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Un cocktail météo varié et corsé

Temenos / dominique Wavre
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Sur l´échiquier de l´Atlantique Sud , la régate est lancée dans des conditions pas faciles à négocier. Hier avec un vent orienté à l´Ouest Nord – Ouest, les trois premiers qui ont paré avec difficulté les îles Falklands glissaient à nouveau sur la route au bon plein. Mais à écouter Jean Le Cam, la nuit n´avait pas été de tout repos.” C´était du louvoyage dans la pétole. A côté des Malouines la mer n´était pas facile. On se serait crû dans le Raz de Sein avec des passages de brume et de forts courants. Heureusement ,depuis deux heures du matin cela a changé. Je suis au travers et la mer s´est rangée “” confie Jean le Cam. L´irrégularité du vent exige une présence accrûe sur le pont , à plus forte raison quand les petits camarades de jeu sont revenus près de votre tableau arrière.”

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Un peu de répit avant la tempête …

Ellen MacArthur / Castorama
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. Trois jours et trois nuits de météo très instables ont obligé Ellen à repousser ses limites : “ces trois derniers jours ont vraiment été les pires de ma carrière. Jamais je n’avais rencontré de vents aussi instables, aussi agressifs, aussi imprévisibles. Je suis sûre que je n’ai jamais été aussi fatiguée de ma vie””. . Un répit de courte durée : “”le vent a commencé à rentrer et même si tout va bien pour le moment, je sais que ce ne sera pas le cas dans 24 heures. J’aurais bien voulu avoir un peu plus de temps pour me reposer. Le problème, c’est qu’après ce coup de vent, nous allons nous retrouver de l’autre côté de la dépression avec un flux de sud-ouest et donc à nouveau des conditions instables. J’espère que ce ne sera pas aussi mauvais que ces derniers jours””.. Un coup de vent prévu pour les prochaines 24 heures. Le front froid de la dépression située à environ 500 milles dans le sud-ouest d’Ellen va générer des vents très forts jusque demain midi. Le baromètre commence déjà à chuter et le vent de nord ouest est monté à plus de 25 nœuds. Les prochaines 24 heures s’annoncent musclées avec des vents entre 35 et 40 nœuds et des vagues pouvant dépasser les 25 pieds (8 mètres). D’ici demain après midi, le front froid va perdre de la vitesse et se dissiper autour de 125 degrés ouest. Ellen va donc devoir mettre un peu de nord dans son cap pour rester à l’écart du centre de la dépression où règnent des vents faibles et variables et une mer désordonnée et forte. Vraiment pas l’idéal !. Encore une semaine avant le Cap Horn. “”Je n’arrête pas de me dire “”une semaine”” ! Dans une semaine, nous devrions passer le cap Horn””. Bien que la vitesse moyenne de Castorama ait chuté ces derniers jours, Ellen est parvenue ce matin à enregistrer la plus haute pointe de vitesse du bateau, avec 33,6 nœuds. Elle compte désormais près de 3,5 jours d’avance sur le record de Francis Joyon. Ellen doit aussi recharger ses propres batteries, même si elle est parvenue à accumuler 7 heures de sommeil depuis hier : “”on est dans les Mers du sud, il fait super froid et je suis fatiguée …””. . Message envoyé par Ellen le 6 janvier 2005 :””Salut à tous… Aujourd’hui, j’ai un peu l’impression de me réveiller dans un nouveau monde… J’ai d’abord très faim, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. La mer et le ciel, si agressifs dernièrement, sont maintenant plus calmes. Mer plate, ciel gris. Ces trois derniers jours ont vraiment été les pires de ma carrière. Jamais je n’avais rencontré de vents aussi instables, aussi agressifs, aussi imprévisibles. Tout l’air froid s’est concentré vers le nord pour former une dépression dans notre nord-ouest en nous balayant sur son passage. Mon corps a vraiment été poussé au delà de ses limites. Je suis sûre que je n’ai jamais été aussi fatiguée de ma vie. Dormir – c’est tellement facile à dire, et si dur à faire dans des conditions météo instables. Le vent arrivait de toutes parts, avec des bascules de 50 à 60 degrés et des rafales à 30 nœuds en quelques secondes. En fait, je crois que ce sont les pires conditions pour un multicoque, car le chavirage devient tout à fait possible. Malgré tout, sous un ris solent dans 44 nœuds de vent, je continuais de me dire qu’on allait s’en sortir. La journée d’hier a sans doute été la pire, avec d’énormes grains et un vent imprévisible. Cela a commencé avec 30 nœuds établis et une rafale à 47 nœuds. J’étais sous trois ris trinquette à manœuvrer sans cesse. Je m’excuse d’ailleurs auprès des albatros qui se sont approchés du bateau en se demandant pourquoi je pleurais. J’étais complètement hors-service, vidée, épuisée. Mais dans ces cas là, on ne peut pas appuyer sur un bouton pour que tout revienne à la normale… On ne peut pas empêcher les alarmes de sonner et de nous réveiller en permanence. J’ai essayé de regarder la météo, mais le fichier que j’ai pris était périmé de 6 jours. Je ne m’en suis pas rendue compte et cela m’a complètement perturbée. Je n’en voyais pas la fin. Par contre, ce qui me motive vraiment, c’est de lire les emails de soutien. Hier, j’en ai en reçu un d’Oli, qui fait partie de notre équipe. Le genre d’email incroyable qui vous remonte le moral aussitôt. De même pour tous les emails qui arrivent par le site Internet. J’étais assise pour lire les encouragements que m’ont envoyés les gens, et pour tout dire, je me suis mise à pleurer. Ca fait tellement chaud au cœur de voir ces messages qui affluent de tant d’endroits différents. J’ai parfois l’impression qu’ils sont destinés à quelqu’un d’autre qui réalise quelque chose d’extraordinaire. Hier soir la situation a commencé à s’améliorer. J’ai pu le sentir juste après la dernière averse de grêles. Et ce n’était pas une simple averse. On a eu plus de 3cm de neige fondue dans le cockpit. J’avais encore les yeux rougis par les pleurs et je ne sais où j’ai trouvé l’énergie mais je me suis mise à faire un bonhomme de neige. Et petit à petit, les conditions se sont améliorées. Maintenant je suis sous grand voile haute et génois dans un vent assez faible, mais dieu merci plus prévisible !””(Source Team Ellen)”

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Hugo Boss rentre à la maison

Hugo Boss au reaching
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« L’hospitalité qui nous a été offerte ici aura été fantastique, et il va nous être difficile de larguer les amarres… mais la perspective de mener Hugo Boss au rythme d’un équipage nous enthousiasme tous beaucoup. Le chantier a progressé très vite, et nous souhaitons vivement remercier Uwe chez Jazmarine, Bruce et Gigi de Cape Town Boating and Technologies, ainsi que Rob Sharp et Central Boating. Sans leur aide et leur générosité, jamais nous n’aurions pu effectuer tous les travaux en si peu de temps (ndlr : avis aux lecteurs qui pensent croiser dans les parages, voici quelques noms à retenir en cas de pépin). Les réparations au niveau du vît de mulet ont été finies avant noël, et après avoir remis le bateau en état de naviguer, nous nous sommes offert un repos bien mérité pendant les fêtes. Puis nous avons effectué quelques sorties pour tester les réparations – et je peux vous garantir que nous les avons testées !

L’effet local induit par la présence de Table Mountain au-dessus de Cape Town fait qu’ici, la gamme de vent va de la pétole absolue à 40 –50 nœuds, parfois plus.Heureusement pour nous, les premiers jours de navigation ont été marqués par des petits airs, mais le vent n’a pas tardé à rentrer. Nous sommes allés trouver 40 nœuds quelques jours plus tard, afin qu’Hugo Boss puisse s’ébattre à son gré. C’était un grand plaisir de se retrouver sur l’eau, de retrouver les joies de la navigation à haute vitesse.

J’ai encore néanmoins quelques poussées de déception au moment où les leaders du Vendée Globe passent le Horn et mettent le cap sur la maison, mais je suis certain que cela aurait été pire si j’avais dû passer noël aux Kerguelen ! Cette course reste bien sûr passionnante, et je souhaite bonne chance à Mike Golding. Nous partirons demain (message envoyé le 5 janvier, ndlr) et mettrons le cap au nord directement, près de la côte afin de parer les vents légers qui se trouvent plus à l’ouest. Notre remontée de l’Atlantique sera différente de celle des concurrents du Vendée, car nous naviguerons au portant à l’est de l’anticyclone, tandis qu’eux devraient avoir à tirer des bords au près dans son ouest. Je pense que le convoyage durera environ un mois, ce qui nous ferait arriver en Angleterre début février. Je sais que ce ne sera pas la même chose qu’un retour au pays après un Vendée Globe, mais j’espère que nombre d’entre vous viendront quand même nous accueillir à Gosport ».

(Source : Alex Thomson – traduction JB)

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Benoît Parnaudeau : marin engagé

Benoit Parnaudeau
Benoit Parnaudeau

450.000 euros, tel est son budget. Le plus petit de toute la flotte. Son bateau a beau porter les couleurs de “Max Havelaar””, cette association ne finance absolument pas son projet.””Cette société où il faut toujours la meilleure bagnole, les plus belles fringues ou le dernier gadget ne me convient pas. C’est aussi un peu pour cela que je pars. Pourquoi juste consommer quand on peut consommer juste ? C’est ce message que je veux faire passer en réalisant le tour du monde””, disait-il sur les pontons sablais.Citoyen du monde Un discours qui tranche radicalement dans ce Vendée Globe aujourd’hui sponsorisé par un géant de l’agroalimentaire spécialisé dans les pizzas. Mais Ben (c’est son surnom) n’en a cure. Lui, il a délibérément choisi d’offrir sa coque et ses voiles à cette association à but non lucratif qui se contente juste de mettre en relation les producteurs des pays du Sud avec les industriels des pays du Nord autour de principes d’échanges justes et durables.Né un 14 juillet au Canada, mais vivant à La Rochelle, l’homme à la chevelure en pétard est longtemps resté à terre. A préparer les bateaux d’Autissier, Auguin ou encore Munduteguy. Canadien et Français, le skipper se veut avant tout citoyen du monde. A tel point que la déclaration universelle des droits de l’homme décore le plafond de son 60 pieds.Nouvelle orientationTitulaire d’une licence en mathématiques qui a bien failli le conduire tout droit dans l’éducation nationale, Parnaudeau a changé de cap il y a dix ans. A la suite de deux événements marquants, sa vie a pris une autre orientation : en décembre 1993, il perd son œil gauche dans un accident. Deux ans plus tard, son meilleur ami décède. C’en est trop ! Ben comprend que la vie est trop courte pour ne pas la vivre pleinement. Alors, il  choisit de faire “”ce qu’il aime le plus d’abord, et le plus vite possible””. La mer devient alors son terrain de jeu préféré. Après une première Mini Transat (17e en 1997), il se lance dans la construction d’un 6,50 avec son copain Richard Mérigeaux. Ce dernier vient de se fracturer le pied. Dans la tête de Ben, ça fait tilt : le bateau s’appellera “” Bon pied – Bon œil”” (2e du Mini-Fastnet en 2001).“”Vendez pas l’globe””Après des navigations en Antarctique au cours de l’année 2000, le grand Ben croise la route d’un certain Munduteguy : il devient le préparateur du Basque dans l’édition 2000-2001 du Vendée Globe. Le Rochelais prend ensuite possession du plan Morrison lors du Défi Atlantique 2003 (Bahia – La Rochelle), épreuve qualificative pour le Vendée Globe : 8e, Ben a son ticket en poche.Après avoir allégé le 60 pieds de 3 tonnes, le marin-citoyen se présente sur la ligne de départ aux Sables d’Olonne. Auparavant, avec ses potes, il a pris soin d’enregistrer un album intitulé “”Vendez pas l’globe””. Depuis 58 jours, sans faire de bruit, Benoît Parnaudeau poursuit son tour du monde et profite de chaque seconde qui passe. Quotidiennement, il envoie à tous ceux que ça intéresse une petite carte postale (www.cotweb.com/benparnaudeau). Sans emphase, souvent bourrée d’humour, pleine d’embruns, elle transpire sa joie d’être en mer. Loin du monde des terriens qu’il a de plus en plus de mal à comprendre.Philippe Eliès / Le Télégramme”

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PRB à 36 milles de Bonduelle

Jean Le Cam / Bonduelle
Jean Le Cam / Bonduelle

Mais que va chercher Jean Le Cam (Bonduelle) ? En s’éloignant de la route directe et en suivant un cap de 20° plus abattu que Vincent Riou (PRB) depuis 4 heures, Jean sait qu’il est en train de tourner le dos au classement pendant quelques heures. Un investissement dans l’est qui n’est, bien évidemment, pas anodin quant on connaît la qualité et la finesse d’analyse du roi Jean. Sept Solitaire du Figaro dont trois victoires laissent indéniablement des traces… Il a donc vu quelque chose et en bon investisseur parie une fois de plus sur l’avenir. Situé quasiment à la même latitude, Vincent Riou qui est revenu à 36 milles de la pôle position pointe à 86 milles dans l’est du Cap Pembroke (Iles Falklands), là où Jean en est à 176 milles. Belle différence de cap, légère différence de vitesse, Vincent suit un cap nord-est plus proche de la route directe, grignote au classement et devrait toujours plus titiller Jean au classement de 11 heures. Aussi, c’est vers l’avenir qu’il faut donc regarder la situation de ce petit matin. Est-ce que le décalage entretenu par Jean vers l’est ne serait pas en prévision d’une grosse zone de vents erratiques qui s’étalerait comme un long haricot sous l’Uruguay dans les deux jours à venir ? Une fois de plus, chacun y va de son approche en fonction, tant des qualités de son coursier que de son analyse météo. Mike Golding (Ecover) est, de son côté, conservateur et entretient une position médiane entre les deux leaders. Il est ce matin à 86,4 milles de Jean et à 50,4 milles de Vincent. Une situation diablement passionnante où chaque mille sur ce tour du monde révèle son importance !

Sébastien Josse (VMI) devrait bien passer le Cap Horn la nuit prochaine. Il pointe ce matin à 280 milles du mythique rocher et affiche 330,9 milles parcourus en 24 heures, soit la vitesse moyenne la plus élevée de la flotte. Il tient à distance ce matin Temenos de Dominique Wavre qui grignotait son retard par poignées de dix milles à tous les classements précédents.

Et si, en privilégiant une route nord, Nick Moloney (Skandia) se met relativement aux abris des icebergs, l’australien continue d’écoper de sérieux coups de vent. Nick évoquait 50 nœuds hier avec son équipe à terre. Aussi il doit encore s’attendre à ce régime dans les heures à venir avec cette fameuse dépression qui monte via son sud-est, qui va être stationnaire un temps puis redescendre en se creusant toujours plus. Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) devrait également avoir de la pression dans les voiles aujourd’hui. Les vents devraient une fois de plus tutoyer les 50 nœuds avant d’accrocher demain après-midi les 75 noeuds… Par chance personne ne sera dans cette tempête ! Le Sud use, on comprend toujours plus pourquoi.

Benoît Parnaudeau (Max Havelaar/Best Western) a enfin mis du nord dans sa route. Il est toujours par 55° Sud mais doit maintenant penser à la première porte Pacifique qui se trouve à 385 milles dans son est/nord-est.

Enfin, Patrice Carpentier (VM Matériaux) fait toujours route vers Christchurch (Nouvelle-Zélande). Il vient de contourner la pointe sud de l’île du Sud et se trouve ce matin à 220 milles de Steep Head, pointe rocheuse placée juste avant la ville et le chantier où se trouve déjà le bateau de Marc Thiercelin (ProForm). Une distance assez courte sauf que Patrice navigue sans bôme et à la vitesse moyenne de… 3,2 nœuds sur 24 heures. Un vrai calvaire pour Patrice qui fêtera son anniversaire dans 4 jours, soit la date possible de son arrivée à Christchurch !

(Source Vendée Globe)

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Nicorette : retour sur une victoire à la dure

Nicorette au portant
Nicorette au portant

Seulement 19 jours après avoir effectué les premiers essais sous voiles, le 90’ flambant neuf (et construit en 88 jours !) Nicorette s’alignait au départ de l’édition 2004 du « Fastnet des antipodes »… avec l’ambition clairement annoncée de s’emparer des honneurs de la ligne. A bord de cette machine de guerre au rodage à peine entamé, Ludde Ingvall était entouré de Richard Bouzaid (Alinghi), Ed Smyth et Rodney Daniel (Oracle), ce trio de choc composant la cellule arrière. Après 2 jours, 16 heures et 44 secondes d’une course particulièrement éprouvante, Ingvall s’emparait malgré des conditions très difficiles de sa seconde victoire dans cette épreuve, et déclarait à son arrivée à Hobart : « Ce sont les moments les plus durs que l’on peut passer en mer, et j’ai l’impression d’avoir fait trois semaines de course ». Une course marquée certes par le naufrage de Skandia et l’abandon de Konica – Minolta, mais qui n’aura pas été sans heurts pour les vainqueurs non plus…

Ludde Ingvall : « Je savais que la zone de départ serait trop étroite et encombrée, aussi mon plan était de partir sous les autres Maxi, et d’utiliser le gros potentiel de Nicorette au près pour regagner du terrain une fois que le plan d’eau serait plus dégagé. Ce potentiel est à mettre au crédit de notre canard avant, équipé d’un trimmer, que je peux actionner grâce à un bouton (…) Le départ est donné, nous partons derrière Konica, à plus de 11 nœuds, j’appuie sur le bouton en question et voilà que le bateau part du mauvais côté ! Un frisson parcourt mon échine – j’ai actionné le mauvais bouton, le trimmer pousse l’étrave vers les bateaux spectateurs !!! Je corrige mon erreur, mais le volet est coincé dans la mauvaise position, car le moteur, en surcharge (trop de fonctions hydrauliques sont activées en même temps) s’est arrêté. Ty Oxley se rue à l’intérieur pour tout réenclencher (…) »

Environ deux heures après le départ, alors que Nicorette se trouve coincé entre Konica et Skandia (devant), une avarie de gennaker oblige l’équipage à envoyer le grand spi.
« Avec ses 600 mètres carrés, cette voile était cruciale pour nous lors de la première nuit, car elle est 150 m2 plus grande que le reacher, plus légère aussi. Il s’agissait de notre seul spi réellement capable de nous faire descendre, aussi n’avions nous aucune marge d’erreur (ndlr : pour être jaugé en IRC, Nicorette a dû sérieusement réduire sa garde-robe). Ce qui s’est passé ensuite nous a vraiment mis à l’épreuve : sur une simple erreur de communication, notre précieux spi s’est trouvé enroulé autour de l’étai et finalement est parti en lambeaux. J’étais effondré (…) Il a fallu une heure avant que nous puissions établir une autre voile de portant, moins adaptée, une heure pendant laquelle nos rivaux creusaient l’écart. Nous pensions que la course était probablement perdue, et que toutes les critiques que l’on aurait pu nous adresser alors se seraient trouvées parfaitement justifiées ».

Alors que la météo s’est considérablement dégradée, Ludde Ingvall décide d’adopter une stratégie conservatrice – on navigue à la côte le long de la Tasmanie, et la vitesse doit être considérablement réduite. Une option payante, pas toujours facile à appliquer cependant…
« Par moments, je limitais la vitesse du bateau à 8 nœuds et dans les pires endroits, nous tâchions de ne pas dépasser 6 nœuds. Ce qui est bien plus difficile à faire qu’à dire, car pour un bateau comme Nicorette, il est hors de question de se traîner à 6 nœuds dans 30 nœuds de vent. J’ai suggéré de mettre des traînards à l’eau, ou encore de sortir le système de propulsion rétractable, mais cela n’aurait pas eu beaucoup d’effet. Le meilleur moyen de ralentir était de mettre la quille dans l’axe, et parfois même nous l’avions sous le vent lorsque les conditions étaient vraiment rudes (…) De vives discussions se sont engagées avec les barreurs, qui parfois pensaient qu’il fallait pousser un peu plus (…) Je suis reconnaissant à l’équipage d’avoir suivi mes ordres, car je sais que ce n’est pas toujours facile. On m’avait demandé cela alors que j’étais un jeune barreur, dans la Whitbread 85 – 86, et que nous étions pris dans une tempête au large de l’Afrique ». La stratégie de Ludde Ingvall s’avère clairvoyante, et bientôt Konica Minolta, le leader, est en vue : le Maxi a tardé à s’abriter, et constitue maintenant une cible de choix pour Nicorette… alors que l’annonce du retrait de Skandia tombe. 10 minutes plus tard, Konica abandonne à son tour : il reste alors 100 milles à courir dans des endroits mal pavés, il faut continuer à jouer la prudence, mais la victoire est désormais à portée d’étrave.

JB

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Ellen à la limite de l’épuisement …

Ellen MacArthur / Castorama
Ellen MacArthur / Castorama

. Les trois jours de conditions instables ont poussé Ellen au bout de ses limites … “Je ne me suis jamais sentie aussi mal. Je suis absolument épuisée. Le vent passe de 12 à 46 nœuds…”” Ces 12 dernières heures, le vent a soufflé en moyenne à 7 nœuds, puis 12 nœuds, puis 17 nœuds avec d’énormes différences entre les vitesses minimales et maximales. L’attention constante nécessaire au réglage des voiles et à la sécurité du bateau pèse sur Ellen. Elle est en permanence sur la corde raide pour garder le contrôle de Castorama dans les fortes rafales et pour lutter contre son épuisement. C’est dans ces moments là qu’elle est le plus vulnérable car une fatigue aussi extrême peut parfois mener à commettre de graves erreurs. Lire la transcription de son appel téléphonique avec son équipe à terre vers 7h00 GMT ce matin.. Premiers signes de la bascule de vent à l’ouest. Le vent est en effet passé de SW à WSW et continue de tourner vers l’ouest (269 degrés)… Espérons que cela ne soit pas qu’une simple oscillation mais bien les premiers signes de la bascule prévue à l’ouest. Si c’est le cas, Ellen pourra alors empanner bâbord amures aujourd’hui pour faire cap NE et profiter des vents de nord-ouest plus stables pour récupérer tout en progressant à bonne vitesse vers l’est. Un autre coup de vent est annoncé pour vendredi et l’objectif sera de rester à l’avant de celui ci pour se rapprocher rapidement du Cap Horn, à quelques 3020 milles devant les étraves.. Castorama a atteint les 16 000 milles parcourus à la vitesse moyenne de 17,5 nœuds. Il lui reste donc moins de 10000 milles à parcourir sur la route théorique jusqu’à l’arrivée. Son avance sur le record de Francis Joyon approche les 3 jours (exactement 2 jours et 21 heures, soit 8,22% du temps restant) car au même moment de sa tentative, le skipper français ne bénéficiait pas non plus de conditions favorables. Il venait notamment de casser sa ferrure de têtière de grand-voile et avait passé 5 heures à réparer, avec la voile sur le pont. Il s’était ensuite fait prendre au piège au centre d’une dépression avec des vents faibles et une mer très agitée, après quoi il avait enfin retrouvé une bonne vitesse avec des moyennes de plus de 500 milles par jour.Appel d’Ellen du jour : “”je n’ai jamais navigué dans de telles conditions, ou en tous cas, pas aussi longtemps. 24 heures de temps instable, c’est une chose, mais pendant trois jours et demi, ça commence à faire long. C’est incroyable ! Je n’ai vraiment, jamais, jamais vu ça. C’est tellement dur, et ça souffle tellement fort. J’ai eu 44 nœuds tout à l’heure. J’avais un ris dans la grand voile et le solent. J’ai cru qu’on allait chavirer. A l’instant même, ça souffle à 18 nœuds. Avec ça, on pourrait filer facilement à 18 nœuds mais au lieu de ça, on marche à 13 nœuds parce que le prochain nuage approche et que nous sommes contraints de naviguer sous toilé. Je sais que Francis Joyon avait un peu galéré au même moment, mais c’est impossible de se reposer, de fermer les yeux et de dormir. Quand le vent faiblit il faut continuer de faire avancer le bateau. On fait maintenant cap au 155 et les vagues viennent frapper les coques sur le côté. On a soit 35 nœuds, soit 15… La dernière fois que je vous ai appelé, on avait 38 nœuds et des énormes grêles à l’intérieur du bateau. Il y en a partout : dans les voiles, à l’intérieur… Le cockpit est une vraie patinoire… C’est vraiment pénible…””(Source Team Ellen)”

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Patrice Carpentier ira à Christchurch

Patrice Carpentier
Patrice Carpentier

Patrice en route vers Christchurch(N-Z)…

Patrice Carpentier (VM Matériaux) s’arrêtera donc à Christchurch, port situé en Nouvelle-Zélande, non loin de là où se trouve déjà Marc Thiercelin et son ProForm (ndlr, à Akaroa Bay). Et comme ce dernier, Patrice souhaite réparer puis reprendre sa route vers le port vendéen qu’il rejoindra alors hors course pour assistance extérieure : « Rien à faire, je vais donc m´arrêter au stand. Au début, je pensais Wellington mais sans grand-voile, ça le faisait pas. Je me suis donc laissé emporter au bon plein vers le sud. Donc a priori et même sûrement désormais, je ferai escale à Christchurch pour réparer et je repartirai tout seul pour rallier les Sables-d’Olonne via le cap Horn, loin du Vendée Globe. Patrice ». Ce matin 5 heures, Patrice se trouve à 330 milles du port néo-zélandais et à 17 milles dans le sud de l’île Stewart. Rappelons que les premières réparations de sa bôme cassée en deux n’ont pas tenu et que celle-ci s’était de nouveau rompue dimanche 2 janvier dernier.

En tête de flotte, la progression se fait toujours au près dans un vent de secteur nord/nord-ouest de 10/15 nœuds. Les trois leaders se trouvent actuellement dans le sud des Iles Falkland. Jean Le Cam (Bonduelle) pointe son étrave ce matin à 124 milles du Cap Pembroke, pointe ouest située à côté de la ville de Stanley. Deux choses à noter en cette fin de nuit : le décalage plus dans le nord de Jean Le Cam et de Vincent Riou (PRB) par rapport à Mike Golding (Ecover) et ce même décalage toujours un peu plus nord de Vincent Riou par rapport au leader Jean Le Cam. Compte tenu des conditions météo à venir, soit encore du prés pour la journée, il est intéressant de voir comment se placent les trois bateaux pour gérer au mieux cette zone de transition et leur positionnement par rapport au futur proche. Ils sont dorénavant trois dans un mouchoir de poche de 100 milles à quelques heures de ce 60e jour de course, Mike Golding étant à 93,7 milles du leader ce matin.

Benoît Parnaudeau (Max Havelaar/Best Western) continue de glisser cap à l’est/sud-est. Déjà par 55° Sud hier, le rochelais continue de couper le fromage et se trouve seulement à 28 milles de la position la plus sud de Jean Le Cam dans ce Vendée Globe 2004. Et si Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) est sorti de son côté de la zone sensible de glaces ce matin, Benoît est au cœur de celle-ci puisque proche d’icebergs signalés par Jean Le Cam positionnés de l’autre côté de l’antéméridien. Point positif : Benoît est passé en longitude Ouest cette nuit.

Classement de 04h00 TU (05h00 heure française) :- Jean Le Cam (Bonduelle) à 6 720,2 milles
2. -Vincent Riou (PRB) à 54,1 milles du leader
3. -Mike Golding (Ecover) à 93,7 milles du leader

(Source : Vendée Globe)

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Spirit of Sark remporte la seconde étape du Global Challenge

Spirit of Sark / Global Challenge
Spirit of Sark / Global Challenge

36 jours, 7 heures, 2 minutes et 33 secondes de mer, voilà le temps qu’il aura fallu à Gillespie et ses troupes pour avaler les 6100 milles (sur la route théorique) séparant Buenos Aires de Wellington. Et ce temps est un grand motif de satisfaction pour Gillespie, qui bat le record de ce parcours établi en 2001 par un certain Conrad Humphreys, qui s’était en outre adjugé la victoire finale lors de la dernière édition du Global Challenge… L’Ecossais Gillespie, à 38 ans, a lui aussi disputé l’édition précédente, mais en tant qu’équipier – s’adjuger une victoire d’étape pour sa première participation en tant que chef de bord revêt naturellement une dimension particulière. Ajoutez à cela le fait que cette seconde manche peut être considérée comme une des plus exigeantes du parcours, et vous aurez une bonne idée de la joie de Gillespie à son arrivée à Wellington, hier à 23h57 GMT. Talonné par BP Explorer (doublé dans les dernières heures de course !), à seulement 35 minutes derrière lui, Spirit of Sark aura dû batailler ferme dans 40 nœuds de vent pour contenir les assauts d’un rival déterminé, mais finalement impuissant.

Voir le Horn…
Le passage du Horn, que l’ensemble de la flotte a choisi d’attaquer après avoir embouqué le détroit de Le Maire (séparant la Terre de Feu de l’île des Etats), restera un des grands moments de cette étape pour les équipiers amateurs, venus ici chercher leur Graal (pour la modique somme de 37 585 Euros, tout de même !!!). A bord de Spirit of Sark, Rachel Morgan raconte : « 40 nœuds de vent, des vagues grises et vertes explosant sur le pont, la masse très sombre d’un grain se profilant devant nous, avec la promesse d’un renforcement du vent… J’étais sur la plage avant, la silhouette du cap Horn se détachant au-dessus des vagues, mystérieuse et magnifique à travers la piqûre des embruns. C’est ça ! C’est ça que je suis venue chercher, et rien d’autre. Je suis en bas du monde, mais j’ai l’impression de flotter au-dessus ». Rappelons que 12 monotypes de 72 pieds sont engagés dans cette compétition où seuls les skippers sont des marins professionnels. Trois bateaux sont aujourd’hui arrivés à Wellington (BG Spirit, en troisième position, talonnait BP Explorer de 3 petites minutes !), le second paquet étant attendu cet après-midi aux alentours de 17 heures GMT.

JB

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Les conditions instables mettent Ellen à l’épreuve …

Ellen MacArthur / Castorama
Ellen MacArthur / Castorama

. Les conditions très instables en force et en direction depuis hier causent des soucis à Ellen : “je suis mon propre ennemi dans ce type de situation. J’aimerais toujours que Castorama navigue du mieux possible, mais c’est difficile avec un vent si changeant dont la force et l’angle sont si durs à prévoir…”” Le vent tourne en effet de 40 à 50 degrés et passe de 8 à 38 nœuds, ce qui rend le choix des voiles très compliqué…. Chute de grêles et démons en furie … “”””Et bien les choses n’ont pas été très faciles ces derniers jours… Nous avons des conditions très instables et notre pauvre Castorama n’a pas arrêté de ralentir et de redémarrer. Le ciel est assez bleu mais il y a beaucoup de nuages. Certains méchants. D’autres non. Ils arrivent vers nous comme des démons en furie pour nous attaquer avec leurs méchantes rafales glaciales. Hier le vent a atteint plus de 38 nœuds pendant 40 minutes… Le ciel est devenu noir, la mer toute grise et de la grêle a commencé à tomber des nuages. Castorama surfait sur les vagues à plus de 20 nœuds. J’ai profité du deuxième coup de vent pour aller récolter un peu d’eau douce. Je suis allée en pied de mât placer un seau sous la voile. L’eau venait de fondre et elle était presque aussi froide qu’un glaçon. Quand j’ai levé la tête pour regarder le ciel, les gros grêlons venaient me piquer la peau et cogner contre le pont. Ils devaient sans doute tomber de très haut ! J’ai pu garder 2 litres d’eau potable et utiliser le reste pour laver des vêtements. Ca ne sent pas trop mauvais à bord pour l’instant car il fait froid, mais les choses vont changer quand les températures vont remonter ! Hier soir, le vent soufflait dans toutes les directions et passait de 5 à 38 nœuds. C’est à la fois frustrant et épuisant car il faut souvent changer les voiles (11 fois en 24 heures). J’ai réussi à dormir quelques heures, d’un sommeil un peu agité à cause de l’alarme de vent qui me réveillait toutes les cinq minutes. J’ai émergé du sol où je m’étais blottie toute habillée dans une couverture en laine polaire et j’ai regardé le ciel pour découvrir un autre nuage noir menaçant… Même si la nuit a été dure et fatigante, nous avons aussi des moments agréables avec de magnifiques couchers de soleil et des lueurs orangées sur les vagues. C’est impressionnant de voir les nuages les plus sombres à côté du bateau qui brille comme à la lueur d’un feu de cheminée en hiver. Vraiment magnifique. Il ne fait jamais complètement noir la nuit. On a toujours cette lueur dorée à l’horizon. Le crépuscule se mélange à l’aube et donne naissance à une nouvelle journée. L’avantage c’est que les nuits sont courtes. Ce matin, les conditions sont un peu plus stables et la question est maintenant savoir quelles voiles porter. Je suis mon propre ennemi dans ce type de situation. J’aimerais toujours que Castorama navigue du mieux possible, mais c’est difficile avec un vent si changeant, dont la force et l’angle sont si durs à prévoir. Mais j’essaie de me rendre utile. Je renforce les lashings du trampoline et je vide l’eau du flotteur au vent… J’ai essayé de refaire un joint un peu plus fort avec de la silicone. Ca fait une drôle d’impression d’être à l’intérieur du flotteur avec simplement votre tête qui dépasse. C’est étroit en largeur mais environ aussi grand que moi en hauteur, donc quand la trappe est ouverte vous pouvez vous mettre debout à l’intérieur avec la tête dehors. J’avais l’impression d’être un personnage dans une course un peu loufoque, avec ma petite tête qui sortait de cette énorme forme très gracieuse. Cela m’a fait rire, mais j’imagine que c’est le fait d’être ici toute seule !””. Des prévisions assez pessimistes : “”A court terme, vers 12h00 TU ce mardi, les nouvelles ne sont pas très bonnes. Une dépression va se former près de 49-50S / 148-150W et se déplacer vers Castorama. Le vent sera très instable en force et en direction””. Ces conditions devraient perdurer jusque ce soir, pour devenir enfin plus stables demain.. Castorama parvient à garder son avance de 2,5 jours et se trouve actuellement dans le SE de l’île Chatham. Ellen est en mer depuis plus de 37 jours, soit la moitié du temps record de Francis Joyon (72 jours, 22 heures et 55 minutes). Il lui reste donc encore 36 jours pour essayer de battre ce record du monde en solitaire…(Source Team Ellen)”

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