Charles Caudrelier sur son Maxi Edmond de Rothschild est en passe de remporter cette 12e édition de la Route du Rhum. Bien que fortement ralenti, il a passé la bouée de Basse-terre alors que François Gabart n’a pas encore commencé le tour de l’île et se trouve à 27 nm de la Tête à l’Anglais. Le suspens d’une fin de course comme en 2018 pour la victoire n’aura pas eu lieu. Mais il reste encore peut-être un beau match à jouer pour la 2e place avec Thomas Coville bien qu’il soit à 115 nm de SVR-Lazartigue.
Le Maxi Edmond de Rothschild (Ultim 32/23), skippé par Charles Caudrelier a passé mercredi 16 novembre à 23h33 (heure locale) – 04h33 (à Paris) l’avant dernière marque de parcours, celle de Tête à l’Anglais un ilôt au nord de la Région Guadeloupe.
« Il y a de l’excitation mais surtout de la concentration », a commenté le navigateur peu avant d’attaquer le fameux tour de la Guadeloupe. « C’est une particularité de la Route du Rhum et c’est un moment de la course que j’appréhende particulièrement. En arrivant de nuit en heure locale, tout est fait pour faire un finish à suspense comme vous aimez bien à terre, mais comme on déteste en mer », a martelé le marin dès lundi, avant de le rappeler hier et encore ce matin lors de la vacation matinale. « Ces derniers milles font toujours un peu peur mais j’ai une avance confortable. J’espère que ça va suffire. J’ai bien préparé mon truc. J’ai une bonne idée de là où je vais passer. Ça va être délicat comme passage car le vent n’est pas orienté de la manière des plus favorables. Ça risque, dans tous les cas, d’être un peu pénible », a ajouté Charles Caudrelier qui compte entre trois et quatre heures de bonus sur son dauphin, relégué à plus de 80 milles au pointage de 6 heures. « J’aurais préféré en avoir 100 mais je suis content, c’est une belle marge. Le début du tour de l’île est apparemment assez facile. Il y a un petit effet d’accélération mais après, il faut aller raser la côte et jouer avec le vent qui tombe de la montagne mais qui n’est pas toujours là, surtout dans la nuit. En 2018, je crois que François était resté 2 heures sans pouvoir bouger. Ça promet de ne pas être simple », a concédé le marin qui sait qu’il n’existe aucune règle pour passer sous le vent d’une île tropicale, au pied d’un volcan (La Soufrière) dont le sommet culmine à 1 467 mètres. Sa vigilance va donc devoir rester maximale jusqu’à la ligne d’arrivée qu’il devrait, sauf accident, franchir entre 9h30 et 10h30 ce mercredi. « Je suis concentré sur les DCP (Dispositifs de Concentration de Poisson). J’ai tout allumé : le radar, l’Oscar… Je surveille ma caméra infrarouge. Ces dernières heures, j’ai rallongé un peu ma route pour éviter toutes les zones dangereuses. A présent, je suis impatient de franchir la ligne et de vivre cette arrivée incroyable. Je suis en forme, j’ai bien dormi pour attaquer ça. C’est un moment important, qui impose d’être à fond », a assuré le skipper du Maxi Edmond de Rothschild.
Il a ensuite enrouler la marque de passage de Basse-Terre à 7h44 et distant de 26nm de la ligne d’arrivée.
Il est le premier concurrent attendu sur la ligne arrivée de la 12e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, dans quelques heures (passage de ligne vers 4h30 heure locale et 9h30 heure Paris)
Les trois ultimes volent aussi vite qu’ils le peuvent en direction de la Guadeloupe désormais à moins de 300 milles pour le leader Charles Caudrelier qui compte désormais 66 milles d’avance sur François Gabart. Thomas Coville sur Sodebo tente de recoller autant qu’il le peut. Le final cette nuit autour de l’ile avec une arrivée prévue demain matin s’annonce haletant.
Les skippers ultimes en rêvaient. Ils vont avoir une arrivée groupée en Guadeloupe et un finish haletant. Avant cela, ils ne boudent pas leurs plaisirs en volant sur leurs engins à plus de 31 nds de moyenne dans des alizés et une mer bleue rangée. Charles Caudrelier est bien parti pour l’emporter mais rien n’est encore gagné. Le plus dur et stressant reste à venir : le tour de la Guadeloupe et ses nombreux pièges. François Gabart ne manque pas de lui ajouter de la pression lui qui a déjà vécu cela sur la dernière édition. Enfin Thomas Coville tente de recoller au duo de tête et doit être à la limite de son bateau. Il a été le plus rapide aujourd’hui. Toute reste encore ouvert pour lui même s’il accuse 6-7h de retard.
François Gabart : “ Il y a un truc que j’aime bien, c’est de me mettre dans la bulle là-haut au poste de barre…j’éteins tous les instruments, je regarde l’horizon, l’œil prend 30 secondes/une minute pour s’acclimater…puis les se distinguent, sortent dans le noir, les apparaissent à droite à gauche …on voit pleins de choses qu’on ne voit pas lorsque les instruments sont allumés, ~comme si le monde réapparaissait dès qu’on éteint un peu les écrans…”
Thomas Coville : “ On a pas mal oeuvré, tous, pour arriver jusque-là. Après du près, le golfe de Gascogne, traverser ce front au large… ça sera mémorable pour moi ça, les Açores ! Puis enfin tricoter le long de l’anticyclone pour essayer de trouver une petite voie pour essayer d’attraper l’alizé. Et là, il fallait être capable de voler dans du tout petit temps. Nous avons été moins bon sur ce coup là. Mais jusqu’à la Tête à l’Anglais et jusqu’au tour de l’île, il reste encore plein de choses. Là, c’est une course de vitesse pendant 24 heures, dans ce fameux alizé. Allez, bonne soirée, ciao. Et c’est quand même bonard là ! »
ETA Tête à l’Anglais classe Ultim32/23 Incertitude : Plus ou moins 2 heures pour chaque timing
Maxi Edmond de Rothschild : Mardi 15 novembre 22h30 locale (03h30, heure de Paris)
SVR Lazartigue : Mercredi 16 novembre 02h30 locale (07h30, heure de Paris)
Sodebo Ultim 3 : Mercredi 16 novembre 06 h 00 locale (11h00, heure de Paris)
Les heures d’arrivée estimées des premiers Ultimes Charles Caudrelier (Edmond de Rothschild) : mercredi 16 novembre entre 7 h et 13 h
François Gabart (SVR Lazartigue) : mercredi 16 novembre entre 11 h 30 et 17 h 30
Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) : entre mercredi 16 novembre 19 h et jeudi 17 novembre 1 h
Yves Le Blevec (Actual) : entre jeudi 17 novembre 22 h 30 et vendredi 18 novembre 10 h 30
Pour battre le record de Francis Joyon (7 jours 14 h 21’45’’), le premier Ultime doit franchir la ligne d’arrivée avant jeudi 17 novembre à 4 h 21’45’’.
Charlie Dalin sur son Imoca APIVIA est impressionnant sur cette Route du Rhum. Il mène depuis le départ, choisit les bonnes trajectoires et tient à distance ses adversaires relégués à plusieurs milles et va aussi vite que les Ocean Fifty.
Dès l’entrée en mer d’Iroise, le skipper d’APIVIA a pris la tête du groupe qui jouait la carte du longe-côte en Finistère. Ses petites options bien senties et bien exécutées lui ont permis de pointer en leader avec 81 milles d’avance sur Thomas Ruyant (LinkedOut) après une quarantaine d’heures de course ; après, surtout, que les deux flottes (de l’ouest et du sud) se furent retrouvées sur une route commune. Ni les conditions de navigation dégradées ni les enchaînements de dorsales (sans vent) et de fronts (avec vents forts) n’ont réellement contrarié sa progression. « Depuis le début de saison, je vis une belle harmonie avec le bateau, et je suis heureux que ce soit encore le cas sur ce début de course. C’est rare d’arriver à ce niveau de plénitude. Je me pose des questions, évidemment, et je n’ai pas réponse à tout. Parfois cela ne marche pas, mais je suis dans un mode de navigation tellement éloigné de ce que je vivais la première année, où j’essayais de dompter le bateau… Je subissais alors qu’aujourd’hui, je le maîtrise ». Des contrariétés, il en reste, heureusement. Hier soir, une petite subtilité météo semblait pouvoir lui permettre d’asséner un nouveau coup à la concurrence. La porte qui émergeait de la dorsale s’est refermée sur APIVIA… mais pas sur les leaders de la classe Ocean Fifty avec qui il naviguait alors bord à bord. « Honnêtement, ça m’a frustré ! J’avais l’impression d’être une vache qui dans son champ regarde passer le train. J’ai réfléchi, j’ai compris ce qu’il s’était passé et… » Et un nouveau train s’est présenté en fin de nuit. Ce matin, Charlie a sauté sur le marchepied, évitant de rester coincé dans la dorsale.
« Le bateau s’est dérobé, et j’ai volé » À bord, la vie a changé. C’en est probablement terminé de « la partie cabossée du parcours, en tout cas face à la mer. On se fera peut-être encore secouer, mais nous serons dans le sens des vagues, ce sera plus cool ». Le soulagement est perceptible : lundi matin, dans la descente vers les Açores, Charlie a été éjecté du pouf qui lui sert de lit. Il raconte : « Le bateau tapait par-dessous et, malgré l’épaisseur du pouf, c’était difficilement tenable. Ça m’a réveillé et, malgré ça, quand le bateau s’est dérobé, j’ai volé, façon « expérience gravité Zéro G ». Je n’ai même pas eu le temps de profiter de l’apesanteur que je retombais lourdement… sur le pouf heureusement, qui a sauvé mon intégrité physique ».
Les alizés se présenteront très bientôt, portant dans leur souffle des conditions de navigation plus confortables, pour autant qu’on puisse accoler confort et IMOCA dans la même phrase. Il fait déjà 24 degrés dans le bateau (« c’est le printemps : il ne fait plus froid, il fera bientôt trop chaud ») et le skipper d’APIVIA navigue en short et tee-shirt. « J’ai hâte d’entrer dans le régime des alizés. Dès que j’y serai, j’entamerai la descente vers la Guadeloupe en escaliers, avec du vent par l’arrière du bateau. Ce sera une nouveauté dans cette course… ce sera même un grand moment ! »
Les premiers Ocean Fifty devraient enfin se retrouver dans les Alizés et se propulser vers la Guadeloupe. Quentin Vlamynck à bord d’Arkema mène toujours la flotte sur un bon rythme avec 70 mn d’avance sur Erwan Le Roux, Sébastien Rogues et Armel Tripon.
Le grand échiquier est en train de se mettre en place pour Sébastien Rogues. ” Finis les dépressions, les fronts, la machine à laver dans le bateau, la boule au ventre… Fini aussi pour mon ami Thibaut – Défi Voile Solidaires En Peloton. Quand j’ai appris la nouvelle j’en avais les larmes aux yeux. Je t’envoie toute l’énergie possible pour t’aider et je pense à toi. Mais tu es un roc et encore une fois tu feras des miracles ! Finies aussi les couches de cirés, les polaires mouillées. La vie reprend ses droits sur mon petit bateau (au port je le trouve super grand, mais au milieu de l’Atlantique il parait si petit !). On contourne l’Anticyclone dans les prochains jours. Au programme, soleil, nuages, grains, belles houles du large, risées, molles et plein de situations imprévisibles ! La partie d’échec va battre son plein.”
« Les températures remontent. On sent qu’on descend vers le sud, surtout la nuit », a indiqué Erwan le Roux par ailleurs heureux d’avoir réussi à se reposer en position allongée pour la première fois depuis le départ. « La nuit dernière, j’ai sorti le matelas. Qu’est-ce que ça fait du bien de dormir à l’horizontal ! On l’oublie, mais c’est un truc de fou ! », a commenté Erwan qui a donc plusieurs raisons de se réjouir aujourd’hui, avec en prime, la satisfaction d’avoir un peu distancé Sébastien Rogues ces dernières heures au pointage. Un pointage où il occupe, ce matin, la deuxième place derrière Quentin Vlamynck. « J’ai grappillé un peu de terrain sur les copains situés un peu en dessous. Ils ont un peu moins d’air que moi la nuit dernière. C’est cool », a terminé Erwan Le Roux qui va toutefois devoir se méfier de la concurrence dans une nouvelle phase de vents légers et instables annoncée sur sa route à la mi-journée.
Charles Caudrelier à bord de son Maxi Edmond de Rothschild devrait arriver mercredi entre 8h et 13 h (heure de Paris) à la Tête à l’Anglais avec 3-4h d’avance sur François Gabart. Le final de cette Route du Rhum s’annonce passionnant.
Charles Caudrelier et François Gabart font désormais route directe vers la Guadeloupe. Le Maxi Edmond de Rothschild compte 70 milles d’avance sur SVR-Lazartigue après un contre-bord cette nuit pour se recaler sur la bonne trajectoire. Toujours légèrement plus rapide, Charles Caudrelier devrait conserver 2 à 3 heures d’avance sur François Gabart avant d’entamer le tour de la Guadeloupe en début de nuit où tout peut arriver. Thomas Coville avec son Sodebo Ultim 3 est à 171 mn du leader. Son ETA à la Tête à l’Anglais le fait arriver plus de 20h plus tard.
Depuis lundi après-midi, le sprint final est officiellement lancé pour les trois leaders de la classe Ultim 32/23, Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), François Gabart (SVR Lazartigue) et Thomas Coville (Sodebo Ultim 3). Pour eux, il s’agit aujourd’hui d’engranger le plus de milles possibles en direction de la pointe nord de la Région Guadeloupe. « Ça commence à aller vite, c’est sympa. Enfin de la glisse, de la vraie ! Le bateau va bien. La mer s’est organisée. C’est plaisant », a commenté le meneur de troupe à la vacation matinale, après une nuit entière lancé à plus de 30 nœuds de moyenne. « Plus il y a de vent, plus le bateau est facile au pilote. J’en ai profité mais il faisait noir et dans les grains, le vent montait à plus de 30 nœuds. J’avais tout dessus et j’étais en mode « je ne casse rien ». J’aurais pu aller plus vite. Le bateau demandait à aller à plus de 40 nœuds mais j’ai préféré rester raisonnable », a commenté Charles Caudrelier avec une voix nettement plus reposée que la veille. « J’ai pu dormir un peu et passer une excellente nuit », a avoué le navigateur, dont la cadence a un peu faibli en même temps que le vent ce matin. Son avance au pointage de 6 heures sur son concurrent le plus proche ? 110 milles. « C’est pas mal et si je pouvais garder ce matelas jusqu’à la fin, ce serait bien mais je reste vigilant. François est dans une meilleure position que moi car il n’est pas complètement impossible que j’aie un jibe à faire à un moment. La journée va être un peu molle et il va y avoir des grains. Ce n’est pas fini avant la Guadeloupe ! Concentration et repos sont au programme du jour. Je n’ai pas assez d’avance pour me décontracter complètement », a ajouté le skipper du Maxi Edmond de Rothschild qui garde la tête froide et ne cache pas son appréhension pour ce qui concerne les derniers milles. « Ce qui m’inquiète, c’est le tour de la Guadeloupe. J’ai peur que François me fasse une Joyon, qu’il se venge de la dernière fois ! », a relaté Charles qui a forcément en mémoire le scénario de la dernière édition de cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe marqué par neuf heures de mano à mano autour de l’île et, pour finir, un incroyable retournement de situation à la sortie du canal des Saintes. « Je vais arriver à la mauvaise heure, en début de nuit en heure locale. A ce moment de la journée, les vents ne descendent pas encore de la côte. Tout est fait pour faire un finish à suspense comme vous aimez bien à terre, mais comme on déteste en mer », assure le marin.
Fabrice Amedéo a vu son bateau coulé devant lui en quelques minutes après une explosion et un incendie à bord de son IMOCA Nexans – Art et Fenêtres alors qu’il faisait route à 11h40 TU ce lundi suite à une avarie survenue la veille occasionnant une voie d’eau dans la zone de vie du bateau. Il relate son sauvetage où il n’est pas passé loin de mourrir.
Fabrice a été contraint d’abandonner son bateau qui a sombré au large des côtes portugaises. Les opérations de secours ont immédiatement été enclenchées. Fabrice est en sécurité à bord du cargo M/V MAERSK BRIDA, il n’est pas blessé. Il sera débarqué demain dans la ville portuaire de Ponta Delgada, située sur la côte sud de l’île de São Miguel, dans l’archipel des Açores. “Bonjour à tous. Je suis sain et sauf sur un cargo qui va me déposer aux Açores demain matin. Mon Imoca Nexans – Art et Fenêtres a coulé en flamme sous mes yeux. Ce sont tous mes rêves qui se sont engloutis avec lui”.
Dimanche matin : tout va bien à bord et je fais une super course. Le bateau vole fort dans les grains et la mer est formée. Soudain, je me rends compte que mon ballast a explosé sur une vague et que j’ai plusieurs centaines de litres d’eau dans le bateau. Je m’arrête pour être en sécurité et je commence à tout vider. À ce moment là, les batteries touchées par l’eau tombent en panne et j’ai un black out complet à bord. Je n’ai plus d’électricité : plus de pilote automatique, plus d’ordinateur, plus d’électronique. Je décide, en concertation avec mon équipe, de faire route prudemment vers Cascais.
Dimanche après midi : grosse fumée à bord du bateau. Je donne un coup d’extincteur, j’enfile ma TPS (combinaison de survie) j’alerte la direction de course qui demande à un concurrent en Imoca de se dérouter pour me porter assistance en cas de besoin. La fumée finit par s’arrêter. Je décide de reprendre ma route vers Cascais. Je croise James Harayda le skipper de Gentoo qui était venu sur zone pour me porter assistance. Je le remercie et reprends mon chemin. J’assèche complètement le bateau et me prépare à une navigation difficile. Je dors deux heures hier soir pour me remettre de mes émotions puis barre 6 heures cette nuit.
Lundi : De nouveau 2h30 de sieste puis 7 heures de barre. Peu après 12h30, nouvelle fumée à bord. Suivie d’une explosion. Je retourne dans la cabine à tâtons et parviens à récupérer ma TPS. Mon Grab bag (sac de survie) était resté dans le cockpit. Je retourne chercher mon alliance. Je donne un coup d’extincteur mais rien n’y fait. La fumée n’est pas blanche comme hier mais jaune. Le cockpit se gondole et jaunit. Les embruns d’eau de mer font comme le bruit de l’eau sur une casserole. Je comprends que je vais devoir évacuer. Je préviens mon équipe d’une possible évacuation. Au moment où je raccroche, je suis alors à l’arrière du bateau prêt à déclencher ma survie: un torrent de flamme sort de la cabine et de la casquette. Je suis au milieu des flammes. Je ne peux même pas ouvrir les yeux. Je parviens à pousser le radeau de survie à l’eau et à sauter. Normalement le bout qui tient la survie au bateau est sensé lâcher. Il ne lâche pas. Le bateau, que j’ai eu le temps de mettre à la cap mais qui avance encore poussé par une mer formée, tire la survie qui se remplit d’eau. Je parviens à monter à bord sans la lâcher. Je crois que c’est ici que tout s’est joué et que les choses ont basculé du bon côté. Je me dis « si tu veux vivre tu as quelques secondes pour trouver le couteau et couper ». L’Imoca me tire à lui. Les vagues me ramènent dangereusement à lui. Je trouve finalement le couteau et coupe. Mon radeau dérive sous le vent de l’Imoca qui est en flammes. Il va mettre 30 minutes à sombrer. Je lui ai parlé et l’ai remercié. Nous devions faire le tour du monde ensemble dans deux ans.
Fabrice Amedeo à bord de son radeau de survie
Ensuite il faut s’organiser. Le téléphone satellite n’a pas aimé l’eau du radeau et ne fonctionne pas. Je me dis : « personne ne sait que le bateau a coulé et que tu es dans ton radeau, si tu coupes la balise de ton imoca que tu as pu emmener et que tu déclenches celle du radeau ils auront l’info ». C’est ce que je fais. Je ne trouve pas d’écope à bord. Un Tupperware contenant des piles va me sauver. Je vide le radeau. Commence l’attente. Je me mets en arrière du radeau pour qu’il ne se renverse pas. La mer est très très formée. Je fais le point sur le matériel à bord et me prépare à la suite. Je rassemble les fusées. Mets la VHF autour de mon cou. Je passe trois à quatre heures dans ce radeau. Je suis étonnamment serein. Au ras de l’eau. Le radeau se remplit régulièrement d’eau des vagues qui déferlent légèrement. J’écope mais me sens en sécurité. Je sais pourtant que rien n’est joué.
Toutes les 30 min, pour épargner les batteries, je lance un appel Mayday à la VHF. J’ai pris la VHF du bord grâce à Éric mon Team manager qui a eu le temps de me donner ce conseil juste avant que je ne raccroche. Je garde les batteries de celle du radeau pour la suite.
Au bout d’un moment une voix me répond. Un cargo qui se trouve à 6 milles de ma position arrive sur zone. Je suis rassuré mais ne vois pas comment je vais monter à bord d’un tel mastodonte avec cette mer. Je suis en contact permanent à la VHF avec le capitaine qui ne me voit pas : la mer est formée, il a le soleil dans les yeux et je suis un minuscule point orange. Il m’a dit tout à l’heure « you are alive because you told me : I am approximatively 2 milles from your star board side ». Je suis à environ deux milles de votre côté tribord. Je percute une fusée de détresse. Il me voit. Il me perd. J’en percute une deuxième. Il me voit et arrive sur zone. Il tente une première approche qui échoue. C’est très impressionnant d’être dans mon radeau pneumatique à quelques mètres de ce géant d’acier. Il s’excuse à la VHF et repart pour une approche. À son passage la mer se hache, le radeau se remplit abondamment d’eau. Il se repositionne à mon vent, à quelques mètres, c’est dingue, et dérive vers moi. Cet immeuble calme un peu la mer et m’aspire. Le radeau frotte contre la coque de l’avant vers l’arrière. Si ça ne marche pas, la suite va être compliquée. L’équipage me lance des cordes que je ne parviens pas à récupérer dans un premier temps.
Finalement j’y parviens. J’en récupère une proche de la proue du navire. Tout se joue sur le fil. Il y a l’épaisseur du trait entre la réussite et l’échec, la survie et le drame. L’équipage me tire vers un escalier qui a été descendu. Avec les vagues je monte parfois au niveau de l’escalier puis redescends 5 mètres en dessous. C’est la dernière épreuve. Si la survie passe sous l’escalier elle va être percée et moi je vais être projeté à l’eau. Je m’approche. Une première fois : je ne la sens pas. Une seconde vague, je monte et hop je saute sur l’escalier que j’atteins puis me retrouve dans les bras d’un homme casqué. Je remonte sur le pont.
Je suis accueilli par une une vingtaine de membres d’équipage. C’est fou ce moment. Ils me prennent dans leur bras, me félicitent. Avant que je n’ai eu le temps de dire ouf, ils m’emmènent dans une salle, j’ôte pas combinaison de survie. « Mais tu es sec » hallucinent-ils. Oui oui nous sommes équipés sur nos bateaux de course ! J’ai pris une douche et ai mis une tenue de l’équipage.
Fabrice Amedeo en sécurité à bord d’un cargo.
C’est une fois à bord du cargo que la peur et l’adrénaline sont venus. Mes jambes tremblaient. C’est fou cette capacité animale qu’a l’Homme à gérer une situation de survie. Et puis ça retombe. La mort n’a pas voulu de moi aujourd’hui ou plutôt la vie n’a pas voulu que je la quitte. Je suis dévasté mais le plus heureux des hommes car ce soir ma femme et mes filles ne vont pas se coucher en pleurant.
À la sortie de la douche je suis reçu par le capitaine et son second. Nous tombons dans les bras les uns des autres. Ils ont aussi les jambes qui tremblent me disent- ils.
Cette aventure n’altère en rien ma passion pour mon métier et pour l’océan. Je remercie mon équipe, la direction de course de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, les équipes de secours, qui ont oeuvré pour que cette opération de sauvetage se déroule dans les meilleures conditions possibles.
Je pense aussi à mes partenaires. Je les remercie de leur confiance. Je vais rebondir. Nous allons rebondir.
Le champion olympique de saut à la perche (1996) a été victime d’un gros choc à la tête alors qu’il naviguait au large de la Corogne dans des conditions de mer difficiles. Il a subi des examens médicaux au Centre Hospitalier de Bouzas, à Vigo, qui ont révélé une commotion cérébrale. Ces examens ont révélé une commotion cérébrale. En conséquence, les médecins du centre hospitalier et ceux de la course ne se sont pas prononcés favorablement pour une reprise de la course. La déception est grande pour Jean, son équipe et Marc Le Bras dirigeant de Serenis Consulting, son partenaire depuis 2013 et avec qui il travaille sur ce projet précis depuis 4 ans. Ce n’est bien évidemment pas l’issue qu’ils avaient imaginée ensemble. Jean les remercie très chaleureusement ce soir, pour leur accompagnement, et leur fidélité. C’est le 20e abandon sur cette Route du Rhum.
Cette 12e Route du Rhum marquée par plusieurs passages de front n’épargne aucune classe. Le point sur les avaries et les abandons. 21 bateaux ont actuellement abandonnés sur 138 au départ. La Classe40, plus nombreuse est logiquement la plus impactée.
ULTIME : 8 partants 12 novembre : Banque Populaire XI : Dérive cassée, le bateau est rentré à Lorient pour réparer. Armel Le Cleac’h est reparti 48h plus tard. 8 novembre : Arrêt de Use It Again qui est reparti 24h plus tard
IMOCA : 4 abandons sur 38 partants 14 novembre : Incendie et explosion à bord de Nexans – Art & Fenêtres de Fabrice Amedeo. Le bateau a coulé 12 novembre : Démâtage de l’IMOCA Bureau Vallée 11 novembre : Groupe Apicil percuté par un cargo et démâtage. Damien Séguin abandonne et rentre à Lorient 8 novembre : DMG Mori – Global One : Le bateau du japonais Kojiro Shiraishi est entré en collision avec celui d’Oliver Heer Ocean Racing.
Ocean Fifty : 2 sur 8 partants 12 novembre : Solidaires En Peloton – ARSEP, Chavirage de Thibaut Vauchel-Camus 8 novembre : Leyton, Sam Goodshild se blesse avec une manivelle de winch dans la phase de pré-départ. Il est évacué et abandonne.
CLASS40 : 13 abandons sur 55 partants 15 novembre Intéraction – Erwan Thibourméry 14 novembre : Serenis Consulting, Jean Galfione victime d’un choc à la tête Virangga – Emmanuel Hamez A l’Aveugle – Trim Control, Démâtage. François Jambu Fullsave, Jean-Pierre Balmes en proie à des soucis de ballast et de hook de trinquette a préféré renoncer. 12 novembre : Cap’tain Alternance, Keni Piperol victime d’une voie d’eau. Le bateau fait route vers la Corogne Crosscall, Aurélien Ducroz Démâtage La Boulangère Bio, Amélie Grassi Démâtage du Class40 11 novembre : Glaces Romanes Laurent Camprubi a connu des soucis d’électronique, d’aérien, de ballast… Le skipper de Glaces Romanes a donc décidé d’abandonner et de faire demi-tour vers Caen. Volvo – Jonas Gerckens. Un état de santé grippal, la voile J1 déchirée et le pilote automatique défaillant l’ont contraint à l’abandon Fortissimo Geoffrey Mataczynski abandonne après un problème du pilote automatique et le génois déchiré 10 novembre : E. Leclerc Antoine Magré a tapé des cailloux au large de l’île de Batz. Sans blessure grave mais avec un bateau sévèrement abîmé , il a décidé d’abandonner 9 novembre : Randstad-Ausy – Martin Louchart contraint d’abandonner la course après avoir heurté des rochers dans la nuit du 9 au 10 novembre
RHUM MONO : 12 partants
RHUM MULTI : 2 bateaux sur 17 partants 13 novembre : CMA île de France – 60000 rebonds de Brieuc Maisonneuve a chaviré dans une rafale brutale entraînant un violent départ à l’abattée. 8 novembre : Rayon Vert d’Oren Natafa été victime d’une avarie de grand-voile. Cette dernière s’est déchirée en deux lors d’un empannage. Le skipper a signifié son abandon à la Direction de Course ce jeudi en milieu de matinée.
À 11h32 TU ce matin, alors qu’il faisait route vers Cascais au Portugal, une explosion s’est produite à bord de l’Imoca Nexans – Art & Fenêtres occasionnant un incendie, consécutif à l’avarie déclarée hier. Fabrice a été contraint d’abandonner son bateau qui a sombré au large des côtes portugaises.
Les opérations de secours ont immédiatement été enclenchées. Alerté par la direction de course, les services de secours maritimes Portugais ont contacté les navires présents sur la zone de l’accident. Le Cargo M/V MAERSK BRIDA situé a proximité s’est dérouté et l’opération de sauvetage s’est bien déroulée à 14h21 TU cet après-midi. Fabrice est en sécurité à bord du cargo, il n’est pas blessé. Il sera débarqué dans la ville portuaire de Ponta Delgada, située sur la côte sud de l’île de São Miguel, dans l’archipel des Açores.
À 6h30 TU ce dimanche 13 novembre, le ballast tribord (réservoir d’eau destiné à donner de la puissance au bateau) de Nexans – Art & Fenêtres a rompu sous l’effet d’une mer très formée entraînant une voie d’eau dans la zone de vie. Afin de stabiliser et sécuriser le bateau, Fabrice Amedeo s’était positionné au vent arrière et attelé à pomper l’eau pour l’évacuer. La mer reste formée et la grand-voile s’est déchirée suite à un empannage accidentel.
Malgré les efforts de Fabrice pour évacuer l’eau, le parc de batteries a été inondé. Il était donc privé d’électricité à bord. Il a prévenu son équipe en utilisant son téléphone de secours et faisait route vers Cascais au Portugal sous J3 seul (petite voile de près).
Le skipper d’Inter Invest (Class40) a subi un choc avec un OFNI ce lundi en début d’après-midi. Il a notamment endommagé le carénage de quille, une partie de son safran bâbord et provoqué un délaminage conséquent du fond de coque dans la crash box (la crash box est la zone située à l’avant, prévue pour se casser sans endommager la structure du bateau en cas de choc). Matthieu Perraut va bien mais le bateau est trop endommagé pour continuer. Le skipper fait actuellement route vers l’île de San Miguel, aux Açores, à près de 250 milles au Sud de sa position.
Pour sa première Route du Rhum, le skipper réalisait un fabuleux début de course. Dès le départ, Matthieu se place aux avant-postes et remporte le trophée CIC – Cap Fréhel en étant le premier Class40 à passer la marque du Cap Fréhel après quatre heures de course. Au moment du choc, il pointait au 4e rang et était en passe de ressortir dans le peloton de tête après avoir choisi une option tactique payante depuis 24 heures.