Une nuit catastrophe pour Romain mais des dauphins, l’Ocean Indien dans toute sa beauté pour Clarisse, Armel qui avance.
Vendée Globe. Images du bord J34
Trophée Jules Verne. Les explications de Thomas Coville
C’est à la suite d’un contrôle de routine que l’équipage s’est aperçu d’un problème de direction et de safran qui s’est avéré plus sérieux. C’est plus qu’une déception pour Thomas Coville. C’est arrêter ce voyage. C’est une évidence qu’il y reviendra.
Après un peu plus de 16 jours de mer, Thomas Coville a pris la décision vendredi avec son équipage de ne pas poursuivre la tentative sur le Trophée Jules Verne. Après avoir essayé de réparer le safran tribord de Sodebo Ultim 3 avec François Duguet, le boat-captain et le reste de l’équipe, le skipper a choisi d’agir en bon marin et de ne pas « tenter le diable ». Le trimaran fait actuellement route vers La Réunion où il est attendu en fin de semaine prochaine.
C’est une journée de vendredi particulière qu’auront vécue, à des milliers de kilomètres de distance, les huit équipiers de Sodebo Ultm 3 en plein milieu de l’océan Indien, et les membres du team dans la base de Lorient. Tout a commencé par des premiers retours de deux des barreurs du bord, François Morvan et Matthieu Vandame. « Après une réflexion de François et de Matthieu sur leurs quarts qui avaient été difficiles à la barre dans du vent fort au portant, on s’est rendu compte lors d’un contrôle de routine qu’on avait un problème de direction, de safran, de gouvernail », explique Thomas Coville.
Après un premier diagnostic, le skipper décide de ralentir pour tenter de réparer le safran du flotteur tribord. Du côté de Lorient, l’équipe à terre se mobilise, comme le raconte Jean-Christophe Moussard, le team-manager : « On a un document spécial qui nous permet de gérer ces moments anxiogènes, pendant lesquels il y a beaucoup de choses à faire en même temps. Il faut notamment que les responsables techniques des pièces touchées rejoignent la cellule routage pour une coordination rapide et efficace avec le bateau. De notre côté, on est arrivé à la conclusion qu’après la réparation, le bateau ne serait plus à 100%. Mais, le dernier mot revient au skipper et à son équipage. »
A bord, Thomas Coville, après six heures passées avec François Duguet dans l’inconfort du flotteur tribord de Sodebo Ultim 3, se rend à l’évidence : « Le problème était plus sérieux qu’on ne le pensait au départ, si bien qu’il n’était plus possible de diriger le bateau avec les mêmes ambitions et surtout la même sécurité. » Le skipper, après avoir échangé avec la terre, réunit son équipage pour lui annoncer sa décision de renoncer à poursuivre cette tentative : « C’est super dur de vous dire ça mais c’est aussi mon job de vous ramener et de ramener le bateau à son armateur. On n’est pas « out », on a fait un truc super jusqu’aux Kerguelen, on était devant, je ne pense pas qu’il faille tenter le diable avec un bateau qui n’est pas à 100%. »
Pour Jean-Christophe Moussard, « Thomas a pris la décision qui s’imposait, c’est un homme d’expérience, il sait que le Pacifique est un « no man’s land », où personne ne vient te chercher. Prendre ce genre de décision après six heures passées dans le flotteur, il faut être costaud. »
Les équipiers accusent forcément le coup, certains yeux sont rougis, mélange de fatigue et d’une déception légitime après 16 jours de navigation intense. Interrogé samedi matin par Martin Keruzoré, Thomas Coville résume : « Le fait de prendre cette décision quasiment à mi-chemin a été plus qu’une déception. Quand vous êtes dans une spirale, que vous avez quelque chose qui vous prend les tripes et que tout le groupe est dans cette même atmosphère, arrêter ça, c’est arrêter quelque chose de trop beau. Je n’étais pas uniquement dans la projection de battre le Jules Verne, je voulais aussi continuer à vivre ce moment, cette expérience, ce voyage, qui étaient tels que je l’avais imaginé avec ce groupe qu’on a formé. Je n’avais pas envie que ça s’arrête. »
S’il parle « d’une école d’humilité », le skipper de Sodebo Ultim 3 sait aussi tout le beau chemin qui a été accompli jusque-là : « Le prix à payer est un peu fort, je suis très déçu, mais je ne suis pas abattu parce que c’est une évidence : on reviendra. On a un groupe et un bateau pour le faire, on a un partenaire qui veut bien y retourner aussi, donc l’avenir est devant nous. On écrira d’autres histoires, mais on continuera d’abord celle-là, tellement elle a bien démarré, ce n’est pas fini ! »
Ce périple n’est en effet pas terminé puisque le trimaran fait désormais route vers La Réunion, où il sera rejoint par une petite équipe technique pour remplacer les pièces défectueuses. « Nous avons choisi La Réunion plutôt que l’Australie pour plusieurs raisons, explique Jean-Christophe Moussard. D’abord parce que les conditions météo étaient plus favorables pour rejoindre la Réunion, ensuite parce qu’on pouvait envoyer plus facilement une équipe technique. Pour l’Australie, les conditions sanitaires actuelles imposaient une quatorzaine en isolement. La Réunion est un département français, c’est donc beaucoup plus simple pour s’organiser. Pour rentrer à Lorient en passant par le Cap de Bonne Espérance, les systèmes météo sont plus favorables. Dans les premiers échanges que nous avons avec les Réunionnais, on les sent déjà très enthousiastes pour nous aider et nous accueillir, on va vivre de beaux moments de partage. »
L’escale à Port Réunion au Nord-Ouest de l’île devrait durer quelques jours, après quoi l’équipage reprendra la mer pour environ trois semaines jusqu’à Lorient où il est espéré à la mi-janvier. Un nouveau départ pour le Trophée Jules Verne sera-t-il alors possible cet hiver ? « Non, on ne repartira pas, le bateau aura fait plus qu’un tour du monde en nombre de milles, il a besoin d’être révisé, inspecté sous toutes ses coutures, mais nous allons profiter du retour pour continuer à travailler sur la connaissance et la performance de ce jeune bateau mis à l’eau en Mars 2019 », conclut le team-manager.
Vendée Globe. Apivia va t-il conserver son leadership ?

Charlie est resté collé hier dans une zone sans vent. Il avance avec le vent aujourd’hui, ce qui rend compliqué sa progression et favorise le retour de ses poursuivants.
On assite à un regroupement en tête de la flotte : 522 milles séparent le premier du onzième alors que l’écart était de près de 800 milles en début de semaine. 194 milles d’avance sur Thomas Ruyant (LinkedOut) et 297 milles sur Yannick Bestaven (Maître CoQ) jeudi matin 9h00, 134 milles d’avance et 161 milles vendredi matin 9h00 et 73 milles et 80 milles ce samedi 9 heures… A noter la belle option plein nord de Benjamin Dutreux qui pourrait faire de bons gains.
« Hier, j’ai vu mon avance fondre à vue d’œil explique Charlie ce matin. J’ai traversé une zone de molle. Cela faisait un moment que je l’avais repérée sur les cartes et je ne savais pas trop comment l’aborder. L’éviter faisait faire un énorme détour. Sur le papier, j’avais moins de 8 nœuds de vent dedans. J’ai eu des phases à 3 nœuds. Ça a été compliqué à gérer… J’avance en même temps que le vent rentre. Derrière, c’est plus établi avec un angle un peu meilleur. Je pense que l’hémorragie est un peu stabilisée, mais elle n’est pas complètement jugulée, il y a des chances pour que je continue à perdre quelques milles encore quelques temps. C’est comme ça ! ».
Oui, Charlie a perdu de son avance au gré des pointages et butte, impuissant, dans des zones de vent plus faible. Oui, les vitesses d’APIVIA jouent les montagnes russes et ont varié de 3 (5,6 km/h) à 23 nœuds (42,6 km/h) hier et dans la nuit. Il faut bien voir que si les poursuivants naviguent dans le même système météo, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Prime d’ailleurs à ces derniers qui bénéficient de plus de pression et reviennent, remarquablement, sur les deux premiers. Deux premiers qui ont été également forcés et contraints de parcourir plus de milles pour venir se recaler sur la route et sur la ZEA (Zone d’Exclusion Antarctique) australienne, à cause de ce décalage dans le Nord opéré en début de semaine pour minimiser les affres de la dépression secondaire. Un recalage qu’APIVIA a poussé encore plus loin que LinkedOut, puisque Charlie a plongé toujours plus Sud-Est de 80 milles.
Antoine Carraz (Directeur Technique d’APIVIA) développe : « Il y a eu deux explications à ces petites pertes de vitesse : tout d’abord, Charlie a eu besoin de se reposer après la dépression de mardi et mercredi. Il est passé de rafales à 55 nœuds à 10 nœuds de vent. Il a fallu aussi brasser pas mal de voiles, faire le check du bateau, le remettre en ordre de marche normal pour ces nouvelles conditions. Ensuite, il a connu un enchainement météo qui n’était pas optimal. Quand il a empanné jeudi après-midi, il n’a pas eu beaucoup de vent et puis, ensuite, il est tombé dans une zone de molle. Et, on constate que le vent revient par derrière… Quand APIVIA était à 30° de la route dans de la molle, les autres étaient sur la route 10 nœuds plus vite. Cela revient vite au classement, c’est assez normal… ». Moins de vent devant et plus de route à parcourir : rien d’étonnant à ce que les écarts se réduisent. Inutile de dire que si d’habitude, dans les mers du Sud, on regarde dans le rétroviseur pour voir venir les systèmes dépressionnaires, là c’est bien la meute de poursuivants qu’il faut dorénavant surveiller.
Les 11 premiers bateaux naviguent dans une petite dorsale à l’Est de l’anticyclone des Mascareignes. Le vent de Sud-Ouest est un peu plus faible depuis hier pour Charlie Dalin (Apivia) que pour ses poursuivants, ce qui explique le fait que la flotte est revenue sur lui. Les écarts ne sont plus que de quelques heures entre le premier et le troisième (80 milles).
A partir de lundi, l’élastique devrait commencer à se retendre. Le groupe de tête aura plus de vent avec la dépression qui arrive d’Australie. Ils devraient pouvoir reprendre un peu d’avance sur les poursuivants qui seront englués dans l’anticyclone qui continue à s’étendre vers l’Est. Cette période de calmes sera de courte durée. L’ensemble du groupe des 11 premiers, de Charlie Dalin (Apivia) à Maxime Sorel (V and B Mayenne) devrait retrouver du vent dès mercredi. Combien de bateaux arriveront à se glisser dans cette petite échappée ? Réponse mardi matin.
Derrière, l’ensemble de la flotte naviguera ce soir dans l’Océan Indien. Les conditions sont plutôt clémentes pour les skippers. C’est probablement Clarisse Cremer (Banque Populaire) qui aura le plus de vent dans la journée, en avant d’un petit front. Les conditions de mer sont également maniables avec des vagues de 2 à 4 mètres, selon les zones.
Vendée Globe. Armel Tripon et Jérémie Beyou reviennent dans la course
Armel Tripon sur l’Occitane en Provence a refait un tiers de son retard et Jérémie Beyou sur Charal vient de dépasser le dernier de la flotte. Si les leaders ont franchi la moitié de l’Ocean Indien et entameront la semaine prochaine le Pacifique, rien n’interdit un retour des deux récents foilers.
Ce Vendée Globe ne cesse de nous surprendre et on ne peut pas exclure un retour d’Armel Tripon et de Jérémie Beyou. Les conditions météos favorisent encore quelques jours un retour par l’arrière et Armel Tripon a pu ainsi rattraper 500 milles de ses 2000 milles de retard au passage de l’Equateur. Il évolue encore à bonne vitesse avec une trajectoire plein est parfaitement favorable pour lui qui devrait l’amener à 1000 milles des leaders.
Jérémie Beyou sur Charal devrait rattraper tout son petit groupe de 6 bateaux au passage du Cap de Bonne Espérance mais il devra patienter encore un peu pour attraper le passage d’un front pour bénéficier de bonnes conditions pour filer plein est. Il est à 3500 milles des leaders, 1500 milles d’Alan Roura 15e, 2500 milles de Clarisse. Tout reste possible pour les deux hommes.
Vendée Globe. Clarisse plus sud

Clarisse poursuit sa course à son rythme dans un ocean indien plus calme avec 2 m de houle. Contrainte de naviguer plus sud, elle doit remettre le chauffage portatif en marche.
Trophée Jules Verne. Sodebo met fin à sa tentative suite à son avarie de safran
Suite à son avarie de safran l’équipage de Sodebo Ultim 3 a décidé ce vendredi 11 décembre d’interrompre sa tentative sur le Trophée Jules Verne. Une déception pour l’équipe après 16 jours de mer qui était bien partie.
Alors qu’ils naviguaient entre les Kerguelen et le Cap Leeuwin, à plus de 30 nœuds, Thomas Coville et ses sept équipiers ont constaté une avarie sur le safran tribord. Après plusieurs heures de travail acharné, d’échanges avec l’équipe technique à terre, ils ont dû se rendre à l’évidence.
La réparation ne permet plus au bateau de naviguer à 100% de ses capacités pour tenter de battre le record du Trophée Jules Verne, ils ont décidé d’interrompre leur tentative débutée le 25 novembre à 2h55.
Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame auront montré que Sodebo Ultim 3 avait le potentiel pour battre le record d’Idec Sport (40 jours 23 heures et 30 minutes).
C’est donc légitimement très déçus qu’ils renoncent à la suite de ce tour du monde, mais avec la conviction que le record est à leur portée.
Pour la suite des opérations et des questions de logistiques, ils font route vers la Réunion – distante de 2300 milles d’où ils se trouvent actuellement – afin de fiabiliser le bateau et repartir en toute sécurité vers Lorient.
Patricia Brochard, co-présidente de Sodebo : « S’engager sur le Trophée Jules Verne requiert une préparation humaine et technique de très haut niveau. Thomas, François, Sam, Corentin, Martin, François, Thomas et Matthieu ont été à la hauteur de ce défi et ont fait preuve d’un engagement mental et physique total. A terre, la cellule routage et toute l’équipe lorientaise ont également été admirables durant cette tentative. Je tiens à les remercier pour tout le travail effectué. Nous avons réussi le pari de faire rêver nos publics à travers cette aventure hors-norme. Cet abandon est bien sûr une déception pour tous. Mais il sera aussi formateur et apprenant afin d’aller relever nos prochains challenges. »
Vendée Globe. Abandon de Fabrice Amedeo pour problèmes informatiques

Fabrice Amedeo a finalement décidé d’abandonner suite à ses problèmes informatiques. Son deuxième ordinateur de bord est en rade et sans cet outil, il devient très délicat d’aborder les mers du Sud.
Les explications de Fabrice Amedeo envoyées à son équipe :
« Chers amis. Mon bateau va bien. Nous avons pris soin l’un de l’autre et j’avais géré quelques petites bricoles dans l’anticyclone de Sainte-Hélène. Mon bateau va bien mais depuis hier il est aveugle : suite à un nouveau problème d’ordinateur, je ne peux plus télécharger les fichiers météo, calculer la trajectoire optimale, la plus rapide possible mais aussi parfois la plus sage possible. Face à cet obstacle irrémédiable sur ma route, deux options : arrêter ici mon Vendée Globe ou continuer. Il est possible de continuer à l’ancienne, sans information et de traverser ainsi les mers du Sud. Se laisser pousser par les éléments pendant un mois vers le cap Horn. Mais nos bateaux à foils sont diaboliques dans du vent fort et je veux pouvoir naviguer selon un principe qui a toujours été le mien : en bon marin et en ayant le sentiment de maîtriser ma sécurité et celle de mon bateau. J’ai donc décidé d’arrêter à Cape Town mon Vendée Globe. C’est une décision qui a été difficile à prendre mais que j’assume. Je suis très malheureux mais je sais que je vais rebondir. Je remercie et je pense fort à mes partenaires à qui je rêvais d’offrir une arrivée aux Sables d’Olonne, comme une petite lumière au bout du tunnel de cette année 2020 qui a été compliquée pour tout le monde. J’adresse aussi un immense merci à mon équipe technique qui a fait un super travail. Le Vendée Globe raconte des histoires de vie et l’échec en fait partie. Je vais digérer cet échec qui me fera grandir et revenir plus fort et plus solide. »
Le choc est rude et la décision difficile. Compétiteur dans l’âme, marin passionné, Fabrice Amedeo doit se résoudre à abandonner le Vendée Globe. Depuis jeudi matin, le skipper de Newrest – Art & Fenêtres est privé de ses deux ordinateurs. Seul le GPS du bord lui permet de connaitre sa position sur l’océan. « Nos bateaux à foils sont diaboliques dans du vent fort, explique Fabrice. Je veux pouvoir naviguer selon un principe qui a toujours été le mien : en bon marin et en ayant le sentiment de maîtriser ma sécurité et celle de mon bateau ». L’avarie est survenue alors qu’il évoluait en 21e position dans un vent de 25 à 35 nœuds et une mer très formée. « C’est très dur à encaisser », reconnaît-il alors qu’il se rend désormais à Cape Town (Afrique du Sud).
Fabrice s’était accroché comme jamais
Depuis le départ, il y a 33 jours, Fabrice Amedeo a fait preuve d’une abnégation rare alors que les ennuis se sont multipliés. Quelques heures après le départ, le 8 novembre dernier, le skipper de Newrest – Art & Fenêtres avait dû faire demi-tour à cause d’une avarie en tête de mât. Immobilisé deux jours aux Sables-d’Olonne, il avait pu repartir en bénéficiant des encouragements des Sablais sur le chenal, une vague d’enthousiasme précieuse. « Je vais puiser dans l’amour et les encouragements de ces personnes pour braver les ennuis », écrivait-il alors.
Ensuite, rien n’a été facile. Dès la première nuit, il affronte des rafales de 42 nœuds et son premier ordinateur de bord ne résiste pas. Il doit utiliser le second et reconnaît « vivre avec une épée de Damoclès ». Puis, Newrest – Art & Fenêtres a dû résister aux affres du pot au noir – beaucoup moins favorable que pour le reste de la flotte – se rapprocher des côtes brésiliennes et batailler contre l’anticyclone de Sainte-Hélène. Dans cette difficile progression, les conditions n’ont jamais été à sa faveur.
Malgré toutes ces difficultés, Fabrice est resté optimiste en attendant « des jours meilleurs » et que « la chance tourne ». Il était parvenu à rattraper et prendre la tête d’un groupe de huit skippers. Le problème informatique a mis un arrêt brutal à sa progression. Positionné à 190 milles des côtes sud-africaines, il fait actuellement route vers Cape Town qu’il devrait atteindre demain soir ou dimanche matin. Son équipe technique s’organise pour le rejoindre et faire les réparations nécessaires afin de permettre à Newrest – Art & Fenêtres de reprendre la mer en sécurité. Le bateau étant équipé de deux capteurs océanographiques toujours en fonction, la collecte de données précieuses pour les scientifiques va continuer et permettre une campagne de mesures sur un tour complet de l’Atlantique.
Trophée Jules Verne. Avarie de safran sur Sodebo
Sodebo Ultim 3 navigue au ralenti depuis ce matin et tente de réparer l’un de ses safrans. Il accuse désormais 150 milles de retard. On ne connait pas encore la raison de l’avarie.
L’océan Indien, qui avait été si favorable à Idec Sport il y a quatre ans lors de sa tentative victorieuse sur le Trophée Jules Verne, s’avère décidément bien plus capricieux pour Sodebo Ultim 3. Depuis qu’ils ont franchi le Cap des Aiguilles lundi matin, Thomas Coville et ses sept équipiers doivent en effet composer avec une mer croisée et formée qui les a contraint à progresser vers l’est avec prudence et maintenant au ralenti pour tenter de réparer l’un des safrans.
Ce qui explique que leur avance accumulée à Bonne-Espérance sur le détenteur du record se soit transformée en retard ce vendredi matin de 150 milles à 11h contre 50 milles à 6h.
Invité jeudi soir du live organisé chaque semaine au sein de la base du team à Lorient, Philippe Legros, qui compose la cellule de routage à terre avec Jean-Luc Nélias, analyse :
« Nous savions qu’Idec avait eu une trajectoire idéale dans l’océan Indien, parce qu’il avait gardé un phénomène météo très longtemps, ce qui lui avait permis de faire très peu de route et de manœuvres. C’est pour ça que nous voulions passer au Cap de Bonne-Espérance en avance. On mange un peu notre capital en ce moment, mais il reste encore énormément de terrain et on attend le Pacifique avec impatience, la trajectoire d’Idec y avait été moins limpide. Il y aura également beaucoup de choses à jouer dans la remontée de l’Atlantique. »
En attendant, l’équipage fait le dos rond et s’appuie sur sa cohésion pour traverser cette phase un peu plus compliquée pour les nerfs. Ce qu’a confirmé Thomas Coville lors du live :
« On a des garçons incroyablement solidaires, il y a une vraie complicité, une envie de vivre ensemble, le groupe a fait un pas en avant énorme au niveau de la cohésion, de la compétence et de la confiance, c’est magnifique à voir. »
Le skipper de Sodebo Ultim 3 a eu la surprise de pouvoir échanger avec l’entraîneur du quinze de France de rugby, Fabien Galthié, avec lequel il a noué des liens proches (ce dernier est même venu naviguer sur Sodebo Ultim 3) et dont il s’est lui-même inspiré pour endosser son rôle de sélectionneur de l’équipage. « C’est un peu surréaliste d’entendre Fabien Galthié dans la nuit noire au large des Kerguelen, c’est le kif total, incroyable ! ». Quant à celui qui, avec une équipe de France composée quasi exclusivement de néophytes, a fait trembler l’Angleterre dimanche dernier (défaite 22-19), il a confié, à l’adresse des huit « Sodeboys » : « Je voudrais leur dire toute l’admiration que j’ai pour eux, leur témoigner mon support inconditionnel. Dans cet équipage, j’ai vu de la passion, de l’humilité, de la force de caractère, ils vont y arriver ! »
Vendée Globe. Thomas Ruyant ” Chaque jour, on est « jetlagé » ! “
La fin de cet Océan Indien en sa partie australe s’annonce plus agréable. Toujours calé en deuxième position derrière Charlie Dalin, Thomas Ruyant se fait philosophe, heureux de sa 2e position préservée. Au pointage de 9h00 ce vendredi, LinkedOut revient sur le leader, Charlie Dalin, avec 134 milles de retard..
« Je navigue sur mon foil tronqué et ce sont des conditions où il me manque cruellement ! Mais bon, c’est comme ça et ça va durer jusqu’à la fin du tour… Je ne me plains pas mais je perds environ 20% du potentiel du bateau sur ce bord tribord amures. Dans la brise, ça se ressent un peu moins, mais dans certaines conditions comme en ce moment, ce sont cinq nœuds supplémentaires qui partent en fumée. Il y a encore de la mer, mais c’est dans le bon sens : la houle pourrait me faire démarrer pour que le foil soit efficace. »
Avec 134 milles de débours ce matin sur le leader, Thomas est plus que jamais à l’affût, prêt à exploiter la moindre défaillance d’Apivia. Il voit dans ses rétroviseurs la menace Bestaven se préciser. Le skipper de Maitre Coq traverse l’Indien comme une fusée, sur une trajectoire plus efficace que celle de LinkedOut revenu de son perchoir au nord de la flotte pour contourner la dépression de ces derniers jours. Un resserrement des trajectoires au sein du groupe leader est attendu et c’est bien aligné que les 6 protagonistes de tête devraient franchir dimanche la longitude du Cap Leeuwin, à la pointe occidentale de l’Australie.
Les mots de la nuit :
« Le dernier obstacle a été passé il y a 24 heures… Ça fait du bien quand on sait que devant nous, ce sont plutôt des conditions assez « cool ». Ça permet aussi de régler les petits soucis du bord, de prendre du temps un peu pour moi, de bien manger : j’ai bien dormi cette nuit. Le vent est encore un peu irrégulier, mais j’ai du ciel bleu ! En tous cas, ça fait du bien une petite pause parce que depuis le début de l’océan Indien, on a été vraiment servi en météo. J’ai eu deux lattes de grand-voile à changer hier : j’étais sans GV pendant 2-3 heures, mais c’est allé assez vite parce que j’avais l’expérience de 2016. Il y a toujours des trucs à faire sur ces bateaux, de l’entretien, mais je suis opérationnel et LinkedOut aussi.
Là, tactiquement, je fais du Sud-Est pour me repositionner devant mes concurrents, mais je n’ai pas trop le choix car j’ai pour l’instant du vent d’Ouest ! Je me dirige vers la ZEA qu’a priori, nous allons tous longer pendant un petit moment… Mais c’est un peu le bord obligatoire aussi. Les conditions de navigation à venir sont chouettes parce qu’il n’y a pas de coup de vent de prévu, si ce n’est un petit passage en arrière d’une dépression, et encore : ça peut changer et le « timing » aussi. Mais ce que je vois jusqu’à la Nouvelle-Zélande, ce n’est que du tribord amures ! Ça ne m’arrange pas des masses… Mais je fais avec : j’essaye de trouver le bon fonctionnement du bateau avec mon foil bâbord abîmé.
Et on va quand même assez vite vers l’Est et le décalage horaire est important : chaque jour, on est « jetlagé » ! Il faut arriver à suivre le rythme du soleil pour bien dormir… »
Vendée Globe. Regroupement en tête à venir

Charlie Dalin sur Apivia a perdu quasiment 100 milles d’avance en 24h sur Thomas Ruyant et le groupe de l’est emmené par Yannick Bestaven. Les conditions météos à venir devraient favoriser un regroupement en tête avec 11 bateaux en moins de 100 milles au passage du cap Leeuwin. C’est rare.
Décidément, ce Vendée Globe reste atypique avec un scénario qui multiplie les rebondissements. Si le leadership d’Apivia n’est pas en danger sur ce Vendée, il pourrait être contesté dans les heures à venir avec un passage sans vent compliqué à passer et où les bateaux à dérives ont leur carte à jouer. On pense à Jean Le Cam ou Benjamin Dutreux dont l’expérience du Figaro sera un atout.
Yannick Bestaven, Jean Le Cam, Benjamin Dutreux, Damien Seguin, Boris Herrmann, et même un peu décalés derrière, Isabelle Joschke et Giancarlo Pedote, frisent les vingt nœuds ! En fait, ce pack auquel il faudrait ajouter Maxime Sorel (V&B-Mayenne), commence à franchement allonger la foulée… Le deuxième cap de ce tour du monde devrait donc être paré en tout début de semaine.
Romain Attanasio (PURE-Best Western Hotels & Resorts) et Clarisse Crémer (Banque Populaire X) s’accrochent en bordure d’anticyclone et devraient plonger un peu vers le Sud-Est avant de toucher le dos d’une dépression peu active dans le Nord-Est de l’archipel des Kerguelen.
De même, Armel Tripon (L’Occitane en Provence) a de quoi se satisfaire d’un flux de Nord-Ouest qui lui permet de descendre vers la grande île française australe. Certes il est bien seul désormais, mais il a de quoi revenir sur ses devanciers, à 700 milles tout de même de son étrave… Or il a fait le « break » vis-à-vis de ses poursuivants puisque Alan Roura (La Fabrique) et derrière, Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) et Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle), tentent de se débarrasser d’un anticyclone gluant qui ne semble pas convenir non plus à Manuel Cousin (Groupe SÉTIN)…
Quant à Fabrice Amedeo (Newrest-Art & Fenêtres), il se pose des questions sur la suite à donner à son deuxième Vendée Globe : en proie à des problèmes récurrents d’ordinateurs (son deuxième matériel est en rade), le solitaire fait route à petite vitesse vers l’Afrique du Sud et doit prendre une décision ce jour quant à savoir s’il continue « à l’aveugle » ou s’il jette l’éponge à Cape Town… Enfin si Jérémie Beyou (Charal) n’a pas encore débordé le Finlandais Ari Huusela (STARK), cela ne saurait tarder. Très au Nord dans un flux de Sud-Ouest, le triple vainqueur de La Solitaire du Figaro devrait fondre sur le Japonais Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One) d’ici la fin de ce week-end.










