis entre route en plus et écarts de pression, mais dans tous les cas, il faudra mettre pas mal de nord dans sa trajectoire avant de refaire cap à l’ouest.

Yann Eliès : « Il n’y a pas beaucoup de vent. Je suis d’ailleurs repassé sous J1. Je me rapproche de l’espèce de front qui talonne Jean-Pierre Dick et je n’ai pas d’autre choix que de slalomer entre les grains tout en espérant que ça distribue pareil pour Jean (Le Cam) et pour moi ou que s’il y en a un des deux qui connais un peu moins de réussite, ce ne soit pas moi… Nous arrivons dans une zone de transition un peu foireuse avec le contournement de l’anticyclone. Le hic, c’est qu’elle avance avec nous et que ça risque donc de durer un moment. En attendant, il faut prendre ce qu’il y a à prendre et essayer de négocier au mieux les grains mais ce n’est pas simple de savoir comment aborder ces gros nuages. Jean-Pierre Dick est dans une situation encore plus délicate que Jean et moi…
Je n’ai pas refait tourner de routages aujourd’hui mais sur ceux que j’avais lancés il y a 48 heures, j’avais remarqué que Jean et moi étions effectivement susceptibles de revenir sur lui dans cette zone de transition. Et pour cause, il va buter dedans lors des deux prochains jours car s’il a failli accrocher le même système météo que Jérémie (Beyou), il se retrouve finalement planté dans le même que nous. Par conséquent, nous allons forcément le rattraper, même si c’est difficile de savoir dans quelle mesure. Reste que, comme lui, nous allons devoir faire le grand tour pour éviter la bulle anticyclonique. Cela signifie que nous allons devoir faire du nord pendant trois voire quatre jours puisque ce n’est qu’à partir de samedi prochain que nous choperons les dépressions qui nous permettront de faire de l’ouest… »

Jean Le Cam lui a baptisé son Spi Yannou parceque c’est comme ça!

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