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Vendée Globe. Arrivée de Maxime Sorel

LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 30 JANVIER: Skipper Maxime Sorel, VandB - Mayenne, est photographié au ponton lors de son arrivée du Vendee Globe, le 30 Janvier 2021. (Photo Vincent Curutchet/Alea)

Maxime Sorel termine 10e de ce 9e Vendée Globe. Le skipper de V and B – Mayenne a fit une course incroyable du début à la fin.

” Les dernières 72h, c’était une course contre-la-montre. J’ai pris seul la décision de passer devant cette dépression. La Direction de Course m’a averti que c’était chaud, qu’il allait y avoir beaucoup de vent et de mer, que ça allait être compliqué de passer la ligne et de rejoindre le chenal. Il y avait beaucoup de choses qui faisaient que je devais attendre, mais je voyais que ça passait, j’avais envie d’arriver aussi. J’ai mis toutes les choses sur la table, et je me suis dit “ J’y vais”… et je suis là. J’ai cravaché jusqu’au bout, j’étais au-dessus de mes routages. J’étais à 105 % de mes polaires ! Malheureusement, je n’ai pas pu me rendre compte de ce que j’ai vécu. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir à ma course. Il y a encore 45 minutes, avant le passage de la ligne, je faisais une sieste. Je suis dans une sorte d’ivresse de dette de sommeil.

Le pont de V and B – Mayenne fissuré

C’est vrai qu’au moment du naufrage de PRB, j’avais ça dans la tête. Mon bateau est quasi identique, PRB étant un peu plus léger. Et mon bateau a eu des gros soucis sur le dernier Vendée Globe 2016 (ndlr : abandon de Thomas Ruyant). Forcément j’avais ça dans la tête et je n’ai pas pu attaquer quand je souhaitais dans le grand Sud. Peut-être que si j’avais attaqué plus, je ne serais pas là aujourd’hui. Quand le pont s’est fissuré et que j’ai dû réparer, ça ne s’est pas vu. Et quand j’ai pris la décision de passer devant (la dépression sur le Gascogne, ndlr), il a fallu mettre du charbon. Si jamais ça cassait, j’étais près des côtes, donc ça allait.

Je savais en partant que j’avais une mission importante : finir. Mais finir ce Vendée Globe avec ce bateau qui a effectivement eu pas mal de déboires sur d’autres courses, c’est génial. J’ai inspecté le bateau très souvent, mon équipe m’a aidé à le faire, on a tenu un tableur pour voir ce que l’on avait à contrôler. Là, je me rends compte d’une petite fissure sur la peinture, vraiment infime. Et en fait je passe le doigt et ça accroche. J’ai tout de suite alerté mon équipe technique qui a contacté les architectes. Ils ont dit direct “Faut ouvrir, la première peau est cassée, la mousse aussi”. Il a fallu faire de la grosse chirurgie pour que la fissure ne se propage pas sur le pont.

Quand j’ai appris ce qui s’est passé sur PRB, cela a été difficile à vivre en mer. La course s’arrête un peu car on sait qu’il y a un gars tout seul sur un radeau. On tire moins sur les bateaux après ça. C’était un moment dur, au début du grand Sud, je rêvais de vagues énormes et de longs surfs. Il ne fallait pas que je fasse de « plantés » à 25 nœuds. Ils sont marrants, les architectes ! D’un coup, tu dérègles le bateau. J’ai fait des surfs à 29,7 nœuds. Quand tu t’arrêtes dans le bas de la vague, tu sens que le bateau craque. J’ai connu un départ à l’abattée, j’ai cru que c’était la fin. Je pensais que le mât allait casser. J’ai mis 1h45 à me sortir de là, il y avait 55 nœuds. S’il y avait un concours de passage de caps, je gagnerais : au Leeuwin, j’étais en tête de mât ; au Horn, j’étais en vrac total. Au pire, si le bateau démâtait, j’avais encore la coque.

Introspection

Je suis quelqu’un qui vit à mille à l’heure. La préparation d’un Vendée Globe, c’est dingue, on est partout sur tous les fronts, on est une petite équipe, je tire toutes les ficelles de mon projet, j’adore ça. C’est vrai que la première semaine de course, on était à fond, il se passait plein de choses, c’était l’euphorie. Et, passé l’équateur, on se retrouve 5-6 jours sur le même bord. Je découvre alors une émotion : l’ennui. Je me rends compte que c’est le début d’un Vendée Globe, je me demande comment je vais vivre ça. Je me fais une introspection et en écoutant une musique propre à la réflexion, je me mets à écrire ce que je ressens. Je me suis rendu compte que c’était une chance, que la course donne du temps pour nous. Il fallait que je passe par ce stade, je l’ai appelé “le 4e cap”. C’est celui de l’intérieur. Je ne sais pas de quelle manière je suis un autre homme, mais en voyant l’émotion de mes proches, mon équipe, vous voir tous là, je sais pourquoi je l’ai fait. Il faut finir le Vendée Globe pour avoir envie d’y retourner. Il faut que je prenne du recul, que je me refasse la course pour savoir comment j’ai changé.

Perte de poids et de muscles

J’ai perdu du poids, je n’ai plus de mollets, c’est hallucinant. Je faisais des squats par moments dans la remontée parce que les conditions le permettaient. Je ne sais pas combien de kilos j’ai perdu, mais j’ai perdu. Pour la gestion de la nourriture, ce n’est pas du tout comme une transat habituelle. J’ai une nutritionniste, je travaille mon sommeil. Ça s’est bien passé pendant 10 jours. Dans le Sud, avec le décalage horaire, je n’y arrivais plus du tout. Je pensais manger beaucoup plus dans le Sud, mais en fait pas du tout. J’ai encore de quoi faire une transat en double dans le bateau ! Si vous voulez à midi, on peut manger du lyophilisé, il y en a pour tout le monde ! Il y a de très bons trucs cela dit !

Finir le Vendée Globe à tout prix

J’ai trouvé ça dur mais en lisant ce que disait Jean Le Cam, ça devait être une édition dure. C’était mon premier et je pense que l’avenir est clairement sur les foilers, peut-être différemment, la classe IMOCA y travaille. Ce serait bien de réussir à limiter les budgets. C’est une classe au top, super internationale, où il y a énormément d’échanges.

Le plateau est très homogène. Moi, j’ai fait plein de top 5 avec le bateau. Je n’irai pas vers un bateau extrême. Il faut finir le Vendée Globe pour faire une bonne place. Il faut surtout savoir pallier les avaries. J’ai un peu de mal à comprendre qu’on abandonne pour une petite avarie. On peut voir ce que fait Sam (Davies), Jérémie (Beyou). J’ai écrit à Jérémie pour lui dire que je trouvais dingue ce qu’il était en train de faire, je pensais à lui, il est parti en se disant qu’il allait gagner. Il vit un enfer. Je me mettais à sa place et je me disais que je n’étais pas mal loti.

J’étais en tête sur 8 pointages, c’était magique, le premier matin où on se réveille au cap Finisterre, on voit les côtes, on est tous les uns à côtés des autres, on attaque, deux jours après je suis premier, je reste premier. C’était du bonus et j’ai pris….

Retour en 2024 !

J’ai démarré la course en large en 2014, là où V and B m’a rejoint. La Mayenne nous a rejoints un an et demi avant le départ du Vendée Globe. Nous ne sommes pas nombreux dans l’équipe, nous n’avons pas beaucoup de moyens. On est allé rêver une première fois autour du monde. J’ai envie d’aller faire plus, j’aime la compétition, j’aimerais être au contact des bateaux de devant. Je serai au départ du Vendée Globe 2024 avec un bateau à foils. On a le souhait de continuer ensemble, on a un magnifique dragon dans les voiles pour vaincre la mucoviscidose.

J’avais la mission de montrer que rien n’était impossible. Pour moi, mes partenaires, mon équipe, pour l’association. C’était une grosse mission ! Mais je suis un peu comme ça dans la vie. Ce que j’ai trouvé chouette, c’est le temps qu’on a pour raconter les choses. Il n’y a pas ça sur les autres courses, ça va trop vite. On n’a pas le temps de scénariser les choses que l’on vit. On vit des choses pas simples à raconter en mer. Mais j’essaie de raconter un petit bout de ce que je vis. Je ne suis pas un solitaire, j’ai passé mon temps à écrire à plein de gens. On avait un autre projet en parallèle de celui-ci. Un des cofondateurs de V and B a fait le tour du monde de tous les magasins, c’était son Vendée Globe à lui. On a vécu en parallèle, sa course et la mienne. On se faisait des visios dans les magasins. J’avais besoin de ça ! “

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Vendée Globe. Benjamin Dutreux : “Faire des grandes choses avec peu de choses”

LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 29 JANVIER: OMIA - Water Family, skipper Benjamin Dutreux, est photographié avec du champagne et son équipe lors de son arrivée du Vendee Globe, le 29 Janvier 2021. (Photo Yvan Zedda/Alea)

Benjamin Dutreux (OMIA – Water Family) a bouclé le tour du monde après 81 jours 19 heures 45 minutes 20 secondes de course. Il a remonté le chenal avec une belle ferveur populaire pour accueillir un sablais.

” C’était une arrivée incroyable, il se passe tellement de choses dans ma tête. J’ai tout donné jusqu’à la fin et je suis juste heureux d’avoir bouclé ce premier Vendée Globe.  J’ai vu mes partenaires en premier, qui sont arrivés avec mon frère qui pilotait. C’était assez incroyable de voir autant de gens d’un coup, tout le monde en délire. C’était un moment fort en émotions et inoubliable.  Dormir me ferait immensément plaisir, mais avec l’adrénaline, ça serait impossible. Je suis avec trois personnes de l’équipe, donc on discute, c’est super chouette de les retrouver. Ils m’ont ramené une bonne grosse pizza et ça m’a fait très plaisir. Ce qui me fait le plus plaisir, ce n’est pas de manger ou de dormir, c’est de les revoir. On se félicite ensemble d’avoir bouclé le tour du monde. 

Ce que Jean (Le Cam) a fait est indescriptible. Il a fait taire plein de gens. C’est assez dingue. Il arrive à me faire dire que je vais pouvoir faire encore plein de tours du monde. Je l’appelle ‘l’enfant’. On dirait un enfant qui donne tout ce qu’il a et qui se donne à fond “. 

Première réaction de Benjamin Dutreux après son arrivée

Réaction de Benjamin Dutreux au ponton

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Vendée Globe. Arrivée de Benjamin Dutreux 9e du Vendée Globe

Benjamin Dutreux arrivée Vendée Globe
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - JANUARY 29: OMIA - Water Family, skipper Benjamin Dutreux, is pictured during arrival of the Vendee Globe sailing race, on January 29, 2021. (Photo by Jean-Louis Carli/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 29 JANVIER: OMIA - Water Family, skipper Benjamin Dutreux, est photographié lors de son arrivée du Vendee Globe, le 29 Janvier 2021. (Photo Jean-Louis Carli/Alea)

Benjamin Dutreux a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne ce vendredi à 10h05 après 81 jours, 19 heures, 45 minutes et 20 secondes de course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Le skipper d’OMIA- Water Family dont c’était le premier Vendée Globe termine 9e après avoir animé la course dans le groupe de chasse, souvent aux côtés de Jean Le Cam et de Damien Seguin. A 30 ans, armé d’un bateau de génération 2007 à dérives classiques, il a été une des révélations de cette édition.

C’est le retour de l’enfant du pays ! Celui qui avait bataillé pour être au départ de son premier tour du monde en solitaire a aussi relevé le challenge sur l’eau ! Installé aux Sables d’Olonne depuis l’adolescence et ses débuts en cata de sport, Benjamin est un pur produit de la formation vendéenne à la course au large. Sélectionné au Pôle Team Vendée Formation, il s’est fait remarquer ces dernières années sur le circuit Figaro, notamment lors d’une belle saison 2018 (il termine 5e de la Solitaire).

Pendant ces 81 jours de navigation au contact autour de la planète, il a encore démontré ses talents de régatier en animant la bagarre au sein du peloton de poursuivants. Pendant les premiers jours de course, de la traversée du golfe de Gascogne au large des Açores, il fait même partie des trois meneurs et sera pointé en tête le temps d’un classement le 10 novembre, après le passage du cap Finisterre (à l’intérieur du DST). Il est aussi de ceux qui traversent au cœur de la dépression tropicale Thêta, dans le sillage de Jean Le Cam et Alex Thomson.

Il fait son entrée dans le Grand Sud en 10e position. Il épate son monde et s’étonne presque lui-même. Il écrit : « je me suis éclaté sur ce premier mois. J’ai pu régater au contact de beaux bateaux. Et se retrouver avec un tel classement à ce moment de la course, c’est incroyable pour un petit budget et une petite équipe comme la nôtre ».

Dans les mers du Sud, ces mers hostiles qu’ils ne connaissait pas, il excelle. En compagnie de Jean Le Cam, Damien Seguin et Boris Herrmann avec qui il ne cesse de croiser le fer, il se régale dans cette régate au contact au portant. Il passe le cap Leeuwin en 4e position. Au cap Horn, le 4 janvier, il est 5e,  à peine plus de deux jours derrière le leader Maître CoQ IV.

Il perd un peu de terrain dans un pot au noir , moins facile pour lui que pour ses prédécesseurs et fait son entrée en Atlantique Nord en 9e position… un place qu’il conservera jusqu’à la ligne d’arrivée franchie ce matin devant sa ville, en héros.
 

Les stats de Benjamin Dutreux / OMIA – Water Family

Benjamin Dutreux arrivée Vendée Globe
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – JANUARY 29: OMIA – Water Family, skipper Benjamin Dutreux, is pictured during arrival of the Vendee Globe sailing race, on January 29, 2021. (Photo by Jean-Louis Carli/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – 29 JANVIER: OMIA – Water Family, skipper Benjamin Dutreux, est photographié lors de son arrivée du Vendee Globe, le 29 Janvier 2021. (Photo Jean-Louis Carli/Alea)
Benjamin Dutreux arrivée Vendée Globe
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – JANUARY 29: OMIA – Water Family, skipper Benjamin Dutreux, is pictured during arrival of the Vendee Globe sailing race, on January 29, 2021. (Photo by Jean-Louis Carli/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – 29 JANVIER: OMIA – Water Family, skipper Benjamin Dutreux, est photographié lors de son arrivée du Vendee Globe, le 29 Janvier 2021. (Photo Jean-Louis Carli/Alea)
Benjamin Dutreux arrivée Vendée Globe
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – JANUARY 29: OMIA – Water Family, skipper Benjamin Dutreux, is pictured during arrival of the Vendee Globe sailing race, on January 29, 2021. (Photo by Jean-Louis Carli/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – 29 JANVIER: OMIA – Water Family, skipper Benjamin Dutreux, est photographié lors de son arrivée du Vendee Globe, le 29 Janvier 2021. (Photo Jean-Louis Carli/Alea)
Benjamin Dutreux arrivée Vendée Globe
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – JANUARY 29: OMIA – Water Family, skipper Benjamin Dutreux, is pictured during arrival of the Vendee Globe sailing race, on January 29, 2021. (Photo by Jean-Louis Carli/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – 29 JANVIER: OMIA – Water Family, skipper Benjamin Dutreux, est photographié lors de son arrivée du Vendee Globe, le 29 Janvier 2021. (Photo Jean-Louis Carli/Alea)

Il a parcouru les 24 365 milles du parcours théorique à la vitesse moyenne de 12,41 nœuds.
Distance réellement parcourue sur l’eau : 27 832 milles à 14,17 nœuds de moyenne

Les grands passages

Equateur (aller)

10e le 19/11/2020 10h03 UTC en 10j 20h 43min à 20h 44min du leader HUGO BOSS

Cap de Bonne Espérance

9e le 02/12/2020 10h35 UTC en 23j 21h 15min à 1j 11h 24min du leader Apivia

Cap Leeuwin

4e le 14/12/2020 00h51 UTC en 35j 11h 31min à 13h 25min du leader Apivia

Cap Horn

5e en 04/01/2021 14h52 UTC en 57j 01h 32min à 2j 01h 10min du leader Maître CoQ IV

Equateur (retour)

9e  le 17/01/2021 14h20 UTC en 70j 01h 00min à 19h 08min du leader Bureau Vallée 2
 

Son bateau

Architecte : Bruce Farr Design (Ex Spirit of Yukoh, Neutrogena, Hugo Boss, Estrella Damm, Veolia Environnement, BT)

Chantier : Offshore Challenge – Cowes

Date de mise à l’eau : 03 Juillet 2007

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Vendée Globe. Jean Le Cam : “J’ai fait Mon Vendée Globe !”

Jean Le Cam
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - JANUARY 29: Yes We Cam!, skipper Jean Le Cam, is portraited at his press conference during finish of the Vendee Globe sailing race, on January 29, 2021. (Photo by Jean-Marie Liot/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 29 JANVIER: Yes We Cam!, skipper Jean Le Cam, est photographié à sa conférence de presse lors de son arrivée dans la course du Vendee Globe, le 29 Janvier 2021. (Photo Jean-Marie Liot/Alea)

Jean Le Cam marquera l’histoire du Vendée Globe. Acclamé le long du chenal des Sables d’Olonne, Jean Le Cam vient d’en terminer avec son cinquième tour du monde en solitaire et sans escale. Après avoir dévoilé de gros problèmes structurels survenus sur son bateau “Hubert”, qui auraient pu le mener à l’abandon, il a avoué ne jamais avoir vécu une course aussi difficile. Jean a mené une cadence incroyable sur un bateau d’ancienne génération. A contre-courant d’une nouvelle génération de bateaux à foils, il s’inscrit pourtant totalement dans la modernité : faire aussi bien avec des moyens limités et inspirer les plus jeunes. Durant toute la course, celui qui s’est porté au secours de Kevin Escoffier, a embarqué avec lui des millions de français. YesWeCam! n’a jamais aussi bien porté son nom !

Ce Vendée Globe aura été animé jusqu’au bout par le suspense. Pour Jean Le Cam, huit égale quatre… 8ème à avoir franchi la ligne d’arrivée, il est finalement 4ème au classement général. Après avoir secouru le skipper de PRB, Kevin Escoffier, le temps de parcours du skipper de YesWeCam! a été calculé après la bonification de 16h15 attribuée par le jury international du Vendée Globe. Avec un temps de 80 jours, 13 heures, 44 minutes et 55 secondes, il prend la 4ème place derrière Yannick Bestaven, Charlie Dalin et Louis Burton.


“Je n’ai jamais coupé une ligne comme cela de ma vie ! Je ne sais pas comment je suis arrivé là c’est une délivrance. Ce Vendée Globe a été un truc de malade.” A peine la ligne d’arrivée coupée, Jean Le Cam laissait promettre le récit d’une course dantesque.
La météo : A peine quatre jours après le départ, la flotte affrontait la dépression Thêta. Et ce ne fut qu’un enchainement de systèmes météo compliqués, qui ont malmené les bateaux et leurs skippers. En évitant rarement de contourner les systèmes météo, Jean a toujours affiché une trajectoire rectiligne, pour choisir la route la plus courte. Avec un bateau moins rapide que les favoris, dotés de foils, il était indispensable d’être pragmatique.

La performance : Si l’équipe YesWeCam! avait une bonne idée du travail réalisé durant deux ans, Hubert, nouvelle configuration, ne s’était jamais mesuré à ses concurrents avant la ligne de départ. Quatre jours après, Jean est en tête devant 32 concurrents. Il impressionne et confirme son leadership, sur ce bateau à dérives droites. Treize jours plus tard, il anime le top 5 au large du Brésil et ce n’est qu’un début : 4ème à l’Equateur, 6ème au Cap de Bonne Espérance, 6ème au Cap Leeuwin après avoir sauvé puis transféré Kevin Escoffier ; 5ème à franchir l’antiméridien, 7ème au Cap Horn…
Jean fait même l’admiration de l’anglo-saxon Alex Thomson (Hugo Boss) alors qu’il mène la flotte devant Alex une semaine après le départ : “Jean Le Cam est incroyable, incroyable ! “

Un sauvetage hors-norme : Le 30 novembre, alors qu’il est en 4ème position à 293 milles du leader, Charlie Dalin, il se déroute à la demande de la Direction de Course pour porter asisstance à Kevin Escoffier, 3ème, 30 milles devant lui.
Après des heures de recherche et une nuit sous très haute tension, Kevin quitte son radeau de survie pour embarquer à bord de YesWeCam! La France reste en apnée durant des heures, à attendre un dénouement heureux. Le skipper devient le héros de tous les français, y compris du Président de la République. A 600 milles dans le Sud-Ouest du cap de Bonne-Espérance, Jean reprend sa course en solitaire, avec un passager rescapé, qui sera transféré 5 jours plus tard sur un navire de la Marine Nationale Française. Jean reprend sa course en solitaire, non sans difficulté. Il faut retrouver la concentration “Ca fait un changement de tout, tu passes du solitaire au double, du double au solitaire. Tu prends des habitudes, C’était super sympa, c’était bien.”
Un bateau d’une fidélité inconditionnelle “Hubert m’ ramené et je l’ai ramené” : Dix jours après avoir repris la course en solitaire dans les 50èmes hurlants, Jean s’amuse de la régate à couteaux tirés qu’il anime avec Benjamin Dutreux, Boris Herrmann, Damien Seguin, Louis Burton. Un mois plus tard, Au sein de la régate au contact qui oppose 7 des 11 concurrents de tête, il est totalement dans le match. « Cette nuit je suis passé à 3 milles de Damien (Seguin), heureusement qu’il avait son AIS, sinon on aurait vite pu se rentrer dedans. Un emboitage de 60 pieds, ça ne m’aurait pas vraiment plu ! C’est quand même une histoire incroyable qu’il soit à côté au milieu de l’océan Indien ».

Un bateau pour un solitaire, c’est comme un meilleur ami. Ils font route ensemble pour le meilleur et pour le pire, se préservent mutuellement. “Hubert” nom de baptême donné en mémoire du constructeur et ami de Jean, a été là jusqu’au bout, blessé, mais résistant.
24 heures après le départ de Kevin, “Hubert” est victime d’avaries importantes. Le bateau tape dans une mer difficile, le fond de coque se délamine.”C’est chaud ce qu’on leur met aux bateaux. Si j’ai un problème, je peux me retrouver avec de l’eau dans le bateau” confie Jean à sa garde rapprochée. Le lendemain, Jean a perdu deux places mais ne perd pas de milles sur la tête de flotte.
Le 22 décembre, en 4è position, il franchit l’antiméridien… En une fraction de seconde, il passe du 180è degré Est au 180è degré Ouest. “Plus que” 178 degrés pour revenir aux Sables d’Olonne. C’est aussi ce jour-là que choisit la Ministre de la Mer pour lui annoncer qu’il est promu à l’odre d’officier dans l’ordre du mérite maritime.
Alors que la France prépare le passage d’une année à l’autre, Jean franchit le point Nemo, le point de la planète le plus éloigné de toute terre ferme. “La mer n’est pas très rangée, c’est infernal”. La course prend alors une autre tournure, une nouvelle fois. Les réparations n’ont pas tenu, Jean constate de nouveau du délaminage à l’avant de la coque, au point d’envisager un arrêt, voire un abandon, à Puerto Williams (Chili) à 1600 milles de là… Les contacts sur place sont pris par son équipe et la Direction de Course, le capitaine du port, les professionnels, les amis sur place sont prêts à accueillir Jean dans les meilleures conditions.
“Tu serres les fesses à chaque fois et ça passe”… Ou pas et puis ça passe, et ça repart. Jean ralentit, répare, utilise tout ce qu’il peut, démonte des cloisons, pour renforcer la coque fragilisée. ll est distancé par la tête de flotte mais il avance. En 3 jours, il perd 400 milles et franchit le Cap Horn 688 milles derrière le leader, Yannick Bestaven. Mais jusqu’à la ligne d’arrivée, Jean redoutait la sentence : “Chaque heure je ne voulais plus aller devant. chaque vague tu te dis… Valait mieux pas que j’ouvre la vanne sinon je vais couler”.
Le 4 janvier sonne comme une délivrance : Bien qu’il soit certainement le plus expérimenté du grand sud parmi les concurrents de ce Vendée Globe, il témoigne d’un environnement exécrable comme il n’en a jamais vu. Jean est soulagé de ce franchissement qui constitue une véritable frontière entre deux systèmes météo et vers un autre monde ; un monde un peu plus civilisé, un peu moins hostile. Il laisse la pointe du Chili dans son sillage et décide de poursuivre la course.
La remontée de l’Atlantique ne s’annonce pas si tranquille. Après une mer chaotique, Jean retrouve la chaleur, une mer plus rangée. L’air et l’eau sont à la même température, le soleil réchauffe enfin l’atmosphère. 7è ce dimanche matin, à la bordure d’un anticyclone.

Une semaine plus tard, c’est au tour de cette voile stratégique qu’est le J2, de faire preuve de faiblesse. Jean est contraint à l’ascension du mât, un exercice qu’il déteste.”J’ai dû rester 45 minutes là-haut hier, j’ai des bleus partout parce que tu dois serrer très fort le mât pour ne pas donner de l’inertie dans le clapot. Je ne sais pas comment les marins peuvent monter au mât avec plus de mer, c’est de la folie. Je vais devoir remonter pour renvoyer mon J2 quand il sera sorti de l’atelier voilerie.”
S’ensuit un gymkhana dans le pot au noir pour récupérer le régime de l’anticyclone des Açores au plus vite. Jean choisit la route des foilers pour éviter une mer trop démontée. Mais l’option n’est pas payante en terme de performance. Il perdu du terrain, a tendance à subir un peu la situation. Mais “Hubert” tient toujours.

Il apprécie toutefois les conditions ” Nous avons des conditions avec un ciel très étoilé au vent de travers, on est dans un reaching endiablé ! Je peux vous dire que si je mettais n’importe lequel d’entre vous à ma place dans les conditions que l’on vit, il partirait en courant et il prirait le bon Dieu pour qu’on lui mette 10 masques sur la figure… !!!”
Ses objectifs ? Finir premier des bateaux à dérives droites et faire rêver les gens. Mais c’est aussi ” partir pour que le public s’attache au projet Vendée Globe. C’est pour eux que l’on fait une course pareille, ce n’est pas que pour aller plus vite que l’autre.” Et faire rêver Jean l’a fait au travers de ses vidéos Clac, clac, clac, de ses blagues, de ses émotions aussi, lorsqu’il est monté dans son mât,ou lorsque Kevin Escoffier était à bord.

Le plus important dans cette course ? “C’est que des jeunes, pour qui le Vendée Globe était devenu tellement inaccessible, se disent maintenant que c’est possible. C’est l’essentiel. J’ai donné aux jeunes générations l’idée qu’ils puissent faire le Vendée Globe avec des moyens limités. J’ai eu des témoignages de jeunes dans ce sens. Je suis content car on était parti dans une escalade budgétaire. C’est une vraie victoire.”

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Vendée Globe. Jean Le Cam: “J’ai connu l’insoutenable”

#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - JANUARY 29: Yes We Cam!, skipper Jean Le Cam, is portraited at his press conference during finish of the Vendee Globe sailing race, on January 29, 2021. (Photo by Jean-Louis Carli/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 29 JANVIER: Yes We Cam!, skipper Jean Le Cam, est photographié pendant sa conférence de presse lors de son arrivée dans la course du Vendee Globe, le 29 Janvier 2021. (Photo Jean-Louis Carli/Alea)

Tous les jours il s’est dit qu’il n’y arriverait pas. Ce n’était pas son Vendée Globe le plus dur mais Son Vendée Globe. Terrible. Il a eu des problèmes où il aurait pu y rester à cause d’un délaminage de coque depuis les Kerguelen. A chaque vague, il craignait pour le bateau. Et cela a durer des jours. Il s’est également cassé une côte.

Jean Le Cam : J’ai connu pas mal de trucs assez difficiles dans ma vie mais là j’ai connu l’insoutenable. Mais en fait l’insoutenable, on y arrive quand même, c’est incroyable comme on réussit à faire des choses impossibles. Que je sois ici c’est un miracle, c’est tout simplement incroyable.

Cela a été plus dur que ce que tu as vécu en 2008 ?
Jean Le Cam : Oui tu es sur un bateau, tu chavires et 19 h après Vincent (Riou) vient te chercher. Ce n’est que 19 h, pas un mois et demi, tous les jours, où tu as peur à chaque heure, à chaque vague… Après avoir débarqué Kevin sur le Nivôse, je suis allé dans le compartiment avant et là la coque était délaminée, j’entendais la mousse qui craquait. Et si ça pète, là où on est… J’ai réparé avec une cloison de ballast du carbone de partout, je n’avais pas assez de résine. Au final il ne me reste qu’un demi-tube de Sika et après ça a re-pété quand on est monté Nord avec beaucoup de mer. Tu fais la réparation, il faut un temps de séchage. Chaque jour, chaque heure, tu te dis : il ne faut pas que ça tape. Tu n’oses plus ouvrir la trappe pour vérifier chaque jour l’état de ta réparation. Je n’utilisais plus les ballasts. J’avais chargé l’avant pour que le bateau tape moins… Mais voilà, je suis arrivé : Hubert m’a ramené et moi je l’ai aidé. Le délaminage s’étendait sur 1,40m par 0,70 m à l’avant sur tribord et heureusement toute la remontée de l’Atlantique était sur bâbord. Cela aurait pu se propager. Ce sont des histoires que je n’ai pas racontées avant parce que ça sert a rien. Raconter ce genre de choses, ça aurait suscité des polémiques « pourquoi il ne s’est pas arrêté et tati et tatère… » je préfère la fermer. C’est une réalité qui est maintenant derrière, mais qui explique pourquoi ce Vendée Globe a été si dur.

Est-ce que tu repartiras ?
Je n’en sais rien. Là, à chaud, tu me dis tu repars demain : c’est non. Cette question on me la pose à chaque fois. C’est très banal En fait, je n’en sais rien. Je viens de passer la ligne, je suis content d’être arrivé je suis là. Ma vie va continuer.

As-tu pris du plaisir ?
Jean Le Cam : Quand tu es stressé du matin au soir sans savoir si tu vas arriver ou pas, le plaisir il n’y en a pas beaucoup.

Tu as souvent dit que 4e c’était la place du con ?
Jean Le Cam : Des places du con j’en ai fait un paquet au Figaro, 2 ou 4. Donc en étant 8e j’étais bien et les choses on fait que je finis 4 à la place du con. En fait, j’ai soulagé l’éventuel con qui aurait pu être à ma place (rires) Comme quoi ma générosisté n’a pas de limites.

As-tu pensé abandonner ?
Jean Le Cam : J’ai vu que ma première réparation tenait, alors ça allait. Après ça a répété au milieu du Pacifique : là tu n’as plus qu’à aller au cap Horn. Au Cap, il y avait trop de vent, 40-50 nœuds, je suis passé à 100 milles pour éviter le plateau continental. Après il y a eu des conditions de rêves après le Cap Horn au fur et à mesure de la remontée vers le nord. Tu te dis : quitte à être dans le radeau, je préfère qu’il fasse chaud. Là tu te te dis que c’est gagné. Il vaut mieux être dans son radeau dans les alizés que par 50° sud.

Qu’est-ce qui te pousse à repartir ?
Jean Le Cam : Toutes les choses sont relatives. Quand tu es dans le Sud et que tu as froid, dès que tu remontes sur une mer plate, c’est le rêve. Ce sont des extrêmes, des choses qui sont inatteignables au quotidien. Comme le chante Johnny, Faut-il connaître le mal pour connaître le bien ? C’est une question que je me suis posée. Les extrêmes, c’est vraiment cela le Vendée Globe : hier et le demain n’ont rien à voir sur le Vendée Globe et cela chaque jour. Quand les emmerdes s’accumulent, c’est l’enfer et après c’est le bonheur. Il y a deux jours c’était difficile et aujourd’hui c’est incroyable cette ligne d’arrivée, tu arrives tous les gens sont là. C’est génial mais dans des proportions hors du commun. Ce soir dans le chenal tous les gens étaient là à deux ou trois heures du matin, pas pour faire du lèche-vitrines chez Carrefour. Tu sens cette âme, cette profondeur, cette sincérité et ça c’est beau et jamais tu ne ne peu l’avoir ailleurs et cela fait partie de ce pourquoi c’est un plaisir extrême. Je dis toujours : c’est le blanc, c’est le noir, les extrêmes. Ce différentiel de niveau, sur le Vendée globe, il est incomparable, c’est un truc de dingue. Ces extrêmes je suis monté très haut et en venant de très bas.

Tu disais que tu avais montré aux jeunes qu’avec ton bateau on pouvait jouer. Tu as envie de transmettre ?
Jean Le Cam : Avec Benjamin Dutreux et Damien Seguin, on a donné confiance aux jeunes en leur montrant que le Vendée Globe est encore accessible. Ça devient n’importe quoi quand on parle de bateaux à 6 ou 7 millions d’euros. Ou une multinationale t’a tiré au sort et tu peux participer, ou tu restes sur la touche.

C’est l’accessibilité qu’il faut défendre, les morceaux de carbone on s’en fout
J’ose espérer que cette édition du Vendée globe permettra aux organisateurs de regarder le futur d’un autre regard. C’est important que le Vendée Globe soit accessible aux PME et aux jeunes. Quand on a dit ça, on n’a rien fait.

Tu dis que les foils ne sont pas faits pour le Vendée, mais ils terminent aux premières places ?
Jean Le Cam : Je ne sais pas, ils ne m’ont même pas mis 24 heures, j’ai un bateau de 2007 : on peut se poser des questions. Les deux plus gros budgets de la course, Charal et Hugo boss dont les budgets font peur même aux anciens. Paf, ils rentrent à la maison, Kevin qui casse son bateau en deux, probablement à cause d’une inversion de foil… Un foil qui ne va pas vite ce n’est pas très dangereux. Si on regarde les vitesses, quand ils vont à plus de 20 nœuds c’est un miracle. Nous, on va à 19,5. Ils ne vont pas à 28 ou 30 nœuds. Il faut regarder les chiffres, la différence est seulement de 23 heures sur 80 jours. Les foilers, on s’en fout. C’est l’accessibilité qu’il faut défendre, les morceaux de carbone on s’en fout. Là on est dans un truc de malade, on peut aller à 30 nœuds en baie de Quiberon mais sur le Vendée. J’ai croisé Damien qui naviguait avec Boris Herrmann et il me disait : je descends mieux, il fait un peu plus de cap mais au final il n’y a pas de différences. Si nous n’allions pas à la même vitesse, il y aurait beaucoup plus d’écart à l’arrivée. Un moment il faut mettre les choses à plat. Je ne connais pas les solutions mais aujourd’hui, on n’est pas dans le raisonnable. On parle de Foils V1, V2, V3, et ils valent le prix de mon bateau. Les mecs n’en peuvent plus dans les équipes techniques, le bateau sort, il casse et il rentre. Il n’y a aucune vision : on rajoute une couche sur une couche, pour finalement trouver que la V1 est mieux que la V3. Je ne sais pas si c’est cela qu’il faut faire mais je pense qu’en mettant les choses à plat on trouvera des choses intéressantes à faire pour le futur… Il faut se poser des questions.

Est-ce qu’il y a des marins qui t’ont enthousiasmé ?
Jean Le Cam : Oui il y a Benjamin (Dutreux). On s’est fricoté pendant des jours et des jours. Je trouve qu’il est bon dans les options, dans la vitesse il fait super bien avec ce qu’il a. Il sait aller super vite au bon endroit il est intelligent dans sa stratégie et évidemment il y a Damien. Avec ça on a le vieux con, l’handicapé et le branleur. J’ai trouvé dommage qu’Isabelle (Joschke) ne soit pas là ça aurait fait la gonzesse.

Que penses-tu de la victoire de Bestaven ?
Jean Le Cam : Je suis très content parce qu’il a fait une super course. Dans le Sud il a promené tout le monde, sur la fin du Sud, il était comme chez lui. Il n’y avait plus personne. Un moment dans l’Atlantique Sud, il avait course gagnée. Après il a eu ses problèmes, et au final il gagne, je dis c’est bien c’est une belle histoire.

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Vendée Globe. Jean Le Cam allume le feu sur le chenal

#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - JANUARY 29: Yes We Cam!, skipper Jean Le Cam, is pictured in the channel during finish of the Vendee Globe sailing race, on January 29, 2021. (Photo by Olivier Blanchet/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 29 JANVIER: Yes We Cam!, skipper Jean Le Cam, est photographié lors de son arrivée dans la course du Vendee Globe, le 29 Janvier 2021. (Photo Olivier Blanchet/Alea)

Ils étaient nombreux à 2h du matin pour accueillir Jean Le Cam pour se remontée du chenal. Une ferveur populaire pour saluer le Roi Jean qui aura marqué cette édition.

Il est le 8e à avoir franchi la ligne mais se classe finalement 4e. Le « roi Jean » a eu les honneurs d’une arrivée grandiose, à en oublier le couvre-feu et la grisaille du moment. « Je vois que les gens ont bravé la nuit pour nous accueillir, ça fait chaud au cœur. eu qui sont là, ils sont là pour moi pas pour aller faire leur course », lâche Jean dans une première réaction. L’équipage est montée à bord, Kevin Escoffier aussi et puis il y a eu la remontée chenal. L’explosion d’émotions a eu lieu, il y avait l’enthousiasme, les fumigènes craquées, les baffes qui crachaient du Johnny Hallyday, le feu d’artifice qui illuminait l’endroit et les bénévoles du Vendée Globe le long du chenal, curieux, admiratifs, qui l’ont accompagné jusqu’au bout.

Pour que la fête soit totale, des écrans loués par PRB montrait le visage du skipper et son slogan “Yes we cam”. Sur le tapis rouge, le monde de la voile a veillé. Il y avait Damien Seguin – « on refera le monde demain ? » sourit le skipper d’Apicil – Kevin Escoffier bien sûr avec qui il trinque un verre de rouge à la main. Et on aperçoit Roland Jourdain qui esquisse des pas de danse, Bernard Stamm qui a déjà connu un tour du monde aux côtés de Jean. 

#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – JANUARY 29: Yes We Cam!, skipper Jean Le Cam, is pictured with Vincent Riou and Kevin Escoffier during finish of the Vendee Globe sailing race, on January 29, 2021. (Photo by Jean-Marie Liot/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – 29 JANVIER: Yes We Cam!, skipper Jean Le Cam, est photographié au ponton avec Vincent Riou et Kevin Escoffier lors de son arrivée dans la course du Vendee Globe, le 29 Janvier 2021. (Photo Jean-Marie Liot/Alea)

« Tu sens cette âme, cette profondeur, cette sincérité »

À voir cette foule qui grouille sur les pontons, ces médias qui attendent pour capter quelques mots, il se dit que Jean Le Cam est devenu un peu plus qu’un marin parmi les autres. Et tant pis si certains oublient qu’il a mené un bateau de 2007 à la 4e place d’un Vendée Globe, ce qui est un exploit sportif en soit avant d’être l’expression d’une personnalité, aussi chaleureuse soit-elle.

Jean a les yeux brillants, il est rasé de près. Mais l’émotion est palpable. On peut avoir accumulé les Vendée Globe, les Figaro, les scénarios en mer et les galères qui vont avec et être touché, fortement, par ce qu’implique l’instant. « Tu sens cette âme, cette profondeur, cette sincérité. Ça c’est beau, tu ne peux pas l’avoir dans d’autres situations », explique-t-il. Un peu plus tôt, Jean Le Cam avait tenu à dire « merci » à ceux qui étaient là. Il a parlé de « solidarité », de « partage », de « consécration dans l’émotion ». On lui a donné une couronne, il l’a posé sur la table de la conférence de presse.

Le gardien du phare 

Ensuite, son propos était posé, réfléchi. La conférence de presse s’est étirée et certains guettaient ses bons mots. Il y en a eu quelques uns. Sur la « place du con » : « j’ai soulagé le con qui aurait pu être à ma place ». Sur sa popularité : « si le président veut m’appeler, il m’appelle et puis c’est tout ». Il y a eu aussi l’anecdote sur la côte cassée après un besoin naturel. Jean s’amuse à dire qu’il n’a rien prévu dans les prochains jours et les prochaines semaines, assurant qu’il y a du bon à ne pas savoir.

Le marin a aussi offert son regard sans concession sur la course et sur son sport. Les foilers ? « Il faut se poser des questions quand on voit que j’arrive 23 heures après le premier ». Jean s’est aussi mué en défenseur d’une certaine forme de Vendée Globe, une épreuve qu’il désire « toujours accessible aux PME et aux jeunes skippers ». Et Jean a salué ses compères à dérives droites, Damien Seguin (qui était présent à la conférence de presse) et Benjamin Dutreux. « Nous, c’est le vieux con, l’handicapé et le branleur » résume le skipper de Yes We Cam ! Ainsi, en plus de sa trajectoire limpide autour du monde et sa gouaille à nul autre pareil, Jean Le Cam s’est aussi transformé en gardien du phare, garant d’un certain esprit du Vendée Globe qu’il espère voir perdurer bien au-delà de cette nuit de janvier.

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Vendée Globe. Alex Thomson félicite les finishers

Alex Thomson sur la route du retour à bord de son Hugo Boss félicite Yannick Bestaven et Charlie Dalin mais également Louis Burton.

“Hello tout le monde,
Je veux féliciter Yanncik Bestaven qui a fait un super boulot, une superbe course. Il a su résoudre ses problèmes et pousser fort son bateau vers la victoire. C’est magnifique aussi de se dire que l’on a deux vainqueurs avec Charlie Dalin qui est arrivé le premier. En terminant premier bravo. Tu as fait une course brillante et je suis sur que tu vas revenir plus fort. Louis Burton, tu as fait une course super brillante. On doit attendre de voir pour la 4e place…”

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Vendée Globe. Jean Le Cam au bout du bout de son Vendée Globe termine 4e

Jean Le Cam et son bateau Yes We Cam! ont franchi la ligne d’arrivée du Vendée Globe. Une délivrance pour le Roi Jean qui termine 4e au classement général. Il est allé au bout du bout du bout de lui-même.

Joint par visio juste après avoir franchi la ligne d’arrivée à 20h15, Jean Le Cam s’est dit soulagé d’en finir. Il est le 8e à franchir la ligne d’arrivée. Il a bouclé son tour du monde, sans escale et sans assistance, après 81J 05H 59min et 55sec de course et avec la compensation de temps, il fini 4e au classement général.

Cette ligne, c’est la ligne d’arrivée que je n’ai jamais coupé de toute ma carrière. Je ne sais pas comment je suis arrivé là.
C’est une délivrance. C’est fait. Ce Vendée Globe a été un truc de malade. Je termine devant Apicil ,premier des bateaux à dérives mais devant Seaexplorer, un bateau à foil c’est bien. Ces bateaux à foils, c’est beaucoup d’énergie, de casse-tête pour pas grand chose.
Je me rappelle d’Hugo Boss qui partait pour 69 jours !
Le plus important c’est autre chose. J’ai donné aux jeunes générations la possibilité de faire le VG avec des moyens limités, montré que cela est possible. C’est l’une de mes grandes victoires
.”

Yes We Cam remontera le chenal à partir de 2h du matin.

La course de Jean
Le skipper avait déjà fait ses adieux aux siens quand il est descendu, seul, sur le ponton le jour du départ. Comme s’il était pressé de partir, enfin, après tant de mois à préparer son bateau dans la quiétude d’un hangar de Port-la-Forêt. Là-bas, les journées étaient déjà à rallonge et les mains façonnées par l’effort. Prendre la mer avait alors valeur de libération, même pour un habitué des longues traversées. Cette fois, Jean n’avait pas oublié de plaquette de beurre et ne s’était pas non plus épanché trop longtemps. Il y avait une course et lui y croyait comme toutes celles auxquelles il a participé et tant pis si son bateau de 2007 n’était pas vraiment cité pour jouer les trouble-fêtes.

Une régularité jamais mise à défaut
Pourtant, au lendemain du départ, Yes We Cam! est en tête. Il le sera à neuf reprises en début de course. Bientôt, une tempête intertropicale balaie la flotte et deux téméraires flirtent avec son centre : Alex Thomson et Jean Le Cam. « Jean se rapproche de moi, il est incroyable », s’extasie le Britannique. L’intéressé s’amuse : « on prévoit toujours plein de choses, on se gargarise, on fait du blabla… Mais ‘bien dire fait rire, bien faire fait taire’ ». Et il assume : « papi fait de la résistance »
Jean Le Cam, qui a le tutoiement facile et la gouaille que les marins n’ont plus, réalise une descente de l’Atlantique qui impressionne, à l’heure où les foilers ont peur de se brûler les ailes. À terre, il gagne en popularité parce qu’il fait valser les conventions, se moque des usages d’une société qui a oublié l’autodérision et offre une fraicheur qu’on n’attendait plus. Le grand public savoure sa spontanéité, le milieu de la course au large admire ses trajectoires. L’image du fanfaron du podium, décapant et décalé, est remisée au profit de celle d’un acharné de la mer à la constance jamais mise à défaut.

Un sauvetage, un duo, beaucoup d’émotion
Sa progression est néanmoins bousculée le 30 novembre au large des côtes sud-africaines. Kevin Escoffier a sauté dans son radeau de survie. Jean est à 20 milles, il se déroute, aperçoit le skipper de PRB, le perd de vue, l’aperçoit à nouveau avant de l’aider à monter à bord. Il est 2h06. « Putain tu es à bord, c’était chaud », lâche Jean. Lui qui a été secouru par Vincent Riou en 2009 sait à quel point ces moments-là marquent, bien au-delà des considérations sportives. À l’appréhension d’une nuit agitée s’est succédé le temps des hommages – jusqu’à celui du président de la République – et une semaine heureuse.
Avec Kevin, ils forment un duo détonnant, complice et à l’humour communicatif. Quand son coéquipier d’infortune lui dit « merci ma caille » et rejoint le Nivôse, un dimanche matin ensoleillé, Jean est ému. « Chercher quelqu’un, être en double une semaine, revenir en solitaire, ce n’est pas évident » confie-t-il. Le marin est économe en mots quand cela le touche trop. Et il y a tout ce qu’il ne dit pas : l’émotion, la peur ravalée, la pointe de nostalgie et les rires de Kevin qui ne résonnent plus.

Sa remontée de l’Atlantique, un modèle du genre
Reste la course qui continue, avec les fronts froids de l’Indien, le Pacifique – « où les longues glissades ne sont que dans les livres » – puis le Cap Horn dont le franchissement « été tout sauf gagné » avec les creux de 6 mètres et les 45 nœuds de vent. Ces épisodes-là, Jean les vit en étant toujours à la bagarre avec d’autres. Il y a Damien Seguin, « avec qui on a causé », Benjamin Dutreux « qui ne mollit pas ». « On ne peut pas se quitter, s’amuse Jean début janvier. Benjamin, il s’énerve de temps en temps, il prend les devants. Parfois je l’appelle et je lui dis Benjamin, c’est quoi le pacte qu’on a fait ? Ça ne va pas, tu prends tes aises ». Ce n’est pas de la condescendance, c’est une marque de respect. Pour Damien à qui il a toujours « rendu des petits services ». Pour Benjamin dont il apprécie tant la course sur un bateau sans dérive comme lui.
Sa remontée de l’Atlantique, un nouveau modèle de trajectoire pixelisée à envoyer à tous les apprentis marins, est l’occasion d’apprécier le bonheur simple d’être à bord, de sentir encore un peu plus l’osmose avec ‘Hubert’. Ce nom a le goût de tendres souvenirs, celui de la bande des trois formée avec Gaétan Gouerou et Hubert Desjoyeaux, qui a été à l’origine de CDK, le chantier par lequel passe tant de rêves de marins d’aujourd’hui. Sur ce retour vers la maison, Jean savoure « la meilleure position qu’il soit » en faisant partie des « chasseurs » derrière les « explorateurs de devant ».
Le skipper sera au contact presque jusqu’au bout et se sera incliné sans jamais rendre les armes. Il aura démontré que l’expérience et la connaissance d’un bateau, si éprouvé soit-il, valait mieux que le survol à tout prix. De ces temps où Jean a réussi à ne jamais manquer de beurre, il a rappelé à quel point il faisait partie des grands de son sport, regagnant le respect chez ceux qui l’avaient trop vite oublié.
À terre, le marin a eu le droit à une chanson entonné par des élèves bretons. Il a été une bouille aimée par les caricaturistes, le seul en course à avoir les honneurs de la une d’un quotidien sportif français et est ainsi devenu une figure pop quand la culture n’avait pas le droit de cité. Jean a fait plus que de la résistance : il a rassemblé les générations et permis de vibrer, de s’évader et de sentir à ses côtés le bon goût du large et de la liberté.

LES STATISTIQUES DE JEAN LE CAM / YES WE CAM!
Il a parcouru les 24 365 milles du parcours théorique à la vitesse moyenne de 12,50 noeuds
Distance réellement parcourue sur l’eau : 27 501 milles à 14,10 nœuds de moyenne

Les grands passages
Equateur (aller)
4e le 18/11/2020 à 23h32 UTC après 10j 10h 12min à 10h 13min du leader HUGO BOSS
Cap de Bonne Espérance
6e le 02/12/2020 à 04h52 UTC après 23j 15h 32min de course à 1j 05h 41min du leader Apivia
Cap Leeuwin
6e le 14/12/2020 à 02h13 UTC après 35j 12h 53min de course à 14h 47min du leader Apivia
Cap Horn
6e le 04/01/2021 à 20h18 UTC après 57j 06h 58min de course à 2j 06h 35min du leader Maître CoQ IV
Equateur (retour)
8e le 17/01/2021 à 14h14 UTC après 70j 00h 54min de course à 19h 02min du leader Bureau Vallée 2
Meilleure distance sur 24 heures
Le 7 décembre à 8h00 UTC : 459,61 mn à 19,2 nds

SON BATEAU
Yes We Cam!, plan Farr, construit chez CDK Technologies
Mise à l’eau : janvier 2007


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Vendée Globe. Arrivée de Giancarlo Pedote

Giancarlo Pedote
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - JANUARY 28: Prysmian Group, skipper Giancarlo Pedote (ITA) is pictured during finish of the Vendee Globe sailing race, on January 28, 2021. (Photo by Yvan Zedda/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 28 JANVIER: Prysmian Group, skipper Giancarlo Pedote (ITA) , est photographié lors de son arrivée dans la course du Vendee Globe, le 28 Janvier 2021. (Photo Yvan Zedda/Alea)

L’italien Giancarlo Pedote est arrivé ce jeudi 28 janvier à 13h02. Le skipper de Prysmian Group termine 7e aux Sables d’Olonne et 8e au classement final après l’arrivée de Jean Le Cam.

Sportif accompli, philosophe, l’italien est toujours resté aux avant-postes de ce Vendée Globe, il terme dans le top 10 pour une première participation.


« Ce retour à terre après un tour du monde et 80 jours en mer, c’est évidemment quelque chose de très spécial. Ma plus grande joie est naturellement de retrouver ma femme, Stefania, et mes enfants, Aurelio et Isabella. Ce sont eux qui m’ont le plus manqué pendant ce Vendée Globe. Lorsque j’ai franchi la ligne, j’ai vu ces bateaux autour de moi mais je n’ai pas tout de suite reconnu ma famille à cause des masques. Le premier que j’ai vraiment vu est mon fils qui me faisait coucou de la main et ça a été particulièrement fort en émotions. Au final, je termine avec une drôle d’impression : celle d’avoir fait une course de quartier. Je ne sais pas pourquoi. C’est comme si ma mémoire s’était vidée d’un coup, peut-être pour oublier toutes les choses dures de ces deux derniers mois et demi. Ce Vendée Globe, c’est vraiment un truc de dingue. Une aventure hors-norme. Pour moi, c’est aussi la concrétisation de quelque chose d’énorme après des années de sacrifices, de privations, d’économies… Je suis vraiment très heureux d’avoir bouclé la boucle car mine de rien, ce n’est pas anodin. Un tour du monde en solitaire, c’est une aventure très complexe où il faut aussi un part de chance. J’ai essayé de placer le curseur toujours au bon endroit. Je me rends compte que j’aurais pu attaquer plus quand je regarde la manière dont ont navigué Louis (Burton) ou Yannick (Bestaven). Mais eux avaient déjà l’expérience du Vendée Globe. De mon côté, j’ai récupéré mon 60 pieds il y a un an et demi. Je suis parti sur la course sans m’attendre à quoi que ce soit. Je suis parti d’une feuille blanche en quelque sorte, et la conclusion, à chaud, c’est que lors d’un exercice tel que celui-ci, on vit tout très intensément. Le froid, la chaleur, l’humidité, la joie, la tristesse : tout se ressent dans sa forme la plus vive possible. Pour ce qui concerne mon résultat, j’espérais réussir à terminer devant Damien (Seguin). Ça s’est joué à peu de chose à l’arrivée. Je suis un peu déçu pour ça mais je n’oublie pas que si l’on m’avait dit que je finirais dans le Top 10 à moins de 24 heures du premier avant le départ, j’aurais signé tout de suite car je visais raisonnablement le Top 15. J’ai réussi à boucler mon tour du monde et à régater en même temps avec des moyens plutôt réduits et une petite équipe qui n’avait pas l’expérience d’un Vendée Globe. C’est une satisfaction pour moi. »

#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – JANUARY 28: Prysmian Group, skipper Giancarlo Pedote, is portraited with Damien Seguin during finish of the Vendee Globe sailing race, on January 28, 2021. (Photo by Yvan Zedda/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – 28 JANVIER: Prysmian Group, skipper Giancarlo Pedote, est photographié avec Damien Seguin lors de son arrivée dans la course du Vendee Globe, le 28 Janvier 2021. (Photo Yvan Zedda/Alea)

Francesco Zecchi, Directeur MID Europe du Sud pour Prysmian : « Nous sommes très heureux et très fiers de ce qu’a produit Giancarlo sur ce Vendée Globe. Il est parvenu à s’accrocher au peloton de tête dès le début de la course et à y rester jusqu’à la fin. Il a su gérer son tour du monde de façon très sage et trouver le bon équilibre et le bon rythme dans la partie du Grand Sud qu’il ne connaissait pas. Il s’est tenu à la stratégie qu’il avait annoncé avant même le départ, c’est-dire préserver le bateau, jusqu’au passage du cap Horn. De retour en Atlantique, il a alors été en mesure d’attaquer davantage et c’est ce qu’il a fait. Nous sommes très contents de la manière dont il a réalisé la course. Il a fait preuve de beaucoup de maturité et de professionnalisme, de même qu’il a su bien se préparer techniquement et psychologiquement en amont de l’évènement. Au final, nous avons grandi ensemble dans cette aventure, nous comme entreprise et lui comme professionnel de la course au large. Nous avons porté un très beau message avec ce projet et Électriciens sans frontières à nos côtés. L’opération « 1 click – 1 mètre » a indiscutablement été un succès. Nous avons largement dépassé les objectifs que nous nous étions fixés. La réponse de nos followers a été très enthousiaste et nous avons ainsi pu fournir à l’association l’ensemble des mètres de câbles nécessaires à la réalisation des trois projets annoncés. C’est une formule que nous avions déjà testée avant le Vendée Globe et que nous allons certainement essayer de développer encore lors des prochaines courses. Ce projet est un dispositif très intéressant car il permet de transmettre des messages et d’engager notre public au sens large De plus, la performance que notre skipper vient d’établir est énorme pour nous. On ne s’attendait pas à un tel résultat. Un Top 10 est remarquable pour une première participation. C’est, certes, un projet qui a demandé beaucoup d’énergie, en particulier à Giancarlo, mais il aboutit aujourd’hui de la meilleure des façons. Cela donne de l’envie et de l’espoir pour la suite. Rapidement, nous ferons un bilan avec Giancarlo pour envisager les prochaines étapes et continuer de nous projeter dans la classe IMOCA. »

Hervé Gouyet, Président d’Électriciens sans frontières : « Nous sommes très admiratifs et fiers de la manière dont Giancarlo a affronté les difficultés et les éléments lors de son tour du monde, tout en portant les couleurs d’Électriciens sans frontières. Son aventure autour du globe, ses performances et son engagement ont été de formidables motivations pour les 1 200 bénévoles de l’association pour faire avancer les projets que nous soutenons, et en particulier les trois projets portés par le projet Ocean Prysmian Group dans le cadre de l’opération « 1 click – 1 mètre ». Réciproquement, les actions de nos bénévoles ont aussi été un facteur de motivation pour Giancarlo afin de surmonter les épreuves puis, ainsi qu’il l’a expliqué, la solitude. Cette 9e édition restera une très belle expérience pour chacun d’entre nous d’autant que le final de la course a été incroyable avec les arrivées des huit premiers en moins de 24 heures après 80 jours de mer et des rebondissements jusqu’à la fin ! Merci à Giancarlo et à Prysmian Group qui, au-delà de nous avoir apporté leur aide et leur soutien, nous ont fait vibrer. »

127 000 mètres de câbles obtenus grâce à l’opération « 1 click – 1 mètre »
Lors de cette 9e édition du Vendée Globe, Giancarlo Pedote et son fidèle partenaire Prysmian Group, engagés au service de la solidarité, ont poursuivi leur initiative « 1 click – 1 mètre » destiné apporter une aide précieuse à Électriciens sans frontières, ONG de solidarité internationale engagée contre les inégalités d’accès à l’électricité et à l’eau dans le monde. Au total, grâce aux 127 000 mentions « j’aime », partages et commentaires opérés par les internautes sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) du projet Prysmian Ocean Racing, l’ensemble des 6 775 mètres de câbles nécessaires à la réalisation des trois projets liés à ce tour du monde concernant le Lycée Saint-Charles Lwanga à Ziguinchor, au Sénégal, l’hôpital de Farafangana à Madagascar puis les écoles de N’grouli et Bawelessi au Togo, seront fournis. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, le leader mondial de l’industrie des câbles et systèmes d’énergie et de télécommunication a d’ores et déjà annoncé qu’il s’engageait à donner autant de mètres de câbles qu’il y a eu de clics, soit 127 000 mètres qui serviront à d’autres projets en cours et à venir, pour ramener de l’électricité dans des zones défavorisés ou pour fiabiliser des réseaux électriques.

Source : Prysmian team

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Vendée Globe. Damien Seguin se révèle

#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - JANUARY 28: Groupe APICIL, skipper Damien Seguin (FRA), is dressed as a pirate in the channel during finish of the Vendee Globe sailing race, on January 28, 2021. (Photo by Vincent Curutchet/Alea) #FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 28 JANVIER: Groupe APICIL, skipper Damien Seguin (FRA), est habillé en pirate dans le chenal lors de son arrivée dans la course du Vendee Globe, le 28 Janvier 2021. (Photo Vincent Curutchet/Alea)

Damien Seguin sur Groupe APICIL a coupé la ligne d’arrivée ce jeudi 28 janvier à 12 h 18 après une très belle course où il s’est révélé au public autant qu’à lui-même.

Il aura mis 80 jours, 21 heures, 58 minutes et 20 secondes pour faire ce tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, 18 heures, 13 minutes et 34 secondes après Yannick Bestaven, crédité d’un temps de course modifié après l’application des compensations accordées par le jury de course suite aux opérations de sauvetage de Kevin. Le skipper de Groupe APICIL s’est emparé provisoirement de la 6e place, en attendant le passage sur la ligne de Jean le Cam (16h15 de compensation). Il est le premier du classement officieux des bateaux à dérives droites.

Damien Seguin a été le 6e skipper à franchir la ligne d’arrivée du Vendée Globe aux Sables d’Olonne ce matin. Le solitaire boucle un tour du monde exceptionnel qui le place comme la révélation de cette 9e édition ! Avec ses trois médailles paralympiques autour du cou (deux en or, une en argent), Damien abordait la course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance avec envie mais aussi avec beaucoup d’humilité. A la barre de son bateau à dérives mis à l’eau en 2008, le skipper né sans main gauche ambitionnait surtout de vivre une régate au contact avec les bateaux de sa catégorie et espérait pouvoir jouer les troubles fêtes de temps à autres avec les foilers.
Au final, il a fait bien plus que ça puisqu’il n’a pas cessé de se battre au plus haut niveau du classement, dans le groupe de tête aux côtés de solitaires aguerris à la course au large qui, pour plusieurs d’entre eux, naviguaient sur des machines de dernière génération.

7e au passage du Cap de Bonne-Espérance, 5e au Cap Leeuwin, 6e au Cap Horn… Il épate ! Chaque passage de cap récompense son abnégation, ses talents de régatier et la minutieuse préparation qu’il a menée pendant deux ans seulement. A l’aise dans cette course interplanétaire, Damien a aussi fait rayonner très fort le message d’inclusion qu’il défend depuis des années et qu’il a souhaité porter autour du monde avec le Groupe APICIL, son partenaire.
Accueilli aujourd’hui par sa femme Tifenn, ses enfants Ethan et Marjane, ses parents, son équipe technique, ses amis et bien sûr ses partenaires, le skipper né sans main gauche a livré à son arrivée au ponton des mots forts, émouvants, témoins d’une course qui va le marquer pour le reste de sa carrière. Impossible à chaud de raconter cette régate interplanétaire qui l’a animé pendant 80 jours. « Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avant de partir mais 80 jours plus tard, j’ai l’impression d’avoir coché toutes les cases. J’ai le sentiment d’avoir fait les choses dans le bon sens » résume Damien avant d’être félicité par l’un de ses adversaires direct, Boris Hermann et par un ancien vainqueur de Vendée Globe, François Gabart.

Le skipper de Groupe APICIL a définitivement illuminé ce Vendée Globe par sa performance sportive mais aussi par sa personnalité enjouée. Damien est un croqueur de vie, un passionné qui ne se résigne jamais. A l’issue de ce Vendée Globe qu’il a partagé avec chaleur et beaucoup d’humanité, il devient pour beaucoup un exemple. Un statut qu’il n’assume pas vraiment, préférant juste expliquer à chacun qu’il est possible pour tous d’aller au bout de ses rêves.

« Forcément, je me suis surpris lors de ce Vendée Globe. C’est la découverte de plein de choses avec le bateau aussi longtemps, avec les mers du sud, et puis avec la pression d’une régate planétaire. Ça a été vraiment une régate du début à la fin. J’aime ça donc je me suis vraiment senti à l’aise. Ça a été un beau suspense pour tout le monde que ce soit pour les marins ou les gens à terre.

Il faut déjà se dépasser avant même de faire le Vendée Globe donc oui, le Vendée Globe c’est du dépassement de soi. On va chercher des ressources qui sont insoupçonnées. Ce n’est pas pour rien que l’on dit que c’est l’Everest des mers. Il faut vraiment aller chercher loin. C’est un truc de dingue !
Il n’y a rien de simple, rien de donné dans le Vendée Globe. Il faut vraiment se faire mal dans tous les domaines. Ça se mérite. Chaque cap que l’on passe, chaque journée franchie est une petite victoire. A la fin, c’est une belle récompense pour tout le monde. Que ce soit pour moi mais aussi pour mon partenaire APICIL.

Je ne connais pas la moitié de ce qui s’est passé exactement à terre ! On va me raconter mais le peu que j’en ai su, c’est qu’une belle histoire a été racontée. Il y a eu une belle effervescence autour du projet. C’est le début d’une super histoire avec le Groupe APICIL.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Le Vendée globe se vit, je ne sais pas s’il se raconte. Il va me falloir quelques jours pour comprendre ce qui m’arrive. J’ai déjà du mal à faire le bilan de ma semaine alors vous n’imaginez pas … le bilan de mon Vendée Globe, c’est impossible. Ça va mettre du temps.
J’ai envie de profiter des gens car ça fait 80 jours que je suis tout seul et que je parle à mon bateau. Avant de devenir complètement fou, je vais parler avec les gens, en profiter (rires). C’est ce grand écart entre le Solitaire et être un terrien parmi les autres. »

« Ça a été vraiment une régate du début à la fin. J’aime ça donc je me suis vraiment senti à l’aise. Ça a été un beau suspense pour tout le monde que ce soit pour les marins ou les gens à terre. »

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