vendredi 21 novembre 2025
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Un gros morceau !

Figaro
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Sur le port de plaisance du Moulin Blanc, des enfants en combinaisons noires hauts comme trois pommes gréent des Optimists en plissant des yeux sous le soleil. Ils rêvent qu’un jour ils feront « comme Gildas » (Mahé, Le Comptoir Immobilier), 5e au général et vedette du cru. Qu’ils seront eux aussi un jour au départ de cette Solitaire de dingos et y goûteront la même réussite. Dans Le Figaro – le journal – du jour, on apprend entre autres que les skippers de La Solitaire ont mal aux fesses et que si ça se trouve c’est Marco Polo et pas Christophe Colomb qui a découvert l’Amérique, polémique qui tiendra bien encore deux siècles. Ce midi, on a applaudi le podium de la deuxième étape, les Michel Desjoyeaux, Fred Duthil et Gildas Mahé, justement. Un coucou au public nombreux et les marins se sont plongés dans l’étude de la troisième étape, à peine dérangés par un contrôle antidopage. Et ce qu’ils ont vu sur les écrans de leurs ordinateurs promet. Car ce gigantesque « 1 » inversé à travers Manche, Mer Celtique et golfe de Gascogne – la plus longue étape en 38 ans d’histoire de La Solitaire – s’avère aussi complexe qu’ouvert, aussi musclé que passionnant, « avec de l’eau sur le pont et du sel dans les yeux » prédit Jacques Caraës, directeur de course.

Il faudra d’abord s’extraire de la pétole d’Iroise qui oblige d’ailleurs à retarder le départ de 4 heures. Le coup de canon sera ainsi donné à 15h, pour éviter le courant contraire dans le goulet. Conjugué à la quasi inexistence des vents prévus samedi midi, il aurait pu obliger les marins à jeter l’ancre pour ne pas culer. Surtout ne pas se fier à cette image trompeuse d’un départ probablement aussi lent que tactique, au moins jusqu’à Ouessant. Car on passera aux choses sérieuses relativement rapidement. Un flux de secteur ouest perturbé et instable d’une quinzaine de nœuds ne devrait s’installer véritablement au nord-ouest que dimanche matin… avant de tourner sud-ouest et assez fort lundi (30 nœuds). Cela permettrait aux premiers de virer le phare du Fastnet, Grand Prix Suzuki, dans la nuit de lundi à mardi, où il y aura sans doute de la mer, des creux de l’ordre de 4 m. Le tout est à prendre avec des maxi pincettes, tant les modèles météo évoluent en permanence en ce moment, sous l’influence du déplacement de deux dépressions sur le proche Atlantique. Pour résumer, ce sera bien compliqué de négocier ce premier tiers de course, ces 280 milles de remontée vers l’Irlande.

Complexe, long, musclé…

« Il faudra faire marcher ses neurones et tirer les bonnes cartes… je parle des cartes météo ! » s’amuse le vainqueur 2006, Nicolas Troussel (Financo) 6e au général, « la remontée au Fastnet est carrément compliquée avec une succession de bascules à négocier, avant que le jeu ne s’ouvre complètement quand on aura viré le phare ». Here we are, comme dirait la Papoue Liz Wardley (Sojasun). Nous y voilà. Très compliqué jusqu’au Fastnet, musclé aux abords du vieux phare (25 nœuds de sud-ouest établis, rafales à 40) puis… probable bascule au nord-ouest très soutenu qui laissent imaginer a minima une première partie de descente au portant vers l’Espagne plus que sportive. « Une étape de marcassins » sourit le leader au général Fred Duthil (Distinxion), «ou de brutes, si vous préférez. Ma première obsession sera de ne pas casser de matériel, la deuxième de ne jamais laisser partir Michel Desjoyeaux », son dauphin au classement général, pour 13 minutes et 27 secondes. Se marquer les uns les autres ne sera pourtant pas chose aisée sur ce parcours dont la longueur, la météo incertaine et l’absence de marques à respecter après le Fastnet ouvrent un jeu « qui ressemble davantage à une première étape de course transatlantique» prévient Armel Tripon (Gedimat), lequel se souvient qu’il a gagné un beau jour la Transat 6.50 et en a conservé un attrait immodéré pour le long cours et le grand large. Cette fois, ils partent pour 5 à 6 jours de mer. Devront donc dormir et gérer l’humain en même temps que la machine. Une quadrature du cercle qu’appréhende légèrement Fred Duthil : « je n’ai pas fait de Transat cette année, ce sera ma première course véritablement hauturière et il faudra que je fasse attention au bonhomme. Mais bon, la brise, je commence à aimer ça.»

On n’en trouvera évidemment pas un seul pour dire que cette étape fait peur. Marc Emig (A.ST Group) promet qu’il va attaquer. Gérald Véniard (Scutum) est obsédé par l’idée de récupérer au mieux d’ici demain mais lâche une lapalissade pertinente : « il va falloir se battre ». Christophe Lebas (Lola La Piscine Assemblée) est ravi. Du jeu, du vent, une météo pas claire et éventuellement des conditions difficiles vont bien au teint de ce dur au mal. Il sait bien qu’avec la moitié de la flotte en deux heures, « tout peut être chamboulé au classement, et ce même jusqu’à La Corogne ou ça tamponne parfois sévèrement mais … on n’y est pas rendus à La Corogne ! » D’ici là en effet, on va en avoir des émotions. Des quilles qui chantent et des spis qui claquent. Des qui pleurent et d’autres qui rient. Des paquets de mer dans la baignoire, des surfs qui tuent, des classements qui virevoltent. Des histoires de mer et de marins. Erik Nigon (AXA Atout Cœur Pour Aides) le sait bien. Ce n’est pas sa 35e place au général et ses 3h30 de retard au leader qui y changeront quelque chose : «une étape fantastique nous attend, pleine de rebondissements, de moments chauds et d’instants sympa. Ce sera joli à suivre ». On n’en doute pas une seconde. En salle de presse, on vérifie que la caisse à superlatifs est opérationnelle, à portée de claviers. Elle va forcément servir.

Les échos des pontons

Michel Desjoyeaux (Foncia, 2e au général) : « Depuis hier matin, il y a tellement de changements que j’ai arrêté de me prendre le choux avec la météo. On va réactualiser ça tranquillement demain matin. Si c’est toujours l’inconnu demain et bien au moins, on partira tous sur un pied d’égalité. Il faudra faire sa route comme un grand, élaborer sa stratégie avec très peu d’informations. C’est un vrai retour aux choses simples… Chacun devra faire avec très peu de moyens »

Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs, 3e) : « Cette 3e étape va faire la place aux durs, aux costauds, aux habitués et surtout, aux mieux préparés. Il va falloir réfléchir tout le temps. C’est tellement mal calé au niveau météo, qu’en cours de navigation, il faudra en permanence sortir les cartes. Moi ça ne me déplaît pas quand c’est dur, quand il faut réfléchir et se remettre en question. Je suis reposé, détendu… avec le niveau de pression suffisant pour faire ce qu’il y a à faire. »

Thierry Chabagny (Brossard, 4e) : « Cette troisième étape est un gros marathon avec des sprints à droite et à gauche, entrecoupés de moments plus calmes. Apparemment ça va être long, difficile, avec des vents forts. Ce sera à la fois de la gestion du bonhomme, de la météo et du bateau. Ca va être dur à cause des conditions mais aussi de la concurrence A mon avis, le vainqueur de cette étape sera un marin complet et abouti.»

Paul Ó Rian (City Jet, 46e) : « C’est vraiment l’inconnu. J’appréhende et en même temps, je suis heureux de retourner sur l’eau. La météo prévoit 40 nœuds, beaucoup plus que ce que nous avons eu jusqu’à présent. Je me prépare à embarquer de la nourriture et de l’eau supplémentaires en vue d’une longue étape. Le sommeil sera important… économiser sur le repos et la nourriture serait une erreur. Je vais essayer de me concentrer pour bien marcher et pour m’imprégner de belles images.. »

Vincent Biarnes (Côtes d’Armor, 15e et 1er bizuth) : « Cette étape va vraiment être de la course au large, il va falloir ‘optionner’ et avoir confiance en soi et en ses choix. Je vais y aller sans complexe, je n’ai rien à perdre. 40 à 45 nœuds, c’est pas mal ! Je n’ai jamais navigué dans ce temps là avec le bateau. Je n’ai même jamais pris de ris en Figaro, mais c’est quand même un bateau très marin et au niveau sécurité, y’a pas trop de problème. »

Frédéric Rivet (Novotel Caen, 23e et 3e bizuth) : « A priori, ça s’annonce assez venté avec une dépression aux alentours du Fastnet. Ca risque d’être assez costaud. Là haut, on attend des vents de plus de 45 nœuds avec une mer assez forte. S’il faut y aller, et bien on y va ! J’ai la chance d’avoir vécu ces conditions sur Marseille-Istanbul donc je vois à peu près à quoi ça va ressembler. Va falloir être prudent. C’est bien…. C’est ça La Solitaire ! »

Corentin Douguet (E.Leclerc/Bouygues Telecom, 10e) : « Ca va être une belle navigation, longue, compliquée et qui sera sans doute le juge de paix de cette 38e Solitaire Afflelou Le Figaro. Ca va être rigolo. C’est pas la durée qui m’inquiète, c’est plus de savoir comment gérer tout ça sur un rythme Figaro. Je pense justement qu’il ne faudra pas avoir le rythme Figaro, celui qui consiste à dormir le moins possible. C’est trop long. Moi, en tout cas je ne pense pas être capable de ne pas dormir pendant 5 jours. Certains vont peut être essayer. S’ils le font, ils pourraient le payer très cher sur la fin de l’étape. »

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Mondial Féminin de Match Racing : verdict demain

Claire Leroy
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Ce vendredi, lors des quarts de finales, Claire Leroy a affronté Silke Hahlbrock. La numéro un mondiale s’est imposée 3-1 face à l’Allemande, décrochant ainsi son ticket pour les demi-finales : " Au début, nous étions un peu stressées, c’est sans doute pourquoi nous avons perdu notre premier match. Heureusement, on s’est vite remis dans le rythme. Total, nous avons gagné tous les suivants. Nous avons bien navigué et cela nous a permis d’entamer les demi-finales plus sereines ", a commenté Claire Leroy. En demi-finale, face à la Danoise Lotte Meldgaard Pedersen, la Costarmoricaine a remporté son premier match avant de s’incliner lors du second et du troisième : " Dans la deuxième manche, nous étions devant mais sur une priorité babord – tribord, nous avons pris une première pénalité que l’on a trouvé un peu dure, néanmoins nous avons su garder l’avantage. Malheureusement, nous avons repris exactement la même pénalité peu de temps après et nous n’avons pas réussi à l’annuler. Pire, en essayant de le faire, nous en avons pris une troisième ! Mais bon, c’est le jeu " a expliqué la Costarmoricaine avec sa bonne humeur habituelle. " Le dernier match était très beau car particulièrement accroché. Nous nous sommes bien battues mais les Danoises l’ont finalement emporté. La suite demain ! " a t-elle poursuivit. Il lui reste deux matchs face à Lotte Meldgaard Pedersen, numéro deux mondiale, demain matin, pour tenter de décrocher sa place en finale qui aura lieu dan la foulée " C’est une très bonne adversaire, mais je n’ai rien à lui envier mais c’est réciproque. ". La bagarre promet donc d’être belle.

Perrine Vangilve

Classements

Demi-finales :
Lotte Meldgaard Pedersen (Danemark) mène 2-1 face à Claire Leroy (France)
Josie Gibson (Grande-Bretagne) mène 2-0 face à Katie Spithill (Australie)

Petites demi-finales :
Klaartje Zuiderbaan (Pays-Bas) mène 2-1 face à Silke Hahlbrock (Allemagne)
Christelle Philippe (France) mène 2-1 face à Jessica Smyth (Nouvelle-Zélande)

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Trans-Indien express pour Coville en solo

Mise a l eau du nouveau Sodebo
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« 35 minutes pour monter seul la grand voile, le ton était donné ! » Voici comment le skipper entame son carnet de bord rédigé la veille de l’atterrissage sur les Seychelles (à lire sur le site www.sodebo-voile.com). Ces presque neufs jours de navigation au portant, dans un alizé soufflant en permanence entre 20 et 30 nœuds, ont permis au skipper d’apprivoiser en solitaire la puissance et le comportement du plan Nigel Irens-Benoît Cabaret. « Le bateau est sain, fiable et très agréable à la barre » résume-t-il. « Il n’accélère pas comme le ferait un trimaran de 60 pieds, beaucoup plus volage et donc plus stressant. Sodeb’O monte sans effort à 20-25 nœuds et la forme des flotteurs ajoutée à celle de la longue étrave permettent au bateau de s’engager dans les vagues sans jamais enfourner. » Rappelons que pour battre le temps de la jeune anglaise autour de la planète, il faudra effectuer une moyenne supérieure à 15,9 nœuds, en moins de 71 jours et 14 heures. De Bali aux Seychelles, Thomas a mené son trimaran à la cadence de 21 nœuds sur le fond (moyenne de 502 milles par jour), et 17 nœuds sur la route directe, ce qui conforte toute l’équipe Sodeb’O dans les choix effectués. « Nous avons opté pour un mât basculant, trois safrans et des ballasts positionnés de manière à compenser l’étroitesse du bateau (16,50 m pour 32 m de long) et jusqu’ici nous sommes extrêmement satisfaits des résultats. »

Gérable en solo

Cette traversée de l’Océan Indien monte à 9 800 milles la distance parcourue par le maxi Sodeb’O depuis sa mise à l’eau le 21 juin, en Australie. Afin de valider les choix techniques et préparer le tour du monde, le trimaran a été mené en équipage de Newcastle à Bali, via Nouméa, l’étape suivante étant ce premier test en solitaire vers les Seychelles. « J’ai mené Sodeb’O en configuration « solo », c’est à dire, enclenché pour la première fois le pilote automatique, manœuvré et réglé seul les voiles dans des grains assez forts. Il faut 15 minutes pour prendre un ris et 10 pour enrouler et affaler le gennaker, le double de temps que sur un 60 pieds. C’est le jeu, le bateau est physique mais gérable en solitaire, l’objectif est atteint » explique Thomas d’une voix énergique malgré le manque de sommeil. « C’est vrai que j’ai très peu dormi. J’ai mis quatre jours à trouver le rythme. A décrypter ces vibrations, ces chocs, tous ces nouveaux accords dus à la taille, mais aussi à la masse et à la surface du bateau. »

Solitaire par envie 

Cette « trans – Océan Indien » en solo aurait pu offrir les conditions d’un contre la montre mais « la forte houle de Sud ne permettait pas de s’attaquer au record des 24 heures » analyse le skipper dont la priorité était de prendre ses marques en vue d’un tour du monde extrême en multicoque. « A près des mois passés en flux tendu, quel bonheur d’être seul en mer ! Parfois, le doute peut s’installer mais cette semaine a encore confirmé que ce record est exactement le défi dont j’ai envie. » Après la Nouvelle Calédonie, l’Indonésie et le lagon idyllique de l’archipel des Seychelles, le maxi Sodeb’O poursuivra dans quelques jours ce voyage retour de rêve vers la France. Après vérification technique du bateau, l’équipage pointera les étraves sur Hurghada, en Egypte, avant de remonter la Mer Rouge et traverser le Canal de Suez. De Méditerranée, le trimaran rentrera début septembre à la Trinité sur Mer, son port d’attache, avant de s’amarrer aux Sables d’Olonne, du 14 au 30 septembre.

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300 bateaux au départ

cowes dinard saint malo 2
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Le Fastnet est l’une des plus prestigieuses courses au large organisée par le RORC (Royal Ocean Racing Club) depuis 1925. Depuis 1933, elle se déroule au mois d’août de chaque année impaire en clôture de la semaine de Cowes, créée, elle, en 1826. Cette course rassemble des unités dont la longueur minimale est de 9m10 (21 pieds) et dont la longueur maximale est de 25m (70 pieds) réparties en sept séries : IRC, IRM, IMOCA Open 60, Multicoques, 2-Handed division, IMS, et ORC. Au programme : une descente du Solent, bras de mer étroit situé entre l’île de Wight et la côte du Hampshire où les courants peuvent atteindre, par endroits, plus de cinq nœuds. Les concurrents devront contourner le célèbre rocher du Fastnet pour ensuite croiser le Cap Lizard et arriver à Plymouth. En termes météorologiques, la course est réputée compliquée. Les vents d’ouest souvent prédominants à cette période de l’année peuvent rapidement donner de forts coups de vent. De plus, les dépressions en provenance de l’Atlantique nord et qui traversent les unes après les autres les îles britanniques modifient régulièrement la donne. Savoir où peuvent se créer ces perturbations météorologiques et comment les utiliser au mieux font partie des talents essentiels pour remporter la course.

16 monocoques Imoca !

De nombreux français seront présents, en particulier chez les Monocoques 60 pieds Imoca. Dans cette série, pas moins de 16 bateaux s’aligneront au départ (Le Pindar de Mike Sanderson ayant démâté mercredi matin lors de l’Artemis Challenge, sera forfait) dont "Générali" de Yann Eliès, "Delta Dore" de Jérémie Beyou, "PRB" de Vincent Riou, "Cheminées Poujoulat" de Bernard Stamm mais aussi  "Véolia" de Roland Jourdain, tout juste remis à l’eau après cinq mois de chantier. Les tricolores seront également représentés dans la série des multicoques. "Groupama 2" de Franck Cammas, "Banque Populaire" de Pascal Bidégorry, "Gitana 11" de Lionnel Lemonchois ainsi que "Sopra" d’Antoine Koch seront à Cowes afin de participer à la 5e et dernière épreuve du championnat Orma 2007 (coefficient 2). Premier coup de canon dimanche à 9h50 à Cowes – les départs de la flotte se feront toutes les 20 minutes pour finir par les multicoques qui s’élanceront sur la ligne à 12h50 – pour le départ de ce parcours mythique de 608 milles.

Perrine Vangilve

Echos :

24e participation !

Parmi les favoris en double, on note la présence du J/105 Voador avec Simon Cowen, qui a remporté la Round Britain and Ireland Race en 2002, et a terminé second dans la Mini Transat de 2001, mais l´ex-champion britannique en J/105 aura fort à faire face à Alex Whitworth, un fidèle de la Sydney-Hobart, sur Audacious. Participant pour la 5ème fois, le boulonnais, Jean Yves Chateau sera à bord de son Nicholson 33, Iromiguy. Quant à Piet Vroon, ce sera sa 23ème Fastnet, cette fois sur son Lutra 56, Formidable, mais c´est Ken Newman, sur le Swan 51 Grandee, qui tient le record du nombre de participations, car cette année sera la 24ème participation de cet anglais de 78 ans. 

Pour la bonne cause

Un certain nombre d’équipages vont participer afin de promouvoir des organisations caritatives ou institutionnelles. C’est le cas du Sigma 38 Top Banana, où l’équipage est composé uniquement de médecins et d’infirmières des Hôpitaux Publiques britanniques, tandis que sur le 38 pieds, MAC Mission, le but est de promouvoir l’ONG, WWF. Parmi les duels attendus avec impatience, la Rolex Fastnet offre la perspective d’une bataille féroce entre le nouveau Leopard de Mike Slade et l’Alfa Romeo de Neville Crichton, qui se confrontent également cette semaine lors des course côtières à Cowes. 

Le retour de Pete Goss

Le navigateur britannique, Pete Goss fait son grand retour à la voile ce week-end en participant à la Rolex Fastnet à bord du Seacart (un trimaran de 30 pieds construit exclusivement en carbone, mâté d’un espar de 50 pieds et qui pèse seulement 950 kg) « Cornwall Playing for Success » avec à ses côtés deux membres de l’ex-Team Philips, Paul Larsen et Andy Hindley. Goss reste célèbre dans les annales de la voile avec sa participation au Vendée Globe 1996-97, lorsqu’il est venu au secours de Raphaël Dinelli sous des conditions épouvantables dans les Mers du Sud, et a de nouveau fait la une des journaux lors de la perte de son cata Team Philips au milieu de l’Atlantique en décembre 2000 lors des préparatifs pour The Race. Content de pouvoir participer à cette course mythique, qui longe les côtes de sa région d’origine au sud-ouest de l’Angleterre, Goss essaie cette fois-ci de récolter des fonds pour les jeunes défavorisés en les incitant à s’intéresser aux sports.

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Desjoyeaux. « Je la voulais tant ! »

Multi Cup 60: Michel Desjoyeaux
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– Cette deuxième étape fut-elle aussi dure que la première ?

« Oh que oui ! Là, je suis bien cassé. Cette victoire-là, je suis vraiment allé la chercher, je la voulais tant ! Si je me suis fait plaisir ? Disons que j’ai pris du plaisir à me faire mal parce qu’elle était vraiment dure cette étape. C’est la première fois que je passe deux jours et deux nuits en mer sans dormir une seule minute. Je n’ai pas mis le pilote une seule fois car il fallait barrer et régler en permanence. Choquer, border, choquer, border… Je ne sais pas combien de tours de manivelle j’ai pu faire. Pour autant, ce n’était pas monotone car il s’en est passé des choses, notamment en début d’étape. En Irlande, c’était très sollicitant. Ensuite, peu après le Fastnet, j’ai connu un petit passage à vide et il a fallu que je mette du charbon pour revenir devant. »

– A quel moment êtes-vous passé en tête ?

« A la bouée Racon, à l’ouest d’Ouessant. Là, j’avais un mille d’avance sur mes poursuivants et j’aurais pu faire fort… Hélas, j’ai commis quelques erreurs dans les changements de voiles d’avant. Sous spi, Mahé et Duthil sont passés devant moi. Puis, j’en ai repassé un, puis deux. Ensuite, il y avait le passage dans le goulet qui était assez incertain avec des trous d’air et du courant. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne fallait pas rester les mains dans les fouilles à attendre que ça se passe. Disons que le résultat final valait bien toute cette dépense d’énergie. »

– Fred Duthil vous a menacé jusqu’au bout. Avez-vous eu peur ?

« Ben non, pas vraiment, car je ne savais pas où il était. Je ne voyais pas son feu en tête de mât (sic). En revanche, il va vite le Duthil… C’est presque indécent ! Maintenant, on connaît bien mieux les forces en présence, ceux qui vont vite. Cela dit, je trouve qu’en vitesse, je ne suis pas si mal que ça… J’ai repéré les clients les plus rapides. Reste qu’avec la troisième étape qui se présente, tout reste à faire. » 

Propos recueillis par Philippe Eliès / Le Télégramme

Chronique des petites galères et autres bonheurs solitaires

Il s’en passe des choses sur une étape de 344 milles. Des choses que nous terriens, rivés devant nos écrans, suspendus à chaque classement, ne soupçonnons pas toujours, malgré les vacations quotidiennes. Voici quelques anecdotes vécues pendant la deuxième étape… entre bonheurs et petits soucis quotidiens.

Petite galères et incidents techniques 

La liste des spinnakers emmêlés dans l’étai à l’empannage, troués dans les barres de flèches ou pendant l’affalage, est longue comme un jour sans pain. Celui de Robert Nagy est passé sous le bateau. Handicapé par son poignet gauche, blessé lors du prologue à Caen, Robert a d’abord tenté de le hisser d’une main avant de passer une heure à le dégager de la quille de Théolia… à la force de son unique bras vaillant. Pour poursuivre l’état des lieux non exhaustif, Etienne Svilarich (Grain de Soleil) et Jean-Philippe Le Meitour (Crédit Mutuel de Normandie-Ville de Caen) ont galéré avec leurs ballasts et Pietro D’Ali (Kappa) talonné à son arrivée à Brest.

Frayeurs passagères 

A la frayeur d’Eric Drouglazet, obligé de plonger en pleine nuit pour couper un filet pris dans la quille de Luisina, s’est ajoutée celle de Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) qui passait par là au même moment. « On était sous spi pleine balle et là je croise un bateau arrêté face au vent, voiles faseyantes. Je ne vois que la lumière de ses répétiteurs NKE, mais pas de frontale ni de lampe torche. Là, je me dis ‘le mec est dans l’eau’. J’appelle la direction de course et manque de bol, c’était le début de l’émission de Jean-Yves Chauve, donc j’attends la fin du générique, et finalement, j’aperçois enfin une frontale. Je comprends que le mec est de nouveau à bord. Mais je me suis fait une grosse frayeur »

Dans un autre registre, Frédéric Rivet (Novotel Caen) revient sur un départ au tas un peu violent après le départ de Crosshaven : « j’étais sous spi empétolé, quand j’ai vu une sorte de micro risée venue de je ne sais où. En fait de micro risée, il y a avait peut-être 50 nœuds dessous, le bateau a empanné et je me suis retrouvé au tas. Heureusement, je n’ai rien cassé. »

Au chapitre des hallucinations… 

Elles sont visuelles ou auditives, mais toujours cocasses. Gérald Véniard (Scutum) cherchera plusieurs minutes à quatre pattes dans son bateau d’où venait le drôle de bourdonnement… avant de prendre conscience qu’il était dans sa tête. Fred Rivet est poursuivi par les bulletins météo et les informations boursières de RFI et France Info, d’autres perçoivent de la musique (le chant des sirènes ?). Christian Bos (Belle Ile en Mer) a vu la mer prendre les couleurs d’un patchwork un peu kitch, rouge, vert et violet, et une myriade de petites embarcations à moteur au creux des vagues. Alexis Loison (All Mer Inéo Suez), confie avoir été victime d’un tas d’hallucinations, apercevant des bateaux à chaque crête de vague.

De drôles de freins sous les bateaux 

Des poissons lunes, des caisses de pêcheur, des algues, des filets… rien que de l’ordinaire dans la liste des OFNI inopportuns qui font se questionner les marins sur leur manque subit de vitesse. Jeanne Grégoire (Banque Populaire), elle, a fait une rencontre du troisième type : « j’avais la main d’E.T accrochée à ma quille. On aurait dit quatre doigts, je m’imaginais déjà un drôle de corps derrière. Je ne sais pas si c’était une algue ou une branche d’arbre, mais c’était très déroutant ». Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), quant à lui, bénit sa rencontre avec une bille de bois. Un petit choc sur les safrans et voilà un nouveau réglage apparemment très efficace qui lui inspire à l’arrivée une métaphore culinaire « c’est un peu comme la tarte tatin, une recette réussie découverte tout à fait par hasard »

Oublis et autres étourderies 

Michel Desjoyeaux a été contraint de manger sa salade avec son tube de crème solaire en guise de cuillère, faute de couverts embarqués sur Foncia. Corentin Douguet (E.Leclerc Bouygues Telecom), s’est retrouvé sans gaz, obligé de manger froid ses repas lyophilisés et de boire son Nescafé bien frappé. Mais l’étourderie de Christian Bos s’est révélé bien plus handicapante. Le skipper de Belle Ile en Mer a passé toute l’étape sans ciré (oublié dans son hôtel de Crosshaven), avec une seule sous-couche polaire et un coupe vent… « Je me suis gelé pendant deux nuits, mais j’étais quand même à l’attaque ». 

Petits bonheurs

Antonio-Pedro Da Cruz (Baïko), s’est réjouit de la bonne marche de son pilote automatique (pour la première fois dans une étape de La Solitaire, dit-il) et des grands surfs sous spi arrivés comme un cadeau d’anniversaire pour ses 41 ans, le lendemain du départ.

A 18 ans, Quentin Le Nabour (Votre nom pour le Figaro), plus jeune marin engagé dans cette édition, s’émerveillait de doubler pour la première fois le Fastnet : « Je suis passé à 5 ou 10 mètres du caillou, c’était comme dans les livres d’images ». Le bizuth Aymeric Belloir (Cap 56) s’est étonné des “gouttes d’eau de la taille d’une balle de tennis” sous les grains, et régalé du coucher de soleil au passage du Fastnet puis des lumières du petit jour à son arrivée dans la rade de Brest. Pendant toute leur descente sous spi jusqu’à Ouessant, les solitaires ont été escortés par une multitudes de dauphins très joueurs. « Ils étaient peut-être charmés par le grincement de la poulie de mon bras de spi. C’est assez rare, en général, ils ne restent jouer que quelques minutes » raconte Etienne Svilarich. Même écho chez Marc Thiercelin (Siemens), qui n’avait jamais vu autant de dauphins rester aussi longtemps au contact des bateaux. Gildas Morvan, après s’être extasié sur la beauté des côtes irlandaises, jugeait ces mammifères marins certes charmants mais un peu trop envahissants : « A la longue, ils sont pénibles ! Ils n’arrêtent pas de jouer avec les safrans, ils te surprennent de tous les côtés, j’ai bien cru que l’un d’entre eux finirait sur le pont ».

Echos des pontons

Réunion du Jury
Le Jury s’est réuni à Brest pour instruire 15 cas d’infractions bénignes commises par certains concurrents. Seuls 6 de ces cas ont fait l’objet de pénalités (en temps) minimum, la bonne foi des concurrents ayant été retenue systématiquement.

Jean-Pierre Nicol (Gavottes), Patrice Bougard (Kogane) et Marc Thiercelin (Siemens) écopent de pénalités de 5 minutes pour des descellements de plombages dans la première étape.

Dans la deuxième étape, Didier Bouillard (MEDevent), reçoit un malus de 20 minutes pour cause d’arbre d’hélice déplombé, Jimmy Le Baut (Port Olona-Arrimer) 4 minutes pour son niveau de gasoil non conforme avant le départ. Enfin, Pietro D’Ali (Kappa), reçoit 5 minutes pour ne pas avoir passé la porte de Penhir. Ces pénalités n’ont eu que peu d’effet au classement général : seuls Didier Bouillard et Marc Thiercelin perdent une place.

A Brest, les skippers récupèrent

Les skippers de La Solitaire Afflelou Le Figaro émergent peu à peu de leur léthargie. Depuis leur arrivée, la plupart ont dormi une bonne vingtaine d’heures pour tenter de combler leur déficit de sommeil. De longues siestes sont encore au programme car la deuxième étape, unanimement qualifiée d’épuisante, a laissé des traces, comme en témoignent les mines encore défraîchies, les démarches mal assurées et les dos toujours un peu raides. Les préparateurs, eux, sont à pied d’œuvre pour s’occuper du matériel : il faut rafistoler de nombreux spinnakers, régler quelques problèmes de ballasts, changer l’arbre d’hélice et l’hélice de Foncia (endommagés pendant la levée du bateau pour la jauge des appendices), réparer le bulbe de Kappa, Pietro D’Ali ayant talonné avant l’arrivée…

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Deux équipages tricolores en quart de finale

Claire Leroy
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Qualifiées dès mercredi soir pour les quarts de finale, la Britannique Josie Gibson, l’Australienne Katie Spithill, la Danoise Lotte Meldgaard Pedersen et la Française Claire Leroy ont bénéficié d’un jour de repos, aujourd’hui, tandis que les huit autres ont tout donné afin de se qualifier lors d’un Round Robin de repêchage disputé dans 8 à 10 noeuds de vent. Au terme de matchs très accrochés, ce sont finalement la Hollandaise Klaartje Zuiderbaan, l’Allemande Silke Hahlbrock, la Néo-Zélandaise Jessica Smyth et la Nantaise Christelle Philippe qui ont décroché les quatre derniers tickets pour les quarts de finale. " Aujourd’hui, on a gagné cinq matchs et on en a perdu deux. Résultat, on termine 7e au classement à l’issue des Round Robin. Comme le veut la règle, on va affronter la seconde au classement lors des quarts de finale : Josie Gibson. C’est la seule des quatres premières filles qualifiées que nous avions battue lors du Round Robin donc nous sommes plutôt satisfaites de la recontrer de nouveau dans cette phase du championnat ", a expliqué Christelle Philippe, ce soir. De son côté, Claire Leroy, première à l’issue des Round Robin après avoir remporté l’ensemble de ses onze matchs, affrontera la 8e au classement, l’Allemande Silke Hahlbrock. " Ce ne sera pas forcément facile, souligne néanmoins Elodie Bertrand. Elle nous a déjà battu lors d’une finale en Italie. Même si le début de l’épreuve nous a mis en confiance et que nous sommes en forme, nous ne partons pas la fleur au fusil. " Les quarts de finale vont donc se jouer demain vendredi en cinq match et trois points gagnants. Et si les conditions météo le permettent, les demi-finales débuteront dans la foulée.

P.V.

Classement à l’issue des Round Robin : 1. Claire Leroy (France); 2. Josie Gibson (Grande-Bretagne); 3. Katie Spithill (Australie); 4. Lotte Meldgaard Pedersen (Danemark); 5. Klaartje Zuiderbaan (Pays-Bas); 6. Jessica Smyth (Nouvelle-Zélande); 7. Christelle Philippe (France); 8. Silke Hahlbrock (Allemagne); 9. Jenny Axhede (Suède); 10. Nicky Souter (Australie); 11. Gemma Farrell (Grande-Bretagne); 12. Sandy Hayes (USA),

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Michel Desjoyeaux vainqueur à Brest

Michel Desjoyeaux
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« Elle est bonne celle-là, elle est bonne ! » Sur la ligne d’arrivée dans la nuit Brestoise, Michel Desjoyeaux a serré des poings rageurs et confirmé l’adage inventé par le navigateur Damien Grimont dont voici la version courte : « la voile est un sport qui se parcourt d’un point à un autre et à la fin c’est Michel Desjoyeaux qui gagne ». C’est déjà la sixième victoire d’étape pour Michel Desjoyeaux sur La Solitaire, épreuve qu’il a remporté en 1992 et 1998. Mais celle-ci a une saveur particulière pour le lauréat du Vendée Globe, de la Route du Rhum et de la Transat Anglaise puisque c’est sa première en France. Jusqu’ici « Michdesj » s’était imposé deux fois à Howth en Irlande (la dernière en 1998) et trois fois à Gijon, en Espagne. Troisième à Crosshaven, Michel Desjoyeaux au bout de la fatigue gagne donc de main de maître cet impitoyable sprint sous spi.

Mais que ce fut serré sur la ligne ! Au terme d’une belle guerre des nerfs, à vue en rade de Brest, il ne fallut patienter que cinquante minuscules secondes pour voir arriver le dauphin de Desjoyeaux. Et celui-ci n’est autre que le leader du classement général Frédéric Duthil (Distinxion). Duthil qui confirme son état de grâce depuis le début de la Solitaire en prenant la deuxième place d’un final au couteau, comme voilà deux ans à La Rochelle (alors 2e derrière l’Italien Pietro D’Ali). Après sa victoire dans la première étape, Frédéric Duthil conserve évidemment sa place de meneur au classement général, où il aura un peu plus de 13 minutes d’avance sur Michel Desjoyeaux.

Le podium est complété par le Brestois Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), prophète en son pays aujourd’hui en signant lui aussi une superbe performance. Gildas Mahé a coupé la ligne 2 minutes et 30 secondes après le vainqueur du jour.
Les dix premiers sont arrivés en une demi-heure. A noter parmi eux la très belle performance de Christophe Lebas (Lola La Piscine Assemblée), 4e à 4 minutes de Desjoyeaux. Chez les gros bras du général, copie quasi parfaite aussi pour Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs), cinquième à 6 minutes et de Thierry Chabagny (Brossard), 7e à 9 minutes. Intercalé entre eux on trouve encore un ténor brestois : Gildas Morvan (Cercle Vert, 6e). Gérald Véniard (Scutum), Eric Drouglazet (Luisina) et Thomas Rouxel (Défi Mousquetaires), complètent la liste des dix premiers à Brest. Le premier bizuth est Vincent Biarnes (Côtes d’Armor) arrivé en 16ème position

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Frédéric Duthil, toujours leader au général

Fred Duthil remporte le prologue
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Ce matin à 5 heures, une enfilade de feux verts commence à percer dans l’obscurité, sous le halo lumineux du port de commerce. 19 minutes et 5 secondes plus tard, peu avant l’aube, Michel Desjoyeaux franchit la ligne d’arrivée et signe, dans la rade de Brest, sa sixième victoire d’étape depuis ses débuts dans La Solitaire en 1990. Le skipper de Foncia s’est donné jusqu’au bout pour ne pas décevoir après un départ parfait à Crosshaven et un premier pointage en tête à la bouée Radio France. Dans son sillage, Frédéric Duthil (Distinxion) n’accuse que 50 secondes de retard et reste logiquement sur le trône au classement général provisoire. Le brestois Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) complète le podium à domicile après une superbe course disputée aux avant-postes. A 13h 27min 35sec, Jean Philippe Le Meitour (Construction Dorso) était le dernier concurrent à boucler son parcours. En 1999, dernière escale de La Solitaire à Brest, 27 bateaux avaient franchi la ligne en l’espace d’une heure. Cette année, si le record n’est pas battu, il s’en approche (23 en une heure). Les sept premiers figaristes finissent en 10 petites minutes. Christophe Lebas (Lola la piscine assemblée), termine 4e grâce à son excellente stratégie après le passage du Fastnet ; Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs), 5e, égalise sa performance de la première étape devant l’autre brestois Gildas Morvan (Cercle Vert), qui avait pris les commandes de la flotte hier matin. Thierry Chabagny (Brossard) 7e, perd du terrain en fin de parcours et termine exténué devant un Gérald Véniard à peu près dans le même état.

« Zéro sommeil »

Car à voir les visages des marins à leur arrivée au ponton, on comprend que cette 2e étape de 344 milles, avalée par le vainqueur en 1 jour, 16 heures, 53 minutes et 05 secondes s’est transformée en concours de résistance au sommeil. Les yeux hagards et la démarche chancelante, les skippers, épuisés, ont du mal à trouver les mots… si ce n’est pour évoquer, comme un leitmotiv, l’absence de sommeil. « C’est la première fois que je passe deux nuits en mer sans dormir » avoue Michel Desjoyeaux. « Je n’ai pas du tout dormi » ; « zéro sommeil » ; « d’année en année, sur La Solitaire, je dors de moins en moins. Je me demande jusqu’où on peut aller » s’interroge Thierry Chabagny. « Je ne suis plus qu’à deux pour cent de mes capacités » confie Ronan Treussart (Groupe Céléos) qui ne sait plus très bien comment s’y prendre pour verser dans son gobelet un petit café réparateur. «Vers la fin, j’étais à quatre pattes dans mon bateau, je cherchais un bruit. Il y avait comme un bourdonnement, je le cherchais partout, mais au bout d’un moment, je me suis rendu compte qu’il était dans ma tête » raconte Gérald Véniard (Scutum), très mal parti à Crosshaven et qui a passé toute la course à cravacher pour rattraper son retard.

Le louvoyage tactique sous les côtes irlandaises et le grand run de 24 heures au portant, le tout dans un contexte de régate au contact, n’ont laissé aucun répit aux 50 skippers. Pas plus que les 55 derniers milles entre Ouessant et Brest où les conditions de navigation se sont franchement compliquées alors que les marins, à bout de fatigue, commençaient à perdre leur lucidité. « Après la Racon d’Ouessant, je me suis endormi… au sens figuré du terme. J’ai fait des conneries, j’ai changé de voiles d’avant, pas mis le spi au bon moment. Et dans le goulet c’était incertain. Il y avait des trous d’air, pas mal de courant » explique ‘Mich Desj’’. C’est à ce stade de la course que Frédéric Duthil, en pleine spirale vertueuse, va réussir à doubler plusieurs concurrents. A l’inverse, Thierry Chabagny perd quelques places dans les ultimes bords.

Peu d’incidence sur le classement général 

Finalement, les skippers auront puisé dans leurs dernières ressources pour quelques minutes de bonus sur un classement général plutôt ingrat. Car les écarts sont infimes : les cinq premiers tiennent en une demi-heure, les onze premiers en 1h10’ et les quinze premiers en 1h30. « On connaît maintenant les forces en présence, mais tout reste à faire », résume le vainqueur du jour. A l’issue de cette deuxième étape, le principal changement notable est l’arrivée de Nicolas Bérenger sur le podium provisoire, en 3e position à 24 minutes et 35 secondes du leader Frédéric Duthil (Distinxion). 13 minutes et 27 secondes plus loin, Michel Desjoyeaux (Foncia) gagne une place et se retrouve 2e. A l’inverse, le vainqueur 2006 Nicolas Troussel rétrograde de la 2e à la 6e place, à 51 minutes de Duthil. Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) grimpe d’un échelon, de la 6e à la 5e , tandis que Thierry Chabagny (Brossard) se maintient en 4e position. Derrière ce top 6 très régulier sur les deux étapes, Gérald Véniard, Gildas Morvan et une bonne dizaine de poursuivants, gardent leurs chances intactes dans cette édition 2007. Le classement pourrait être totalement bouleversé à l’issue du ‘gros morceau’ de cette 38e Solitaire : la prochaine et avant-dernière étape entre Brest et La Corogne (via le Fastnet) qui sera la plus longue de l’histoire avec ses 762 milles. 

Les échos des pontons

Fred Duthil (Distinxion) 2e et leader au général : « Je n’ai pas dormi une seule minute. Cette arrivée prouve bien que le niveau est de plus en plus homogène. Sur des courses comme ça où il y a du vent jusqu’à fin, les écarts sont infimes. C’est ce qui fait la beauté de cette course. Mich’ (Desjoyeaux), navigue vraiment bien. Il contrôle tout ce qu’il fait, a toujours un temps d’avance. C’est beau de le voir naviguer. Moi, je dois mes résultats à ma vitesse qui est très bonne. Je m’étais préparé à cette arrivée et je suis content de finir 2e c’est une super récompense. Leader général, ça ne veut rien dire, il y a une étape de 760 milles qui nous attend et c’est celle-là qui va départager tout le monde. Ce qui est encourageant c’est d’attaquer cette troisième étape en étant certain de ma vitesse… pas le plus rapide de la flotte, mais presque. »

Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) 3e et 5e au général : « C’était physique avec les successions de virements de bord et les grains qu’on a eu au départ, après du portant avec le vent qui est rentré progressivement au largue serré. Il fallait bosser sur les réglages.. c’est pour ça qu’on n’a pas dormi, c’était impossible. Dès qu’on arrêtait de régler ou de barrer deux minutes on se faisait passer par les petits copains. On était obligé d’être dessus donc physiquement, c’est sur que ç’est harassant. Il y a eu du boulot tout le long. Même dans le goulet, avec des gens qui affalaient, renvoyaient les spis…

Christophe Lebas (Lola la piscine assemblée) 4e et 18e au général : « Après 44e à la première étape, 4eà la deuxième, ben c’est mieux ! C’était une belle étape… dure… je suis cuit, j’ai pas assez dormi, j’ai mal partout… Ben, ça aurait pu le faire ! Ce qui m’a permis de bien revenir est de continuer tribord un peu plus longtemps que les autres. On avait passé toute la journée dans un bazar sans nom sous l’Irlande et ça c’était vraiment le bon coup de l’étape. Après c’était une bataille de chiffonniers !»

Nicolas Bérenger, (Koné Ascenseurs), 5e et 3e au général : « Le long des côtes irlandaises, j’étais à l’envers. Je n’ai même pas profité du spectacle, car j’étais à l’envers : sur chaque choix tactique, chaque bascule, c’était faux. Et puis au Fastnet, quand j’ai vu que tout le monde empannait, je me suis dit : voilà l’opportunité, les autres font une erreur et je vais l’exploiter. Je n’ai pas empanné parce que je savais que sous le vent de l’Irlande, il n’y avait pas d’air. Les autres se sont fait prendre au piège. Après, j’ai attaqué toute la journée sous spi, j’ai mis du charbon. Un seul bateau est allé plus vite que moi, c’est Fred Duthil. On a avoiné comme des fous toute la journée… J’ai dormi une fois 12 min et une fois 5 min. C’est la première fois que je dors aussi peu en autant de temps mais on ne pouvait pas faire autrement. Physiquement, j’ai mal d’un côté car depuis hier soir on est sur le même bord et la position était assez statique… Au général, jusqu’ici tout va bien. J’ai de la ressource. Quand je suis à la rue, j’arrive à revenir et c’est encourageant. »

Thierry Chabagny (Brossard) 7e et 4e au général : « La fin de course a souri aux Gildas brestois, Mahé et Morvan qui m’a dépassé dans le goulet. C’était une super étape de glissade : toute la Mer Celtique et la Manche sur un bord sous spi à fond, forcément, c’est plaisant. Le problème, c’est que tu ne peux pas trouver de moments pour dormir, le pilote n’arrive pas à barrer correctement donc tu fais tout à la niaque et tu arrives sur les rotules, content d’arriver mais fatigué. Au finish, il y a eu une série de petites manoeuvres à faire entre Ouessant et l’arrivée, plein de changements de voiles, de petits bords à tirer. J’ai perdu des places à ce moment là mais il n’y a pas d’écarts à l’arrivée donc ça va même si j’aurais aimé être sur le podium parce que j’étais bien placé toute la manche. »

Vincent Biarnes (Côtes d’Armor), 16e et 1er bizuth : « Du plaisir et beaucoup de fatigue, on peut résumer cette deuxième étape comme ça ! Encore une fois ce n’était pas aussi facile que prévu avant le départ, notamment la navigation jusqu’au Fastnet, bien plus compliquée que prévue. Mais même le long bord de spi n’était pas si évident, il fallait suivre les oscillations du vent en permanence dans une mer formée. Je suis rincé, explosé ! »

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Leroy en quart de finale, Philippe en balotage

Ideactor Claire Leroy Calpe 2006
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Les bonnes conditions météo présentes sur le plan d’eau de Saint-Quay-Portrieux depuis mardi ont permi au comité de course du Championnat du Monde Féminin de Match Racing de faire courir l’ensemble des 17 matchs de Round Robin en deux jours. A l’issue de cette phase de qualification, quatre équipages ont d’ors et déjà décroché leur place pour les quarts de finale : la Britannique Josie Gibson, l’Australienne Katie Spithill, la Danoise Lotte Meldgaard Pedersen et la Française Claire Leroy, numéro un mondiale et qui a réalisé un sans faute, d’adjugeant onze vitoires sur onze matchs disputés sur ce plan d’eau qu’elle connaît bien et qui lui réussi parfaitement. Ces quatres équipages vont bénéficier d’un jour de repos demain jeudi, tandis que les huit autres tenteront de se qualifier lors d’un Round Robin de repêchage, pour les deux autres quarts de finale qui se joueront vendredi. Parmi eux, celui de Christelle Philippe composé de Céline Devaux, Vanessa Godet et Julie Bossard – récemment intégrée à l’équipage – 5e à l’issue des Round Robin : " La journée de mardi a été assez mitigée pour nous car nous avons gagné trois matchs et nous en avons perdu tout autant. On a fait des erreurs : il y a notamment un changement de parcours que nous n’avons pas vu. Aujourd’hui, on ne perd qu’un seul match, pourtant bien accroché, face à notre compatriote Claire Leroy, ce qui est plutôt satisfaisant. Demain, on repart à zéro et on est plutôt confiante, en particulier si les conditions restent les mêmes que lors des deux premier jours. Nous avons perdu contre trois des filles qui sont d’ors et déjà qualifiées pour les quarts de finales et nous avons battu Gibson. Preuve que le niveau est très homogène donc tout reste possible pour la suite " a commenté Christelle Philippe, ce soir.

Perrine Vangilve

Résultats des duels : Claire Leroy (France): 11- 0; Josie Gibson (Grande-Bretagne): 9 – 2; Katie Spithill (Australie): 7 – 4; Lotte Meldgaard Pedersen(Danemark): 7 – 4; Christell Philippe (France): 7 – 4; Silke Hahlbrock (Allemagne): 6 – 5; Jessica Smyth (Nouvelle Zélande): 5 – 6.

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Gildas Morvan en tête de la glissade celtique

Trophée BPE 07 - Gildas Morvan
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« J’ai l’impression que je suis dans les 10 premiers, peut-être même dans les cinq… Je suis excité, mais ça pousse derrière ! » Sous un quart de lune, dans une mer agitée et de belles vagues à surfer, Aymeric Belloir (Cap 56) voit juste. Le seul bizuth des 19 premiers pointe à une superbe 4e place ce matin au pointage de 4h, quasi à égalité avec les deuxième et troisième Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) et Christophe Lebas (Lola La Piscine Assemblée), tous deux à 1,3 mille du leader du moment : le Cercle Vert de l’indéboulonnable Gildas Morvan, qui a fait glisser son Figaro à l’ouest de la route directe.

Terminé le louvoyage du sud Irlande, la très exigeante navigation de Crosshaven jusqu’au Fastnet, place à la course de vitesse. Dans un vent de Nord-Ouest d’une vingtaine de nœuds, la flotte a passé le caillou du Fastnet entre 23h et minuit et les solitaires ont pu comme prévu envoyer les spis et allonger la foulée, à 8 nœuds de moyenne. En milieu de nuit donc, Fred Duthil (Distinxion), leader au classement général, n’avait laissé à personne l’honneur de virer le phare irlandais, devant Michel Desjoyeaux (Foncia) et Gildas Mahé. Et Duthil est toujours parfaitement dans le match, car s’il ne pointe qu’en 17e position, il n’a que 2,6 milles d’écart au leader en terme de distance au but. Et cet écart théorique est essentiellement dû aux décalages en latéral des bateaux entre eux (une dizaine de milles).

Il y a en effet trois idées qui se dessinent, alors que la tête de flotte est à 190 milles de la Racon d’Ouessant : à l’ouest de la route directe comme Christophe Lebas et le leader Gildas Morvan, encore que se dernier semble se recaler. Sur la route directe comme Aymeric Belloir ou à l’est de celle-ci – comme préfère le groupe Gildas Mahé où l’on retrouve bien placés Nicolas Troussel (Financo, 5e à 1,6 milles) et, entre autres, Liz Wardley (Sojasun, 7e à 1,8 milles) mais aussi Thierry Chabagny (Brossard), Michel Desjoyeaux (Foncia), etc – on y croit aussi. « Ce groupe espère sans doute bénéficier en premier de la lente rotation du vent vers le nord ce matin et ce midi, tout en évitant au maximum la molle qui arrive de l’ouest », explique Sylvain Mondon de Météo France. Un vent qui devrait donc passer du nord-ouest au nord en faiblissant, mais a priori sans jamais s’évanouir totalement au dessous de 10 noeuds, ce qui laisse toujours espérer une arrivée dans le goulet de Brest demain matin mercredi.

D’ici là le facteur fatigue aura fait son œuvre. Car tous n’ont que très peu dormi depuis départ de Crosshaven à 13h hier. L’état de la mer et surtout l’acharnement de la concurrence – ne l’autorise guère. Rien n’est joué.

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