Après avoir remonté le chenal des Sables sous les acclamations du public venu nombreux saluer sa victoire et un beau feu d’artifice, Armel a rejoint sa famille et les pontons à 19h. Il a ensuite répondu à nos questions à la conférence de presse.
“Ça fait du bien. Je suis content de gagner. Cela n’a pas été simple. C’était une bagarre intense avec Alex sur la remontée de l’Atlantique. Il y a eu beaucoup de suspens. C’était dur à vivre. Mais j’étais devant et je me suis accroché jusqu’à hier. Je me suis angoissé depuis le Cap Horn. j’avais peur qu’il revienne à ma hauteur. ”
” L’arrivée a été magnifique et même depuis tôt ce matin accompagnée par des bateaux et ce toute la journée. La remontée du chenal a été incroyable. L’émotion de l’arrivée, c’est un grand moment où l’on retrouve le public que l’on a quitté 74 jours plus tôt, le plaisir aussi de le retrouver. Je suis le premier a arrivé, c’est une fierté. Cela fait quelques jours que je me fais violence pour ne pas lâcher le morceau. J’ai eu le soutien de plein de monde. J’y ai cru. Je me suis battu. Oui j’ai le visage rayonnant parce que cela fait 10 ans que j’en rêve. J’étais là il y a 4 ans avec Banque Populaire mais il manquait quelque chose. Là c’est fait.
C’est une fois la ligne franchie que j’ai commencé à craquer. Je suis allé au bout de moi-même. Je me disais après le Cap Horn que ce n’est pas possible, tout est contre moi. C’est toute cette intensité qui est ressortie à la ligne d’arrivée.
Je veux remercier toute mon équipe. On est allé chercher cette victoire tous ensemble. Après avoir passé des mois à travailler, le bateau a été parfait. Je leur dédis cette victoire ils ont travaillé dans l’ombre. Avec Banque Populaire, je suis très heureux de faire partir de cette famille.
Je suis heureux d’avoir battu Alex, un peu comme dans un match de rugby France-Pays de Galles. C’était le crunch. Il s’est accroché et a tout donné. Bravo à lui, il a gagné une place comme moi cette année. Je lui souhaite de gagner l’année prochaine.
Le Vendée c’est une page qui se tourne. Je suis le 1er à le terminer pour la 3e fois. J’ai beaucoup donné de ma vie sur le Vendée. C’est une course difficile, longue, dure et intense. Après avoir réussi à gagner, accomplir mon rêve, je vais passer à autre chose. Un super projet en Ultime, retrouver François Gabart et Thomas Coville avec des courses palpitantes. Le Vendée c’était une belle histoire qui se termine en grande beauté.
Je vais retrouver les gens, un bon repas, passé une bonne nuit, communier avec les gens qui sont venus. La transition est brutale. On est a fond pendant 70 jrs, on est dans sa bulle. On oublie comment est ressentie la course à terre. Je ne pensais à ça. On arrive et on redécouvre cela. C’est très très fort.
Je me suis rasé il y a 4-5 jrs quand il n’y avait pas trop de vent un peu pour conjurer le sort. A chaque fois la météo n’était pas dans le bon sens pour moi depuis le cap Horn. Alex a été accrocheur. Cela m’a mis beaucoup de pression jusqu’à mon virement de bord près des îles Scilly où je me suis dit que cette fois c’était bon. En passant au large de Ouessant dans un terrain de jeu que je connais bien, je me suis retrouvé, c’était un plaisir et cela m’a fait du bien de naviguer dans ces coins.
J’ai eu quelques bricoles sur le bateau pas d’avarie particulière à part un hook de génois. Une voile que je n’ai pas pu utiliser depuis le milieu du Pacifique. Mais le bateau a répondu à toutes mes attentes. Le travail du team a payé. On a tiré l’expérience de notre Vendée Globe il y a 4 ans. On a construit un bateau performant, fait le choix des foils qui n’était pas évident au départ. On est allé au bout de notre démarche. On y a cru tout le temps. C’était notre force et c’était mérité.
Ce bateau ma procuré beaucoup d’émotions. C’es un bateau qui m’a donné beaucoup de plaisir. Je suis fier de ce qu’il m’a apporté. Le bateau est vendu à Louis Burton qui fait une très belle course et je lui souhaite de faire de belles choses avec à l’avenir. Avec le bateau on se parle. On prend soin du bateau et le bateau prend soin de nous. Chaque bruit est suspect. Tout peut aller vite à bord. On l’a vu avec les abandons sur le Vendée. Notamment ceux qui ont tapé des ofnis. On espère à bord que tout se passe bien et tout s’est bien passé.
Cela fait plaisir d’être à terre. Ca tangue un peu. Cela fait bizarre de retrouver la vie à terre. La vie sur un bateau c’est un peu spécial. On s’habitue, on se fait mal. J’étais là pour la bagarre, pour la gagne. Je l’avais dit. Quand on arrive, c’est un peu brutal.
La magie du Vendée Globe c’est l’arrivée, c’est génial.