Onze à treize partants : tel est le plateau annoncé pour la Calais Round Britain Race marquant l’importance de cette épreuve d’ouverture du calendrier Imoca ! Surtout lorsque plus de la moitié des monocoques de 60 pieds sont de nouveaux prototypes qui s’élanceront pour leur première course offshore… Et que des architectes comme le cabinet américain Bruce Farr, les designers d’Owen Clarke, le Groupe Finot, présentent leurs nouvelles machines face aux valeurs sûres des générations précédentes signées Marc Lombard, Finot-Conq, Farr, Clark Owen. La confrontation est donc d’importance pour tous ces équipages qui auront pour la première fois, réellement l’occasion d’analyser sur un parcours mélangeant du près et du portant, des petits airs et de la brise, des courants de marées et des effets de côte, le potentiel réel de cette flotte.
Choisir le sens de rotation
L’originalité de cette troisième édition est aussi que le choix du sens de rotation autour des îles britanniques sera décidé par l’organisation dans les derniers jours. Une première dans l’histoire des monocoques Imoca, autorisée parce que le départ et l’arrivée se déroulent dans le même port de Calais ! Et un objectif pour tous les équipages : améliorer le temps de référence réalisé en 2005 par Roland Jourdain sur Sill en 6 jours 16 heures 43 minutes 21 secondes, soit une moyenne de 12,28 nœuds… Ce qui n’est pas évident au vu des obstacles à franchir ! Dans le cas d’une rotation dans le sens des aiguilles d’une montre, adoptée lors des deux précédentes éditions, les navigateurs doivent d’abord gérer la sortie de la Manche avec son trafic maritime intense, ses courants de marée importants, ses canalisations du vent entre falaises britanniques et côtes déchiquetées de la presqu’île du Cotentin. Puis virer la pointe de Land’s End au bout de la Cornouaille, traverser la mer d’Irlande en laissant le célèbre phare du Fastnet à tribord. La longue remontée le long des côtes irlandaises, puis au large des îles Hébrides en parant l’étonnante et isolée du monde île de Saint Kilda, se présente comme le passage le plus technique du tour et marque la mi-parcours avant d’atteindre les Shetlands…
61° : une latitude que peu de voiliers, même conçus pour le tour du monde, ont l’opportunité d’atteindre ! Dans l’océan Indien ou dans le Pacifique, les bateaux du Vendée Globe descendent très rarement à ce niveau où le jour est quasi permanent et les températures plus que fraîches, même en plein été. Il en sera de même pour parer l’archipel écossais jusqu’à l’île d’Outer Stack par 60°51.6N 000°52.4W… Là haut, les mers sont dures, le temps très rapidement changeant, le froid piquant et les courants conséquents. Alors seulement, la flotte pourra descendre jusqu’à Douvres pour un dernier sprint final vers Calais, là encore pour tenter de battre le record de la traversée de la Manche toujours détenu par Objectif 3 en 2003 en 1 heure 18 minutes 50 secondes, soit 14,62 nœuds de moyenne
Et si la Calais Round Britain Race attire autant de skippers avec leur quatre équipiers, ce n’est pas seulement parce que l’épreuve est la première du calendrier Imoca comptant pour le classement du Championnat du Monde. Avec son coefficient 2, ce tour des îles britanniques s’inscrit dans le programme 2007 qui comprend la Transat Jacques Vabre (coefficient 3) et la Barcelona World Race (coefficient 8). C’est aussi parce que cette course permet aux équipages de tirer la quintessence de leur bateau en permanence avec des passages à niveau aux caps célèbres (îles Scilly, Fastnet, Saint Kilda, Orcades, Shetlands, Douvres) qui relancent en continu la course. Navigations à vue, accélérations, ralentissements, coups de tabac et calmes plats créent un cocktail épicé et varié qui impose un rythme très soutenu pendant une semaine… Sans compter que les avaries sont sans pitié à l’image de la dernière édition qui a contraint à l’abandon quatre bateaux, dont un sur démâtage !
Bref, il ne faudra pas compter sur l’indulgence d’Eole et de Neptune et les nouveaux prototypes auront ainsi la chance de valider leur fiabilité et leurs performances. Car aux côtés des valeurs sûres comme Jean Le Cam (VM Matériaux), Roland Jourdain (Veolia), Bernard Stamm avec l’ancien monocoque de Jean-Pierre Dick (Cheminées Poujoulat II)… ce sont les nouveaux Imoca qui auront fort à faire à l’image des plans Farr de Jérémie Beyou (Delta Dore), de Vincent Riou (PRB II), ou de Michel Desjoyeaux (Foncia). Mais aussi le dessin du cabinet Owen Clarke de Dominique Wavre (Temenos II) qui a déjà une Route du Rhum à son actif, ou le nouveau plan du Groupe Finot pour Yann Eliès (Generali). Enfin, d’autres nouveaux skippers du circuit Imoca viennent se faire les dents sur ce parcours de demi-fond tels la Britannique Dee Caffari après son tour du monde à l’envers (Aviva), l’Anglais Jonny Malbon nouveau skipper d’Artemis Ocean Racing, Arnaud Boissières et Jean-Philippe Chomette (Akena Vérandas) en préparation au Vendée Globe. Tous sur des voiliers affûtés et optimisés. La Calais Round Britain Race : un tour à donner le tournis !
Source Calais Round Britain Race